Le même jour que notre découverte de l’étonnante Barbe à papa du côté du ru de Liesse, nous avons également fait l’observation d’une plante très aromatique rare en Ile-de-France.
L’armoise des frères Verlot ou armoise de Chine, naturalisée dans notre région, se retrouve dans les milieux rudéraux mésoxérophile* tels que les talus, friches vivaces, ballastières, bermes, remblais… Elle est originaire d’Asie orientale.
Gare aux confusions ! à‡a cousine Artemisia vulgaris l’armoise commune, pouvant également se retrouver dans les mêmes types de milieux, lui ressemble beaucoup. Quelques critères notables permettent tout de même de les différencier l’une de l’autre, en effet l’armoise commune fleurit de juillet à septembre et est peu aromatique tandis que l’armoise de Chine fleurit d’octobre à novembre et dégage une odeur nettement plus marquée lorsqu’on écrase les feuilles.
Mésoxérophile* : Se dit d’une plante qui pousse en milieux à tendance sèche ayant tout de même besoin d’un minimum d’humidité, qui ne supporte pas les fortes sècheresses.
Sources :
Flore d’Ile-de-France de Philippe Jauzein et Olivier Nawrot
Le genre Carex, qui se rapporte aux « laîches » en français, comporte de nombreuses espèces (au moins 50 en àŽle-de-France !) dont certaines se ressemblent énormément. On y voit souvent « des grandes herbes ». La détermination plus précise demande l’observation de critères bien particuliers qui ne se détectent parfois qu’à l’aide d’une loupe.
L’espère que l’on a rencontrée sur les bords du ru de Liesse, la laîche des rives, est une des plus commune qui soit. Comme la plupart de ses congénères, elle aime l’eau, c’est pour cela qu’on la retrouve fréquemment en milieux humides tels que les bords de mares et étangs, les dépressions prairiales, les boisements marécageux…
Le critère déterminant chez la plupart des Carex c’est la fleur. En effet les inflorescences ont pour une bonne partie, cette forme typique de plumeau soit élancé, soit courbé (comme chez la laîche pendante). Pour cette espèce, la fameuse floraison s’étale d’avril à juin.
Sources :
Flore d’Ile-de-France de Philippe Jauzein et Olivier Nawrot
La surface de ce rocher anti-stationnement de Saint-Ouen l’Aumône nous offre un tableau aux couleurs proches des grandes étendues herbacées. On dirait presque une prairie miniature.
Pourtant, nous sommes ici au début du processus que l’on appelle la succession végétale : l’évolution de la recolonisation d’une surface minérale nue à l’installation d’un réel couvert végétal (allant jusqu’à la forêt tempérée sous nos latitudes). La roche offre certains nutriments essentiels à la croissance des plantes, mais surtout, ses irrégularités retiennent l’eau, indispensable à la vie ! Dans ces petites niches se développent alors les premiers organismes : les lichens et les mousses, qui augmentent la capacité de rétention d’eau à la surface de la roche et permettent à leur tour le développement des plantes à fleurs (les angiospermes). Sur ce seul rocher il y avait au moins 3 espèces de lichens, 2 mousses et 5 plantes à fleurs. En voici quelques unes.
Xanthoriaparietina, la parmélie des murailles. Ce lichen donne les tons jaunes de notre tableau. Il est accompagné d’autres lichens crustacés, vert-gris, dont nous n’avons pas l’identité.
Cette jolie mousse (bryophyte) est le support de développement des plantes à fleurs. Toutes celles rencontrées ont poussé à l’intérieur d’une touffe. J’en ai repéré au moins deux sortes différentes sur ce rocher : je pense qu’il s’agissait d’une mousse du genre Syntrichia et d’une du genre Grimmia.
Vicia sativa, la vesce cultivée, fait partie de la famille des fabacées. Elle est capable de capter l’azote de l’air pour le fixer dans le substrat. Elle joue sans doute un rôle important dans le développement de la vie à la surface de ce rocher.
Myosotis arvensis, le myosotis des champs est déjà en fleur mi-février. Comme pour la vesce, c’est un peu tôt en saison. Peut-être est-ce dà» au manque d’eau ? C’est assez fréquent qu’en état de stress hydrique les plantes précipitent leur fleurissement. Sans doute pour augmenter leurs chances de reproduction si jamais elles ne passaient pas la saison. Ou peut-être que l’hiver n’a simplement pas été assez froid cette année.
Draba verna, la drave printanière est une toute petite plante à fleurs blanches typique des milieux pauvres et secs. à‡a n’est pas étonnant de la retrouver ici. Elle a même commencé à fructifier.
Saxifraga tridactyles, le saxifrage à trois doigts, est également une toute petite plante des milieux secs. On la reconnait aisément à ses feuilles qui forment réellement trois doigts.
Si l’on veut se prêter au jeu de l’observation naturaliste aucune surface n’est à négliger. Même le plus insignifiant des cailloux peut être le support d’une vie diversifiée.
Source :
La flore d’àŽle-de-France, de Philippe Jauzein et Olivier Nawrot
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Ces étranges pousses qui émergent le long du bassin Blanche de Castille à Saint-Ouen l’Aumône sont les tiges fertiles de la grande prêle, Equisetum telmateia.
Cette plante appartient au groupe des fougères. Elle se reproduit donc à partir de spores. Les épis que l’on voit sur les images ci-dessus sont les parties fertiles de la plante. Toutes les cellules productrices de spores (les sporanges) y sont regroupées.
La grande prêle est l’une des prêles les plus communes, parmi les 6 espèces présentes en àŽle-de-France. Elle sporule (« fleurit » pour une fougère) assez tôt dans le printemps. On peut donc voir dès le mois de mars ces grandes tiges blanchâtres dans les milieux relativement humides (ici la berge du bassin).
Comme toutes les prêles, Equisetum telmateia, se développe à partir d’une tige rhizomateuse (souterraine) qui donne naissance à des pousses fertiles (en blanc crème sur l’image) et non fertiles (on voit les tiges de l’an dernier, fanées et séchées sur l’image). Deux espèces, Equisetum telmateia et Equisetum arvense, partagent une particularité : les tiges fertiles sont non chlorophylliennes et non ramifiées alors que les tiges stériles sont chlorophylliennes, donc vertes (bien que sèches sur la photo) et très ramifiées.
Pour reconnaître telmateia il faut ensuite s’intéresser à l’intérieur de la tige qui est extrêmement creux (il suffit de presser la tige pour s’en rendre compte).
Ne pas confondre
On utilise souvent une autre espèce de prêle en ornement dans les jardins ou au bord des bassins. Il s’agit d’un cultivar horticole de Equisetum hyemale, la prêle d’hiver, dont la variété sauvage est devenue très rare dans la région. Bien que grande aussi, on la différencie aisément de telmateia puisque ses tiges fertiles sont vertes.
Sources :
La flore d’àŽle-de-France, par Philippe Jauzein et Olivier Nawrot
Parmi les fleurs de bétoine, bien jolie lamiacée, s’agite une drôle d’abeille : l’anthidie à sept épines. Son manège a attiré un mâle et l’accouplement a lieu sous nos yeux.
La femelle, nettement plus petite, est au-dessus sur la photo. On voit qu’elle porte, comme toutes les Megachilidae femelles, une brosse ventrale destinée au transport du pollen. Chez cette espèce, la brosse est blanche.
Le mâle est équipé, comme son nom l’indique, de sept épines sur son postérieur. On en voit une sur l’image ci-dessus. Elles lui servent à défendre farouchement son territoire.
D’ailleurs, quelques mètres plus loin une bataille fait rage. Deux anthidies mâles se disputent la propriété d’une bardane. Les deux abeilles volant à toute allure, se lancent l’une sur l’autre l’abdomen en avant. Le but ? Déchirer les ailes de l’adversaire avec les épines acérées. Le choc est violent, et les belligérants tombent au sol.
Le vainqueur, n’ayant pas été blessé, remonte ensuite se poster sur une feuille de bardane pour faire le guet. Il n’admet aucun intrus sur son territoire.
On ne s’approche pas !
Retrouvez une autre histoire d’anthidie dans cet article :
La buglosse des champs, de la famille des Boraginaceae, est une plante messicole. On peut donc la rencontrer dans les champs de céréales, mais aussi dans les jachères, les vignes et parfois les friches ferroviaires.
La plante est ingrate : hirsute, râpeuse, presque piquante, mais quelles jolies fleurs bleues ! Ses corolles profondes sont visitées par les pollinisateurs à longue trompe, essentiellement les bourdons.
L’écorce des racines de plusieurs espèces de buglosses donne un colorant rouge qui était autrefois utilisé pour la fabrication du fard, un fond de teint rose, et aussi pour teindre le bois, les tissus, les pommades, et même pour contrefaire du beurre d’écrevisse !
Malva sylvestris, la mauve sylvestre, apprécie les décombres, les bords de chemins, les haies et se cultive en plein soleil ou à mi-ombre dans un sol léger, riche et bien frais. Cette espèce en expansion est très largement répandue en Ile-de-France avec une présence encore plus marquée dans l’agglomération parisienne.
La floraison de la mauve sylvestre a lieu de mai à septembre. Cette belle plante vivace peut mesurer jusqu’à 90 cm. Elle est souvent proposée dans les mélanges de prairies fleuries à semer, dans sa sous-espèce mauritiana (appelée aussi mauve de Mauritanie) aux grandes fleurs pourpres à cœur sombre.
La petite mauve (Malva neglecta) ressemble à Malva sylvestris mais ses fleurs sont plus pâles et plus petites et elle a un port moins érigé.
On rencontre aussi dans les prairies deux autres mauves dont les feuilles sont très découpées : Malva alcea (aux poils en étoiles) et Malva moschata (aux longs poils simples).
Les mauves sont la plante hôte préférée des gendarmes, ils se régalent de la sève de leurs fruits. On les trouve aussi sur les althéas, les roses trémières et les tilleuls qui font partie de la même famille que les mauves, les Malvaceae.
Les hespéries sont de petits papillons de jour difficiles à déterminer, sauf cette espèce repérable à la coloration rousse du bout de l’abdomen et au bel alignement des quatre taches blanches submarginales de l’aile antérieure (chez les Pyrgus, la quatrième tache est décalée, voir ci-dessous).
L’hespérie des sanguisorbes est une espèce très peu observée en Ile-de-France en dehors de la région de Fontainebleau. Cettia Ile-de-France indique depuis 2012 deux observations dans les Yvelines et une dans le Val d’Oise. Spialia sertorius est classé « vulnérable » dans la liste rouge régionale des papillons de jour. Sa plante hôte préférée est la petite pimprenelle, Poterium sanguisorba (synonyme Sanguisorba minor).
Je connaissais le fond de veau, cette préparation culinaire à la base de tant de savoureuses recettes de la cuisine bourgeoise. Le Fond de Vaux, c’est autre chose, un lieu-dit de Saint-Ouen l’Aumône, près de Vaux, hameau de Méry-sur-Oise. On y trouve de belles friches caillouteuses entretenues par des armées de lapins. Voici quelques-uns des insectes que nous y avons rencontrés :
Le vulcain était bien trop occupé à butiner les fleurs des aubépines pour se méfier du photographe.
De la famille des Erebidae, l’écaille mendiante nous montre sa robe soyeuse et son collier de fourrure. La chenille de ce papillon de nuit très commun se nourrit de diverses plantes basses.
Cette coccinelle à dix points est tout près de son repas, de tendres pucerons sans doute du genre Hyadaphis, cachés dans une feuille enroulée de chèvrefeuille des haies.
Le collier de corail voletait autour des érodiums et des géraniums, plantes hôtes de ses chenilles. Ici, on voit que c’est un mâle car son abdomen allongé dépasse de l’arrière des ailes.
Aegithalos caudatus dite « la mésange à longue queue » est identifiable grâce à sa forme caractéristique : une petite boule dotée d’une très longue queue. Il est ainsi impossible de la confondre avec l’une des six autres espèces de mésanges présentes en àŽle-de-France. La tête présente deux variations selon les individus : deux larges sourcils noirs, c’est le cas le plus fréquent en àŽle-de-France ; blanc pur, plus rare. C’est un couple d’individus à sourcils noirs que nous avons croisé à proximité du bassin Blanche de Castille à Saint-Ouen l’Aumône.
Une bâtisseuse
Lorsque nous l’avons observé, ce couple était en train de bâtir son nid au bord du Ru de Liesse.
Bien à l’abri dans un amas de lierre sur une vieille souche, le nid était invisible à nos yeux d’éventuels prédateurs. Mais nous avons pu assister à la construction par les deux individus du couple amenant petit à petit des matériaux pour sa confection. La mésange sur l’image ci-dessous a d’ailleurs un morceau de lichen dans le bec !
En àŽle-de-France, la mésange à longue queue est une nicheuse très commune. A la différence des autres espèces de mésanges qui nichent le plus souvent dans les cavités, la mésange à longue queue est une vraie bâtisseuse. Elle commence la confection du nid, dans un arbre ou un buisson, dès la fin du mois de février, et s’installe dans tous les milieux boisés, urbains ou ruraux.
C’est pourquoi la Ligue de Protection des Oiseaux conseille d’opérer la taille et l’entretien des arbres et des haies exclusivement à l’automne, hors de la période de nidification, pour ne pas risquer de déranger les oiseaux. D’ailleurs, comme la plupart des passereaux, la mésange à longue queue est une espèce protégée : toute perturbation de l’animal ou de son milieu de vie est proscrite par la loi.
Une acrobate
De la même manière que les mésanges bleues ou charbonnières, la mésange à longue est capable de se percher dans des positions acrobatiques, la tête en bas, les pattes en l’air. Elle peut, comme cela, cueillir n’importe quel matériau pour construire son nid et attraper les petits insectes qui constituent la part principale de son régime alimentaire. En effet, son petit bec ne lui permet pas de décortiquer beaucoup de graines. Elle capture les insectes dans les fentes des écorces ou directement sur les feuilles (comme les pucerons par exemple).