L'actualité de la Nature

Orchidées de nos contrées : les Ophrys

Roses ou blanches, petites ou grandes, arrondies ou allongées, les fleurs d’orchidées traduisent l’étonnante diversité de cette famille. Les stratégies de fécondation varient d’une espèce à une autre et sont souvent uniques en leur genre. Les orchidées du genre Ophrys en sont l’exemple parfait.

Orchis et Ophrys, quelle différence ?

Les Ophrys possèdent un labelle (pétale distinctif des orchidée) dépourvu d’éperon et ressemblant plus ou moins, par sa pilosité, ses macules et colorations à un arthropode femelle (abeille, araignée, mouche). Ils attirent les mâles qui viendront féconder les fleurs. Ce leurre est complété par l’émission des phéromones sexuelles d’insectes femelles.

Les Orchis ont quand à eux un labelle muni d’un éperon, ne ressemblant jamais à un insecte. Leurs pétales et sépales sont souvent rassemblés en casque plus ou moins lâche.

Dans cet article, il vous sera présenté trois formes étonnantes d’Ophrys présentes en Île-de-France.

Ophrys abeille, Ophrys apifera

L’ophrys abeille tient son nom de sa méthode de reproduction. En effet, elle est pollinisée par des abeilles solitaires (dont plusieurs espèces d’eucères, parmi elles, Eucera longicornis) ; mais nullement par l’abeille domestique. La plante attire l’insecte en imitant l’odeur de l’abeille femelle. De plus, le labelle se comporte comme un leurre par sa forme et couleur que l’abeille mâle confond avec une femelle.

Le biotope de cette orchidée se constitue d’une bonne lumière, d’un substrat sec à temporairement inondé, en pelouses, friches, prés et broussailles. Elle est étonnamment fréquente dans les pelouses urbaines et périurbaines entretenues.

Il sera possible de la voir fleurir dès l’été prochain entre mai et juillet.

Ophrys bourdon, Ophrys fuciflora

L’Ophrys bourdon est très similaire à l’ophrys abeille, il faut être vigilant pour ne pas les confondre. Il possède un labelle plus volumineux et sombre. Comme tous les Ophrys, il attirera des abeilles solitaires du genre Eucera mais aussi quelques syrphidés.

Cette plante apprécie les endroits lumineux et également ombragés comportant un substrat calcaire tels que les pelouses, friches, prés maigres et bois clairs.

Sa période de floraison se situe entre avril et mi-juin.

Ophrys mouche, Ophrys insectifera

Ophrys mouche Ophrys insectifera © CACP – Sébastien Leroux

Je crois que l’Ophrys mouche est de loin mon préféré. Comment résister à son labelle en forme d’ourson en guimauve prêt à vous faire un câlin ? Pour se reproduire, il mime l’odeur d’une guêpe femelle du genre Argogorytes, attirant ainsi le mâle de cette espèce. Contrairement à nos Ophrys abeille et bourdon, la tige de l’Ophrys insectifera ne possède pas de feuille.

Son biotope idéal est également lumineux à ombragé, un substrat calcaire dans des pelouses et bois clairs.

D’avril à juillet, il vous sera possible de contempler le petit Ophrys mouche.

Sources

Ophrys apifera – Tela Botanica

Ophrys fuciflora – Tela Botanica

Ophrys insectifera – Tela Botanica

Conservatoire botanique national du Bassin parisien, CBNBP

Livre Les Orchidées sauvages d’Île-de-France de François Dusak et Pascal Pernot – Parthénope Collection – 2005

Non classé

Renouons avec les Renouées

Non pas une mais deux renouées seront présentes dans cet article !
Il est si simple de les confondre, leurs différences sont subtiles, l’une se rapproche même du liseron.

On vous présente la renouée faux liseron et la renouée des haies.

Nos deux renouées sont des plantes herbacées de la famille des Polygonaceae et du genre des Fallopia. Ayant une préférence marquée pour les zones tempérées et froides de l’hémisphère nord, il sera facile de les observer dans la région Ile de France.

Que nous dit la Renouée faux liseron Fallopia convolvulus ?

On la reconnaitra d’abord par sa tige, volubile, variant de 1m à 1,50 m. Ses feuilles sont farineuses au revers et sont en forme de fer de flèche. De juillet à septembre, elle expose gracieusement en grappe ses quelques petites fleurs blanchâtres . Ses fruits quant à eux ne sont que très peu visibles, vous pourrez néanmoins les observer avec un œil aguerri cachés dans les pétales fanées.

Pour la retrouver, il faudra se promener dans les nombreux milieux modifiés par l’activité humaine : friches pionnières, cultures, potagers, carrières, dépendances ferroviaires ou encore sur le long des clôtures et grillages… La renouée faux liseron rampe au sol à la recherche de supports épanouissants et se contente de peu de nutriments.

Notre deuxième invitée : la renouée des haies, Fallopia dumetorum.

Comparée à notre renouée faux liseron, elle est une plante qui apprécie les sols plus riches en nutriments. On peut facilement la retrouver en zone de friche, berge, ripisylve, coupe forestière, haies, jachères ou encore dans des talus.

Notre renouée des haies peut avoir des tiges de plus de 3 m de long, elles s’agrippent et s’entortillent autour d’un support jusqu’à l’obtention d’une taille conséquente ! Ses fleurs sont beaucoup plus nombreuses que celle de la renouée faux liseron et ont de larges ailes blanche avec un aspect légèrement luisant.

Il existe une multitude de renouées, la plus part ont migré dans le genre Persicaria, plus communes dans les jardins et cultures pour leurs fleurs.

Sources :

Comparaison Renouée faux liseron // Renouée des haies – Flore Alpes

Fallopia convovulus – INPN

Fallopia convovulus – Tela Botanica

Fallopia dumetorum – INPN

Fallopia dumetorum – Tela Botanica

Non classé

Le Houblon

Bravo à ceux et celles qui ont reconnu dans cette friche notre mystérieux Houblon ! Sur la photo il était aussi possible de distinguer de l’aubépine Crataegus monogyna et du prunellier Prunus spinosa.

Humulus Lupulus © CACP – Gilles Carcassès

Revenons à nos houblons…

Le Houblon de son nom latin Humulus lupulus, est une plante de la famille des Cannabaceae (comme le cannabis…).

Il vous sera facile de le reconnaître par sa hauteur allant de 2 à 7 mètres, sa tige rude et volubile (elle s’enroule en spirale sur un corps voisin), ses feuilles opposées relativement larges et bien évidement grâce à ses fleurs verte-jaune si emblématiques !

Humulus lupulus et ses cônes en fin de floraison © CACP – Gilles Carcassès

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, le houblon se trouve très facilement sur notre territoire, il aime s’aventurer dans les haies, les lisières boisées et berges ombragées.

Sa période de floraison débute en juin et se termine en septembre. Les fleurs mâles et femelles se trouvent sur des pieds différents et comptent sur le vent pour véhiculer ses pollens.

Humulus lupulus et ses cônes femelles libérant de la lupuline © CACP – Gilles Carcassès

Comment parler houblon sans parler bière ?

La poussière jaune que vous voyez sur la photo ci-dessus, un peu collante au touchée, elle est appelée lupuline. Elle est une substance produite par les plants femelles, retenue dans les cônes jusqu’à la fin de floraison, et donne à la bière un goût aromatique et amer !

Les cônes de houblon sont utilisés de nos jours pour la fabrication de la bière et ce depuis le 9ème siècle. On leur trouve des propriétés gustatives et surtout de conservation ! En effet, la bière se conserve mieux par les amers de la lupuline qui détruisent les bactéries.

Sur ce, santé !

Sources :

Flore des Friches urbaines – 2017- Audrey Muratet, Myr Muratet, Marie Pellaton

Humulus lupulus – INPN

Houblon grimpant – CBN

Humulus lupulus – Tela Botanica

Non classé

Petits bleus de printemps

Population de myosotis des champs – Cergy © CACP – Emilie Périé

C’est le printemps ! Les pelouses et bords de route se parent de délicates teintes bleues et grises avec les premières floraisons. Une partie de ce bleu est dà» aux véroniques, espèces assez précoces dans l’année, mais pour le reste, une bonne part tient à  l’éclosion des myosotis.

Qui est qui ?

Le genre Myosotis, de la famille des Boraginaceae, est assez compliqué. Il existe 7 espèces indigènes (qui poussent naturellement) en àŽle-de-France dont la fréquence varie de très commune à  rare et dont les critères de différenciation sont assez ténus. Il est d’autant plus difficile de les identifier sur seule photo. Toutefois, dans les images de précédentes excursions des différents naturalistes de Cergy-Pontoise, je pense avoir retrouvé 4 espèces. Les plus communes, bien entendu, mais c’est déjà  un bon score.

Une première étape est de regarder les poils du calice (l’ensemble des sépales, les pièces se trouvant sous les pétales). Un premier groupe de 5 espèces a des poils crochus, le deuxième, à  2 espèces, a des poils droits et appliqués contre le calice.

A poils crochus, dans les pelouses

Myosotis arvensis – Cergy © CACP – Emilie Périé

Le plus commun, le myosotis des champs Myosotis arvensis, se rencontre facilement dans les pelouses, les friches, les jachères. Le calice est densément couvert de poils crochus. Lorsque la population est importante le patch apparait même plus gris que bleu.

Myosotis ramosissima (supposément) © CACP – Gilles Carcassès

Celui-ci semble appartenir à  une autre espèce. La présence de feuilles à  l’aisselle des inflorescence m’oriente vers le myosotis rameux, Myosotis ramosissima. Il est assez commun dans les pelouses et les friches.

A poils droits, les pieds dans l’eau

Myosotis scorpioides – Osny © CACP – Emilie Périé

Le myosotis des marais, Myosotis scorpioides (on voit que l’extrémité de l’inflorescence s’enroule telle un scorpion) présente une légère pilosité bien plaquée contre le calice. Il est assez commun dans les milieux humides, comme ici le long du ru du Missipipi à  Osny.

Myosotis laxa (supposément) – Cergy © CACP – Emilie Périé

Enfin, la dernière trouvaille est celui-ci, dont le calice est également dépourvu de poils crochus et qui a été trouvé sur les berges des étangs de l’île de loisirs.

Calice du myosotis cespiteux © CACP – Emilie Périé

Le calice parait n’avoir des poils que sur la partie basse (le réceptacle). Lorsqu’on regarde à  l’intérieur du calice, où les fruits sont en formation, on voit que le style (partie femelle de la fleur) est très court. Ces deux éléments orientent vers Myosotis laxa, le myosotis cespiteux qui est plutôt rare dans la Région.

Et les autres ?

Je n’ai pas encore trouvé les trois autres espèces sur le territoire. En revanche, de nombreuses variétés cultivées comme plantes d’ornement existent. Elles ont un peu tendance à  s’échapper des parterres fleuris, aussi vous les avez peut-être rencontrées dans vos jardins. Elles ont souvent des fleurs plus grosses et d’un bleu très franc, plutôt jolies.

Myosotis de jardin © CACP – Emilie Périé
Myosotis du Caucase – Musée de l’outil © CACP – Emilie Périé

Sources :

La flore d’àŽle-de-France, par Philippe Jauzein et Olivier Nawrot

FLORIF

Retrouvez dans nos articles d’autres Boraginaceae :

La pulmonaire à  longues feuilles

L’héliotrope d’Europe

La buglosse toujours verte

La buglosse des champs