L'actualité de la Nature

Tachées ou perforées ?

Qu’est-il donc arrivé à  ces feuilles d’érables, qui se sont parées de taches noires ?

Figures sphériques sur des feuilles d’érable – Parc des Larris © CACP – Léo Micouin

La tache goudronneuse de l’érable

Le responsable de ces figures sphériques n’est pas un artiste contemporain, ni un tatoueur, mais un champignon inféodé aux érables. Les taches sont en réalité des stromas, organes indépendants permettant la production de spores qui assurent la dispersion du champignon.

Ce champignon possède deux formes : Melasmia acerina, une forme asexuée (immature) dite « anamorphe », et Rhytisma acerinum, une forme sexuée (mature) dite « téléomorphe » que le champignon atteindra après maturation au printemps. C’est uniquement sous sa forme sexuée que le champignon pourra libérer ses spores contaminants et venir se loger sur les jeunes feuilles en mars-avril.

Rhytisma acerinum – Neuville © CACP – Gilles Carcassès

Inoffensif pour l’arbre

Les taches peuvent causer une chute prématurée des feuilles mais elles ne représentent pas un danger pour l’érable, celui-ci vit très bien avec.

Rhytisma acerinum – Neuville © CACP – Gilles Carcassès

Pour lutter contre sa propagation, il est conseillé d’évacuer les feuilles mortes du pied de l’arbre. Ainsi, le champignon ne pourra pas contaminer la prochaine génération de feuilles.

Sources :

Rhytisma acerinum, par Ephytia

Rhytisma acerinum, par ChampYves

Retrouvez un autre article sur un champignon parasite :

La rouille de l’ortie

L'actualité de la Nature

Elle fait la fière

Sans doute pour protéger ces jolies fleurs blanches, un radar de feux tricolores a été installé à  proximité de ce carrefour près de la gare de Neuville-Université. Ainsi à  l’abri des assauts des grosses broyeuses du service d’entretien des routes, gênées par ce poteau dans leurs manœuvres, ces plantes refleurissent chaque année et se ressèment spontanément.

Gaura lindheimeri - Neuville-sur-Oise © Gilles Carcassès
Gaura lindheimeri – Neuville-sur-Oise © Gilles Carcassès

La plante a fière allure avec ses envolées de fleurettes d’un blanc brillant. Le gaura (du grec gauros qui signifie fier) est depuis quelques décennies très en vogue dans les jardins publics, dans les massifs fleuris traditionnels comme dans les massifs de plantes vivaces. Il existe de nombreuses variétés horticoles de cette plante : à  fleurs roses, à  port plus ou moins trapu… Cette onagracée d’origine texane n’est pas difficile, elle supporte parfaitement la sècheresse et le calcaire, mais elle craint l’excès d’humidité.

Fleur de gaura © Gilles Carcassès
Fleur de gaura © Gilles Carcassès

Je l’ai vue timidement apparaître là , dans l’herbe, au printemps 2011.

Que fais-tu là  l’américaine ?

La présence à  ses côtés de quelques tulipes laissait soupçonner un apport de terre ou de déchets de jardin. Les tulipes ont disparu, mais les gauras se sont bien installés.

Gaura lindheimeri © Gilles Carcassès
Gaura lindheimeri sous la rosée – Neuville-sur-Oise © Gilles Carcassès

Cette petite population de gauras s’est un peu étoffée au fil des années. La persistance depuis 2011 de cette plante non indigène lui vaut selon moi un statut local de plante subspontanée. (On peut dire aussi « diaphyte ergasiophygophyte », ça fait son effet dans les conversations)

Assistons-nous à  la naissance d’une nouvelle plante naturalisée pour l’Ile-de-France ?

Il faudrait pour cela que trois conditions soient réunies : sa persistance pendant 10 ans, une descendance importante et confirmée par semis naturel, un essaimage hors de son périmètre actuel.

Cette plante est absente de la flore d’Ile-de-France de Philippe Jauzein et Olivier Nawrot qui fait référence pour la région parisienne. Elle a été signalée subspontanée en Suisse, dans le Nord-Pas-de-Calais et en Midi-Pyrénées. Elle aurait franchi le cap de la naturalisation en Australie.

La famille du gaura

 

 

 

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De belles gambettes

Platycnemis pennipes - Neuville-sur-Oise © Gilles Carcassès
Platycnemis pennipes sur un sureau yèble – Neuville-sur-Oise © Gilles Carcassès

Les Platycnemis sont des demoiselles reconnaissables à  leurs tibias élargis aux pattes médianes et postérieures (cliquez sur la photo pour l’agrandir). A Cergy-Pontoise, on rencontre couramment l’espèce Platycnemis pennipes au bord du chemin de halage sur les rives de l’Oise, et à  l’Ile de loisirs. Elle chasse les petits insectes attirés par les ombelles des berces, des panais ou des sureaux yèbles.

Les tibias sont un peu plus élargis chez les mâles. Il semble qu’ils participent à  la communication. Lors de la parade nuptiale, ils seraient agités par le mâle pour séduire la femelle. Leur présentation serait aussi un signal de dissuasion lorsqu’un autre mâle s’approche d’un couple formé.

Il y a une vingtaine d’années on trouvait dans le sud de l’Ile-de-France une autre espèce plutôt méridionale, Platycnemis acutipennis, notamment dans les marais de Larchant. Elle semble éteinte dans la région.

Platycnemis acutipennis, facile à  reconnaître avec ses yeux bleus et son abdomen orange. © Gilles Carcassès
Platycnemis acutipennis est facile à  reconnaître avec ses yeux bleus et son abdomen orange. © Gilles Carcassès

La troisième espèce de la faune française dans ce genre, Platycnemis latipes, fréquente les berges des rivières dans la moitié sud de la France.

Platycnemis latipes - Drôme provençale © Gilles Carcassès
Platycnemis latipes – Drôme provençale © Gilles Carcassès
© Gilles Carcassès
Chez Platycnemis latipes les tibias élargis sont peu rayés © Gilles Carcassès

Les demoiselles de l’Ile de loisirs de Cergy-Pontoise

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Miellat

Une abeille domestique lèche une feuille de chêne © Gilles Carcassès
Une abeille domestique lèche une feuille de chêne © Gilles Carcassès

En été, les feuilles de certains arbres sont aussi poisseuses que le pare-brise d’une voiture garée sous un tilleul. Et pour cause, l’origine en est la même : les pucerons sont les responsables. Ce sont leurs excréments liquides que l’on voit briller sur cette photo.  Ils sont très riches en sucres, et de nombreux insectes consomment cette substance nourrissante nommée miellat : des fourmis, des papillons forestiers comme le tircis, des mouches, ainsi que des abeilles, dont l’abeille domestique. Et elle a de quoi faire, la production annuelle de miellat en France se chiffrerait en milliers de tonnes ! L’abeille régurgite ce miellat qui est ensuite transformé en miel. Les miels de sapin et d’épicéa sont également issus de miellats.

Apis mellifera © Gilles Carcassès
Apis mellifera © Gilles Carcassès

Vu de plus près, on voit que cette abeille, qui nous tire la langue, a les yeux poilus. C’est l’un des critères d’identification d’Apis mellifera, l’abeille domestique.

Les pucerons ne sont pas les seuls producteurs de miellat, c’est le cas aussi des aleurodes, des psylles, des cigales, des cochenilles, des cicadelles, des thrips…

Source :

http://www.apiculture.net/livres-apiculture/281-l-homme-l-abeille-et-le-miel.html

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Ma mouche apprivoisée

Je vous présente Hétéropogon, ma mouche apprivoisée.

Heteropogon sp © Gilles Carcassès
Heteropogon sp © Gilles Carcassès

Pour apprivoiser une mouche, il faut développer une forte affinité pour la petite gent ailée. Et il faut savoir faire un beau perchoir, stable, confortable, bien situé, par exemple avec une vue imprenable sur les Alpilles.

Hétéropogon n’a pas été bien acceptée dans la famille : « Tu ne vas tout de même pas faire toute la randonnée avec le doigt en l’air ? ». Pourtant, je nous voyais déjà , ma mouche et moi, faire une entrée triomphale au village.

Heteropogon - tentative d'accouplement © Gilles Carcassès
Heteropogon – tentative d’accouplement © Gilles Carcassès

Hétéropogon m’a quitté pour une branche de cyprès. Un petit mâle de son espèce a tenté de la séduire en lui caressant les yeux avec ses pattes. Elle lui a décoché un violent coup de tibia postérieur par balayage latéral qui ne laissait aucun doute sur sa disponibilité.

Hétéropogon fait partie de la famille des Asilidae qui compte environ 200 espèces en France, dont 49 en Ile-de-France. Ce sont toutes des prédatrices des milieux secs, elles capturent des insectes plus ou moins gros selon leur taille, des papillons aux pucerons. Leur rostre sert à  percer la carapace de leurs proies, à  leur injecter un venin puissant, et à  en aspirer les sucs. La « moustache » qui orne leur face protège leurs yeux des mouvements de défense des insectes capturés.

Un Asilidae rencontré à  Neuville-sur-Oise © Gilles Carcassès
Un Asilidae rencontré à  Neuville-sur-Oise. On voit bien son rostre et sa « moustache » © Gilles Carcassès

Les Asilidae ne s’attaquent pas aux humains.

Le cas étonnant d’une mouche tueuse dressée !

Les Asilidae, article dans Insectes

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L’ortie contre la renouée du Japon ?

La communauté d’agglomération de Cergy-Pontoise a confié à  l’association d’insertion Halage un chantier de lutte contre la renouée du Japon sur les bords de l’Oise à  Neuville. Des arbustes variés avaient été plantés dans les touffes de renouées dans l’idée de la concurrencer, mais elle a rapidement repris le dessus.

 La renouée du Japon submerge la haie champêtre qui est censée l'étouffer © Gilles Carcassès
La renouée du Japon submerge la haie champêtre qui est censée l’étouffer © Gilles Carcassès

L’arrachage manuel de la renouée redonne leur chance aux arbustes.

 © Gilles Carcassès
Les arbustes en cours de dégagement par l’équipe de Halage © Gilles Carcassès
La renouée du Japon est une plante rhizomateuse. © Gilles Carcassès
La renouée du Japon est une plante rhizomateuse. © Gilles Carcassès

Une autre idée a été proposée par l’association : faire de l’ortie une alliée pour gêner les repousses de renouées après une opération d’arrachage.

Oui, ça s'achète des graines d'ortie !  © Gilles Carcassès
Oui, ça s’achète, des graines d’ortie ! © Gilles Carcassès

Des graines d’ortie dioà¯que ont donc été semées sur une zone test. Dans la foulée, on essaiera de planter d’autres « pestes » bien de chez nous (et donc beaucoup plus favorables à  la faune locale), comme le sureau yèble, déjà  présent sur les berges. Affaire à  suivre…

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Le bouillon-blanc de Neuville

Verbascum Thapsus, le molène bouillon blanc - Neuville © Gilles Carcassès
Verbascum thapsus, le molène bouillon-blanc – Neuville © Gilles Carcassès

Tous les jours en allant au travail, je passe devant ce gros pied de bouillon-blanc, près de l’université de Cergy-Pontoise à  Neuville. Ces derniers temps, la tige est montée rapidement et on voit poindre les premières fleurs. Mais la plante a l’air sinistrée ; aurait-elle fait une mauvaise rencontre ?

Cucullia verbasci © Gilles Carcassès
Chenille de la brèche, Cucullia verbasci © Gilles Carcassès

La voilà , la responsable : la chenille de la brèche. Elles sont une bonne quinzaine à  dévorer les feuilles de la plante, les transformant patiemment en dentelles.

Une toute petite mouche tournicote dans le secteur. C’est un représentant de la famille des Chloropidae. Plusieurs espèces de cette famille se nourrissent de sécrétions animales, et on les voit parfois lécher des larves d’insectes. Aussi, la concentration de chenilles sur cette plante n’est peut-être pas étrangère à  la présence de ce diptère.

Meromyza - Neuville-sur-Oise © Gilles Carcassès
Meromyza – Neuville-sur-Oise © Gilles Carcassès
Meromyza sur un verbascum © Gilles Carcassès
Meromyza sur un verbascum © Gilles Carcassès

Avec son abdomen bien vert et ses fémurs postérieurs dodus, je verrais bien là  l’espèce Meromyza femorata dont la larve consomme une graminée, le dactyle aggloméré, très répandu dans les prairies voisines.

Brachymeria © Gilles Carcassès
Brachymeria © Gilles Carcassès

Ce micro-hyménoptère, tout aussi fort en cuisses, a l’air de s’intéresser également aux chenilles. Cette espèce est un parasitoà¯de connu pour pondre dans les chenilles de la piéride du chou. Dans celles de la brèche aussi, apparemment…

Alors, pour protéger vos choux, semez donc au jardin des bouillons-blancs. Si ça ne favorise pas les Brachymeria, ça fera joli.

Les insectes des bouillons-blancs

L'actualité de la Nature, L'actualité des jardins

Les plantes favorables aux insectes auxiliaires

La coccinelle Hippodamia variegata en chasse sur le fenouil © Gilles Carcassès
La coccinelle Hippodamia variegata en chasse sur le fenouil – Cergy © Gilles Carcassès

Au jardin, un certain nombre d’insectes protègent les cultures des ravageurs et certaines plantes leur sont nécessaires pour leur cycle de vie. Cultiver ces plantes au jardin est donc a priori bénéfique pour la régulation naturelle des ravageurs. Mais quelles sont ces plantes ? Les informations qui suivent sont une compilation non exhaustive à  partir de comptes-rendus d’essais scientifiques et de mes observations personnelles. Je prends le risque d’être affreusement simpliste, tant les relations entre les plantes et les insectes sont complexes et variables, en vous proposant un classement en quatre catégories :

  • Les plantes qui hébergent des proies pour les larves prédatrices ou parasitoà¯des

Toutes les plantes susceptibles d’être fortement attaquées par des pucerons sont potentiellement des foyers de production d’auxiliaires prédateurs ou parasitoà¯des. Certaines espèces de pucerons sont inféodées à  des plantes. Ainsi les pucerons spécifiques de l’ortie dioà¯que, du lierre, du bleuet, du compagnon blanc, de l’achillée mille-feuilles, du sureau noir ne risquent pas d’envahir vos autres plantes mais serviront de garde-manger aux auxiliaires.

On constate fréquemment la présence de coccinelles et de pontes de syrphes près des colonies de pucerons sur de très nombreuses plantes : fenouil, tanaisie, bardane, aubépine, laiteron, eupatoire, origan, cardamines, véroniques, chardons… Des momies de pucerons attaqués par des hyménoptères parasitoà¯des sont souvent visibles sur les orties et sur les ronces.

Les punaises prédatrices fréquentent les orties, l’origan, la rose trémière, la potentille arbustive…

  •  Les plantes qui nourrissent les insectes auxiliaires adultes

Généralement, les insectes prédateurs ou parasitoà¯des changent de régime alimentaire au cours de leur vie. Par exemple, de nombreuses espèces de coccinelles, de chrysopes, de syrphes, d’hyménoptères ou de diptères sont floricoles dans leur forme adulte : ils consomment du nectar et/ou du pollen. C’est pourquoi, il est recommandé de cultiver des plantes à  fleurs variées à  proximité des plantes à  protéger.

Le syrphe Episyrphus balteatus se nourrit sur une vipérine © Gilles Carcassès
Ce syrphe Episyrphus balteatus se nourrit sur une vipérine – Neuville © Gilles Carcassès

Les syrphes aiment bien visiter les fleurs des soucis, potentilles arbustives, alysses, zinnias, scaevolas, bidens, luzernes, asters, caenothus, forsythias, vipérines, inules, pruniers, campanules, aegopodium

Les chrysopes consomment du pollen de chicorée, de tilleul, de campanule, de viperine, de luzerne, de bourrache, de panais

Les coccinelles butinent parfois les fleurs de fenouil et de pissenlit.

Les mouches tachinaires sont vues sur les asters, les carottes sauvages, les aegopodium

Toutes sortes d’hyménoptères dont de nombreux auxiliaires, fréquentent les fleurs des panicauts, des inules, des résédas, du panais, du persil

Un hyménoptère parasitoà¯de sur des fleurs de panais - Saint-Ouen l'Aumône © Gilles Carcassès
Un hyménoptère parasitoà¯de sur des fleurs de panais – Saint-Ouen l’Aumône © Gilles Carcassès
  • Les plantes qui servent d’abri hivernal

Le charme, le lierre, le houx offrent des abris hivernaux à  de nombreuses espèces, parmi lesquelles les chrysopes.

Geranium macrorrhyzum et Erodium manescavi seraient de bons abris pour les punaises prédatrices.

  •   Les plantes nécessaires à  la croissance des larves d’adultes prédateurs

Le chêne est nécessaire à  la miride du chêne, punaise prédatrice dont les larves sont phytophages et inféodées à  cet arbre.

Sources :

http://agriculture.gouv.fr/IMG/pdf/aa82web_p21-22_cle8da495.pdf

http://draaf.aquitaine.agriculture.gouv.fr/IMG/pdf/Annales_3e_Conf_ZNA_cle8ab3c9.pdf

http://www.grab.fr/wp-content/uploads/2010/09/3-dossier-punaises-pr%C3%A9datrices-lambion-mbi-2%C3%A8me-trim-2013.pdf

http://www.valhor.fr/ftp/AI-11-MF-09.pdf

http://jardinsdenoe.org/le-conseils-de-noe/sheet/les-predateurs-naturels

 

 

L'actualité des jardins

Bords de route : comment les gérer ?

Quand faut-il faucher les bords de route ? Les fauches tardives sont-elles vraiment bénéfiques pour les insectes pollinisateurs ? Faut-il semer des prairies fleuries ? Avec quelles espèces et dans quelles proportions ?

Le ministère de l’Ecologie a publié au début de cette année le rapport d’une expérimentation menée sur trois ans et dans plusieurs régions. Encadrée scientifiquement, elle apporte des réponses claires aux gestionnaires.

L'écaille chinée (Euplagia quadripunctaria) affectionne les scabieuses. © Marion Poiret
L’écaille chinée (Euplagia quadripunctaria) sur une scabieuse. © Marion Poiret

Quelles sont les conclusions de cette étude ?

La diversité des plantes à  fleurs, la densité florale et la continuité des floraisons apparaissent comme les conditions essentielles au développement des populations d’insectes pollinisateurs, en diversité et en quantité.

L’étude révèle le grand intérêt de l’origan très fréquenté de nombreuses espèces pollinisatrices, des fabacées comme le trèfle des prés et le lotier corniculé, des astéracées (centaurées, knauties… ). La floraison des apiacées (carotte sauvage, berce commune, panicaut… ) est profitable aux diptères et aux hyménoptères ; les mauves, quant à  elles, conviennent bien aux hyménoptères.

L'origan est une lamiacée aromatique qui affectionne les sols secs. © Marion Poiret
L’origan est une Lamiacée aromatique qui affectionne les sols secs © Marion Poiret

Ainsi, dans la région d’Evreux, les relevés d’insectes sur les bords de route ont permis de mettre en évidence les fortes affinités suivantes :

– pour les papillons de jour :

  • origan
  • knautie des champs
  • centaurée

– pour les abeilles domestiques :

  • origan
  • centaurée
  • panicaut des champs
Polyommatus icarus mâle vu au bord de l'autoroute A15 à  Cergy © Marion Poiret
Polyommatus icarus mâle, sur une achillée millefeuille, vu au bord de l’autoroute A15 à  Cergy © Marion Poiret
Les diptères aussi te participents à  la pollinisation. Ce syrphe ceinturé est posé sur une vipérine. Photographie prise à  Neuville-sur-Oise © Gilles Carcassès
Les diptères aussi participent à  la pollinisation, comme en témoigne ce syrphe ceinturé sur une vipérine. Photographie prise à  Neuville-sur-Oise © Gilles Carcassès

L’étude démontre le réel intérêt de la fauche tardive (une seule fauche par an en octobre) qui permet très rapidement d’inverser la dominance des graminées au profit aux dicotylédones (plantes à  fleurs). Il semble qu’il serait intéressant de conduire des parties de prairies en fauchage précoce (une seule fauche par an début juin) en complément et à  proximité immédiate de zones en fauchage tardif, car cela permettrait d’étaler les périodes de floraison.

L’exportation des produits de fauche est a priori préférable mais pose de nombreux problèmes : coà»t, matériel, transport, gestion des déchets. Sur les 3 années de l’expérimentation, l’absence d’exportation n’a pas empêché l’amélioration sensible et rapide de la composition floristique ayant entraîné un impact positif sur les pollinisateurs.

L’intérêt de prairies semées en mélange fleuri apparaît limité, même lorsqu’il s’agit de plantes indigènes. Si ces formations offrent aux insectes une densité florale plus importante les deux premières années, la variété d’espèces est moindre que dans une prairie naturelle. De plus, cette pratique a deux sérieux inconvénients : le coà»t et la difficulté technique  de l’implantation. Ces aménagements semblent profitables aux abeilles domestiques, mais le bénéfice n’est pas établi pour les autres pollinisateurs. Si l’on considère le critère de l’intérêt pour les insectes pollinisateurs, il faut raisonnablement s’abstenir de semer des prairies fleuries à  la place de prairies naturelles déjà  installées.

Une liste nationale d’espèces végétales a été établie pour les semis de mélange de jachère fleurie sur les espaces d’accompagnement du réseau routier national. Cette liste (texte et tableau extraits du rapport indiqué en lien dans cet article) a été définie en intégrant à  la fois les critères d’intérêt pollinifère et nectarifère des différentes espèces, et l’offre commerciale existante ainsi que le coà»t des différentes espèces. Cette liste a ensuite été validée par le MEDDTL (Bureau de la biodiversité) afin d’en exclure les espèces présentant des risques de croisement avec certaines espèces sauvages.

 nom latin nom commun couleur Hauteur (cm) floraison
fleurs vivaces
– Cichorium intybus chicorée sauvage bleu 120 juin – octobre
– Galium verum gaillet jaune jaune 45 juin – septembre
– Lotus corniculatus lotier corniculé jaune 20 mai – aoà»t
– Malva moschata mauve musquée rose 50 juillet – septembre
– Malva sylvestris mauve sylvestre pourpre 60 mai – septembre
– Origanum vulgare origan rose 70 juillet-septembre
– Salvia pratensis sauge des prés bleu 45 mai – aoà»t
– Sanguisorba minor pimprenelle rouge – vert 40 juin – juillet
– Silene latifolia alba silene enflé blanc 30 mai – septembre
– Silene dioica compagnon rouge rose vif 55 avril – juillet
– Trifolium pratense trèfle violet violet 20 mai – octobre
– Trifolium repens trèfle blanc nain blanc 20 mai – octobre
fleurs bisannuelles
– Daucus carota carotte sauvage blanc 50 juin – septembre
– Dipsacus fullonum cardère sauvage pourpre 115 juillet – aoà»t
– Echium vulgare vipérine bleu 55 mai – aoà»t
– Medicago lupulina minette jaune 20 mai – septembre
fleurs annuelles
– Papaver rhoeas coquelicot rouge 50 mai – juillet
graminées vivaces
– Festuca rubra trichophylla fétuque rouge 1/2 traçante
– Festuca rubra rubra fétuque rouge traçante
– Festuca ovina fétuque ovine

La règle de composition du mélange est la suivante :

  • graminées  : 2 à  3 espèces, 40 à  50 % du mélange (en poids de graines)
  • annuelles : 1 espèce, 5 à  10 % du mélange
  • bisannuelles : 0 à  2 espèces, 0 à  5% du mélange
  • vivaces : 5 à  10 espèces, 35 à  55 % du mélange

A lire : Aménagements d’accotements routiers du réseau national en faveur des pollinisateurs – Rapport final de l’expérimentation 2010 – 2012

L'actualité de la Nature

Il s’en passe de belles à  l’Université

 

La cour du bâtiment D du site de Neuville est connue pour son jardin de roses trémières © Gilles Carcassès
La cour du bâtiment D du site de Neuville est connue pour son jardin de roses trémières © Gilles Carcassès
La cour du bâtiment F du site de Neuville est connue pour ses roses trémières © Gilles Carcassès
Et c’est la saison des amours pour la petite faune qui fréquente le lieu ! La femelle de ce charançon déposera ses œufs dans les boutons floraux, et les larves se développeront à  l’intérieur des graines. © Gilles Carcassès
La femelle de Rhopalapion longirostre a un rostre beaucoup plus long que le mâle
De plus près, on voit que Rhopalapion longirostre mérite bien son nom et que la longueur du rostre permet de différencier les sexes. © Gilles Carcassès

Rhopalapion, originaire d’Amérique du Nord, d’Asie Mineure et du Moyen-Orient est apparu dans notre pays en 1982 en Ardèche. En quelques années, il a envahi la France, aidé en cela par les amateurs qui collectent des graines pour leur jardin, sans se douter qu’elles sont habitées.

Le charançon indigène sur rose trémière n'est pas concurrencé : ses larves se développent dans la tige de la plante © Gilles Carcassès
Le charançon indigène de la rose trémière (Aspidapion) n’est pas concurrencé : ses larves se développent dans la tige de la plante © Gilles Carcassès

Deux Apions sur les roses trémières, un article du regretté professeur Remi Coutin

Mais Aspidapion et Rhopalapion ne sont pas les seuls à  fréquenter la cour de récréation.

Voici Philaenus, la cicadelle écumeuse dont la larve est responsable des "crachats de coucou" sur les plantes au printemps
Voici Philaenus, la cicadelle écumeuse dont la larve est responsable des peu ragoà»tants « crachats de coucou » sur les tiges des plantes au printemps © Gilles Carcassès
La punaise Dereaecoris semble apprécier la sève de la rose trémière. dans l'ombre, une petite araignée attend son heure. © Gilles Carcassès
La punaise Dereaocoris semble aussi apprécier la sève de la rose trémière. Dans l’ombre, une petite araignée attend son heure. © Gilles Carcassès