Non classé

Une ortie de Noà«l

Dasineura urticae, sur Urtica dioica © CACP – Emilie Périé

Dans le bois de Cergy certains pieds de grande ortie ont l’air de s’être parés de décorations de Noà«l. Les nervures des feuilles sont couvertes de boules blanches : des galles.

Il n’est pas toujours aisé de déterminer par qui sont causées les galles des végétaux. Mais dans le cas présent on peut émettre une hypothèse assez plausible. Assez peu de galles sont référencées pour l’ortie et la plus connue est décrite comme provocant des excroissances blanches dans les nervures et les pétioles des feuilles et brunissant en vieillissant. A priori, nous avons bien affaire à  Dasineura urticae, une petite mouche de la famille des Cecidomyiidae.

Pour en découvrir plus sur les galles de Cecidomyiidae :

L’intervention de Gilles aux rencontres naturalistes 2019

L'actualité des jardins

L’ortie : bienvenue au jardin !

Voilà  une plante qui ne fait pas l’unanimité : elle est urticante, ses fleurs ne sont pas décoratives et elle a une forte tendance à  coloniser l’espace dans les sols riches de nos jardins.

Et pourtant, l’ortie est pleine d’atouts !

D’abord, c’est une plante comestible et c’est une qualité bien estimable pour une plante de jardin. En soupe, en gratin, dans des galettes, les jeunes pousses d’orties sont délicieuses.

Couple de coccinelles sur une feuille d’ortie dioà¯que © CACP – Gilles Carcassès

C’est aussi une plante favorable aux insectes auxiliaires car elle abrite une entomofaune très riche.

Et puis, c’est une plante utilisée en macération par de nombreux jardiniers pour la protection des plantes. Longtemps ballotée dans des rebondissements réglementaires et des polémiques, l’ortie a trouvé sa place : le 9 mars 2017, Urtica spp. a été officiellement approuvée par la Commission européenne en tant que substance de base. A noter que l’approbation vaut pour les deux espèces Urtica dioica, plante vivace et Urtica urens, annuelle. Les jardiniers utilisent classiquement l’ortie dioà¯que (Urtica dioica) plus commune et beaucoup plus haute que l’ortie brà»lante.

Une substance de base, qu’est-ce que c’est ?

Le règlement européen CE n°1107/2009 définit, dans son article 23, les substances de base comme « des substances principalement non utilisées comme des produits phytopharmaceutiques, mais qui sont utiles pour la protection des végétaux, et dont l’intérêt économique pour faire approuver ces substances peut être limité. »

La liste des substances de base approuvées par la Commission européenne est tenue à  jour par l’Institut Technique de l’Agriculture Biologique (ITAB).

Les substances de base peuvent être d’origine végétale, animale ou minérale. Ainsi, par exemple, la bière, le petit lait, le fructose, l’huile de tournesol, le vinaigre sont des substances de base. Trois plantes ont rejoint la liste des substances de base : l’ortie, la prêle et le saule. D’autres ont été recalées, comme la tanaisie, la bardane ou l’armoise en raison de préoccupations liées à  la présence de composés toxiques dans ces plantes. Si l’utilisation de l’ortie a été jugée sans préoccupation particulière, le dossier d’approbation n’est cependant pas garant de l’efficacité du produit pour les usages proposés. Voir aussi à  ce sujet la synthèse du conseil scientifique de la Société Nationale d’Horticulture de France.

Pour quels usages ?

L’ortie a été approuvée pour une fonction insecticide, acaricide et fongicide, et pour deux préparations :

  • Application par pulvérisation
    Placez dans un litre d’eau 75 g de feuilles fraiches d’ortie ou 15 g de feuilles sèches (choisir de jeunes pousses non montées en graines, propres et nettoyées).
    Mélangez la préparation quotidiennement.
    Laissez macérer 3-4 jours à  20°C. La fermentation peut être facilitée si l’ortie a été préalablement hachée.
    Puis filtrez la macération et diluez dans 5 fois son volume en eau potable.

Placez la préparation dans un récipient fermé et identifié.

  • Application d’un paillis/mulch
    Mélangez 83 g d’ortie sèche (partie aérienne) par kg de paillis ou mulch.

Le rapport d’examen (traduit en français par nos amis belges) liste les usages et conditions d’emploi sur de nombreuses cultures parmi lesquelles : pommier, prunier, pêcher, groseillier, noyer, cerisier, vigne, pomme de terre, haricot, laitue, endive, choux, colza, radis, concombre, courgette, melon, potiron, tomate, arbres et arbustes ornementaux, rosiers… Les emplois en mulch concernent le concombre, la tomate, les rosiers, les arbres et arbustes d’ornement.

Chenille de la petite tortue sur l’ortie dioà¯que © CACP – Gilles Carcassès

La substance de base Urtica spp. est utilisable en agriculture biologique.

Retrouvez nos articles sur les orties :

Le petit monde des orties

Ma recette de gratin d’orties

L'actualité de la Nature

La rouille de l’ortie

Contrairement aux apparences, ceci n’est pas une chenille !

Puccinia urticaria - Cergy © Gilles Carcassès
Puccinia urticata – Cergy © Gilles Carcassès

Puccinia urticata est une rouille. Ce champignon parasite est responsable de ces galles déformantes que l’on rencontre parfois le long des tiges ou sous les feuilles de l’ortie dioà¯que. On voit ici les spores, couleur de rouille, qui commencent à  sortir des écidies. Son cycle de vie nécessite un deuxième hôte, un carex dont il parasite les feuilles.

© Gilles Carcassès
La rouille de l’ortie – détail © Gilles Carcassès

Il existe d’autres espèces de rouilles dépendant obligatoirement de deux hôtes (on les dit hétéroxènes) : la rouille noire du blé et de l’épine-vinette (Berberis vulgaris) est bien connue, la gravité des dommages qu’elle peut occasionner aux récoltes de blé est la raison de la quasi-disparition des épines-vinettes qui ont on fait l’objet de mesures d’éradication dans les campagnes.

On peut citer aussi les couples suivants hébergeant des rouilles hétéroxènes : la clématite sauvage et le chiendent, le groseillier et les carex, l’arum tacheté et la baldingère, l’adoxa et les balsamines, la bourdaine et les graminées, le poirier et le genévrier…

D’autres rouilles font tout leur cycle de développement sur la même plante, c’est le cas par exemple de la rouille du rosier.

Phragmidium mucronatum sur l'églantier © Gilles Carcassès
Phragmidium mucronatum, ici sur un églantier © Gilles Carcassès

Les maladies cryptogamiques par Les jardins de Noé

L'actualité de la Nature

Le petit monde des orties

L’Homme et l’ortie sont inséparables. Partout où il a enrichi les sols, l’ortie veut s’installer. Alors, en ville, elle ne manque pas, dans les jardins sauvages, les friches, ou sur les anciens dépôts sauvages en lisière du petit bois…

Quand je vois une belle touffe d’orties, moi, je ralentis toujours. Tant de bestioles la fréquentent qu’à  la chasse au trésor, sur cette plante, on n’est jamais bredouille.

Vanessa atalanta, le vulcain © Gilles Carcassès
Vanessa atalanta, le vulcain © Gilles Carcassès

Les chenilles de nombreux papillons de jour sont de grandes consommatrices de l’ortie. Le vulcain, papillon migrateur, en fait partie. Je pourrais citer aussi le paon de jour, le Robert-le-diable, la petite tortue, la carte géographique, la belle-dame…

Anania hortulata, la pyrale de l'ortie - Pontoise © Gilles Carcassès
Anania hortulata, la pyrale de l’ortie (un lépidoptère) – Pontoise © Gilles Carcassès

Les papillons de nuit ne sont pas en reste. La pyrale de l’ortie se réveille si l’on remue un peu la touffe d’orties et va se cacher au revers d’une feuille un peu plus loin.

Pleuroptya ruralis, la pyrale du houblon © Gilles Carcassès
Pleuroptya ruralis, la pyrale du houblon © Gilles Carcassès

Les chenilles de Pleurotya ruralis, la pyrale du houblon, roulent en cigares les feuilles d’orties pour se nymphoser.

Trypetoptera punctulata - Neuville-sur-Oise © Gilles Carcassès
Trypetoptera punctulata – Neuville-sur-Oise © Gilles Carcassès

Drôle de mouche ! Trypetoptera punctulata est spécialisée dans la chasse aux escargots, si fréquents dans les orties. Elle pond dans les lieux fréquentés par les escargots que ses larves consommeront.

Agapanthia © Gilles Carcassès
Agapanthia (un coléoptère) © Gilles Carcassès

Ce beau longicorne est une agapanthie. La larve de cette espèce creuse une galerie à  l’intérieur des tiges d’orties et y passe l’hiver.

Un autre coléoptère remarquable est souvent trouvé sur les orties : Phyllobius pomaceus.

Une dizaine d’espèces d’insectes sont strictement inféodés à  l’ortie dioà¯que, et pour une centaine d’autres, c’est une plante-hôte très appréciée.

L’entomofaune des orties

L'actualité des jardins

L’ortie contre la renouée du Japon ?

La communauté d’agglomération de Cergy-Pontoise a confié à  l’association d’insertion Halage un chantier de lutte contre la renouée du Japon sur les bords de l’Oise à  Neuville. Des arbustes variés avaient été plantés dans les touffes de renouées dans l’idée de la concurrencer, mais elle a rapidement repris le dessus.

 La renouée du Japon submerge la haie champêtre qui est censée l'étouffer © Gilles Carcassès
La renouée du Japon submerge la haie champêtre qui est censée l’étouffer © Gilles Carcassès

L’arrachage manuel de la renouée redonne leur chance aux arbustes.

 © Gilles Carcassès
Les arbustes en cours de dégagement par l’équipe de Halage © Gilles Carcassès

La renouée du Japon est une plante rhizomateuse. © Gilles Carcassès
La renouée du Japon est une plante rhizomateuse. © Gilles Carcassès

Une autre idée a été proposée par l’association : faire de l’ortie une alliée pour gêner les repousses de renouées après une opération d’arrachage.

Oui, ça s'achète des graines d'ortie !  © Gilles Carcassès
Oui, ça s’achète, des graines d’ortie ! © Gilles Carcassès

Des graines d’ortie dioà¯que ont donc été semées sur une zone test. Dans la foulée, on essaiera de planter d’autres « pestes » bien de chez nous (et donc beaucoup plus favorables à  la faune locale), comme le sureau yèble, déjà  présent sur les berges. Affaire à  suivre…

L'actualité de la Nature

Dans les orties

un sialis se repose sur une feuille d'ortie dioà¯que  © Gilles Carcassès
un sialis se repose sur une feuille d’ortie dioà¯que © Gilles Carcassès

Avec les beaux jours, les orties se mettent à  pousser et les naturalistes recommencent à  traquer les petites bêtes sur ce bon terrain d’observations. Cette photographie a été prise au bassin des Pâtis à  Pontoise. Les sialis, au vol malhabile, sont des insectes de l’ordre des Mégaloptères ; ils ne s’éloignent guère de l’eau. Leur larve aquatique et carnivore affectionne les eaux stagnantes et les cours d’eau lents.

Les gourmets aussi s’intéressent en cette saison aux jeunes pousses d’ortie, car cette plante est comestible quand elle est cuite, et même bien goà»teuse.

Voici ma recette de gratin d’orties :

  • Cueillez les jeunes pousses d’orties, une pleine bassine
  • Lavez-les soigneusement
  • Faites cuire à  l’eau bouillante salée
  • Egoutez, pressez, hachez menu, au couteau
  • Préparez une sauce Mornay (béchamel au fromage)
  • Mélangez les orties hachées à  la sauce et placez dans un plat à  gratin
  • Parsemez de fromage rapé
  • Faire dorer au four

une touffe d’orties fait mon bonheur

http://www7.inra.fr/opie-insectes/pdf/i76seyot-coutin.pdf

L'actualité de la Nature

J’adore les orties

Phyllobius pomaceus est un joli charançon que l’on rencontre souvent sur les orties dioà¯ques, l’une des deux espèces d’orties présentes sur notre territoire. Son nom d’espèce pomaceus fait référence à  la couleur vert pomme que lui confèrent les squamules irisées qui recouvrent son corps. Ses larves consomment des racines.

vu à  la base de loisirs de Cergy-Pontoise lors de la sortie organisée à  l'occasion de la Fête de la Nature
vu à  la base de loisirs de Cergy-Pontoise lors de la sortie organisée à  l’occasion de la Fête de la Nature