Qu’est-il donc arrivé à ces feuilles d’érables, qui se sont parées de taches noires ?
La tache goudronneuse de l’érable
Le responsable de ces figures sphériques n’est pas un artiste contemporain, ni un tatoueur, mais un champignon inféodé aux érables. Les taches sont en réalité des stromas, organes indépendants permettant la production de spores qui assurent la dispersion du champignon.
Ce champignon possède deux formes : Melasmia acerina, une forme asexuée (immature) dite « anamorphe », et Rhytisma acerinum, une forme sexuée (mature) dite « téléomorphe » que le champignon atteindra après maturation au printemps. C’est uniquement sous sa forme sexuée que le champignon pourra libérer ses spores contaminants et venir se loger sur les jeunes feuilles en mars-avril.
Inoffensif pour l’arbre
Les taches peuvent causer une chute prématurée des feuilles mais elles ne représentent pas un danger pour l’érable, celui-ci vit très bien avec.
Pour lutter contre sa propagation, il est conseillé d’évacuer les feuilles mortes du pied de l’arbre. Ainsi, le champignon ne pourra pas contaminer la prochaine génération de feuilles.
Sans doute pour protéger ces jolies fleurs blanches, un radar de feux tricolores a été installé à proximité de ce carrefour près de la gare de Neuville-Université. Ainsi à l’abri des assauts des grosses broyeuses du service d’entretien des routes, gênées par ce poteau dans leurs manœuvres, ces plantes refleurissent chaque année et se ressèment spontanément.
La plante a fière allure avec ses envolées de fleurettes d’un blanc brillant. Le gaura (du grec gauros qui signifie fier) est depuis quelques décennies très en vogue dans les jardins publics, dans les massifs fleuris traditionnels comme dans les massifs de plantes vivaces. Il existe de nombreuses variétés horticoles de cette plante : à fleurs roses, à port plus ou moins trapu… Cette onagracée d’origine texane n’est pas difficile, elle supporte parfaitement la sècheresse et le calcaire, mais elle craint l’excès d’humidité.
Je l’ai vue timidement apparaître là , dans l’herbe, au printemps 2011.
Que fais-tu là l’américaine ?
La présence à ses côtés de quelques tulipes laissait soupçonner un apport de terre ou de déchets de jardin. Les tulipes ont disparu, mais les gauras se sont bien installés.
Cette petite population de gauras s’est un peu étoffée au fil des années. La persistance depuis 2011 de cette plante non indigène lui vaut selon moi un statut local de plante subspontanée. (On peut dire aussi « diaphyte ergasiophygophyte », ça fait son effet dans les conversations)
Assistons-nous à la naissance d’une nouvelle plante naturalisée pour l’Ile-de-France ?
Il faudrait pour cela que trois conditions soient réunies : sa persistance pendant 10 ans, une descendance importante et confirmée par semis naturel, un essaimage hors de son périmètre actuel.
Cette plante est absente de la flore d’Ile-de-France de Philippe Jauzein et Olivier Nawrot qui fait référence pour la région parisienne. Elle a été signalée subspontanée en Suisse, dans le Nord-Pas-de-Calais et en Midi-Pyrénées. Elle aurait franchi le cap de la naturalisation en Australie.
Les Platycnemis sont des demoiselles reconnaissables à leurs tibias élargis aux pattes médianes et postérieures (cliquez sur la photo pour l’agrandir). A Cergy-Pontoise, on rencontre couramment l’espèce Platycnemis pennipes au bord du chemin de halage sur les rives de l’Oise, et à l’Ile de loisirs. Elle chasse les petits insectes attirés par les ombelles des berces, des panais ou des sureaux yèbles.
Les tibias sont un peu plus élargis chez les mâles. Il semble qu’ils participent à la communication. Lors de la parade nuptiale, ils seraient agités par le mâle pour séduire la femelle. Leur présentation serait aussi un signal de dissuasion lorsqu’un autre mâle s’approche d’un couple formé.
Il y a une vingtaine d’années on trouvait dans le sud de l’Ile-de-France une autre espèce plutôt méridionale, Platycnemis acutipennis, notamment dans les marais de Larchant. Elle semble éteinte dans la région.
La troisième espèce de la faune française dans ce genre, Platycnemis latipes, fréquente les berges des rivières dans la moitié sud de la France.
En été, les feuilles de certains arbres sont aussi poisseuses que le pare-brise d’une voiture garée sous un tilleul. Et pour cause, l’origine en est la même : les pucerons sont les responsables. Ce sont leurs excréments liquides que l’on voit briller sur cette photo. Ils sont très riches en sucres, et de nombreux insectes consomment cette substance nourrissante nommée miellat : des fourmis, des papillons forestiers comme le tircis, des mouches, ainsi que des abeilles, dont l’abeille domestique. Et elle a de quoi faire, la production annuelle de miellat en France se chiffrerait en milliers de tonnes ! L’abeille régurgite ce miellat qui est ensuite transformé en miel. Les miels de sapin et d’épicéa sont également issus de miellats.
Vu de plus près, on voit que cette abeille, qui nous tire la langue, a les yeux poilus. C’est l’un des critères d’identification d’Apis mellifera, l’abeille domestique.
Les pucerons ne sont pas les seuls producteurs de miellat, c’est le cas aussi des aleurodes, des psylles, des cigales, des cochenilles, des cicadelles, des thrips…
Je vous présente Hétéropogon, ma mouche apprivoisée.
Pour apprivoiser une mouche, il faut développer une forte affinité pour la petite gent ailée. Et il faut savoir faire un beau perchoir, stable, confortable, bien situé, par exemple avec une vue imprenable sur les Alpilles.
Hétéropogon n’a pas été bien acceptée dans la famille : « Tu ne vas tout de même pas faire toute la randonnée avec le doigt en l’air ? ». Pourtant, je nous voyais déjà , ma mouche et moi, faire une entrée triomphale au village.
Hétéropogon m’a quitté pour une branche de cyprès. Un petit mâle de son espèce a tenté de la séduire en lui caressant les yeux avec ses pattes. Elle lui a décoché un violent coup de tibia postérieur par balayage latéral qui ne laissait aucun doute sur sa disponibilité.
Hétéropogon fait partie de la famille des Asilidae qui compte environ 200 espèces en France, dont 49 en Ile-de-France. Ce sont toutes des prédatrices des milieux secs, elles capturent des insectes plus ou moins gros selon leur taille, des papillons aux pucerons. Leur rostre sert à percer la carapace de leurs proies, à leur injecter un venin puissant, et à en aspirer les sucs. La « moustache » qui orne leur face protège leurs yeux des mouvements de défense des insectes capturés.
La communauté d’agglomération de Cergy-Pontoise a confié à l’association d’insertion Halage un chantier de lutte contre la renouée du Japon sur les bords de l’Oise à Neuville. Des arbustes variés avaient été plantés dans les touffes de renouées dans l’idée de la concurrencer, mais elle a rapidement repris le dessus.
L’arrachage manuel de la renouée redonne leur chance aux arbustes.
Une autre idée a été proposée par l’association : faire de l’ortie une alliée pour gêner les repousses de renouées après une opération d’arrachage.
Des graines d’ortie dioà¯que ont donc été semées sur une zone test. Dans la foulée, on essaiera de planter d’autres « pestes » bien de chez nous (et donc beaucoup plus favorables à la faune locale), comme le sureau yèble, déjà présent sur les berges. Affaire à suivre…
Tous les jours en allant au travail, je passe devant ce gros pied de bouillon-blanc, près de l’université de Cergy-Pontoise à Neuville. Ces derniers temps, la tige est montée rapidement et on voit poindre les premières fleurs. Mais la plante a l’air sinistrée ; aurait-elle fait une mauvaise rencontre ?
La voilà , la responsable : la chenille de la brèche. Elles sont une bonne quinzaine à dévorer les feuilles de la plante, les transformant patiemment en dentelles.
Une toute petite mouche tournicote dans le secteur. C’est un représentant de la famille des Chloropidae. Plusieurs espèces de cette famille se nourrissent de sécrétions animales, et on les voit parfois lécher des larves d’insectes. Aussi, la concentration de chenilles sur cette plante n’est peut-être pas étrangère à la présence de ce diptère.
Avec son abdomen bien vert et ses fémurs postérieurs dodus, je verrais bien là l’espèce Meromyza femorata dont la larve consomme une graminée, le dactyle aggloméré, très répandu dans les prairies voisines.
Ce micro-hyménoptère, tout aussi fort en cuisses, a l’air de s’intéresser également aux chenilles. Cette espèce est un parasitoà¯de connu pour pondre dans les chenilles de la piéride du chou. Dans celles de la brèche aussi, apparemment…
Alors, pour protéger vos choux, semez donc au jardin des bouillons-blancs. Si ça ne favorise pas les Brachymeria, ça fera joli.
Au jardin, un certain nombre d’insectes protègent les cultures des ravageurs et certaines plantes leur sont nécessaires pour leur cycle de vie. Cultiver ces plantes au jardin est donc a priori bénéfique pour la régulation naturelle des ravageurs. Mais quelles sont ces plantes ? Les informations qui suivent sont une compilation non exhaustive à partir de comptes-rendus d’essais scientifiques et de mes observations personnelles. Je prends le risque d’être affreusement simpliste, tant les relations entre les plantes et les insectes sont complexes et variables, en vous proposant un classement en quatre catégories :
Les plantes qui hébergent des proies pour les larves prédatrices ou parasitoà¯des
Toutes les plantes susceptibles d’être fortement attaquées par des pucerons sont potentiellement des foyers de production d’auxiliaires prédateurs ou parasitoà¯des. Certaines espèces de pucerons sont inféodées à des plantes. Ainsi les pucerons spécifiques de l’ortie dioà¯que, du lierre, du bleuet, du compagnon blanc, de l’achillée mille-feuilles, du sureau noir ne risquent pas d’envahir vos autres plantes mais serviront de garde-manger aux auxiliaires.
On constate fréquemment la présence de coccinelles et de pontes de syrphes près des colonies de pucerons sur de très nombreuses plantes : fenouil, tanaisie, bardane, aubépine, laiteron, eupatoire, origan, cardamines, véroniques, chardons… Des momies de pucerons attaqués par des hyménoptères parasitoà¯des sont souvent visibles sur les orties et sur les ronces.
Les punaises prédatrices fréquentent les orties, l’origan, la rose trémière, la potentille arbustive…
Les plantes qui nourrissent les insectes auxiliaires adultes
Généralement, les insectes prédateurs ou parasitoà¯des changent de régime alimentaire au cours de leur vie. Par exemple, de nombreuses espèces de coccinelles, de chrysopes, de syrphes, d’hyménoptères ou de diptères sont floricoles dans leur forme adulte : ils consomment du nectar et/ou du pollen. C’est pourquoi, il est recommandé de cultiver des plantes à fleurs variées à proximité des plantes à protéger.
Les syrphes aiment bien visiter les fleurs des soucis, potentilles arbustives, alysses, zinnias, scaevolas, bidens, luzernes, asters, caenothus, forsythias, vipérines, inules, pruniers, campanules,aegopodium…
Les chrysopes consomment du pollen de chicorée, de tilleul, de campanule, de viperine, de luzerne, de bourrache, de panais…
Les coccinelles butinent parfois les fleurs de fenouil et de pissenlit.
Les mouches tachinaires sont vues sur les asters, les carottes sauvages, les aegopodium…
Toutes sortes d’hyménoptères dont de nombreux auxiliaires, fréquentent les fleurs des panicauts, des inules, des résédas, du panais, du persil…
Les plantes qui servent d’abri hivernal
Le charme, le lierre, le houx offrent des abris hivernaux à de nombreuses espèces, parmi lesquelles les chrysopes.
Geranium macrorrhyzum et Erodium manescavi seraient de bons abris pour les punaises prédatrices.
Les plantes nécessaires à la croissance des larves d’adultes prédateurs
Le chêne est nécessaire à la miride du chêne, punaise prédatrice dont les larves sont phytophages et inféodées à cet arbre.
Quand faut-il faucher les bords de route ? Les fauches tardives sont-elles vraiment bénéfiques pour les insectes pollinisateurs ? Faut-il semer des prairies fleuries ? Avec quelles espèces et dans quelles proportions ?
Le ministère de l’Ecologie a publié au début de cette année le rapport d’une expérimentation menée sur trois ans et dans plusieurs régions. Encadrée scientifiquement, elle apporte des réponses claires aux gestionnaires.
Quelles sont les conclusions de cette étude ?
La diversité des plantes à fleurs, la densité florale et la continuité des floraisons apparaissent comme les conditions essentielles au développement des populations d’insectes pollinisateurs, en diversité et en quantité.
L’étude révèle le grand intérêt de l’origan très fréquenté de nombreuses espèces pollinisatrices, des fabacées comme le trèfle des prés et le lotier corniculé, des astéracées (centaurées, knauties… ). La floraison des apiacées (carotte sauvage, berce commune, panicaut… ) est profitable aux diptères et aux hyménoptères ; les mauves, quant à elles, conviennent bien aux hyménoptères.
Ainsi, dans la région d’Evreux, les relevés d’insectes sur les bords de route ont permis de mettre en évidence les fortes affinités suivantes :
– pour les papillons de jour :
origan
knautie des champs
centaurée
– pour les abeilles domestiques :
origan
centaurée
panicaut des champs
L’étude démontre le réel intérêt de la fauche tardive (une seule fauche par an en octobre) qui permet très rapidement d’inverser la dominance des graminées au profit aux dicotylédones (plantes à fleurs). Il semble qu’il serait intéressant de conduire des parties de prairies en fauchage précoce (une seule fauche par an début juin) en complément et à proximité immédiate de zones en fauchage tardif, car cela permettrait d’étaler les périodes de floraison.
L’exportation des produits de fauche est a priori préférable mais pose de nombreux problèmes : coà»t, matériel, transport, gestion des déchets. Sur les 3 années de l’expérimentation, l’absence d’exportation n’a pas empêché l’amélioration sensible et rapide de la composition floristique ayant entraîné un impact positif sur les pollinisateurs.
L’intérêt de prairies semées en mélange fleuri apparaît limité, même lorsqu’il s’agit de plantes indigènes. Si ces formations offrent aux insectes une densité florale plus importante les deux premières années, la variété d’espèces est moindre que dans une prairie naturelle. De plus, cette pratique a deux sérieux inconvénients : le coà»t et la difficulté technique de l’implantation. Ces aménagements semblent profitables aux abeilles domestiques, mais le bénéfice n’est pas établi pour les autres pollinisateurs. Si l’on considère le critère de l’intérêt pour les insectes pollinisateurs, il faut raisonnablement s’abstenir de semer des prairies fleuries à la place de prairies naturelles déjà installées.
Une liste nationale d’espèces végétales a été établie pour les semis de mélange de jachère fleurie sur les espaces d’accompagnement du réseau routier national. Cette liste (texte et tableau extraits du rapport indiqué en lien dans cet article) a été définie en intégrant à la fois les critères d’intérêt pollinifère et nectarifère des différentes espèces, et l’offre commerciale existante ainsi que le coà»t des différentes espèces. Cette liste a ensuite été validée par le MEDDTL (Bureau de la biodiversité) afin d’en exclure les espèces présentant des risques de croisement avec certaines espèces sauvages.
nom latin
nom commun
couleur
Hauteur (cm)
floraison
fleurs vivaces
– Cichorium intybus
chicorée sauvage
bleu
120
juin – octobre
– Galium verum
gaillet jaune
jaune
45
juin – septembre
– Lotus corniculatus
lotier corniculé
jaune
20
mai – aoà»t
– Malva moschata
mauve musquée
rose
50
juillet – septembre
– Malva sylvestris
mauve sylvestre
pourpre
60
mai – septembre
– Origanum vulgare
origan
rose
70
juillet-septembre
– Salvia pratensis
sauge des prés
bleu
45
mai – aoà»t
– Sanguisorba minor
pimprenelle
rouge – vert
40
juin – juillet
– Silene latifolia alba
silene enflé
blanc
30
mai – septembre
– Silene dioica
compagnon rouge
rose vif
55
avril – juillet
– Trifolium pratense
trèfle violet
violet
20
mai – octobre
– Trifolium repens
trèfle blanc nain
blanc
20
mai – octobre
fleurs bisannuelles
– Daucus carota
carotte sauvage
blanc
50
juin – septembre
– Dipsacus fullonum
cardère sauvage
pourpre
115
juillet – aoà»t
– Echium vulgare
vipérine
bleu
55
mai – aoà»t
– Medicago lupulina
minette
jaune
20
mai – septembre
fleurs annuelles
– Papaver rhoeas
coquelicot
rouge
50
mai – juillet
graminées vivaces
– Festuca rubra trichophylla
fétuque rouge 1/2 traçante
– Festuca rubra rubra
fétuque rouge traçante
– Festuca ovina
fétuque ovine
La règle de composition du mélange est la suivante :
graminées : 2 à 3 espèces, 40 à 50 % du mélange (en poids de graines)
Rhopalapion, originaire d’Amérique du Nord, d’Asie Mineure et du Moyen-Orient est apparu dans notre pays en 1982 en Ardèche. En quelques années, il a envahi la France, aidé en cela par les amateurs qui collectent des graines pour leur jardin, sans se douter qu’elles sont habitées.