Que sont donc ces étranges boules épineuses trouvées dans les mares du Golf de Saint-Ouen-l’Aumône ? Des fruits de Liquidambar ? Des brochettes de jeunes marrons ? Des hérissons verts ? Bien heureusement rien de tout ça, en effet nous avons plutôt affaire aux fruits bien singuliers du rubanier dressé.
Le genre Sparganium est divisé en trois espèces dans notre région : emersum, le rubanier émergé ; natans, le rubanier nain ; erectum, le rubanier dressé. Et c’est bien à cette dernière espèce que nous allons nous intéresser dans cet article.
Le rubanier dressé est une plante de la famille des Typhaceae, la même famille que les fameuses massettes. Elle est typique des eaux plus ou moins stagnantes, dans les mares, les bords d’eau, les noues, les mégaphorbiaies… Selon les sources cette plante serait comprise entre 50 et 150 centimètres en moyenne, mais elle pourrait tout de même atteindre 2 mètres de haut.
Voici un exemple de rubanier dressé en pleine floraison au mois de juin, comme on peut le constater les fleurs sont séparées en deux versions différentes pour les deux sexes :
Les inflorescences (groupe de fleurs) mâles sont reconnaissables aux petits glomérules (boule denses) sombres qu’ils forment au somment des tiges florales.
Les inflorescences femelles sont quant à elles bien plus évidentes grâce à leur taille supérieure à celle des mâles et aux longs et fins stigmates (organes femelles) blancs au bout de chaque fleurs.
Les fleurs les plus précoces apparaissent à partir de juin tandis que les plus tardives peuvent pousser jusqu’à septembre.
Sources :
Flore d’Ile-de-France de Philippe Jauzein et Olivier Nawrot
Retrouvez ici d’autres articles sur les plantes de zones-humides :
Avez-vous déjà observé des insectes qui butinent ? A notre échelle de grands humains cela ressemble à une recherche frénétique et un peu affamée des précieux nectar et pollen dans des dizaines de fleurs visitées les unes après les autres dans un ordre qui nous parait complétement aléatoire. Mais dans tout ce bourdonnement avez-vous remarqué que lorsqu’il s’agit d’emporter le pollen ou le nectar pour plus tard (en général pour nourrir les jeunes) les différentes espèces n’usent pas de la même technique ? Intéressons nous à quelques espèces d’hyménoptères pour voir leur différentes méthodes de collecte du pollen.
Sur le ventre
Chez les abeilles du genre Megachileles poils qui forment la brosse qui permet de stocker le pollen sont situés sur la face inférieure de l’abdomen. Lorsqu’elles sont posées sur une fleur pour butiner les abeilles Megachile ont souvent les fesses en l’air. Elles se tartinent l’abdomen de pollen avant de partir sur une nouvelle fleur. Le genre est ainsi assez facile à repérer au milieu de tous les buveurs de nectar.
Sur les pattes
Chez beaucoup d’espèces d’abeilles, comme sur cette halicte femelle, le stock de pollen se fait sur les pattes arrières. Des poils denses recouvrent des segments de pattes et permettent d’accrocher les grains de pollen. Par exemple chez les andrènes les poils sont sur les fémurs.
Chez les abeilles Panurgus(des abeilles toutes noires qu’on voit souvent sur les astéracées jaunes), le pollen recouvre presque entièrement la patte arrière.
L’abeille mellifère (ou domestique) Apis mellifera, elle, colle le pollen sur les poils de ses tibias.
NB : la couleur du pollen dépend de la fleur butinée, jaune, blanc, beige, et même rose !
Pas du tout !
Certaines abeilles ne stockent pas du tout de pollen et se contentent de manger sur place les grains de pollen et le nectar des fleurs qu’elles butinent. C’est le cas notamment des mâles qui ne participent pas à l’élevage des jeunes et à la préparation des nids. Ces deux halictes mâles n’ont pas de poils de récolte sur leurs pattes arrières.
Mais également des abeilles dites « coucou ».
Cette abeille n’a pas de poils de récolte sur les pattes car elle n’a pas besoin de stocker de pollen pour ses larves. On l’appelle « coucou » car elle se comporte comme l’oiseau du même nom. Elle pond ses œufs dans les nids d’autres espèces d’abeilles et laissent celles-ci nourrir ses larves.
Oups !
Quelques fois la récolte du pollen ne se passe pas exactement comme prévue par l’abeille.
En dégustant un peu de nectar de mauve cette abeille mellifère s’est retrouvée entièrement recouverte de pollen, mais n’a rien sur ses corbeilles de récolte. Ca n’est pas d’une très grande utilité pour l’abeille, mais la mauve, elle, devrait y gagner en chance de reproduction si l’abeille s’en va butiner une autre mauve en suivant. La pollinisation est un processus gagnant-gagnant !
Retrouvez d’autres histoires de pollen dans ces articles :
Projet murmure… Une réadaptation du naturaliste qui murmurait à l’oreille de la biodiversité ? Ou l’inverse peut-être ?
Rien de tout cela ! Les équipes de Plante et Cité vous proposent de vous intéresser aux vieux mûrs comme support de nature.
A travers une enquête en ligne vous pouvez signaler les mûrs supports de végétation ou servant d’abris à la faune. Grâce à ces données Plante et Cité pourra créer un outil cartographique qui servira d’inspiration, par exemple pour des projets de gestion, de restauration, de plantation ou de création de murs.
En effet, on ne peut que soutenir l’intérêt des mûrs pour le maintien de la biodiversité. On y trouve tous genres d’espèces ; mais un petit indice, si le qualificatif de l’espèce est « des murailles », « des murs » ou « rupestre » il y a de grandes chances pour ce soit son milieu de prédilection ! En voici quelques unes :
Et la cinquième ! Après vous avoir présenté la linaire commune, la linaire couchée, la linaire élatine et la petite linaire, voici la linaire bâtarde. Ce sera sans doute la dernière dans ce groupe là. Il existe bien 9 linaires naturellement présentes en Île-de-France mais les 4 dernières sont si rares qu’il est très peu probable que nous les rencontrions sur le territoire.
La linaire bâtarde tient son nom du botaniste belge Kickx, et du latin spuria, qui veut dire fausse. Sans doute pour la différencier de l’autre Kickxia, la linaire élatine.
Celle-ci a des couleurs plus claires et des feuilles en forme de sapin (elatine vient du grec elatê « sapin »). La linaire bâtarde a des fleurs a lèvre supérieure pourpre et inférieur d’un jaune franc et ses feuilles sont rondes et très poilues.
C’est une plante très commune que l’on rencontre dans différents milieux relativement secs et dégagés : les potagers, les cimetières, les pelouses, …
Sources :
Le dictionnaire étymologique de la flore française, par JP Ferrari
Taraxacum officinale, Plantago major, Polygonum aviculare et tant d’autres. Ces plantes souvent oubliées voire même méprisées qui se plaisent aussi bien dans les espaces naturels que dans nos trottoirs, pavages, pieds de murs…Intéressons-nous aujourd’hui aux « Concretum plantae« *, les plantes du béton.
Voilà un végétal des plus polyvalents de nos contrés ! Les pissenlits, de genre Taraxacum, sont des espèces très peu exigeantes sur les qualités écologiques de leurs milieux de croissance. Nous pouvons donc bénéficier de la jolie floraison jaune de cette Asteraceae, n’importe où et de surcroit n’importe quand.
Parfaitement implanté, le grand plantain est un adepte des trottoirs et des pieds de murs comme nous pouvons le constater ci-dessus. Les plantains en règle générale possèdent des propriétés médicinales reconnues dont la plus connue d’entre-elles est évidemment sont pouvoir anti-démangeaisons dans le cas des piqûres de moustiques ou d’orties.
Quelle jolie mini-pâquerette que voilà. C’est en effet bien à la famille de la pâquerette qu’appartient cette plante commune dans le quartier du grand centre de Cergy. Comparativement au reste des organes végétatifs, les fleurs du galinsoga cilié sont particulièrement petites, ce qui n’est pas très commun dans la famille des Asteraceae. Le genre « Galinsoga » serait dédié à un botaniste espagnol du 18ème siècle du nom de Mariano Martinez Galinsoga.
Cessons de nourrir les pigeons et les moineaux avec du pain ou des biscuits, ce n’est pas bon pour leur santé. Mieux vaut les laisser se délecter des fabuleuses graines de cette espèce.La renouée des oiseaux est en effet une plante très appréciée de nos amis à plumes. Elle prolifère en de nombreux endroits différents dont les massifs du grand centre et entre les pavés de la Place Charles de Gaulle à Cergy.
Voici une plante assez inattendue, en effet les joncs sont généralement des plantes reliées aux zone humides ou aux endroits frais. Et le jonc des crapauds, l’espèce ci-dessus, n’échappe pas à la règle. Cependant si l’on arrive à l’observer dans les fissures du bitume du parvis de la préfecture c’est bien parce qu’il possède une large gamme d’habitats et qu’il est aussi un des rares joncs de notre territoire à être annuel (qui fait son cycle en un an, voire moins).
L’orpin blanc que voici ci-dessus est une plante succulente commune en Ile-de-France. Dans ses habitats primaires, cette plante se retrouve en éboulis rocheux, les terrains rocailleux ou les enrochements naturels. Mais cet orpin, comme beaucoup de ses cousins, se plait aussi dans des milieux secondaires comme les vieux murs de pierres, les fissures dans le béton ou encore comme ici sur le peu de substrat sec qui s’est accumulée sur une grille d’aération.
Continuons ici avec une graminée parfaitement typique des ouvrages minéralisés divers et variés de nos villes. L’éragrostis faux-pâturin est une plante naturalisée en région Francilienne. Il est ici dans une situation de développement plus ou moins optimale, en effet certains de ces congénères n’ont pas tous la même chance et finissent régulièrement à l’état de crêpes sous le poids des centaines de chaussures qui leurs passent dessus au quotidien.
Pour conclure cet article sur les plantes du béton, quittons un peu le grand centre cergyssois pour nous pencher sur une petite rareté du cimetière d’Osny. En effet, même dans les milieux les plus incongrus comme les sèches bordures des routes bitumées de ce cimetière, la flore cergypontaine sait se montrer toujours plus intéressante.
C’est ainsi que nous pouvons admirer la belle floraison printanière de la linaire couchée, jolie petite plante rare en Ile-de-France, dans une grande partie du cimetière d’Osny. Comme quoi les trésors de la flore francilienne se retrouvent parfois là où on les attend le moins. Alors ouvrons l’œil, car la biodiversité n’a pas fini de nous étonner.
*NB : « Concretum plantae » est une appellation issue de l’imagination de Matthieu.
Sources :
Flore d’Ile-de-France de Philippe Jauzein et Olivier Nawrot
Pour la quatrième année consécutive nous avons installé nos tunnels à hérissons dans les cimetières de l’agglomération pour participer à l’enquête Mission hérisson dans le cadre de l’étude cimetières vivants. Et pour la quatrième année nous avons eu de belles surprises.
A Puiseux-Pontoise, tous les matins, le tunnel est sens dessus-dessous, mais seules des empreintes de petit rongeur sont sur la feuille. Il est bien trop petit pour avoir provoqué de tels mouvements.
Pour identifier notre visiteur anonyme nous avons posé un piège-photo (appareil photo avec détecteur de mouvement) à proximité du tunnel (NB : le piège était dans la haie, au niveau du sol, aucun risque de photographier un humain sans son autorisation). Et ce fut une bien bonne idée !
Non seulement nous avons pu confirmer le passage du rongeur (environ 8 fois dans la nuit), mais nous avons pu identifier notre bousculeur de matériel. Une queue touffue, un long museau, de grandes oreilles, et une adorable bouille…
C’est bien lui, Maître Renard, par l’odeur des croquettes alléché aurait voulu participer au protocole Mission Hérisson lui aussi. Mais trop grand pour rentrer de le tunnel il ne pouvait pas accéder aux précieuses croquettes à l’intérieur. Non seulement rusé mais également habile notre jeune renard ne s’est pas laissé démonté et après quelques tentatives il aura réussi à atteindre son but.
Au petit matin toutes les croquettes ont été mangées !
En revanche, la domestication des espèces sauvages comme le renard n’est pas quelque chose de souhaitable. Le protocole de suivi est terminé il n’y aura plus de croquettes. Maître Renard il vous faudra retrouver un régime alimentaire plus naturel à base de campagnols, de rongeurs divers voire d’insectes, de lombric et de végétaux !
Retrouvez dans ces articles d’autres reportages du piège-photo :
Tout d’abord, il s’agissait de trouver la grande famille des Apiaceae, aussi appelée ombellifères en référence aux fameuse ombelles de fleurs généralement blanches que ces plantes produisent.
Il était ensuite question de noté le statut de notre ammi dans la région, en effet celui-ci est entièrement naturalisé sur le territoire francilien et fut même considéré comme « en expansion » il fut un temps. De nos jours le grand ammi est devenu très rare en Ile-de-France.
Concernant la taille de la plante, notons qu’elle atteint naturellement 30 à 80 centimètres. Cependant la plupart des exemplaires aperçus aux alentours du cimetière de Courdimanche ne mesuraient pas plus de 20 à 40 centimètres car régulièrement coupés lors des entretiens des abords de champs ou des récoltes.
C’est d’ailleurs cette fameuse rusticité de la plante face aux coupes et son pouvoir de colonisation qui pose parfois problème dans les champs. En effet, les agriculteurs ne sont pas très amis avec le grand ammi.
Quant à la floraison, celle-ci dure de juillet à aout. Elle est composée de grandes ombelles de fleurs blanches moins compactes que celles de la carotte sauvage que l’on retrouve dans les mêmes milieux. Une fois les fleurs fanées, des fruits sous formes de diakènes (doubles fruits) apparaissent, comme on peut l’observer juste au dessus.
Et enfin le dernier élément portait sur le nom atypique et d’origine orientale de notre jolie plante champêtre. En effet l’ammi est bien à orthographier avec deux M et non pas avec un seul, sinon nous nous retrouvons avec un bon ami et non pas avec le grand ammi.
Le mois d’août arrive et avec lui la pause annuelle dans la parution des articles.
La biodiversité elle ne s’arrête pas, continuez d’ouvrir l’œil ! Nous vous souhaitons de belles observations et vous donnons rendez-vous en septembre pour une nouvelle photo mystère.
Si vous en avez l’occasion, n’hésitez pas à mettre une gamelle d’eau à destination de la faune qui vous entoure. Oiseaux, insectes, mammifères et amphibiens vous en seront reconnaissants !
Elles répondent au genre latin Ranunculus, possèdent de belles et brillantes fleurs blanches ou jaunes, se plaisent aussi bien dans des milieux secs que des milieux aquatiques et certaines déterminent même nos gouts en matière de beurre. C’est évidemment les renoncules que nous allons aujourd’hui passer en revue dans cette galerie.
Voici l’espèce la plus commune du genre sur notre territoire, la renoncule rampante se plait aussi bien au milieu des gazons que dans les friches humides ou encore dans les bois ou bien les milieux plus humides comme les fossés et les bords d’eau. Comme son nom l’indique, cette plante favorise un développement rampant mais peut tout de même atteindre 40 à 50 centimètres de haut en période de floraison.
Le fameux, seul et unique, le véritable bouton d’or ! C’est avec cette renoncule qu’il est d’usage de tester notre attrait pour le beurre en plaçant une fleur sous le menton et en constatant le reflet des pétales sous celui-ci. Comparativement à l’espèce précédente, le bouton d’or se développe en hauteur jusqu’à 90 centimètres de haut et possède des feuilles bien plus grandes ressemblant à celles des géraniums.
Pour l’espèce ci-dessus nous avons affaire à un parfait mélange entre la renoncule rampante et le bouton d’or. En effet la renoncule bulbeuse a un développement plutôt dressé mais possède des feuilles très semblables à celle de Ranunculus repens. Pour la reconnaitre à coup sûr, on peut constater les sépales rabattus sous les pétales.
Changeons de milieu et orientons nous plutôt vers les zones humides, car en effet l’espèces ci-dessus, la renoncule scélérate, est parfaitement typique des mares, fossés, bords des eau… On remarquera les grosses têtes fructifères qui apparaissent lorsque les fleurs fanent, un critère unique à cette espèce dans notre région.
Quelle est cette belle renoncule à fleurs blanches flottant au gré du courant de la Viosne ? Eh bien il est difficile de répondre à cette question. Le groupe des renoncules aquatiques contient de nombreuses espèces qu’il est parfois difficile de discriminer. Ici nous supposons que nous avons affaire à la renoncule à pinceau (Ranunculus penicillatus) dont nous avions déjà parlé dans un précédent article. La plupart des renoncules aquatiques de notre région sont devenues très rares à cause de leur sensibilité aux eaux polluées.
Pour finir cette belle galerie de renoncules, parlons d’une plante qui faisait autrefois partie du genre. La ficaire, cette jolie plante qui fait briller nos printemps de mille feux était en effet autrefois considérée comme une renoncule et donc appelée Ranunculus ficaria en latin. La génétique a toutefois fini par prouver que la ficaire ne pouvait pas être considérée comme une renoncule et qu’il fallait donc lui procurer un genre à part entière. Son nom d’espèce est alors devenu son nouveau nom de genre (Ficaria).
Sources :
Flore d’Ile-de-France de Philippe Jauzein et Olivier Nawrot