L'actualité de la Nature

Un rapace aux aguets

faucon crécerelle mâle (Falco tinnunculus) - Neuville-sur-Oise © Gilles Carcassès
Faucon crécerelle mâle (Falco tinnunculus) – Neuville-sur-Oise © Gilles Carcassès

Plusieurs couples de faucons crécerelles se reproduisent à  Cergy-Pontoise. Voici un joli mâle, reconnaissable à  sa tête et sa queue grises, observé ces jours-ci près de l’Université de Cergy-Pontoise à  Neuville. Il scrute le sol depuis le sommet d’un jeune frêne au bord d’un champ. Cette espèce consomme essentiellement des petits mammifères, notamment des campagnols. Avec les chouettes et la buse, ils assurent une nécessaire régulation de ces rongeurs.

Le repas du faucon

 

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Maître corbeau

Corneille noire - Cergy © Gilles Carcassès
Corneille noire (Corvus corone) – Cergy © Gilles Carcassès

Maître corbeau, sur un arbre perché, tenait en son bec un fromage ? Non, un croissant industriel à  l’huile palme… Que voulez-vous, il faut vivre avec son époque : c’est de nos jours beaucoup plus facile de récupérer un croissant tombé sur le chemin de l’école qu’un camembert.

Et d’ailleurs en ville, maître corbeau est une corneille. C’est même l’un des oiseaux les plus fréquents sur notre territoire. Elle arrive en septième position de nos comptages d’oiseaux en avril 2015 à  Cergy-Pontoise, après le pigeon ramier, l’étourneau, le merle noir, la pie, la mésange charbonnière et le moineau domestique.

Le corbeau, le vrai, est un oiseau plus campagnard et plus farouche. J’en ai croisé quelques-uns dans un centre équestre à  Achères. On le reconnaît à  son bec plus clair.

Corbeaux freux - Achères © Gilles Carcassès
Corbeaux freux (Corvus frugilegus)- Achères © Gilles Carcassès
corneille leucique © Gilles Carcassès
Corneille noire leucique © Gilles Carcassès

Parfois, nos corneilles des villes ont les plumes un peu décolorées : encore une histoire de boulangerie…

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Grosse larve

En travaillant le sol de mon jardin, j’ai trouvé une grosse larve. Serait-ce le redouté ver blanc qui dévore mes légumes par la racine?

Larve de cétoine © Gilles Carcassès
Larve de cétoine © Gilles Carcassès

Non, c’est la larve de la cétoine dorée, parfaitement inoffensive et même utile. Elle mange le compost, achevant le travail de décomposition de la matière organique. On la reconnaît à  ses pattes courtes et sa petite tête.

Larve de hanneton © Gilles Carcassès
Larve de hanneton © Gilles Carcassès

En revanche, celle-là , c’est la larve d’un hanneton. Observez ses grandes pattes qui lui permettent de marcher dans ma main, ce que ne peut pas faire la première.

Le hanneton des jardins, Phyllopertha horticola, est plus petit que le hanneton commun et son cycle est annuel. On le reconnaît aux reflets vers de son thorax. © Gilles Carcassès
Le hanneton des jardins © Gilles Carcassès

Il existe plusieurs espèces de hannetons. Voici le hanneton des jardins (Phyllopertha horticola), fréquent dans les prairies. Son cycle est annuel. Le hanneton commun a lui un cycle de 36 mois, les adultes apparaissant en grand nombre tous les 3 ans. Pour le hanneton forestier, c’est tous les 4 ans.

On peut rencontrer dans les jardins plusieurs espèces de cétoines. L’adulte de la cétoine dorée, très commune, fréquente souvent les roses. Ce sont des insectes pollinisateurs.

Cétoine sur une rose © Gilles Carcassès
Cétoine sur une rose © Gilles Carcassès

Différencier les larves de hannetons des larves de cétoine, un document INRA

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Beau comme un lombric

Lombric irisé © Gilles Carcassès
Lombric montrant une belle irisation – Cergy © Gilles Carcassès

Sorti de sa motte de terre pour les besoins de la science, ce lombric brille de vives couleurs au soleil. C’est sans doute un phénomène optique d’iridescence. De tout près, le spectacle est fascinant.

La présence d’un clitellum (partie orange en relief sur cette photo) indique que cet individu est un adulte. Ce clitellum sécrète un mucus qui aide les vers à  se coller l’un contre l’autre lors de l’accouplement (les pauvres, ils n’ont pas de bras !). Les lombrics sont hermaphrodites et se fécondent mutuellement. Le clitellum fabrique aussi les cocons qui protègeront les œufs.

La mise du protocole de l'Observatoire participatif des vers de terre - Cergy © Gilles Carcassès
La mise en œuvre du protocole de l’Observatoire participatif des vers de terre – Cergy © Gilles Carcassès

Les sondages que nous avons effectués dans un potager à  Cergy, dans le cadre du protocole de l’Observatoire participatif des vers de terre, ont montré une corrélation marquée entre l’abondance de vers et la proximité des buttes de déchets verts (garnies l’an dernier de courgettes). Nous avons trouvé 3 fois plus de vers aux abords de ces buttes que dans les autres parties bêchées et retournées ou dans les allées enherbées du jardin. Ce sont surtout les anéciques, grands consommateurs de matière organique qui sont favorisés. Logiquement, les vers épigés, que l’on trouve en grand nombre dans les tas de fumiers et les composteurs, pourraient être aussi favorisés mais nous n’en avons pas trouvés. Ils étaient sans doute plus au cœur du tas de déchets verts.

Les buttes de déchets de verts peuvent être directement plantées de végétaux, comme les courges et les potirons, qui apprécient les sols très riches en matière organique plus ou moins décomposée.

Quant à  la culture en lasagnes, elle constitue une bonne solution pour créer un jardin sur une surface impropre à  la culture. En revanche, lorsqu’un sol fertile est présent, la matière organique apportera beaucoup plus de bienfaits épandue sur le sol qu’enfouie dans une butte : La culture sur « butte de permaculture », une technique qui fait débat.

 

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Sur les saules

Les saules hébergent au moins cinquante espèces d’insectes, dont certaines sont inféodées à  une espèce particulière de saule. Voici quelques insectes communs observés à  Cergy-Pontoise sur des saules ou à  proximité immédiate de saules.

Tuberolachnus salignus - Cergy, Ile de loisirs © Gilles Carcassès
Tuberolachnus salignus – Cergy, Ile de loisirs © Gilles Carcassès

Le grand puceron du saule résiste au gel jusqu’à  – 5°C, on peut donc le voir en hiver. Il est inféodé aux saules et fréquente surtout le saule des vanniers (Salix viminalis).

Clytra - Eragny-sur-Oise © Gilles Carcassès
Clytra laeviuscula– Eragny-sur-Oise © Gilles Carcassès

Les Clytra adultes semblent se nourrir principalement de feuilles de saules. Ces coléoptères pondent des œufs entourés d’une coque rigide que les fourmis emmènent dans leurs fourmilières. Les larves de Clytra s’y développent probablement au détriment de leurs hôtes.

© Marion Poiret
Xanthia icteritia – Cergy, Ile de loisirs, sur les berges d’un des étangs © Marion Poiret

Les chenilles de la xanthie cirée consomment les feuilles des saules et aussi des peupliers.

Chalcolestes viridis - Saint-Ouen l'Aumône © Gilles Carcassès
Chalcolestes viridis en ponte sur un saule – Saint-Ouen l’Aumône © Gilles Carcassès

Les lestes verts femelles insèrent leurs œufs dans l’écorce de branchettes d’arbres au bois tendre, au-dessus de l’eau : saules, frênes, peupliers, aulnes…

Viminia rumicis - Saint-Ouen l'Aumône © Gilles Carcassès
Acronicta rumicis – Saint-Ouen l’Aumône © Gilles Carcassès

Cette belle chenille à  points blancs se nourrit de feuilles de rumex, de plantains, de houblon, de chardons, mais aussi de saules. Son papillon est la noctuelle de la patience.

La faune entomologique des saules – INRA

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Je suis tombé sur une arête

Au pied d'un escarpement rocheux © Gilles Carcassès
Au pied d’un escarpement rocheux © Gilles Carcassès

Dans la vallée de la Viosne à  Osny, je remarque ce petit tas de couleur grise au pied d’un escarpement rocheux. Un malotru serait venu dans cet endroit reculé pour vider un cendrier ?

Je vérifie la nature du dépôt.

Arêtes de petits poissons © Gilles Carcassès
Arêtes de petits poissons © Gilles Carcassès

Ce sont des centaines d’arêtes et d’écailles de petits poissons ! Voilà  qui est bien surprenant, même si la Viosne n’est pas très loin.

L'entrée d'un terrier de martin-pêcheur © Gilles Carcassès
L’entrée du terrier du martin-pêcheur © Gilles Carcassès

Il me suffit de lever le nez pour avoir l’explication. Ce terrier dans la falaise est celui du martin-pêcheur que je croise parfois aux abords du parc de Grouchy ! Et ces résidus de poissons non digestibles sont recrachés par le martin-pêcheur sous forme de pelotes de réjection. Comme elles ne contiennent aucun poil, à  la différence de celles des rapaces, elles n’ont pas de tenue et se désagrègent très vite.

La réjection du martin-pêcheur : le film (âmes sensibles s’abstenir)

Un martin-pêcheur arrive à  son terrier, un poisson dans le bec - berges de l'Oise à  Neuville © Didier Leray
Un martin-pêcheur arrive à  son terrier, un poisson dans le bec, pour nourrir sa nichée – Neuville-sur-Oise © Didier Leray

Merci à  Didier Leray pour le prêt de cette magnifique photo prise au bord de l’Oise.

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Scutellinia

© Gilles Carcassès
Scutellinia © Gilles Carcassès

Non, ce n’est pas une méduse d’eau douce, ni une plante carnivore, ni un coussin de belle-mère et encore moins le nid douillet de la galinette cendrée.

Il s’agit d’une Scutellinia scutellata, sorte de petite pézize à  la marge ciliée, un champignon donc. Et même un ascomycète. Il pousse sur les bois décomposés et gorgés d’eau.

Je l’ai trouvé sur le tronc pourri d’un grand peuplier mort couché dans l’eau, dans une partie marécageuse du parc de Grouchy à  Osny.

Merci à  tous ceux qui ont participé et bravo à  ceux qui avaient trouvé le bon genre.

Sous-bois marécageux au parc de Grouchy à  Osny © Gilles Carcassès
Sous-bois marécageux au parc de Grouchy © Gilles Carcassès
Troupe de Scutellinia sur un tronc de peuplier pourri © Gilles Carcassès
Troupe de Scutellinia scutellata sur un tronc de peuplier pourri – Osny © Gilles Carcassès
Scutellinia scutellata © Marie-Louise Arnaudy
Scutellinia scutellata au microscope © Marie-Louise Arnaudy

Un grand merci à  Marie-Louise Arnaudy, du Club Mycologique Conflanais qui a aidé à  la détermination de l’espèce par un examen au microscope : les asques contiennent 8 spores elliptiques de 13 x 20 microns, les paraphyses sont élargies au sommet et (détail non visible sur cette vue) les poils sombres de la marge ont une base fourchue.

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Salle à  manger avec vue sur le parc, chambre à  l’étage

Ce beau conifère au tronc élancé à  l’écorce rouge, visible dans le parc du château de Marcouville à  Pontoise, est un séquoia à  feuilles d’if, originaire de la région côtière de Californie. Son écorce molle et épaisse est ignifuge ce qui lui permet de survivre aux incendies de forêt. Il peut atteindre 115 mètres de haut dans son pays d’origine et vivre très probablement plus de 1000 ans.

Sequoia sempervirens - Pontoise © Gilles Carcassès
Sequoia sempervirens – Pontoise © Gilles Carcassès

A un mètre du sol, dans une profonde fissure de son écorce nous découvrons ce gland, qui n’est pas venu là  tout seul. C’est une « forge » de pic épeiche ou de sittelle. Ces oiseaux forestiers  pratiquent ainsi pour décortiquer commodément les glands et les noisettes qu’ils ajoutent à  leur menu en hiver.

© Gilles Carcassès
La forge de la sittelle © Gilles Carcassès

La sittelle, pour établir son nid, réutilise d’anciennes loges de pics. Justement un couple de sittelle a été vu l’an dernier entrer et sortir d’un trou dans la partie haute du tronc de cet arbre.

© Gilles Carcassès
Voyez-vous l’entrée de la loge ? © Gilles Carcassès
L'entrée du nid de la sittelle - Pontoise © Gilles Carcassès
L’entrée de la loge sur un tronc de séquoia – Pontoise © Gilles Carcassès

Cette vue rapprochée permet de voir aussi les feuilles de ce sequoia semblables à  celle de l’if.

Il existe un autre séquoia, aux feuilles en écailles comme les thuyas, c’est le séquoia géant (Sequoiadendraon giganteum). On peut en voir de beaux spécimens au parc du château de Menucourt.

Sequoiadendron giganteum - Menucourt © Gilles Carcassès
Sequoiadendron giganteum – Menucourt © Gilles Carcassès
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L’escargot inconnu

Paludines - Ile de loisirs de Cergy-Pontoise. © Gilles Carcassès
Coquilles d’escargots – Ile de loisirs de Cergy-Pontoise. © Gilles Carcassès

En visite à  l’Ile de loisirs de Cergy-Pontoise, je remarque dans un petit bois au bord de l’eau, une coquille d’escargot dont la forme ne m’est pas familière. En cherchant un peu, j’en trouve d’autres à  proximité. On dirait des petits-gris, si ce n’était cette forme curieusement allongée. Alors, quoi ? Des mutants ?

L’explication me sera donnée par un éminent malacologue : n’y aurait-il pas à  proximité des ragondins, me demande-t-il ? Si, justement j’en ai vu un dans le secteur !

Ces coquilles d’escargots aquatiques nommés paludines seraient le fruit de la pêche du ragondin, qui les aurait amenés là  pour les déguster tranquillement au sec.

Ragondin : l'heure de la toilette © Gilles Carcassès
Ragondin à  l’heure de la toilette © Gilles Carcassès

Ces escargots sont vivipares, d’où leur nom de genre Viviparus, les femelles donnant naissance à  de petits escargots déjà  formés, au lieu de pondre des œufs comme le font les autres escargots.

On reconnaitra facilement la paludine mâle à  son regard dissymétrique. Son tentacule droit est plus court et plus gros que le gauche, car transformé en pénis. Bizarre… Il faudra, quand l’eau sera plus chaude, que j’aille farfouiller par là  avec mon épuisette et leur tirer le portrait.