L'actualité de la Nature, L'actualité des jardins

Grosse larve

En travaillant le sol de mon jardin, j’ai trouvé une grosse larve. Serait-ce le redouté ver blanc qui dévore mes légumes par la racine?

Larve de cétoine © Gilles Carcassès
Larve de cétoine © Gilles Carcassès

Non, c’est la larve de la cétoine dorée, parfaitement inoffensive et même utile. Elle mange le compost, achevant le travail de décomposition de la matière organique. On la reconnaît à  ses pattes courtes et sa petite tête.

Larve de hanneton © Gilles Carcassès
Larve de hanneton © Gilles Carcassès

En revanche, celle-là , c’est la larve d’un hanneton. Observez ses grandes pattes qui lui permettent de marcher dans ma main, ce que ne peut pas faire la première.

Le hanneton des jardins, Phyllopertha horticola, est plus petit que le hanneton commun et son cycle est annuel. On le reconnaît aux reflets vers de son thorax. © Gilles Carcassès
Le hanneton des jardins © Gilles Carcassès

Il existe plusieurs espèces de hannetons. Voici le hanneton des jardins (Phyllopertha horticola), fréquent dans les prairies. Son cycle est annuel. Le hanneton commun a lui un cycle de 36 mois, les adultes apparaissant en grand nombre tous les 3 ans. Pour le hanneton forestier, c’est tous les 4 ans.

On peut rencontrer dans les jardins plusieurs espèces de cétoines. L’adulte de la cétoine dorée, très commune, fréquente souvent les roses. Ce sont des insectes pollinisateurs.

Cétoine sur une rose © Gilles Carcassès
Cétoine sur une rose © Gilles Carcassès

Différencier les larves de hannetons des larves de cétoine, un document INRA

L'actualité de la Nature

L’année des hannetons

Le hanneton forestier, Melolontha hippocastani, rencontré au jardin du moulin de la couleuvre à  Pontoise © Gilles Carcassès
Un hanneton du genre Melolontha, rencontré au jardin du moulin de la couleuvre à  Pontoise sur une tige de gaillet gratteron © Gilles Carcassès

1434 fut une épouvantable année à  hannetons à  Paris : ils dévorèrent toute la vigne !

Les chroniques de l’époque nous indiquent d’autres dégâts importants en 1440, 1443 et 1446. Plus près de nous, 1958, 1961, 1964 furent des années à  hannetons en Ile-de-France. Faites le calcul à  partir de cette dernière date : la prochaine invasion est pour 2015. Ce cycle de trois ans correspond à  celui de la vie du hanneton commun, Melolontha melolontha. Ses larves souterraines, appelées vers blancs, consomment pendant trois ans des racines : herbes des prairies, céréales, légumes du jardin… Lorsqu’ils émergent, les adultes peuvent défolier les arbres, surtout les chênes mais aussi les fruitiers. Les dégâts sont d’autant plus importants que ces insectes vivent leur cycle de façon synchronisée.

Autrefois, dès l’apparition des premiers hannetons, on envoyait les enfants battre la campagne pour faire tomber ces insectes des branches, les ramasser et les détruire avant qu’ils pondent leurs œufs dans le sol.

Petit exercice de mathématiques : ajoutez 194 générations de hannetons à  l’année 1434 et trouvez la prochaine année à  hannetons : le résultat est 2016 et pas 2015 ! Qu’est-ce que c’est que ce décalage ? L’horloge des hannetons serait détraquée ? Non, l’explication tient sans doute au fait que cohabitent plusieurs populations. Elles se sont sans doute déplacées au cours des siècles. Et les descendants des hannetons parisiens du XVème siècle séviraient maintenant dans la Mayenne.

La carte des régimes de vol des hannetons dressée par le Département de la Santé des Forêts, du ministère de l'Agriculture
La carte des régimes de vol des hannetons établie en 1962 par Bernard Hurpin (INRA). Où l’on voit que les hannetons dessinent de grandes régions, de cohérence… biologique.

Le recul des prairies naturelles explique la baisse spectaculaire des populations de hannetons ces dernières décennies. Ces insectes autrefois si redoutés sont devenus rares par endroits. Leur disparition a des conséquences néfastes sur la biodiversité : le faucon hobereau, par exemple, est un grand prédateur de hannetons qu’il capture en vol en lisière des forêts.

Le hanneton des jardins, Phyllopertha horticola, est plus petit que le hanneton commun et son cycle est annuel. On le reconnaît aux reflets vers de son thorax. © Gilles Carcassès
Le hanneton des jardins, Phyllopertha horticola, est plus petit que le hanneton commun et son cycle est annuel. On le reconnaît aux reflets vers de son thorax. La plante est une épiaire droite. Photographie prise à  La Roche-Guyon © Gilles Carcassès

Attention, tous les vers blancs ne sont pas nuisibles : voir l’article sur Jardiner autrement

Sources :

http://www7.inra.fr/opie-insectes/pdf/i136albouy.pdf

http://draaf.poitou-charentes.agriculture.gouv.fr/IMG/pdf/Note_nationale_BSV_Hannetons_et_vers_blancs-1_cle0e12ed.pdf

http://www.boisforets67.fr/UserFiles/File/PDF/Exemples/hanneton_DSF_2013.pdf

http://www.jardinsdenoe.org/la-biodiversite-des-jardins/le-hanneton-commun