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Les oreilles de la Terre

Pézizes du cèdre – Conflans-Sainte-Honorine © CACP – Emilie Périé

Les bons tuyaux de Marie-Louise

Nous avons été informés par Marie-Louise, mycologue avertie, que de drôles de petits champignons avaient fait leur apparition plus tôt que prévu cette année. Nous filons donc à  Conflans pour observer sa trouvaille.

Ces champignons sont des pézizes du cèdre, de leur nom scientifique Geopora sumneriana. On les appelle également « oreilles de la Terre » en raison de leur forme en coupe qui émerge du sol au printemps comme si la Terre ouvrait ses oreilles. Mais qu’a-t-elle entendu ? Peut-être les explications de Marie-Louise et Gilles au sujet de ces ascomycètes.

Pézize du cèdre – Conflans-Sainte-Honorine © CACP – Emilie Périé

Des oreilles de conifères

Ce champignon est reconnaissable à  sa forme particulière, son aspect extérieur filamenteux et son intérieur crème, mais aussi à  sa localisation. On le trouve presque exclusivement sous les cèdres, quelques fois sous les séquoias, les ifs ou les genévriers. C’est cela qui le différencie des autres Geopora, comme Geopora foliacea qui lui ressemble beaucoup mais qui ne fréquente que les pins.

Cèdre abritant les pézizes – Conflans-Sainte-Honorine © CACP – Emilie Périé

Geopora sumneriana est un champignon mycorhizien, il entretient donc d’étroites relations avec les racines du cèdre sous lequel il pousse. C’est sans doute grâce à  cette affinité qu’il est si largement répandu sur le territoire français. Les cèdres ne sont pas indigènes en France, et sont cultivés en pépinières. Les champignons ont pu voyager facilement dans les mottes de plantation, mais comme certaines parcelles de pépinières n’hébergent pas ce champignon, on ne le retrouve pas partout. Cependant, lorsqu’il est présent au pied de son cèdre, Geopora sumneriana y fructifie tous les ans.

Pour le moment aucune mention de ce champignon n’a été faite en Val-d’Oise dans les bases de données naturalistes. D’après la littérature, il commence à  apparaître à  partir de fin février et on peut l’observer jusqu’en avril.

Ces pézizes sont déjà  bien visibles sous ce cèdre à  Conflans. Peut-être que la Terre écoute aussi dans votre jardin ? Racontez-nous !

Retrouvez dans ces articles d’autres champignons mycorhiziens :

Le lactaire à  toison

Les trompettes

Le pied-de-mouton

Sources :

Geopora sumneriana par l’INPN

Geopora sumneriana par AuJardin.info

L'actualité de la Nature

Scutellinia

© Gilles Carcassès
Scutellinia © Gilles Carcassès

Non, ce n’est pas une méduse d’eau douce, ni une plante carnivore, ni un coussin de belle-mère et encore moins le nid douillet de la galinette cendrée.

Il s’agit d’une Scutellinia scutellata, sorte de petite pézize à  la marge ciliée, un champignon donc. Et même un ascomycète. Il pousse sur les bois décomposés et gorgés d’eau.

Je l’ai trouvé sur le tronc pourri d’un grand peuplier mort couché dans l’eau, dans une partie marécageuse du parc de Grouchy à  Osny.

Merci à  tous ceux qui ont participé et bravo à  ceux qui avaient trouvé le bon genre.

Sous-bois marécageux au parc de Grouchy à  Osny © Gilles Carcassès
Sous-bois marécageux au parc de Grouchy © Gilles Carcassès
Troupe de Scutellinia sur un tronc de peuplier pourri © Gilles Carcassès
Troupe de Scutellinia scutellata sur un tronc de peuplier pourri – Osny © Gilles Carcassès
Scutellinia scutellata © Marie-Louise Arnaudy
Scutellinia scutellata au microscope © Marie-Louise Arnaudy

Un grand merci à  Marie-Louise Arnaudy, du Club Mycologique Conflanais qui a aidé à  la détermination de l’espèce par un examen au microscope : les asques contiennent 8 spores elliptiques de 13 x 20 microns, les paraphyses sont élargies au sommet et (détail non visible sur cette vue) les poils sombres de la marge ont une base fourchue.

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Les ascomycètes nous en font voir de toutes les couleurs

Les truffes, les pézizes, les morilles et l’ergot de seigle sont les plus célèbres des ascomycètes, mais il en existe de très nombreuses autres espèces, souvent petites et diversement colorées. Cette classe représente à  elle seule les trois quarts des espèces de champignons. Leur caractéristique commune réside dans le fait que leurs spores sont enfermées dans des asques. Ce critère requiert une observation au microscope. Les surfaces fertiles des ascomycètes ne sont pas organisées en pores, ni en lames, comme les cèpes ou les girolles qui sont des basidiomycètes. La détermination des ascomycètes est ardue, elle repose essentiellement sur l’observation microscopique.

Ascomycète sur une feuille morte © Gilles Carcassès
Lachnum virgineum sur une feuille de noisetier – Menucourt © Gilles Carcassès

Ces minuscules coupelles blanches sur cette feuille morte de noisetier sont les fructifications d’un champignon ascomycète.

Ascomycète jaune sur une souche © Gilles Carcassès
Orbilia delicatula sur une souche – Menucourt © Gilles Carcassès

Voici une espèce jaune qui dévore une souche de bouleau.

Ascocoryne © Gilles Carcassès
Ascocoryne – Menucourt © Gilles Carcassès

Les Ascocoryne sont aussi des champignons ascomycètes lignivores, ils présentent de belles teintes roses ou mauves et des formes étranges.

Chlorociboria © Gilles Carcassès
Chlorociboria – Rosny-sur-Seine © Gilles Carcassès

Les Chlorociboria en décomposant le bois le teintent en bleu-vert soutenu. Le bois ainsi coloré, avant qu’il ne soit trop pourri, peut être utilisé en marqueterie. On trouve facilement ce champignon en retournant le bois tombé, dans les lieux humides.

Sarcoscypha coccinea © Gilles Carcassès
Sarcoscypha coccinea – Menucourt © Gilles Carcassès

La pézize écarlate aime beaucoup le bois des branches mortes de noisetiers. C’est l’un des rares champignons que l’on peut rencontrer en hiver.

Les ascomycètes