L'actualité de la Nature

Le puceron de la tanaisie

Pucerons sur une tanaisie – Cergy © CACP – Gilles Carcassès

Au sommet d’un pied de tanaisie, j’ai observé ces pucerons d’un beau vert franc rayé de gris, ce qui les rend particulièrement discrets sur leur plante hôte. Il s’agit de Macrosiphoniella tanacetaria. Cette espèce fréquente préférentiellement la tanaisie, mais on peut aussi la trouver sur les armoises, les achillées, les matricaires, les marguerites et d’autres Astéracées.

Macrosiphoniella tanacetaria – Cergy © CACP – Gilles Carcassès

Il faut une bonne loupe pour admirer les beaux yeux rouges de ces pucerons (cliquez sur la photo ci-dessus pour profiter des détails). La composition chimique du miellat produit par cette espèce n’attire pas les fourmis. Son accumulation sur les feuilles fait en revanche le bonheur d’autres insectes, notamment les guêpes.

Voici deux autres espèces de Macrosiphoniella, photographiées sur leur plante hôte préférée :

Macrosiphoniella absinthii – Jouy-le-Moutier © Gilles Carcassès

Macrosiphoniella absinthii se nourrit sur les absinthes et d’autres armoises.

Macrosiphoniella millefolii – Cergy © CACP – Gilles Carcassès

Macrosiphoniella millefolii est spécifique de l’achillée millefeuille.

Sources :

Macrosiphoniella tanacetaria, par Influentialpoints

Les pucerons sur la tanaisie, par Influentialpoints

Macrosiphoniella absinthii, par Influencialpoints

Macrosiphoniella millefolii, par Influencialpoints

L'actualité de la Nature

Un déjeuner bien agité

C’est l’heure de l’apéritif et il y a bagarre au comptoir.

Déjeuner de coccinelles – Cergy © CACP – Emilie Périé

Alors que nous sommes sur le terrain avec l’équipe de la GEMAPI (Gestion des milieux aquatiques et prévention des inondations), j’aperçois ce petit attroupement. Deux coccinelles à  sept points tentent de dérober quelques pucerons à  un groupe de fourmis pas tout à  fait d’accord.

Si les coccinelles se nourrissent des pucerons en entier, les fourmis ne consomment que leur miellat. Elles pratiquent même ce que l’on peut assimiler à  de l’élevage et de la traite de pucerons. Et elles ne sont guère ravies de se faire chaparder leur troupeau ! Elles feront tout pour faire reculer ces voleuses, quitte à  s’attaquer à  bien plus gros qu’elles.

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Les pauvres pucerons, eux, n’ambitionnaient que de sucer la sève de la tige de saule sur laquelle ils se sont installés.

Retrouvez cet autre article :

Le charançon et la fourmi

L'actualité de la Nature

Le mystère du puceron géant

L'allée des saules au parc François- Mitterrand à  Cergy © Gilles Carcassès
L’allée des saules au parc François-Mitterrand à  Cergy © Gilles Carcassès

Que s’est-il donc passé au pied de cet arbre pour que le sol soit aussi noirci ?

© Gilles Carcassès
Colonie de Tuberolachnus salignus sur un saule – Cergy © Gilles Carcassès

Les responsables, ce sont ces pucerons et leur miellat abondant qui est tombé au sol et sur les feuilles des plantes basses. Des moisissures se sont développées sur ce miellat et ont formé ce dépôt noir que l’on nomme fumagine.

© Gilles Carcassès
Tuberolachnus salignus en promenade sur des lichens – Cergy © Gilles Carcassès

Voici l’un de ces pucerons de grande taille (5 mm). L’ornementation caractéristique de leur abdomen confirme l’espèce Tuberolachnus salignus, le puceron géant du saule.

© Gilles Carcassès
L’étonnant tubercule dorsal du puceron géant du saule qui rappelle un aileron de requin © Gilles Carcassès

Chaque année à  la sortie de l’hiver, le puceron géant du saule disparaît. On le voit à  nouveau sur les saules à  partir de juillet. Où est-il passé entre temps ? Personne ne le sait. Au printemps prochain, c’est décidé, je vais en suivre un pour le découvrir.

L'actualité de la Nature

A quoi servent les cornicules ?

Tout le monde un jour, se pose cette question : à  quoi servent les cornicules des pucerons ?

Attention, il ne faut pas confondre pas les cornicules et la cauda ! Les cornicules sont ces deux tubes implantés de chaque côté de la partie arrière de l’abdomen ; la cauda est un organe situé tout à  fait à  l’extrémité de l’abdomen, dont la fonction est d’orienter le flux du miellat. Ci-dessous, Uroleucon cirsii (reconnaissable à  ses longues antennes et ses genoux sombres) possède deux cornicules noires assez grandes et une petite cauda claire.

Uroleucon cirsi - Cergy © Gilles Carcassès
Uroleucon cirsii vu à  Cergy sur un chardon des champs © CACP – Gilles Carcassès

Certes, la taille et la forme des cornicules sont des critères importants pour la détermination des espèces de pucerons, mais la Nature n’a pas du les inventer juste pour satisfaire notre insatiable besoin de classer les choses et les êtres.

 Macrosiphoniella absinthii a des cornicules courtes et une cauda en forme de queue de castor © Gilles Carcassès
Macrosiphoniella absinthii a des cornicules courtes et une cauda en forme de queue de castor – Jouy-le-Moutier © CACP – Gilles Carcassès

La vérité est étonnante : les cornicules sont des tubes de colle à  prise rapide !

Lorsqu’un puceron est inquiété par la proximité d’un danger, il émet par ses cornicules une gouttelette d’un triglycéride à  séchage rapide capable d’engluer les mandibules d’un prédateur. Le liquide émis contient aussi une phéromone d’alarme qui prévient les pucerons voisins.

Une goutte d'un liquide orange sort d'une cornicule d'Aphis nerii © Gilles Carcassès
Une goutte d’un liquide orange sort d’une cornicule d’un Aphis nerii inquiété par un photographe © CACP – Gilles Carcassès

Source :

Tout savoir sur la vie des pucerons – INRA

Retrouvez nos articles :

Le mystère du puceron géant

Le puceron jaune de l’asclépiade

L’étrange caverne des pucerons soldats

L'actualité de la Nature

Le coup du Praon

Colonie de pucerons bruns sur la porcelle - Cergy © Gilles Carcassès
Colonie de pucerons bruns sur la porcelle (Hypochoeris radicata) – Cergy © Gilles Carcassès

Une colonie de pucerons aspire paisiblement la sève de cette tige de porcelle sur la pelouse du parc François-Mitterrand à  Cergy. Une scène presque buccolique. Et pourtant, à  y regarder de près (au centre de la photo)…

Un parasitoà¯de rode © Gilles Carcassès
Un parasitoà¯de rode © Gilles Carcassès

Ce minuscule hyménoptère noir dont on voit ici la tête au centre de l’image est un parasitoà¯de des pucerons. Un Aphidius peut-être, ou un Praon ?

Le cocon du Praon
Le cocon du Praon © Gilles Carcassès

Les pucerons parasités par les Praon présentent ce genre de cocon tissé par la larve pour s’y nymphoser après avoir consommé tout l’intérieur du puceron.

Voir aussi :

Coucou, le praon est sorti !

les pucerons parasités par les Aphidius

L'actualité de la Nature

Sur les saules

Les saules hébergent au moins cinquante espèces d’insectes, dont certaines sont inféodées à  une espèce particulière de saule. Voici quelques insectes communs observés à  Cergy-Pontoise sur des saules ou à  proximité immédiate de saules.

Tuberolachnus salignus - Cergy, Ile de loisirs © Gilles Carcassès
Tuberolachnus salignus – Cergy, Ile de loisirs © Gilles Carcassès

Le grand puceron du saule résiste au gel jusqu’à  – 5°C, on peut donc le voir en hiver. Il est inféodé aux saules et fréquente surtout le saule des vanniers (Salix viminalis).

Clytra - Eragny-sur-Oise © Gilles Carcassès
Clytra laeviuscula– Eragny-sur-Oise © Gilles Carcassès

Les Clytra adultes semblent se nourrir principalement de feuilles de saules. Ces coléoptères pondent des œufs entourés d’une coque rigide que les fourmis emmènent dans leurs fourmilières. Les larves de Clytra s’y développent probablement au détriment de leurs hôtes.

© Marion Poiret
Xanthia icteritia – Cergy, Ile de loisirs, sur les berges d’un des étangs © Marion Poiret

Les chenilles de la xanthie cirée consomment les feuilles des saules et aussi des peupliers.

Chalcolestes viridis - Saint-Ouen l'Aumône © Gilles Carcassès
Chalcolestes viridis en ponte sur un saule – Saint-Ouen l’Aumône © Gilles Carcassès

Les lestes verts femelles insèrent leurs œufs dans l’écorce de branchettes d’arbres au bois tendre, au-dessus de l’eau : saules, frênes, peupliers, aulnes…

Viminia rumicis - Saint-Ouen l'Aumône © Gilles Carcassès
Acronicta rumicis – Saint-Ouen l’Aumône © Gilles Carcassès

Cette belle chenille à  points blancs se nourrit de feuilles de rumex, de plantains, de houblon, de chardons, mais aussi de saules. Son papillon est la noctuelle de la patience.

La faune entomologique des saules – INRA

L'actualité de la Nature

Des pucerons avec un couvercle !

Momies sur une tige de rose trémière © Gilles Carcassès
Momies de pucerons sur une tige de rose trémière. Certaines d’entre elles sont encore occupées par le parasitoà¯de alors que d’autres déjà  operculées ne sont plus que des enveloppes vides © Gilles Carcassès

Ces pucerons sont immobiles, gonflés comme des baudruches, et certains présentent une ouverture ronde au sommet de leur abdomen. On dirait de drôles de récipients ventrus, équipés d’un couvercle maintenu par une charnière.

C’est là  l’œuvre de micro guêpes parasitoà¯des de la sous-famille des Aphidiinae. Il en existe 120 espèces en France, toutes inféodées à  diverses espèces de pucerons. Les adultes se nourrissent du miellat des pucerons (ses excréments sucrés). Après l’accouplement, la femelle pond un œuf à  l’intérieur du puceron avec son ovipositeur et la larve fera tout son cycle de développement à  l’intérieur de son hôte. L’adulte sortira au bout de 15 jours en opérant une découpe circulaire.

Leur fécondité, la brièveté de leur cycle de vie et le grand nombre de générations potentielles par an en font des auxiliaires redoutablement efficaces. Chaque femelle peut pondre jusqu’à  300 œufs ! Certaines espèces sont disponibles dans le commerce pour la lutte biologique en serre.

Ces insectes sont très sensibles aux insecticides. Il faut évidemment s’en abstenir au jardin pour bénéficier de leurs services.

Momie de puceron sous une feuille d'hortensia. La découpe moins régulière signe sans doute l'œuvre d'un représentant d'une autre sous-famille.  © Gilles Carcassès
Momie de puceron sous une feuille d’hortensia. La découpe moins régulière signe sans doute l’œuvre d’un représentant d’une autre sous-famille. © Gilles Carcassès

Sources :

https://www6.inra.fr/encyclopedie-pucerons/Pucerons-et-milieu/Antagonistes/Parasitoides

http://entomofaune.qc.ca/entomofaune/Pucerons/parasitoide.html

Retrouvez notre article :

Grand rassemblement de momies

L'actualité des jardins

Les nouveaux champs du possible

L'attaque de la larve de syrphe sur un puceron du rosier © Gilles Carcassès
Biocontrôle au naturel à  Cergy-Pontoise : l’attaque d’une larve de syrphe sur un puceron du rosier – photo prise au pied de la préfecture à  Cergy © Gilles Carcassès

Le plan Ecophyto lancé par le gouvernement en 2008 n’a pas tenu ses promesses de réduction de l’emploi des pesticides. C’est pourquoi le député Dominique Potier a été missionné pour proposer une nouvelle version de ce plan. Après avoir auditionné 200 personnes, représentant 90 structures, il vient de remettre son volumineux rapport au Premier ministre.

Il propose un nouveau plan, articulé en six axes, le cinquième étant consacré aux jardins et aux espaces à  vocation publique. Pour cet axe, ses propositions prioritaires sont les suivantes (Annexe 9 du rapport) :

  • Mettre en place des chartes régionales entre les distributeurs, les pouvoirs publics et les associations de jardiniers amateurs
  • Communiquer sur les produits de substitution et sur une meilleure tolérance à  l’herbe et développer la notoriété de la plate-forme Jardiner Autrement et de l’outil Hortiquid
  • Ne plus autoriser la vente en libre-service des produits qui seront interdits en 2022
  • Renforcer la collecte et l’élimination des produits non utilisés et des emballages vides
  • Mettre en place un système d’agrément pour les jardiniers amateurs agissant dans un cadre collectif
  • Inciter les intercommunalités et les organisations gestionnaires d’espaces à  contraintes spécifiques à  s’engager dans la réduction de l’usage des pesticides
  • Intégrer les pesticides dans l’éco-conditionnalité des aides et un volet pesticides dans les conventions territoriales entre les agences de l’eau et les collectivités régionales
  • Renforcer la recherche et développement et développer la fonction d’institut technique non agricole de Plante & Cité
  • Rendre plus performant le site ecophytozna-pro.fr pour la diffusion des connaissances et des bonnes pratiques

Le rapport fait aussi des propositions sur le devenir de la loi Labbé, l’évolution des compétences intercommunales et la mutualisation. Ci-dessous, le texte de son chapitre E 45 « Accompagner la trajectoire Zéro phyto dans les espaces à  vocation publique », qui évoque notamment l’épineuse question du désherbage.

p 158 du rapport de Dominique Potier
p 158 du rapport de Dominique Potier

Pour en savoir plus : le rapport du député Potier

http://www.journaldelenvironnement.net/article/ecophyto-de-l-echec-au-rebond,53818

L'actualité de la Nature, L'actualité des jardins

L’étrange caverne des pucerons soldats

galles spiralées sur pétioles de feuilles de peuplier - quartier Grand centre à  Cergy  © Gilles Carcassès
Galles spiralées sur pétioles de feuilles de peuplier noir – quartier Grand centre à  Cergy © Gilles Carcassès

Ce sont bien les pétioles de ces feuilles de peuplier qui sont ainsi déformés en bourses spiralées. Ces galles sont creuses et ont abrité chacune une colonie de pucerons. Chaque colonie est issue d’une fondatrice de l’espèce Pemphigus spyrothecae et peut compter jusqu’à  200 individus. Ces pucerons sécrètent sur leur abdomen de la cire de couleur grise. A l’intérieur de la galle, la colonie s’est organisée en société : certains pucerons aux pattes plus robustes sont chargés de la défense contre les prédateurs et attaquent les coccinelles qui tenteraient de pénétrer. Ces « pucerons soldats » ont aussi pour charge d’évacuer les boules de miellat (excréments visqueux produits par les pucerons) en les roulant jusqu’à  la fente, et en les poussant à  l’extérieur.

 © Gilles Carcassès
Cette galle a été ouverte en deux en forçant la fente spiralée. On voit, à  gauche dans l’ombre, deux boules de miellat recouvertes de particules cireuses – Photographie prise le 5 septembre 2014 © Gilles Carcassès

Les boules de miellat chargées de cire s’écrasent à  terre, ou sur les carrosseries des véhicules, formant en quelques heures seulement de jolis pointillés gris. Le sol sous les peupliers noirs prend alors au fil des mois d’été, s’il ne pleut pas, une teinte de plus en plus claire.

 © Gilles Carcassès
Ce voile clair, visible sur l’eau libre et les paquets d’algues filamenteuses, est dà» à  la cire des pucerons Pemphigus – photographie prise début septembre 2014 à  la base de loisirs de Cergy-Pontoise. © Gilles Carcassès
 © Gilles Carcassès
Malgré la vigilance des pucerons soldats, parfois un prédateur pénètre dans la galle et dévore toute la colonie. C’est le cas de cette larve de Syrphidae, peut-être du genre Heringia fréquemment trouvé dans ces galles. © Gilles Carcassès

Tout savoir sur les pucerons soldats

L'actualité de la Nature, L'actualité des jardins

Mignonne, allons voir si la rose…

La bête a bondi sur sa proie et l'aynat décroché de son support aspire rapidement son contenu © Gilles Carcassès
La bête a bondi sur sa proie et l’ayant décroché de son support aspire rapidement son contenu © Gilles Carcassès

Cette larve de syrphe est capable de détruire cinquante pucerons par jour : autant dire que cet asticot verdâtre est un grand allié du jardinier !

Pondu sous mes yeux par un syrphe femelle en deux secondes chrono, cet œuf deviendra en quelques semaines un dangereux prédateur © Gilles Carcassès
Pondu sous mes yeux en deux secondes chrono au revers d’une feuille de rosier bien garnie de jeunes pucerons, cet œuf deviendra en quelques semaines leur grand exterminateur © Gilles Carcasses
Forme immobile qui fait suite à  la larve : la pupe de syrphe d'où sortira l'adulte © Gilles Carcassès
Forme immobile qui fait suite à  la larve : la pupe d’où sortira le syrphe adulte © Gilles Carcasses
Revers du destin : ce syrphe adulte ( probablement Syrphus ribesii) est croqué à  son tour en visitant une rose © Gilles Carcassès
Revers du destin : ce syrphe (probablement Syrphus ribesii) est croqué à  son tour en visitant une rose du jardin © Gilles Carcassès

Au pays des roses, la vie ne dure que l’espace d’un matin. Photographies prises au parc François-Mitterrand à  Cergy dans un massif de rosiers.

Jardins de Noé vous en dit plus les syrphes au jardin

Pour les mordus de pucerons, LE site de référence