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Des chatons dans l’arbre : les peupliers

Afin de clore la famille des SALICACEAE, nous allons aujourd’hui voir un grand classique des ripisylves, berges de cours d’eau, alignements de routes et certainement le genre le plus utilisé pour les haies brises vents : les peupliers.

Populus nigra var. italica – Cergy © CACP – Gilles Carcassès

Sans y adjoindre les quelques hybrides qui se naturalisent de temps à  autres, nous pouvons officiellement compter trois espèces sur notre territoire, dont deux indigènes : Populus nigra / le peuplier noir, Populus tremula / le peuplier tremble et Populus alba / le peuplier blanc.

Chatons de Populus nigra – Cergy © CACP – Gilles Carcassès

Le peuplier noir, un des plus connu grâce à  la variété « Italica » lui donnant un port colonnaire, est pourtant le moins répandu des trois à  l’état sauvage. Il est largement reconnaissable grâce à  ses feuilles luisantes de formes ovales-triangulaires et ses gros chatons jaunes et rouges qui apparaissent aux printemps. Cette espèce, indigène sur notre territoire, mesure jusqu’à  30 mètres de haut et peut vivre entre 150 et 200 ans.

à‰corce et chatons de Populus alba – Cergy © CACP – Matthieu Delagnes

Le peuplier blanc ou peuplier de Hollande, assez commun sur notre territoire, est naturalisé dans les grandes vallées de la région et le long des cours d’eau. Il est nettement reconnaissable à  ses feuilles blanches et cotonneuses sur la face inférieure et son écorce typique munies de crevasses en formes de losanges.

Chatons de Populus tremula – Jouy-le-Moutier © CACP – Matthieu Delagnes

Et pour finir, le peuplier tremble ou tout simplement tremble qui est l’espèce la plus commune et avec la plus large distribution des trois. Il ressemble sur plusieurs points à  l’espèce précédente, le peuplier blanc, mais ses feuilles adultes sont de forme différente et totalement glabres. Ses chatons aussi sont différents, ils sont tout gris et poilus. à€ l’inverse du peuplier noir, le peuplier tremble a une espérance de vie assez limitée, il ne dépasse pas les 40 ans. L’automne venu, le feuillage prend une belle couleur jaune.

Peuplier infesté de gui – © CACP – Gilles Carcassès

Les peupliers sont des arbres assez sensibles face au gui (Viscum album), il n’est pas rare de croiser des alignements, voire des peupleraies entières envahies par le fameux parasite. Mais le malheur des uns fait le bonheur des autres, en effet beaucoup de passereaux se délectent des fruits globuleux du gui.

Dans le prochain article de cette série nous débuterons la fabuleuse famille des FAGACEAE qui comprend les chênes, le hêtre et le châtaigner.

Sources :

Flore d’Ile-de-France de Philippe Jauzein et Olivier Nawrot

Tela Botanica : Populus nigra, Populus alba, Populus tremula.

Nature.jardin.free.fr

Articles précédents de la série :

Des chatons dans l’arbre : Le noisetier

Des chatons dans l’arbre : le charme

Des chatons dans l’arbre : l’aulne glutineux

Des chatons dans l’arbre : Les bouleaux

Des chatons dans l’arbre : les saules

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L’étrange caverne des pucerons soldats

galles spiralées sur pétioles de feuilles de peuplier - quartier Grand centre à  Cergy  © Gilles Carcassès
Galles spiralées sur pétioles de feuilles de peuplier noir – quartier Grand centre à  Cergy © Gilles Carcassès

Ce sont bien les pétioles de ces feuilles de peuplier qui sont ainsi déformés en bourses spiralées. Ces galles sont creuses et ont abrité chacune une colonie de pucerons. Chaque colonie est issue d’une fondatrice de l’espèce Pemphigus spyrothecae et peut compter jusqu’à  200 individus. Ces pucerons sécrètent sur leur abdomen de la cire de couleur grise. A l’intérieur de la galle, la colonie s’est organisée en société : certains pucerons aux pattes plus robustes sont chargés de la défense contre les prédateurs et attaquent les coccinelles qui tenteraient de pénétrer. Ces « pucerons soldats » ont aussi pour charge d’évacuer les boules de miellat (excréments visqueux produits par les pucerons) en les roulant jusqu’à  la fente, et en les poussant à  l’extérieur.

 © Gilles Carcassès
Cette galle a été ouverte en deux en forçant la fente spiralée. On voit, à  gauche dans l’ombre, deux boules de miellat recouvertes de particules cireuses – Photographie prise le 5 septembre 2014 © Gilles Carcassès

Les boules de miellat chargées de cire s’écrasent à  terre, ou sur les carrosseries des véhicules, formant en quelques heures seulement de jolis pointillés gris. Le sol sous les peupliers noirs prend alors au fil des mois d’été, s’il ne pleut pas, une teinte de plus en plus claire.

 © Gilles Carcassès
Ce voile clair, visible sur l’eau libre et les paquets d’algues filamenteuses, est dà» à  la cire des pucerons Pemphigus – photographie prise début septembre 2014 à  la base de loisirs de Cergy-Pontoise. © Gilles Carcassès

 © Gilles Carcassès
Malgré la vigilance des pucerons soldats, parfois un prédateur pénètre dans la galle et dévore toute la colonie. C’est le cas de cette larve de Syrphidae, peut-être du genre Heringia fréquemment trouvé dans ces galles. © Gilles Carcassès

Tout savoir sur les pucerons soldats

L'actualité de la Nature

Charmeuse de serpents

larves de tentrhèdes
Ces larves de tenthrèdes, appelées aussi fausses chenilles, dévorent avec méthode une feuille de peuplier. Lorsqu’elles sont dérangées (par un photographe trop curieux par exemple) elles prennent une effrayante posture de serpent. Brrr!… © Gilles Carcassès

l'approche
Un hyménoptère Mesochorinae entre en scène. Il ne cesse de vrombir en agitant ses ailes à  toute vitesse. © Gilles Carcassès

on pique
La vibration qu’il provoque semble avoir un effet sur les larves : les plus proches de lui reprennent une posture de repos. Alors, très précautionneusement, il s’approche puis chevauche une larve et pond à  l’intérieur avec son ovipositeur. © Gilles Carcassès

L’ affaire se corse et prend du piquant : les Mesochorinae sont connues pour être des hyperparasitoà¯des. Aussi, il est probable que cette micro-guêpe n’ait pas pondu dans la fausse chenille mais dans la larve issue d’un œuf qu’un hyménoptère parasitoà¯de d’une autre espèce aura déjà  pondu dans son corps.

Définition de l’hyperparasitisme

Clé des 32 espèces de tenthrèdes des peupliers par Henri Chevin