L'actualité de la Nature, L'actualité des jardins

Jardin magique !

Jardin pédagogique - Aulnay-sous-bois © Gilles Carcassès
Jardin pédagogique – Aulnay-sous-bois © Gilles Carcassès

Le groupe régional Ile-de-France de l’association Hortis en visite au centre technique municipal d’Aulnay-sous-bois a pu admirer un jardin pédagogique à  destination des scolaires tout à  fait remarquable.

C’est à  la fois un potager, un verger, un jardin botanique raffiné, le paradis des oiseaux et des insectes…

A l’entrée, de sympathiques figurines donnent le ton : poésie et bon goà»t sont les maîtres mots de ce jardin.

groseillers et framboisiers en production © Gilles Carcassès
groseilliers et framboisiers en production © Gilles Carcassès

Les visiteurs ont été fortement intéressés par la conduite des groseilliers.

Le refuge à  insectes © Gilles Carcassès
Le refuge à  insectes © Gilles Carcassès

Un refuge à  insectes, noyé dans les fleurs, intègre une ruchette susceptible d’accueillir quelque essaim d’abeilles de passage.

La chenille de la linariette, Calophasia lunata © Gilles Carcassès
La chenille de la linariette, Calophasia lunula © Gilles Carcassès

Un jardin où se côtoie une telle diversité de plantes ne manque pas d’offrir de belles occasions d’observer des insectes. Ainsi, à  la croisée d’un sentier engazonné, de belles chenilles se régalaient des feuilles d’un pied de linaire pourpre. Il s’agit de Calophasia lunula, une noctuelle spécialisée dans les linaires.

La linaire vulgaire, aux fleurs jaunes, est une plante commune en Europe. En Amérique du Nord, c’est une plante invasive. Afin de réguler la prolifération de cette adventice encombrante, Calophasia lunula a été introduite dans les années 1960 au Canada. C’est un agent de biocontrôle efficace en raison de la voracité de ses chenilles : la défoliation des linaires diminue considérablement leur production de graines et donc leur capacité de dissémination.

L'actualité de la Nature

Les coccinelles à  points blancs

Parmi la centaine d’espèces de coccinelles que l’on peut trouver en France, quelques-unes sont à  points blancs. Pour les différencier, il faut compter les points sur les élytres.

Calvia decemguttata © Gilles Carcassès
Calvia decemguttata © Gilles Carcassès

A 10 points : Calvia decemguttata est une espèce des forêts et des jardins. Elle consomme des psylles et des pucerons.

Vibidia duodecimguttata © Gilles Carcassès
Vibidia duodecimguttata © Gilles Carcassès

A 12 points : Vibidia duodecimguttata est une espèce mycophage, elle broute les moisissures sur les feuilles des arbres. Vue de dessus, six points forment une couronne.

Calvia quatuordecimguttata - Neuville © Gilles Carcassès
Calvia quatuordecimguttata – Neuville © Gilles Carcassès

A 14 points : Calvia quatuordecimguttata est une carnivore. Chez les Calvia, les points sont assez bien rangés en lignes.

Halyzia sedecimguttata © Gilles Carcassès
Halyzia sedecimguttata – Cergy © Gilles Carcassès

A 16 points : Halyzia sedecimguttata est une autre mycophage. Le bord des élytres est transparent.

A 18 points blancs ? Il existe une espèce, mais je ne l’ai pas (encore) trouvée à  Cergy-Pontoise… A chercher sur les pins, et aussi sur les saules, à  ce qu’il paraît.

A 20 points blancs ? Euh, là  non, je ne crois pas.

Retrouvez notre article :

Les coccinelles jaunes à  points noirs

D’autres articles sur les coccinelles :

La petite coccinelle à  14 points noirs

La coccinelle asiatique

La coccinelle à  damier

La coccinelle rose

Une coccinelle végétarienne

L'actualité des jardins

Butinage urbain : le reportage

Samedi 30 mai 2015, une promenade guidée proposée par la ville de Cergy a été l’occasion de découvrir différentes formes de jardinage collectif.

Le potager de la Maison de quartier des Touleuses © Gilles Carcassès
Le potager de la Maison de quartier des Touleuses © Gilles Carcassès

Aux Touleuses, le jardinage intergénérationnel n’est pas un vain mot : le potager pour tous à  la Maison de quartier, et l’Ouortou à  la résidence de personnes âgées en sont les preuves vivantes.

Plusieurs jardinets des Incroyables Comestibles viennent d’être créés dans le quartier. Pour les récoltes, il faudra encore un peu de patience, et de travail.

Les jardinières en lasagne du Ponceau © Gilles Carcassès
Les jardinières en lasagne du Ponceau © Gilles Carcassès

Sur la dalle du Ponceau, la végétation luxuriante des jardinières a épaté les visiteurs. Quel changement en trois ans ! Bravo les Dames du Ponceau !

Adalia bipunctata sur une feuille d'artichaut du Ponceau © Gilles Carcassès
Adalia bipunctata sur une feuille d’artichaut au Ponceau © Gilles Carcassès

 

La coccinelle à  deux points surveille les gigantesques pieds d’artichaut : gare aux pucerons qui s’y aventureraient !

 

Le jardin de l'éco-école du Ponceau © Gilles Carcassès
Le jardin potager et la mare de l’école du Ponceau à  Cergy © Gilles Carcassès

Une vrai mare pleine de vie et un grand potager bien soigné, voilà  qui n’est pas banal dans une école ! Mais ce n’est pas n’importe quelle école : l’école du Ponceau est une éco-école.

Aux Linandes, les jardins familiaux de l'AHCN © Gilles Carcassès
Les jardins familiaux de l’AHCN © Gilles Carcassès

Après un goà»ter bio animé par la Ferme d’Ecancourt aux jardins familiaux de l’Association des Habitants de Cergy Nord, les minicars nous ont transporté rue de Vauréal pour visiter un autre centre de jardins.

Les coteaux de Cergy © Gilles Carcassès
Les coteaux de Cergy © Gilles Carcassès

Des jardiniers heureux s’y affairent en silence dans un cadre verdoyant. On se croirait si loin de la ville et de son tumulte… L’association des jardins familiaux des coteaux de Cergy qui gère ce bel espace est signataire de la charte du jardinage collectif à  Cergy-Pontoise.

Au rucher de Cergy-Pontoise © Gilles Carcassès
Au rucher de Cergy-Pontoise © Gilles Carcassès

Une dernière étape avant la soupe finale : la visite de l’arboretum de Cergy-Pontoise. L’association Ocelles, partenaire de la Communauté d’agglomération de Cergy-Pontoise, a expliqué la vie des abeilles. En s’approchant tout doucement, sans faire de bruit, on peut entendre bourdonner des milliers d’abeilles…

L'actualité de la Nature

Le champignon, la mouche et l’orchidée

La discrète Neottia nidus-avis, à  l'ombre d'un chêne © Gilles Carcassès
La discrète Neottia nidus-avis, à  l’ombre d’un chêne © Gilles Carcassès

C’est une bien curieuse orchidée que cette néottie nid-d’oiseau : dépourvue de chlorophylle, elle est uniformément beige. Pour s’alimenter, elle a recours dès sa germination au service d’un champignon qui vit lui-même en symbiose avec les racines d’un arbre. Dans ce ménage à  trois, le champignon apporte de l’eau et des sels minéraux qu’il puise dans le sol, l’arbre fournit les sucres qu’il a élaboré dans ses feuilles grâce à  la photosynthèse, et la néottie… vit au crochet des deux autres !

La néottie peut pousser en touffes car c’est aussi une plante rhizomateuse. Les rhizomes sont abondamment garnis d’un réseau dense de racines (comme un nid d’oiseau), sièges de la mycorhize.

Une petite mouche, inféodée aux orchidées, fréquente cette plante au mois de mai : j’ai vu un couple de Chyliza vittata parcourir en tous sens l’inflorescence, attiré certainement par l’odeur du nectar. Sans doute ces mouches participent-elles ainsi à  la fécondation des fleurs ? Cette collaboration aura un prix, car la femelle pondra ses œufs dans la tige et les petites larves iront dévorer les racines charnues.

Chyliza vittata femelle en ponte sur la tige d'une néottie. © Gilles Carcassès
Chyliza vittata femelle en ponte sur la tige d’une néottie. © Gilles Carcassès
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Scène de crime dans la véranda

Boîte d'élevage © Gilles Carcassès
Boîte d’élevage. On aperçoit un petit papillon contre le tamis du couvercle © Gilles Carcassès

Je vous avais montré l’automne dernier la larve de la mineuse du platane trouvée sur un platane d’Orient au Clos Levallois à  Vauréal.

J’ai récolté quelques échantillons de ces mines sur un platane de la même espèce (les platanes communs ne semblent pas sensibles à  ce ravageur) dans la zone de baignade de l’Ile de loisirs de Cergy-Pontoise. Ils ont séjourné tout l’hiver dans ma véranda à  l’intérieur d’une boîte d’élevage (aimablement prêtée par le CAUE du Val d’Oise). Le printemps venu, voici le temps de découvrir les couleurs des papillons adultes :

© Gilles Carcassès
Imago de Phyllonorycter platani, la mineuse du platane © Gilles Carcassès

Mais il y a aussi un invité surprise ! Un micro hyménoptère de la famille des Braconidae, un parasitoà¯de des chenilles de notre Phyllonorycter platani. Rappelons qu’un parasitoà¯de est un parasite qui tue son hôte. Une scène de crime dans ma véranda, on aura tout vu !

© Gilles Carcassès
Braconidae parasitoà¯de de Phyllonorycter platani © Gilles Carcassès

Comment trouver le nom de cet assassin ? Dans la base de données internationales des Braconidae, pardi !

Dicky Sick Ki Yu est un chercheur canadien qui a patiemment rassemblé 4,2 millions de données référencées et 343 386 espèces sur son site http://www.taxapad.com/ !

On y apprend que notre Phyllonorycter platani peut être parasité par 37 espèces de micro hyménoptères. Il n’y a plus qu’à  les passer en revue pour démasquer le coupable. Colastes flavitarsis a été mis en examen.

La liste des 37 parasitoà¯des connus de Phyllonorycter platani

L'actualité de la Nature

Epistrophe

Epistrophe eligans - Cergy © Gilles Carcassès
Epistrophe eligans – Cergy © Gilles Carcassès

Cette jolie mouche Syrphidae a été observée sur un forsythia en fleurs devant le Verger à  Cergy (quartier Grand centre). L’Epistrophe eligans est un auxiliaire efficace pour le jardin, car ses larves dévorent les pucerons sur les rosiers, les sureaux, les ronces, les prunelliers, les bouleaux, les poiriers… Elle est commune dans les jardins, vole en avril et mai et pratique souvent le vol stationnaire.

Ses yeux se touchent sur le dessus de la tête, donc c’est un mâle. C’est peut-être pour mieux voir passer les femelles…

larve d'Epistrophe eligans - Conflans mai 2014 © Gilles Carcassès
Larve d’Epistrophe eligans © Gilles Carcassès

Cette larve d’Epistrophe eligans a été photographiée sur un sureau infesté de pucerons le 2 mai 2014 à  Conflans. On distingue sur cette larve claire et plate les deux processus respiratoires postérieurs accolés de couleur brun-rouge et la ligne médiane blanchâtre qui permettent de l’identifier.

Il existe en France plus de 500 espèces de Syrphidae (les syrphes). J’ai encore de la matière devant moi pour vous écrire des articles.

Voir l’intéressante étude du Parc Naturel Régional du Vexin français sur les 68 espèces de syrphes observées en 2006 sur les bords de la Viosne en amont de Cergy-Pontoise

L'actualité des jardins

La Pyrale du buis est à  Pontoise

Feuilles de buis dévorées par la pyrale du buis © Gilles Carcassès
Feuille de buis dévorée par la pyrale du buis – Pontoise © Gilles Carcassès

Très mauvaise nouvelle !

La pyrale du buis, qui a occasionné l’an dernier des ravages épouvantables dans les parcs parisiens, a fait son apparition à  Pontoise, sans doute arrivée là  à  l’occasion de quelques plantations de buis porteurs de pontes. En quelques mois, ces chenilles, dédaignées par les oiseaux, peuvent défolier entièrement ces arbustes. Il n’y a hélas pas de solution miracle pour s’en débarrasser. Ce papillon prolifique d’origine asiatique est en France depuis 2008 et progresse très rapidement.

Les chercheurs s’activent pour trouver des solutions. En attendant la mise au point de méthodes de lutte efficaces, il convient de s’abstenir de planter des buis.

Les agronomes sont sur la piste des trichogrammes, petits hyménoptères qui pourraient parasiter les œufs de ces papillons. Leur projet est de repérer des œufs parasités et d’expérimenter l’élevage de ces insectes auxiliaires.

Jardiniers, ne laissez pas seuls ces chercheurs dans leur quête ! Vous pouvez les aider en participant au programme SaveBuxus. Il s’agit de collecter pour eux un maximum de pontes de pyrale à  partir de juin 2015, sur des buis non traités. Quelques-unes de ces pontes contiennent peut-être les parasitoà¯des qui changeront le destin de nos jardins.

Prise en flagrant délit © Gilles Carcassès
Prise en flagrant délit de grignotage © Gilles Carcassès
Un buis infesté par la pyrale © Gilles Carcassès
Un buis infesté par la pyrale – Pontoise © Gilles Carcassès

Le communiqué du Ministère de l’Agriculture

SaveBuxus, un programme de Plante et Cité

Comment traiter ?

La fiche technique de la pyrale du buis par Jardiner Autrement

 

 

L'actualité de la Nature

Futurs naturalistes

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© Gilles Carcassès

La cellule Biodiversité de la Communauté d’agglomération de Cergy-Pontoise a participé à  l’encadrement pédagogique d’un groupe d’étudiants en deuxième année de licence à  Pontoise. Objectif : leur donner en une journée un aperçu concret de la systématique des êtres vivants et de la richesse des relations entre espèces.

Le parc François-Mitterrand à  Cergy et la base de loisirs de Cergy-Pontoise furent nos terrains d’aventures. La tâche fut rude par moments : il fallut vaincre l’attrait de la sieste digestive et la forte concurrence exercée par les playboys de la vague de surf.

© Marion Poiret
© Marion Poiret

Heureusement, la découverte fortuite d’un gisement de nummulites vint à  point nommé déclencher une joyeuse chasse aux fossiles qui fut salutaire pour la remobilisation des troupes. Au fil de la journée, les trinômes ont posé des tonnes de questions, pris des notes, collecté des échantillons de plantes et de petits cailloux, capturé quelques insectes imprudents qui n’en demandaient pas tant.

© Marion Poiret
A la poursuite des couples d’agrions … »Dire qu’on passe à  côté et on ne sait même pas que ça existe ! » © Marion Poiret

La sortie fut l’occasion de quelques découvertes intéressantes :

© Gilles Carcassès
Anax parthenope, un beau mâle, posé sur des joncs au bord de l’étang. © Gilles Carcassès
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Elasmucha grisea, une punaise que l’on peut rencontrer sur l’aulne. Ici trois adultes et quelques larves. © Gilles Carcassès

Une bien belle sortie, riche en rencontres, et qui aura peut-être fait naître quelques vocations. Merci aux deux sympathiques professeurs qui nous ont fait partager ces moments.

L'actualité de la Nature

Pris dans la toile

Le vol en tandem est un comportement typique chez les odonates pendant l’accouplement et souvent également lors de la ponte. A l’aide des appendices situés à  l’extrémité de l’abdomen, le mâle saisit la femelle au niveau de la tête ou du thorax selon les espèces.

Ce jeune couple imprudent de naà¯ades au corps vert n’a pas vu le piège tendu au-dessus de l’eau entre deux tiges fleuries de myriophylle.

Un couple de naà¯ades en tandème : le mâle en première position, n'a pas vu le piège tendu au dessus de l'eau  © Marion Poiret
Le jeune soupirant d’Erythromma viridulum, en première position du tandem a filé tout droit vers les fils de soie de la toile d’araignée – base de loisirs de Cergy-Pontoise © Marion Poiret
Le mâle est pris au piège. La femelle affolée vient de se poser à  la surface de l'eau. On la voit ici sous le mâle en arrière plan © Marion Poiret
Le mâle est pris au piège. La femelle, affolée, vient de se poser à  la surface de l’eau. On la voit ici à  l’arrière plan, en bas de la photo © Marion Poiret
Le mâle s'agite essayant veinement de se libérer © Marion Poiret
Le mâle s’agite, essayant veinement de se libérer © Marion Poiret
Les odonates ont de nombreux prédateurs (oiseaux, batraciens, poissons mais aussi autres libllules, mouches prédatrices, fourmis ou araignées) et les zygoptères (les libellules à  la taille d’allumette) se font souvent prendre dans les toiles d’araignées.© Marion Poiret
Les odonates ont de nombreux prédateurs (les oiseaux, les batraciens, les poissons, ainsi que les autres libellules, les mouches prédatrices, les fourmis ou les araignées). Les zygoptères (libellules les plus grêles) se font souvent prendre dans les toiles d’araignées. © Marion Poiret
L'araignée est sur le point d'atteindre sa proie. On distingue son abdomen vert pâle sur la tige fleurie d'un myriophylle. Attiré par tant d'agitation un autre mâle s'approche © Marion Poiret © Marion Poiret
Attiré par tant d’agitation, un autre mâle s’approche. Va-t-il profiter de la situation pour courtiser la femelle ? Au bas de la fleur du myriophylle, on distingue l’abdomen vert pâle d’une araignée, en route pour rejoindre sa proie. © Marion Poiret

Malheureusement pour cette pauvre araignée on la lui subtilise…

La naà¯ade au corps vert (Erythromma viridulum) ressemble fort à  la naà¯ade aux yeux rouges (Erythromma najas). Elle s’en distingue notamment chez les mâles par la présence d’un motif noir en forme de x sur le 10ème segment abdominal. © Marion Poiret

La naà¯ade sauvée de justesse a-t-elle retrouvé sa compagne ? L’histoire ne le dit pas.

les odonates biologie et écologie – Philippe Jourde

L'actualité des jardins

Bords de route : comment les gérer ?

Quand faut-il faucher les bords de route ? Les fauches tardives sont-elles vraiment bénéfiques pour les insectes pollinisateurs ? Faut-il semer des prairies fleuries ? Avec quelles espèces et dans quelles proportions ?

Le ministère de l’Ecologie a publié au début de cette année le rapport d’une expérimentation menée sur trois ans et dans plusieurs régions. Encadrée scientifiquement, elle apporte des réponses claires aux gestionnaires.

L'écaille chinée (Euplagia quadripunctaria) affectionne les scabieuses. © Marion Poiret
L’écaille chinée (Euplagia quadripunctaria) sur une scabieuse. © Marion Poiret

Quelles sont les conclusions de cette étude ?

La diversité des plantes à  fleurs, la densité florale et la continuité des floraisons apparaissent comme les conditions essentielles au développement des populations d’insectes pollinisateurs, en diversité et en quantité.

L’étude révèle le grand intérêt de l’origan très fréquenté de nombreuses espèces pollinisatrices, des fabacées comme le trèfle des prés et le lotier corniculé, des astéracées (centaurées, knauties… ). La floraison des apiacées (carotte sauvage, berce commune, panicaut… ) est profitable aux diptères et aux hyménoptères ; les mauves, quant à  elles, conviennent bien aux hyménoptères.

L'origan est une lamiacée aromatique qui affectionne les sols secs. © Marion Poiret
L’origan est une Lamiacée aromatique qui affectionne les sols secs © Marion Poiret

Ainsi, dans la région d’Evreux, les relevés d’insectes sur les bords de route ont permis de mettre en évidence les fortes affinités suivantes :

– pour les papillons de jour :

  • origan
  • knautie des champs
  • centaurée

– pour les abeilles domestiques :

  • origan
  • centaurée
  • panicaut des champs
Polyommatus icarus mâle vu au bord de l'autoroute A15 à  Cergy © Marion Poiret
Polyommatus icarus mâle, sur une achillée millefeuille, vu au bord de l’autoroute A15 à  Cergy © Marion Poiret
Les diptères aussi te participents à  la pollinisation. Ce syrphe ceinturé est posé sur une vipérine. Photographie prise à  Neuville-sur-Oise © Gilles Carcassès
Les diptères aussi participent à  la pollinisation, comme en témoigne ce syrphe ceinturé sur une vipérine. Photographie prise à  Neuville-sur-Oise © Gilles Carcassès

L’étude démontre le réel intérêt de la fauche tardive (une seule fauche par an en octobre) qui permet très rapidement d’inverser la dominance des graminées au profit aux dicotylédones (plantes à  fleurs). Il semble qu’il serait intéressant de conduire des parties de prairies en fauchage précoce (une seule fauche par an début juin) en complément et à  proximité immédiate de zones en fauchage tardif, car cela permettrait d’étaler les périodes de floraison.

L’exportation des produits de fauche est a priori préférable mais pose de nombreux problèmes : coà»t, matériel, transport, gestion des déchets. Sur les 3 années de l’expérimentation, l’absence d’exportation n’a pas empêché l’amélioration sensible et rapide de la composition floristique ayant entraîné un impact positif sur les pollinisateurs.

L’intérêt de prairies semées en mélange fleuri apparaît limité, même lorsqu’il s’agit de plantes indigènes. Si ces formations offrent aux insectes une densité florale plus importante les deux premières années, la variété d’espèces est moindre que dans une prairie naturelle. De plus, cette pratique a deux sérieux inconvénients : le coà»t et la difficulté technique  de l’implantation. Ces aménagements semblent profitables aux abeilles domestiques, mais le bénéfice n’est pas établi pour les autres pollinisateurs. Si l’on considère le critère de l’intérêt pour les insectes pollinisateurs, il faut raisonnablement s’abstenir de semer des prairies fleuries à  la place de prairies naturelles déjà  installées.

Une liste nationale d’espèces végétales a été établie pour les semis de mélange de jachère fleurie sur les espaces d’accompagnement du réseau routier national. Cette liste (texte et tableau extraits du rapport indiqué en lien dans cet article) a été définie en intégrant à  la fois les critères d’intérêt pollinifère et nectarifère des différentes espèces, et l’offre commerciale existante ainsi que le coà»t des différentes espèces. Cette liste a ensuite été validée par le MEDDTL (Bureau de la biodiversité) afin d’en exclure les espèces présentant des risques de croisement avec certaines espèces sauvages.

 nom latin nom commun couleur Hauteur (cm) floraison
fleurs vivaces
– Cichorium intybus chicorée sauvage bleu 120 juin – octobre
– Galium verum gaillet jaune jaune 45 juin – septembre
– Lotus corniculatus lotier corniculé jaune 20 mai – aoà»t
– Malva moschata mauve musquée rose 50 juillet – septembre
– Malva sylvestris mauve sylvestre pourpre 60 mai – septembre
– Origanum vulgare origan rose 70 juillet-septembre
– Salvia pratensis sauge des prés bleu 45 mai – aoà»t
– Sanguisorba minor pimprenelle rouge – vert 40 juin – juillet
– Silene latifolia alba silene enflé blanc 30 mai – septembre
– Silene dioica compagnon rouge rose vif 55 avril – juillet
– Trifolium pratense trèfle violet violet 20 mai – octobre
– Trifolium repens trèfle blanc nain blanc 20 mai – octobre
fleurs bisannuelles
– Daucus carota carotte sauvage blanc 50 juin – septembre
– Dipsacus fullonum cardère sauvage pourpre 115 juillet – aoà»t
– Echium vulgare vipérine bleu 55 mai – aoà»t
– Medicago lupulina minette jaune 20 mai – septembre
fleurs annuelles
– Papaver rhoeas coquelicot rouge 50 mai – juillet
graminées vivaces
– Festuca rubra trichophylla fétuque rouge 1/2 traçante
– Festuca rubra rubra fétuque rouge traçante
– Festuca ovina fétuque ovine

La règle de composition du mélange est la suivante :

  • graminées  : 2 à  3 espèces, 40 à  50 % du mélange (en poids de graines)
  • annuelles : 1 espèce, 5 à  10 % du mélange
  • bisannuelles : 0 à  2 espèces, 0 à  5% du mélange
  • vivaces : 5 à  10 espèces, 35 à  55 % du mélange

A lire : Aménagements d’accotements routiers du réseau national en faveur des pollinisateurs – Rapport final de l’expérimentation 2010 – 2012