Un jardin où se côtoie une telle diversité de plantes ne manque pas d’offrir de belles occasions d’observer des insectes. Ainsi, à la croisée d’un sentier engazonné, de belles chenilles se régalaient des feuilles d’un pied de linaire pourpre. Il s’agit de Calophasia lunula, une noctuelle spécialisée dans les linaires.
La linaire vulgaire, aux fleurs jaunes, est une plante commune en Europe. En Amérique du Nord, c’est une plante invasive. Afin de réguler la prolifération de cette adventice encombrante, Calophasia lunula a été introduite dans les années 1960 au Canada. C’est un agent de biocontrôle efficace en raison de la voracité de ses chenilles : la défoliation des linaires diminue considérablement leur production de graines et donc leur capacité de dissémination.
Parmi la centaine d’espèces de coccinelles que l’on peut trouver en France, quelques-unes sont à points blancs. Pour les différencier, il faut compter les points sur les élytres.
A 12 points : Vibidia duodecimguttata est une espèce mycophage, elle broute les moisissures sur les feuilles des arbres. Vue de dessus, six points forment une couronne.
A 16 points : Halyzia sedecimguttata est une autre mycophage. Le bord des élytres est transparent.
A 18 points blancs ? Il existe une espèce, mais je ne l’ai pas (encore) trouvée à Cergy-Pontoise… A chercher sur les pins, et aussi sur les saules, à ce qu’il paraît.
A 20 points blancs ? Euh, là non, je ne crois pas.
Aux Touleuses, le jardinage intergénérationnel n’est pas un vain mot : le potager pour tous à la Maison de quartier, et l’Ouortou à la résidence de personnes âgées en sont les preuves vivantes.
Plusieurs jardinets des Incroyables Comestibles viennent d’être créés dans le quartier. Pour les récoltes, il faudra encore un peu de patience, et de travail.
Une vrai mare pleine de vie et un grand potager bien soigné, voilà qui n’est pas banal dans une école ! Mais ce n’est pas n’importe quelle école : l’école du Ponceau est une éco-école.
Des jardiniers heureux s’y affairent en silence dans un cadre verdoyant. On se croirait si loin de la ville et de son tumulte… L’association des jardins familiaux des coteaux de Cergy qui gère ce bel espace est signataire de la charte du jardinage collectif à Cergy-Pontoise.
Une dernière étape avant la soupe finale : la visite de l’arboretum de Cergy-Pontoise. L’association Ocelles, partenaire de la Communauté d’agglomération de Cergy-Pontoise, a expliqué la vie des abeilles. En s’approchant tout doucement, sans faire de bruit, on peut entendre bourdonner des milliers d’abeilles…
C’est une bien curieuse orchidée que cette néottie nid-d’oiseau : dépourvue de chlorophylle, elle est uniformément beige. Pour s’alimenter, elle a recours dès sa germination au service d’un champignon qui vit lui-même en symbiose avec les racines d’un arbre. Dans ce ménage à trois, le champignon apporte de l’eau et des sels minéraux qu’il puise dans le sol, l’arbre fournit les sucres qu’il a élaboré dans ses feuilles grâce à la photosynthèse, et la néottie… vit au crochet des deux autres !
La néottie peut pousser en touffes car c’est aussi une plante rhizomateuse. Les rhizomes sont abondamment garnis d’un réseau dense de racines (comme un nid d’oiseau), sièges de la mycorhize.
Une petite mouche, inféodée aux orchidées, fréquente cette plante au mois de mai : j’ai vu un couple de Chyliza vittata parcourir en tous sens l’inflorescence, attiré certainement par l’odeur du nectar. Sans doute ces mouches participent-elles ainsi à la fécondation des fleurs ? Cette collaboration aura un prix, car la femelle pondra ses œufs dans la tige et les petites larves iront dévorer les racines charnues.
Je vous avais montré l’automne dernier la larve de la mineuse du platane trouvée sur un platane d’Orient au Clos Levallois à Vauréal.
J’ai récolté quelques échantillons de ces mines sur un platane de la même espèce (les platanes communs ne semblent pas sensibles à ce ravageur) dans la zone de baignade de l’Ile de loisirs de Cergy-Pontoise. Ils ont séjourné tout l’hiver dans ma véranda à l’intérieur d’une boîte d’élevage (aimablement prêtée par le CAUE du Val d’Oise). Le printemps venu, voici le temps de découvrir les couleurs des papillons adultes :
Mais il y a aussi un invité surprise ! Un micro hyménoptère de la famille des Braconidae, un parasitoà¯de des chenilles de notre Phyllonorycter platani. Rappelons qu’un parasitoà¯de est un parasite qui tue son hôte. Une scène de crime dans ma véranda, on aura tout vu !
Comment trouver le nom de cet assassin ? Dans la base de données internationales des Braconidae, pardi !
Dicky Sick Ki Yu est un chercheur canadien qui a patiemment rassemblé 4,2 millions de données référencées et 343 386 espèces sur son site http://www.taxapad.com/ !
On y apprend que notre Phyllonorycter platani peut être parasité par 37 espèces de micro hyménoptères. Il n’y a plus qu’à les passer en revue pour démasquer le coupable. Colastes flavitarsis a été mis en examen.
Cette jolie mouche Syrphidae a été observée sur un forsythia en fleurs devant le Verger à Cergy (quartier Grand centre). L’Epistrophe eligans est un auxiliaire efficace pour le jardin, car ses larves dévorent les pucerons sur les rosiers, les sureaux, les ronces, les prunelliers, les bouleaux, les poiriers… Elle est commune dans les jardins, vole en avril et mai et pratique souvent le vol stationnaire.
Ses yeux se touchent sur le dessus de la tête, donc c’est un mâle. C’est peut-être pour mieux voir passer les femelles…
Cette larve d’Epistrophe eligans a été photographiée sur un sureau infesté de pucerons le 2 mai 2014 à Conflans. On distingue sur cette larve claire et plate les deux processus respiratoires postérieurs accolés de couleur brun-rouge et la ligne médiane blanchâtre qui permettent de l’identifier.
Il existe en France plus de 500 espèces de Syrphidae (les syrphes). J’ai encore de la matière devant moi pour vous écrire des articles.
La pyrale du buis, qui a occasionné l’an dernier des ravages épouvantables dans les parcs parisiens, a fait son apparition à Pontoise, sans doute arrivée là à l’occasion de quelques plantations de buis porteurs de pontes. En quelques mois, ces chenilles, dédaignées par les oiseaux, peuvent défolier entièrement ces arbustes. Il n’y a hélas pas de solution miracle pour s’en débarrasser. Ce papillon prolifique d’origine asiatique est en France depuis 2008 et progresse très rapidement.
Les chercheurs s’activent pour trouver des solutions. En attendant la mise au point de méthodes de lutte efficaces, il convient de s’abstenir de planter des buis.
Les agronomes sont sur la piste des trichogrammes, petits hyménoptères qui pourraient parasiter les œufs de ces papillons. Leur projet est de repérer des œufs parasités et d’expérimenter l’élevage de ces insectes auxiliaires.
Jardiniers, ne laissez pas seuls ces chercheurs dans leur quête ! Vous pouvez les aider en participant au programme SaveBuxus. Il s’agit de collecter pour eux un maximum de pontes de pyrale à partir de juin 2015, sur des buis non traités. Quelques-unes de ces pontes contiennent peut-être les parasitoà¯des qui changeront le destin de nos jardins.
La cellule Biodiversité de la Communauté d’agglomération de Cergy-Pontoise a participé à l’encadrement pédagogique d’un groupe d’étudiants en deuxième année de licence à Pontoise. Objectif : leur donner en une journée un aperçu concret de la systématique des êtres vivants et de la richesse des relations entre espèces.
Le parc François-Mitterrand à Cergy et la base de loisirs de Cergy-Pontoise furent nos terrains d’aventures. La tâche fut rude par moments : il fallut vaincre l’attrait de la sieste digestive et la forte concurrence exercée par les playboys de la vague de surf.
Heureusement, la découverte fortuite d’un gisement de nummulites vint à point nommé déclencher une joyeuse chasse aux fossiles qui fut salutaire pour la remobilisation des troupes. Au fil de la journée, les trinômes ont posé des tonnes de questions, pris des notes, collecté des échantillons de plantes et de petits cailloux, capturé quelques insectes imprudents qui n’en demandaient pas tant.
Une bien belle sortie, riche en rencontres, et qui aura peut-être fait naître quelques vocations. Merci aux deux sympathiques professeurs qui nous ont fait partager ces moments.
Le vol en tandem est un comportement typique chez les odonates pendant l’accouplement et souvent également lors de la ponte. A l’aide des appendices situés à l’extrémité de l’abdomen, le mâle saisit la femelle au niveau de la tête ou du thorax selon les espèces.
Ce jeune couple imprudent de naà¯ades au corps vert n’a pas vu le piège tendu au-dessus de l’eau entre deux tiges fleuries de myriophylle.
Quand faut-il faucher les bords de route ? Les fauches tardives sont-elles vraiment bénéfiques pour les insectes pollinisateurs ? Faut-il semer des prairies fleuries ? Avec quelles espèces et dans quelles proportions ?
Le ministère de l’Ecologie a publié au début de cette année le rapport d’une expérimentation menée sur trois ans et dans plusieurs régions. Encadrée scientifiquement, elle apporte des réponses claires aux gestionnaires.
La diversité des plantes à fleurs, la densité florale et la continuité des floraisons apparaissent comme les conditions essentielles au développement des populations d’insectes pollinisateurs, en diversité et en quantité.
L’étude révèle le grand intérêt de l’origan très fréquenté de nombreuses espèces pollinisatrices, des fabacées comme le trèfle des prés et le lotier corniculé, des astéracées (centaurées, knauties… ). La floraison des apiacées (carotte sauvage, berce commune, panicaut… ) est profitable aux diptères et aux hyménoptères ; les mauves, quant à elles, conviennent bien aux hyménoptères.
L’étude démontre le réel intérêt de la fauche tardive (une seule fauche par an en octobre) qui permet très rapidement d’inverser la dominance des graminées au profit aux dicotylédones (plantes à fleurs). Il semble qu’il serait intéressant de conduire des parties de prairies en fauchage précoce (une seule fauche par an début juin) en complément et à proximité immédiate de zones en fauchage tardif, car cela permettrait d’étaler les périodes de floraison.
L’exportation des produits de fauche est a priori préférable mais pose de nombreux problèmes : coà»t, matériel, transport, gestion des déchets. Sur les 3 années de l’expérimentation, l’absence d’exportation n’a pas empêché l’amélioration sensible et rapide de la composition floristique ayant entraîné un impact positif sur les pollinisateurs.
L’intérêt de prairies semées en mélange fleuri apparaît limité, même lorsqu’il s’agit de plantes indigènes. Si ces formations offrent aux insectes une densité florale plus importante les deux premières années, la variété d’espèces est moindre que dans une prairie naturelle. De plus, cette pratique a deux sérieux inconvénients : le coà»t et la difficulté technique de l’implantation. Ces aménagements semblent profitables aux abeilles domestiques, mais le bénéfice n’est pas établi pour les autres pollinisateurs. Si l’on considère le critère de l’intérêt pour les insectes pollinisateurs, il faut raisonnablement s’abstenir de semer des prairies fleuries à la place de prairies naturelles déjà installées.
Une liste nationale d’espèces végétales a été établie pour les semis de mélange de jachère fleurie sur les espaces d’accompagnement du réseau routier national. Cette liste (texte et tableau extraits du rapport indiqué en lien dans cet article) a été définie en intégrant à la fois les critères d’intérêt pollinifère et nectarifère des différentes espèces, et l’offre commerciale existante ainsi que le coà»t des différentes espèces. Cette liste a ensuite été validée par le MEDDTL (Bureau de la biodiversité) afin d’en exclure les espèces présentant des risques de croisement avec certaines espèces sauvages.
nom latin
nom commun
couleur
Hauteur (cm)
floraison
fleurs vivaces
– Cichorium intybus
chicorée sauvage
bleu
120
juin – octobre
– Galium verum
gaillet jaune
jaune
45
juin – septembre
– Lotus corniculatus
lotier corniculé
jaune
20
mai – aoà»t
– Malva moschata
mauve musquée
rose
50
juillet – septembre
– Malva sylvestris
mauve sylvestre
pourpre
60
mai – septembre
– Origanum vulgare
origan
rose
70
juillet-septembre
– Salvia pratensis
sauge des prés
bleu
45
mai – aoà»t
– Sanguisorba minor
pimprenelle
rouge – vert
40
juin – juillet
– Silene latifolia alba
silene enflé
blanc
30
mai – septembre
– Silene dioica
compagnon rouge
rose vif
55
avril – juillet
– Trifolium pratense
trèfle violet
violet
20
mai – octobre
– Trifolium repens
trèfle blanc nain
blanc
20
mai – octobre
fleurs bisannuelles
– Daucus carota
carotte sauvage
blanc
50
juin – septembre
– Dipsacus fullonum
cardère sauvage
pourpre
115
juillet – aoà»t
– Echium vulgare
vipérine
bleu
55
mai – aoà»t
– Medicago lupulina
minette
jaune
20
mai – septembre
fleurs annuelles
– Papaver rhoeas
coquelicot
rouge
50
mai – juillet
graminées vivaces
– Festuca rubra trichophylla
fétuque rouge 1/2 traçante
– Festuca rubra rubra
fétuque rouge traçante
– Festuca ovina
fétuque ovine
La règle de composition du mélange est la suivante :
graminées : 2 à 3 espèces, 40 à 50 % du mélange (en poids de graines)