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En matière de toile

Toile orbitèle – Cergy © CACP – Emilie Périé

A quelques jours d’Halloween, alors que les maquillages, dessins et décorations vont prendre place dans les maisons et salles de fêtes il m’a semblé approprié de parler de toiles d’araignées. Et le pluriel a son importance. En effet, la toile « classique », en deux dimensions, géométrique et bien symétrique comme on peut la voir sur l’image ci-dessus grâce aux millions de gouttelettes d’eau déposées par la brume matinale, n’est qu’une forme de toile parmi bien d’autres.

Attention, florilèges de soies, de pattes et d’yeux dans les clichés suivants.

Les toiles orbitèles

Metellina segmentata, l’épeire d’automne et sa proie © CACP – Emilie Périé

Les toiles dites orbitèles sont des toiles planes, géométriques, généralement tissées en cercles concentriques. Ce sont des toiles de chasse. La soie est collante et les proies qui s’y prennent sont ainsi immobilisées à  la merci de l’araignée qui attend le plus souvent au centre de la toile et détecte la moindre vibration sur les fils. Ces toiles sont assez fragiles et l’araignée la reconstruit presque tous les jours en recyclant la soie qu’elle ingurgite chaque jour (en y récupérant au passage les plus petits insectes collés et pour lesquels elle ne s’est pas déplacée).

Ces toiles sont assez caractéristiques de la famille des Aranéidées, les épeires, bien que d’autres araignées les utilisent également. Si le principe est le même pour toute, chaque espèce y va de son originalité. Par exemple, l’araignée Zygiella x-notata ne tisse jamais le quartier supérieur de sa toile. L’épeire frelon, elle, rajoute un stabilimentum en forme de zig-zag, comme une cicatrice de couture.

Argiope bruennichi, l’épeire frelon et son stabilimentum © CACP – Gilles Carcassès

Des toiles avec retraite

D’autres araignées forment des toiles plus solides et plus pérennes, qui servent à  la fois de terrain de chasse mais aussi d’abri. Par exemple, Agelena labyrinthica construit une toile en forme de nappe dans la végétation à  laquelle elle rajoute un tunnel dans lequel elle s’abrite en attendant les proies.

Agelena labyrinthica dans son tunnel © CACP – Gilles Carcassès

Les tégénaires ont un peu le même modèle de toile dans les maisons.

Les araignées de la famille des Therediidées construisent également des tunnels mais beaucoup plus courts.

Theridion dans son tunnel © CACP – Gilles Carcassès

Toiles d’apparence anarchique

D’autres araignées bâtissent des toiles qui nous paraissent anarchiques mais dans lesquelles elles se repèrent sans mal.

Neriene radiata © CACP – Emilie Périé

Neriene radiata forme une toile en trois dimensions dans laquelle elle évolue la tête en bas.

Steatoda triangulosa dans sa toile avec sa proie © CACP – Emilie Périé

Steatoda triangulosa fait une toile dite irrégulière, mais qui parait efficace pour la capture de proies.

Pisaura mirabilis, la pisaure admirable © CACP – Gilles Carcassès

La pisaure admirable tisse une toile telle une chevelure tombée sur la végétation.

Il existe ainsi de nombreuses spécificités qui rendent les toiles d’autant plus fascinantes. L’amaurobe féroce est l’une des seules sur notre territoire à  peigner la soie ce qui lui donne un aspect bleu nacré. Les plus petites araignées lancent des fils dans l’air pour s’en servir de parachute et se déplacer (on appelle se phénomène le ballooning). Les chasseuses à  l’affut comme les araignées crabes, les salticidées, ou la zoropse ne construisent pas de toiles pièges. En revanche presque toutes utilisent la soie pour fabriquer les cocons de leurs œufs.

Et vous, avec quel type de toile allez-vous décorer votre Halloween ?

Source :

Guide Araignées de France et d’Europe par Michael J. Roberts, Editions Delachaux et Nieslté

Agenda :

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Pris dans la toile

Le vol en tandem est un comportement typique chez les odonates pendant l’accouplement et souvent également lors de la ponte. A l’aide des appendices situés à  l’extrémité de l’abdomen, le mâle saisit la femelle au niveau de la tête ou du thorax selon les espèces.

Ce jeune couple imprudent de naà¯ades au corps vert n’a pas vu le piège tendu au-dessus de l’eau entre deux tiges fleuries de myriophylle.

Un couple de naà¯ades en tandème : le mâle en première position, n'a pas vu le piège tendu au dessus de l'eau  © Marion Poiret
Le jeune soupirant d’Erythromma viridulum, en première position du tandem a filé tout droit vers les fils de soie de la toile d’araignée – base de loisirs de Cergy-Pontoise © Marion Poiret

Le mâle est pris au piège. La femelle affolée vient de se poser à  la surface de l'eau. On la voit ici sous le mâle en arrière plan © Marion Poiret
Le mâle est pris au piège. La femelle, affolée, vient de se poser à  la surface de l’eau. On la voit ici à  l’arrière plan, en bas de la photo © Marion Poiret

Le mâle s'agite essayant veinement de se libérer © Marion Poiret
Le mâle s’agite, essayant veinement de se libérer © Marion Poiret

Les odonates ont de nombreux prédateurs (oiseaux, batraciens, poissons mais aussi autres libllules, mouches prédatrices, fourmis ou araignées) et les zygoptères (les libellules à  la taille d’allumette) se font souvent prendre dans les toiles d’araignées.© Marion Poiret
Les odonates ont de nombreux prédateurs (les oiseaux, les batraciens, les poissons, ainsi que les autres libellules, les mouches prédatrices, les fourmis ou les araignées). Les zygoptères (libellules les plus grêles) se font souvent prendre dans les toiles d’araignées. © Marion Poiret

L'araignée est sur le point d'atteindre sa proie. On distingue son abdomen vert pâle sur la tige fleurie d'un myriophylle. Attiré par tant d'agitation un autre mâle s'approche © Marion Poiret © Marion Poiret
Attiré par tant d’agitation, un autre mâle s’approche. Va-t-il profiter de la situation pour courtiser la femelle ? Au bas de la fleur du myriophylle, on distingue l’abdomen vert pâle d’une araignée, en route pour rejoindre sa proie. © Marion Poiret

Malheureusement pour cette pauvre araignée on la lui subtilise…

La naà¯ade au corps vert (Erythromma viridulum) ressemble fort à  la naà¯ade aux yeux rouges (Erythromma najas). Elle s’en distingue notamment chez les mâles par la présence d’un motif noir en forme de x sur le 10ème segment abdominal. © Marion Poiret

La naà¯ade sauvée de justesse a-t-elle retrouvé sa compagne ? L’histoire ne le dit pas.

les odonates biologie et écologie – Philippe Jourde