Une jolie araignée au corps allongé et aux pattes très longues repliées dans le prolongement du corps se prélasse au soleil au bord de la zone humide de la Saussaye à Maurecourt. Ceci étant vu, et en vérifiant l’implantation des yeux de la bête on arrive rapidement au genre Tetragnatha. Les motifs de son corps et sa présence au bord de l’eau nous orientent ensuite vers l’espèce, Tetragnatha extensa, la tétragnathe étendue.
Cette araignée fait partie du groupe des tisseuses de toiles en spirale, qu’elle fabrique souvent au-dessus l’eau pour capturer les petits insectes qui passent à proximité.
Non loin, une araignée semblable se repose. Les pattes sont plus courtes et les motifs du corps différents. C’est sans doute une autre espèce, Tetragnatha nigrita.
A quelques jours d’Halloween, alors que les maquillages, dessins et décorations vont prendre place dans les maisons et salles de fêtes il m’a semblé approprié de parler de toiles d’araignées. Et le pluriel a son importance. En effet, la toile « classique », en deux dimensions, géométrique et bien symétrique comme on peut la voir sur l’image ci-dessus grâce aux millions de gouttelettes d’eau déposées par la brume matinale, n’est qu’une forme de toile parmi bien d’autres.
Attention, florilèges de soies, de pattes et d’yeux dans les clichés suivants.
Les toiles dites orbitèles sont des toiles planes, géométriques, généralement tissées en cercles concentriques. Ce sont des toiles de chasse. La soie est collante et les proies qui s’y prennent sont ainsi immobilisées à la merci de l’araignée qui attend le plus souvent au centre de la toile et détecte la moindre vibration sur les fils. Ces toiles sont assez fragiles et l’araignée la reconstruit presque tous les jours en recyclant la soie qu’elle ingurgite chaque jour (en y récupérant au passage les plus petits insectes collés et pour lesquels elle ne s’est pas déplacée).
Ces toiles sont assez caractéristiques de la famille des Aranéidées, les épeires, bien que d’autres araignées les utilisent également. Si le principe est le même pour toute, chaque espèce y va de son originalité. Par exemple, l’araignée Zygiella x-notata ne tisse jamais le quartier supérieur de sa toile. L’épeire frelon, elle, rajoute un stabilimentum en forme de zig-zag, comme une cicatrice de couture.
D’autres araignées forment des toiles plus solides et plus pérennes, qui servent à la fois de terrain de chasse mais aussi d’abri. Par exemple, Agelena labyrinthica construit une toile en forme de nappe dans la végétation à laquelle elle rajoute un tunnel dans lequel elle s’abrite en attendant les proies.
La pisaure admirable tisse une toile telle une chevelure tombée sur la végétation.
Il existe ainsi de nombreuses spécificités qui rendent les toiles d’autant plus fascinantes. L’amaurobe féroce est l’une des seules sur notre territoire à peigner la soie ce qui lui donne un aspect bleu nacré. Les plus petites araignées lancent des fils dans l’air pour s’en servir de parachute et se déplacer (on appelle se phénomène le ballooning). Les chasseuses à l’affut comme les araignées crabes, les salticidées, ou la zoropse ne construisent pas de toiles pièges. En revanche presque toutes utilisent la soie pour fabriquer les cocons de leurs œufs.
Et vous, avec quel type de toile allez-vous décorer votre Halloween ?
Source :
Guide Araignées de France et d’Europe par Michael J. Roberts, Editions Delachaux et Nieslté
Agenda :
Défi Insektober jour 27 : dessiner une mouche scorpion
Avant de démarrer notre comptage WetLands à l’île de loisirs, Gilles profite d’un moment où nous attendons les autres participants pour passer un coup de filet dans les herbes hautes. Bonne pêche, il nous trouve une jolie petite araignée.
C’est un jeune mâle, par encore adulte. Mon expert arachnologue me le confirme c’est un individu bien typique de l’épeire de velours, Agalenatea redii. C’est une araignée de la famille des épeires, de couleurs assez brunes avec une tache cardiaque bien marquée. La marque noire en forme de fente sur l’abdomen délimite l’emplacement du cœur de l’animal.
L’épeire de velours est une espèce typique des prairies et des herbes hautes. Elle y fait des toiles de chasse fines, essentiellement dans les ombellifères, et des nids en soie à l’aspect de velours. Toutefois, c’est étonnant de trouver un individu réveillé en plein hiver.
Décidément, il en passe du monde dans mon bac à tomates ! Cette fois-ci c’est sur les feuilles de menthe qu’une araignée s’est laissée tirer le portrait. Après Steatoda triangulosa et sa proie, nous avons maintenant affaire à un jeune mâle de Xysticus groupe cristatus.
Sur la première image nous voyons les palpes à l’avant (les sortes de gants de boxe rougeâtres), il s’agit donc d’un mâle.
L’individu a les pattes avant plus longues et imposantes que les pattes arrières, nous pouvons donc le chercher parmi les araignées crabes. La clé d’identification des araignées crabes du SPIPOLL m’indique qu’avec des couleurs ternes (gris, noir et brun) et des chevrons dessinés sur l’abdomen il s’agit du genre Xysticus.
Ceci est confirmé par mon expert arachnologue : le motif en pointe noir du thorax et les trois épines visibles sur les pattes avant permettent même d’aller jusqu’à dire que notre individu est du genre Xysticus et du groupe d’espèces cristatus (« crêté » en rapport avec la forme des chevrons). àŠtre plus précis sur seules photographies est impossible (et je n’ai pas vraiment envie de disséquer mon hôte).
De plus, cette espèce ne chasse pas avec des toiles mais directement en capturant les insectes floricoles, donc elle ne risque pas de perturber mon ménage.
Le seul moment où ce mâle pourrait tisser une toile serait lors de la reproduction, pour fixer la femelle au sol et éviter de se faire dévorer à la fin de l’acte (malin!) ; ce qui ne risque pas d’arriver de si tôt puisque celui-ci n’est pas encore totalement adulte et que je n’ai vu aucune femelle dans l’appartement.