Quelques temps après avoir trouvé l’étonnant chiendent pied-de-poule amateur de poteaux de clôtures à Pontoise, nous avons de nouveau découvert une curiosité du même type au bois de Cergy : une grande ortie qui pousse sur le tronc d’un robinier faux-acacia.
Mais qu’a bien pu mener cette plante à se développer ainsi ?
Pour démarrer notre enquête il faut savoir que l’ortie aime les sols riches et azotés. En tenant compte du fait que le robinier faux acacia, comme la plupart des autres FABACEAE, enrichit le sol en azote grâce à ses nodosités présentes aux niveaux de ces racines, cela explique le grand développement de l’ortie à sa proximité. Mais une question subsiste : pourquoi s’être fixé de la sorte sur le tronc du robinier ?
En me rapprochant un peu plus du phénomène, je remarque quelque chose : le tronc de l’arbre présente plusieurs vieilles anfractuosités où les intempéries et les insectes ont eu localement raison du bois, le transformant ainsi en un excellent substrat riche en matière organique idéal pour l’installation de notre amie l’ortie.
Par conséquent et en notant le fait que la grande ortie est une plante à souche traçante, deux choix s’offrent à nous afin d’élucider le mystère : soit l’individu présent au pied du robinier faux-acacia s’est frayé un chemin à travers le bois mort du tronc afin de ressortir de temps à autres le long de celui-ci, soit quelques graines se sont déposées aux creux de certaines des anfractuosités et ont ensuite été en capacité de germer grâce au substrat en place.
Sources :
Flore d’Ile-de-France de Philippe Jauzein et Olivier Nawrot
Lors d’une étude de terrain au bois de Cergy, dans le cadre de l’atelier participatif Boomforest, je me suis accordé une petite séance photo sur un gros roncier en pleine floraison qui bordait un chemin.
Mais avant toute chose faisons un court rappel de ce à quoi ressemble les ronces :
Les ronces, ronciers ou encore mà»riers sauvages du genre Rubus sont des plantes épineuses assez communes des bois, fourrés, lisières… Ce taxon comporte une telle diversité d’espèces et d’hybrides, qu’il en est très difficile de les déterminer et les différencier. En revanche, la plupart de ses mêmes espèces présentent des caractéristiques communes à chacune d’entres elles comme les fameuses fleurs blanches/roses qui donnent ensuite place aux délicieuses mà»res et des feuilles composées, de formes variables.
Les vieux ronciers bien développés sont de véritables trésors de biodiversité, en effet ils offrent habitat, site de nidification et nourriture à profusion pour de nombreuses espèces d’animaux dont beaucoup d’insectes :
La première à s’être montrée devant l’objectif est une jolie petite larve de coccinelle asiatique, on la reconnait aisément à son corps tout noir et ses flancs oranges.
Ensuite c’est une petite abeille domestique en pleine récolte qui a bien voulu me montrer ses belles rayures sur l’abdomen.
En voilà un beau bourdon ! Muni de sa longue langue, il se fraie un chemin à travers l’épaisse barrière d’étamines afin d’aller chercher le délicieux nectar de la fleur.
Malgré leurs tailles très réduites, ces petits insectes de la famille des NITIDULIDAE ne passent pas inaperçus. Ils arrivent à se glisser dans les moindres recoins de la fleur.
Le Robert-le-Diable est un de nos papillons les plus communs qui soit, on le reconnait dés le premier coup d’œil grâce à son beau panachage orange taché de noir.
Juste à coté du roncier se dressait une APAIACEAE où se trouvait un beau couple de punaise arlequin, je n’ai évidemment pas résisté à l’envie de faire un cliché de leurs si belles couleurs.
Additionnez des longues feuilles dressées en forme de glaive qui sentent mauvais lorsqu’elles sont coupées à des belles fleurs violettes en été et des grappes de fruits rouge/orange à l’automne, le tout sur une plante des milieux boisés et l’on obtient notre espèce du jour, j’ai cité : l’iris fétide.
C’est une espèce indigène en Ile-de-France assez proche de sa cousine hybride qui orne nos jardins, l’iris d’Allemagne. Cet iris fétide a été repéré dans le bois de Cergy, sur la butte à Juju. Le genre « Iris » donne son nom à la famille dans laquelle il est classé les IRIDACEAE.
Cet iris apprécie les situations semi-ombragées où il est encore en capacité de fleurir, on le retrouve également à l’ombre complète mais il devient alors non florifère.
Sources :
La flore d’Ile-de-France de Philippe Jauzein et Olivier Nawrot
Retrouvez ici d’autres plantes à grappes de fruits rouges :
L’inule conyze, l’inule squarreuse, le chasse-puces, l’œil de cheval ou encore l’herbe aux mouches, voici notre plante du jour que nous avons eu l’occasion de rencontrer lors d’un inventaire dans le bois de Cergy.
Cette plante vivace de la famille des ASTERACEAE fleurit jaune de juillet à octobre. Ses feuilles alternes sont pubescentes, comme les tiges, lancéolées et denticulées. Les boutons floraux sont très reconnaissables grâce à leur couleur pourpre/violet.
Certains connaitront peut-être cette plante sous le nom latin « Inula conyzae », en effet cette plante a subi un changement de nom en début d’année. On pouvait y distinguer le nom d’espèce « conyzae » qui se rapporte à l’ancien genre « Conyza » celui de la vergerette qui est désormais « Erigeron ».
Les 26 et 27 février derniers ont eu lieu des ateliers de plantation dans le bois de Cergy. Habitants du quartier, jeunes de la maison de quartier des Touleuses, élus cergyssois et cergypontains, tout le monde y a mis du sien pour offrir une nouvelle vie à ce boisement.
Régénération
Le projet est porté par CenergY, délégataire de l’exploitation du chauffage urbain à Cergy-Pontoise en partenariat avec l’association Boomforest et la CACP. Il s’agit de créer une micro-forêt au cœur du bois.
Le bois a été planté à l’origine d’essences à croissance rapide mais courte durée de vie. Il arrive aujourd’hui à un âge où nombre d’arbres meurent ou deviennent dangereux. Au fil du temps le bois s’éclaircit, perd en densité et en fonctionnalité (accueille d’espèces typiques du milieu forestier par exemple).
L’objectif est donc de redonner un nouveau souffle au bois en commençant par une parcelle de 200 m² plantée selon la méthode Miyawaki (du nom du botaniste et professeur japonais).
200 m² peuvent paraître peu à l’échelle du bois mais, comme cela a justement été rappelé lors de l’inauguration de l’événement « celui ou celle qui a planté un arbre n’a pas vécu inutilement« . Et le projet n’entend pas s’arrêter là . Nous espérons pouvoir vous proposer la suite à l’automne prochain.
Banzai !
Chênes, tilleuls, érables, charmes, aubépines, … Ce sont 600 arbres d’une trentaine d’essences qui ont été plantés sur ces deux jours d’ateliers. Souhaitons leur une longue vie (banza௠en japonais) et de se développer afin de ne pas conserver une taille de bonsaà¯.
Participatif et citoyen
Si vous êtes intéressés par la démarche, souhaitez suivre l’évolution de cette micro-forêt ou participer à de futures plantations n’hésitez pas à contacter l’association Boomforest.
Dimanche 2 juin 2019, nous animions une sortie nature dans le cadre du festival Eco Fest. Les participants ont été invités à une petite boucle dans le bois de Cergy ponctuée d’arrêts qui ont permis de présenter quelques aspects de la biodiversité locale. En voici un aperçu :
Deux orchidées du territoire
Cet orchis bouc est ainsi nommé en raison de l’étonnant parfum de ses fleurs au labelle spiralé.
C’est la forme de son inflorescence qui vaut son nom commun à l’orchis pyramidal.
La petite faune des orties
Sous les feuilles des orties dioà¯ques, nous avons rencontré des pucerons et aussi des larves de syrphes et de coccinelles asiatiques.
Attention toxique !
Les arums sont des plantes dangereuses. Les intoxications sont essentiellement dues à leurs baies rouges en grappes serrées qui peuvent être tentantes pour les enfants.
Une oreille de Judas
L’oreille de Judas est un drôle de champignon que l’on trouve souvent sur le bois mort des sureaux noirs.
Des chenilles défoliatrices
Non, ce ne sont pas des toiles d’araignées ni celles de chenilles processionnaires : c’est là l’œuvre des hyponomeutes du fusain. Les dégâts sont impressionnants mais les chenilles responsables sont totalement inoffensives.
Bien sà»r, impossible de terminer la balade sans faire l’escalade (par la face nord !) de la butte à Juju pour découvrir le fameux panorama sur la plaine maraîchère.
Retrouvez d’autres articles en rapport avec les sujets abordés pendant la visite :
Lors d’une sortie à Vauréal, nous avons découvert un long fil suspendu à une branche de fusain d’Europe. Il était tellement résistant que l’on en a déduit, un peu vite, que ça devait être un fil de pêche.
Etrange, tout de même, un fil de pêche à la lisière d’un bois, sans point d’eau aux alentours… Regardons cela de plus près.
Après quelques recherches, nous découvrons dans le secteur de nombreux cocons suspendus au revers de feuilles de lierre. La mise en élevage de quelques-uns de ces cocons dans un bocal aéré a permis rapidement de déterminer l’insecte : il s’agit de cocons d’Yponomeuta cagnagella, le grand hyponomeute du fusain.
Les chenilles de ce papillon de nuit sont d’excellentes tisseuses. Et le fil que nous avions trouvé était en fait un solide assemblage de soies produites par les chenilles pour descendre de l’arbre en groupe à la recherche d’un lieu propice pour se nymphoser.
A l’automne, la femelle pond sur les rameaux des fusains d’Europe des œufs très petits et recouverts d’une substance collante, imitant l’écorce. Les jeunes chenilles vont hiberner sous un bouclier brunâtre. Au printemps, elles se regroupent sur une branche pour tisser leur toile et commencer à consommer les feuilles.
Des chenilles grégaires et voraces
Après avoir presque entièrement défolié l’arbre, elles tissent leur cocon et finalement se métamorphosent pour perpétuer l’espèce. Bien que ces chenilles fassent disparaitre toutes les feuilles de leur plante hôte et la recouvrent de toiles disgracieuses, l’arbuste survit facilement et se regarnit en été.
Surtout, ne pas traiter !
Les chenilles d’hyponomeutes ne sont pas dangereuses pour les fusains, elles ne sont pas non plus urticantes ni toxiques pour les humains. Les laisser vivre favorise la biodiversité : les papillons de nuit font le bonheur des chauves-souris ! Traiter chimiquement les chenilles d’hyponomeutes serait donc une bien mauvaise idée, un geste à la fois inutile, coà»teux et néfaste !
Evitons toute de même les haies monospécifiques de fusains d’Europe
Pour éviter les catastrophes esthétiques, les jardiniers avisés éviteront cependant de planter en grandes masses cette espèce. Mais en tant que plante indigène, le fusain utilisé avec parcimonie a toute sa place dans les haies champêtres en mélange.
Le chant du troglodyte mignon peut atteindre 90 décibels : imaginez vous à un mètre d’une débrousailleuse ou peut-être pire, dans un restaurant scolaire. Pour seulement 10 grammes, il a un sacré coffre !
C’est avec ses vocalises tapageuses et facilement identifiables (une phrase unique répétée comprenant des trilles rapides) que notre Don Juan miniature attire au début du printemps les femelles sur son territoire. Pourtant cela ne suffit point à charmer ces dames…
Cas assez rare chez les oiseaux, le mâle polygame commence seul l’élaboration de plusieurs nids. La femelle qui s’est déplacée inspecte alors l’ébauche de construction. Et si la qualité du gros œuvre lui convient, elle accepte l’accouplement et s’emploie ensuite à finaliser l’aménagement intérieur. Si pendant ce temps le mâle parvient à séduire d’autres compagnes par son génie bâtisseur, il pourra conduire plusieurs nichées en parallèle.
La silhouette du troglodyte mignon est tout aussi caractéristique que son chant : une petite boule de plume brune au sourcil clair avec une queue très courte et souvent dressée. Mâles et femelles se ressemblent.
Ce passereau est très courant jusqu’au cœur des villes. 200 000 à 400 000 couples nicheurs sont présents en Ile-de-France dont 200 à 300 couples sur Paris intra-muros (Le troglodyte mignon au Jardin des plantes de Paris).
Pour apprendre à reconnaitre le chant du troglodyte (et d’autres) ou suivre l’évolution des populations :
Une étude génétique a montré que les perruches que l’on observe en Ile-de-France sont d’origine asiatique et qu’il existe deux populations séparées. Celle du nord est centrée sur l’aéroport de Roissy, celle du sud autour d’Orly. Car c’est bien par avion qu’elles sont venues nous envahir, ces populations étant les descendantes d’échappées des hangars des douanes, d’abord à Orly en 1974, puis sur Roissy au début des années 1990. Au fil des années, les populations se sont renforcées avant d’entrer dans la phase d’extension géographique que nous connaissons depuis quelques années.
Elles n’étaient pas citées sur Cergy, maintenant c’est fait. L’espèce est peut-être même nicheuse au bois de Cergy (près de la butte à Juju) où nous avons pu observer des parades amoureuses et l’entrée d’un oiseau dans la cavité d’un gros arbre à 8 mètres de hauteur, site tout à fait favorable pour sa nidification. Quelques observations récentes ont été faites aussi à Pontoise et à Saint-Ouen l’Aumône dans le secteur de l’abbaye de Maubuisson.
Qu’est-ce que ça mange ?
Dans leurs pays d’origine (les zones tropicales d’Asie et d’Afrique), elles mangent des jujubes, des goyaves, des dattes, des figues, du millet…
Chez nous, elles se sont adaptées et consomment des pommes, des cerises, les samares des érables, les graines de robiniers, de platanes et de catalpas, les arilles des ifs, éventuellement quelques fruits exotiques glanés dans les jardins botaniques.
Mais quand disparaissent les fruits, si elles passent l’hiver sans encombre, c’est essentiellement en raison du nourrissage dans les jardins : elles se gavent de grandes quantités de boules de graisse, de cacahuètes et de graines de tournesol.
Leur présence est-elle néfaste ?
Pour la production agricole, lorsqu’elles pullulent, c’est une menace pour les vignes et les vergers, éventuellement pour les champs de céréales et de tournesols. En ce qui concerne la biodiversité, il est suspecté qu’elles exercent une forte concurrence sur les populations de sitelles pour les sites de nidification. Nos sitelles en effet exploitent comme la perruche les cavités dans les grands arbres et notamment les anciens nids des pics.
Alors qu’en penser ?
La perruche à collier, espèce invasive, ne peut plus être stoppée dans son extension. Qu’on le veuille ou non, elle fait désormais partie de notre avifaune. Mais ne serait-il pas sage de pratiquer un nourrissage hivernal modéré et ciblé, en évitant de distribuer de trop grosses quantités de graines, pour ne pas favoriser la croissance démographique galopante de cet oiseau ? Sachez qu’il existe des mangeoires sélectives étudiées pour éviter les attaques des gros pillards, les plus simples consistant en une cage grillagée dont les mailles ne permettent l’accès qu’aux petits oiseaux. Ces dispositifs sont souvent installés en Angleterre en raison de la gloutonnerie des écureuils gris, autre espèce invasive.
Clergeau P., Vergnes A., Delanoue R. (2009) La perruche à collier / Psittacula krameri / introduite en île-de-France : distribution et régime alimentaire. / Alauda / (Revue internationale d’Ornithologie) 77(2):121-132.
Phyt’Ornement FREDON Ile-de-France n°8-2014 du 8 mai 2014