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Les espèces invasives ont-elles leur place dans notre environnement ?

Rendez-vous du développement durable du 12 mars 2019 – Hôtel d’agglomération de Cergy-Pontoise © CACP – Emilie Périé

Franc succès pour les espèces dites invasives ce mardi 12 mars 2019. Elles ont fait salle comble au Rendez-vous du développement durable « Les invasives ont-elles leur place dans notre environnement ? ».

Définitions, approche écologique ou économique, panorama, méthodes de maîtrise naturelles, espèces médiatiques, de nombreux aspects ont été balayés durant la soirée. En voici quelques extraits. Les supports de présentation des quatre intervenants sont disponibles dans la suite et sont des mines d’informations et de ressources !

Approche écologique

François Chiron, chercheur écologue à  l’université Paris-Saclay, a ouvert le bal en présentant le cadre scientifique des « espèces invasives ». Qui sont-elles ? Que sait-on de leurs dynamiques, de leurs impacts ? Retrouvez ses réponses dans la présentation de François Chiron.

L’impact écologique des espèces invasives est un constat principalement insulaire © François Chiron

« Il est important de rappeler que les espèces vivantes sont en constante évolution et en constant déplacement à  la surface du globe. Le terme « invasive » n’a donc de sens que lorsqu’il est rapporté aux sociétés humaines. […] Si une part infime de ces espèces en déplacement a un impact économique ou sanitaire avéré sur nos sociétés, une fraction encore moindre d’entre elles a un impact écologique négatif prouvé, hors situation insulaire. C’est d’autant plus vrai dans les milieux fortement perturbés qui constituent l’àŽle-de-France. Le champ lexical radical et guerrier que l’on emploie pour parler de l’ensemble de ces espèces n’est donc pas justifié. »

Panorama territorial

Dans la suite, Gilles Carcassès, chargé de mission biodiversité, a présenté un album des espèces considérées invasives que l’on trouve sur le territoire de Cergy-Pontoise. Il a rappelé que, bien qu’elles soient présentes, leurs impacts restent minimes : essentiellement paysager et esthétique. Elles peuvent même présenter des bénéfices non-négligeables ! Retrouvez l’album de Gilles Carcassès.

Album d’espèces cergypontaines © CACP – Gilles Carcassès

« L’Herbe à  la ouate, une plante venue d’Amérique du Nord, a été trouvée dans une station à  Neuville. La station grandit d’année en année et ce n’est pas pour déplaire aux chercheurs de l’université : elle aurait des propriétés physiques étonnantes pour l’utilisation en biomatériaux ! »

Maîtrise naturelle

Pablo Badin, animateur de la plateforme Jardiner Autrement, a présenté quelques méthodes naturelles de maîtrise des ravageurs invasifs. Certaines espèces ont des impacts économiques avérés en réduisant fortement la récolte des jardiniers et agriculteurs. Pour limiter les pertes, retrouvez le panel des techniques utilisables dans la présentation de Pablo Badin.

« Connaitre pour agir mieux » telle est la philosophie de Jardiner Autrement © Pablo Badin

« En utilisant l’exemple du doryphore de la pomme de terre on peut balayer une multitude de méthodes bien différentes. Pour être efficaces, ces méthodes doivent être combinées pour modifier suffisamment l’écosystème afin de perturber le ravageur sans pour autant nuire au reste du vivant. […] La panoplie présentée n’est pas exhaustive. Il existe sans doute bien d’autres techniques farfelues et inattendues susceptibles d’être efficaces. A vous de tester ! »

Le frelon asiatique, il va falloir vivre avec

Pour finir la soirée, Michel Amé, apiculteur et référent départemental « frelon asiatique », a présenté un focus sur cette espèce. Vespa velutina nigrithorax est une espèce invasive dont l’impact économique et sanitaire est encore peu documenté mais fortement médiatisé.

Différencier le frelon asiatique des autres guêpes © Michel Amé

« Le frelon asiatique est présent, il va falloir vivre avec. Son arrivée reste récente, aussi les méthodes efficaces (et non dangereuses) de lutte et de maîtrise sont encore peu connues. C’est pourquoi les apiculteurs travaillent de concert avec le Muséum national d’Histoire naturelle pour développer la connaissance sur l’écologie et les dynamiques de cette espèce. […] La lutte est l’affaire des professionnels mais la connaissance est l’affaire de tous. En cas de doute ou de questionnement contactez les référents « frelon asiatique » cités dans la présentation. » 
Voir aussi nos articles : Frelons asiatiques : luttons contre les mauvaises pratiques !  et Un nid de frelons asiatiques : que faire ?

Nous remercions les intervenants pour leurs présentations et Gérard Sandret, de Quelle terre demain? pour l’animation de la soirée.

Nous souhaitons aux présents que la soirée leur ait plu et aux absents que ce résumé satisfasse leur curiosité.

Nous vous donnons rendez-vous pour un prochain Rendez-vous du développement durable, sur le thème de « l’adaptation des territoires au changement climatique », le lundi 27 mai 2019.

En savoir plus :

Conférence de Jacques Tassin : « Ce que les invasives nous disent de notre regard sur le Monde », ARB Ile-de-France

Conférence de Claire Villemant : « Bilan des connaissances sur l’invasion du frelon asiatique », MnHn

Les plantes invasives, par Jardiner Autrement

Retrouvez nos articles :

Informations générales sur les espèces introduites et les espèces exotiques envahissantes

Informations sur le frelon asiatique

Agenda

Invasives : un rendez-vous du développement durable à  ne pas manquer !

Les rendez-vous du développement durable de Cergy-Pontoise, rencontres ouvertes à  tous et gratuites, sont organisés conjointement par la Communauté d’agglomération de Cergy-Pontoise, le Conseil d’Architecture, d’Urbanisme et de l’Environnement du Val-d’Oise et l’association Quelle Terre demain ?

Au programme de cette rencontre :

François CHIRON, chercheur au laboratoire Ecologie Systématique Evolution de l’Université Paris-Sud, sur l’approche scientifique de la notion d’espèce exotique envahissante
Gilles CARCASSES, chargé de Mission Biodiversité à  la CACP, sur les espèces introduites et invasives à  Cergy-Pontoise
Pablo BADIN, de la Société Nationale d’Horticulture de France, chargé de mission Jardiner Autrement, sur la lutte contre les ravageurs invasifs par des méthodes naturelles
Michel AME, référent départemental frelons asiatiques, sur la situation en Val d’Oise

La rencontre sera animée par Gérard SANDRET, président de l’association Quelle Terre Demain ? Les interventions seront suivies d’échanges avec la salle.

Myriophyllum aquaticum, le myriophylle du Brésil – Courdimanche © CACP – Marion Poiret

Pour venir, privilégiez les transports en commun : l’Hôtel d’agglomération est à  deux pas de la gare de Cergy préfecture (RER A).

Retrouvez nos articles sur les espèces invasives :

Espèces exotiques envahissantes

Plantes invasives en Ile-de-France

L'actualité des jardins

Plantes exotiques envahissantes : où trouver les bonnes informations ?

Renouée du Japon  © CACP – Gilles Carcassès

Internet regorge d’informations sur les plantes exotiques envahissantes. On y trouve des dizaines de guides plus ou moins complets, alors nous n’allons pas en ajouter un de notre invention. Ce que nous vous proposons, c’est de vous indiquer quelques sites de bonne qualité. Complémentaires, ils vous permettent, en croisant leurs informations, une information précise et sérieuse sur ces végétaux.

Le code de conduite Plantes envahissantes de Val’hor

Ce site très complet propose les fiches de 54 espèces, précisant pour chacune l’origine, la biologie et l’écologie, ainsi que les impacts positifs et négatifs. Il n’aborde pas les techniques de lutte.

Les fiches « Vigi-pratique » de la Fredon Ile-de-France

Sur son site, la Fredon Ile-de-France insiste sur la réglementation et détaille les méthodes de lutte pour 10 espèces problématiques.

Le catalogue de la flore vasculaire d’Ile-de-France par le CBNBP

Le catalogue et sa notice indiquent pour chacune des 2892 espèces de la flore francilienne, l’indigénat, la rareté, le caractère invasif… Pour ce dernier critère, il est utilisé un classement de 0 à  5  en fonction des risques, de la gravité des impacts et du recul que l’on a sur le comportement de ces espèces.

Autre source :

Les fiches « ambroisie à  feuilles d’armoise » et « berce du Caucase » dans VigiJardin

Retrouvez d’autres articles sur les plantes exotiques envahissantes :

Le séneçon de Mazamet

Belle empoisonneuse

Les fausses fraises de Grouchy

Le souchet vigoureux

Le canard jardinier

La jussie rampante

Trois balsamines asiatiques

Datura

Des champignons attaquent la renouée du Japon !

Signalez les espèces exotiques envahissantes

L'actualité de la Nature

Signalez les espèces exotiques envahissantes

Dans le cadre de la Stratégie nationale relative aux espèces exotiques envahissantes, le Centre National de la Recherche Scientifique, le Muséum national d’Histoire naturelle et l’Agence Française pour la Biodiversité ont créé un site participatif dédié à  la connaissance des espèces exotiques envahissantes. Vous y trouverez un formulaire de saisie en ligne pour vos observations, et des informations pédagogiques sur ce vaste sujet. J’ai testé, c’est facile et très bien fait.

Voici quelques-uns de nos articles sur des espèces invasives.

Cliquez sur les photos pour lire les articles :

Perruche à  collier – Paris © CACP – Gilles Carcassès
Brun du pélargonium – Cergy © CACP – Gilles Carcassès
Pyrale du buis © CACP – Gilles Carcassès
Frelon asiatique © CACP – Gilles Carcassès
Punaise américaine des pins © CACP – Gilles Carcassès
Jussie © CACP – Gilles Carcassès
L'actualité de la Nature

Le séneçon de Mazamet

Dans la laine des moutons

Senecio inaequidens – Cergy © CACP – Gilles Carcassès

C’est à  Mazamet à  la fin des années trente que le séneçon du Cap est arrivé d’Afrique du Sud dans des ballots de laine, à  l’époque de l’industrie textile florissante dans le Sud-Ouest. Les petites graines très légères s’accrochent facilement dans les toisons, mais aussi volent au vent et flottent au fil de l’eau. Aussi la plante s’est rapidement multipliée et disséminée, au point de devenir envahissante et de menacer la biodiversité de certains milieux fragiles. Au catalogue de la flore vasculaire d’Ile-de-France, elle est classée invasive au niveau 3. La plante est vivace sur quelques années, elle résiste assez bien aux incendies, et ses racines libèrent des substances qui inhibent le développement des autres espèces. Un seul pied peut produire 10 000 graines par an ! Comme si cela ne suffisait pas, c’est une plante toxique pour le bétail et fort peu d’insectes la consomment.

Séneçon du Cap – Cergy © CACP – Gilles Carcassès

Elle gagne du terrain en suivant les voies de communication, on peut la voir coloniser des kilomètres de bords d’autoroute de façon spectaculaire dans certaines régions. Elle est assez commune à  Cergy-Pontoise, aux abords des voies ferrées, dans les friches urbaines, elle pousse aussi dans les fissures des trottoirs et au pied des immeubles.

En dehors de son berceau natal sud-africain, le séneçon du Cap est présent dans beaucoup de pays en Europe, et a été repéré en Amérique du Sud et centrale, en Australie, à  Taà¯wan. En France, on le rencontre surtout dans le Languedoc et la vallée du Rhône, en Ile-de-France et en Alsace.

Le catalogue de la flore vasculaire d’Ile-de-France par la CBNBP

Retrouvez dans cet article :

une autre espèce invasive étonnante arrivée dans une cargaison de laine

L'actualité de la Nature

La jussie rampante

© Gilles Carcassès
Ludwigia peploides © Gilles Carcassès

Cette plante flottante vue dans l’étang de la Galiotte à  Carrières-sous-Poissy est la jussie rampante (Ludwigia peploides). Originaire d’Amérique du Sud (comme le ragondin), elle est capable d’asphyxier rapidement des plans d’eau grâce à  son extraordinaire rapidité de croissance : la masse d’une tache de jussie peut doubler en trois semaines ! C’est, avec Ludwigia grandiflora (l’autre jussie invasive) l’une des pires plantes exotiques envahissantes en France, extrèmement préjudiciable à  la biodiversité des milieux aquatiques. Les jussies affectionnent les étangs, les berges au sol détrempé, les cours d’eau lents, les fossés, parfois les prairies humides.

© Gilles Carcassès
Fleur de Ludwigia peploides. © Gilles Carcassès

Leurs jolies fleurs sont la cause de leur présence sur notre sol : elles ont été introduites pour embellir les bassins d’ornement et puis se sont multipliées dans la nature.

Si nos cygnes et nos canards les délaissent, il semble qu’un petit coléoptère indigène puisse grignoter leurs feuilles, sans toutefois réussir à  lui faire beaucoup de mal. Il s’agit de la galéruque du nymphéa qui fait parfois de la dentelle des feuilles flottantes de ces belles plantes de bassin.

Couple de Galerucella nymphaeae sur une feuille de nymphéa. © Gilles Carcassès
Couple de Galerucella nymphaeae sur une feuille de nymphéa. © Gilles Carcassès

Les jussies se bouturent naturellement à  partir de très petits fragments, aussi leur éradication d’un bassin contaminé est quasiment impossible. Leur contrôle nécessite une surveillance régulière et des arrachages manuels minutieux. Depuis 2007, la vente des deux espèces de jussies est interdite en France.

Ludwigia grandiflora et Ludwigia peploides font partie de la liste des espèces végétales envahissantes considérées comme préoccupantes pour l’Union européenne (en vigueur depuis le 3 aoà»t 2016).

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L’attaque des escargots géants

Vous a-t-on déjà  servi des escargots en sauce au vin rouge, avec un goà»t terreux ? Si oui, n’accusez pas le vin, ce sont bien les escargots qui ont ce goà»t bizarre. L’escargot turc est souvent cuisiné à  la bourguignonne pour masquer son goà»t particulier et sa couleur verdâtre.

Hélix lucorum, l'escargot turc - Pontoise © Gilles Carcassès
Helix lucorum, l’escargot turc – Pontoise © Gilles Carcassès

L’escargot turc est produit en masse dans des élevages pour la consommation humaine. Originaire de Turquie, il a été introduit en France pour la première fois en 1883 dans la région lyonnaise. Il a depuis colonisé de nombreuses régions françaises. Autrefois, ces escargots étaient acheminés vivants en train, dans des caisses, vers les marchés d’approvisionnement. Ceux qui ne supportaient pas le voyage étaient abandonnés au bord de la voie ferrée. Quelques rescapés auront fait souche.

Hélix lucorum, l'escargot turc © Gilles Carcassès
Un escargot turc au cimetière ancien de Nanterre © Gilles Carcassès

Comment est-il rentré dans le cimetière ce gros-là  ? On peine à  l’imaginer escalader de hauts murs ; pourtant cela ne lui pose aucun problème, contrairement à  notre escargot de Bourgogne, de mœurs plus terrestres (bien qu’il puisse aussi faire un peu d’escalade).

Répartition de l'escargot turc - source INPN
Répartition de l’escargot turc – source INPN

En Ile-de-France, l’escargot turc a été repéré à  Rueil-Malmaison, à  Bezons, à  Nanterre, au Vésinet, à  Pontoise… Il est sans doute assez largement répandu. C’est un escargot de grande taille qui peut atteindre six centimètres de diamètre.

Pour ne plus confondre l’escargot turc et l’escargot de Bourgogne

 

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Marée verte

Alerte ! Elles débarquent à  Cergy !

Couple de perruches à  collier - bois de Cergy © Marion Poiret
Deux perruches à  collier – bois de Cergy © Marion Poiret

Mais d’où viennent-elles ces perruches ?

Une étude génétique a montré que les perruches que l’on observe en Ile-de-France sont d’origine asiatique et qu’il existe deux populations séparées. Celle du nord est centrée sur l’aéroport de Roissy, celle du sud autour d’Orly. Car c’est bien par avion qu’elles sont venues nous envahir, ces populations étant les descendantes d’échappées des hangars des douanes, d’abord à  Orly en 1974, puis sur Roissy au début des années 1990. Au fil des années, les populations se sont renforcées avant d’entrer dans la phase d’extension géographique que nous connaissons depuis quelques années.

Elles n’étaient pas citées sur Cergy, maintenant c’est fait. L’espèce est peut-être même nicheuse au bois de Cergy (près de la butte à  Juju) où nous avons pu observer des parades amoureuses et l’entrée d’un oiseau dans la cavité d’un gros arbre à  8 mètres de hauteur, site tout à  fait favorable pour sa nidification. Quelques observations récentes ont été faites aussi à  Pontoise et à  Saint-Ouen l’Aumône dans le secteur de l’abbaye de Maubuisson.

Qu’est-ce que ça mange ?

Perruche à  collier © Gilles Carcassès
Perruche à  collier © Gilles Carcassès

Dans leurs pays d’origine (les zones tropicales d’Asie et d’Afrique), elles mangent des jujubes, des goyaves, des dattes, des figues, du millet…

Chez nous, elles se sont adaptées et consomment des pommes, des cerises, les samares des érables, les graines de robiniers, de platanes et de catalpas, les arilles des ifs, éventuellement quelques fruits exotiques glanés dans les jardins botaniques.

Mais quand disparaissent les fruits, si elles passent l’hiver sans encombre, c’est essentiellement en raison du nourrissage dans les jardins : elles se gavent de grandes quantités de boules de graisse, de cacahuètes et de graines de tournesol.

Leur présence est-elle néfaste ?

Pour la production agricole, lorsqu’elles pullulent, c’est une menace pour les vignes et les vergers, éventuellement pour les champs de céréales et de tournesols. En ce qui concerne la biodiversité, il est suspecté qu’elles exercent une forte concurrence sur les populations de sitelles pour les sites de nidification. Nos sitelles en effet exploitent comme la perruche les cavités dans les grands arbres et notamment les anciens nids des pics.

Alors qu’en penser ?

La perruche à  collier, espèce invasive, ne peut plus être stoppée dans son extension. Qu’on le veuille ou non, elle fait désormais partie de notre avifaune. Mais ne serait-il pas sage de pratiquer un nourrissage hivernal modéré et ciblé, en évitant de distribuer de trop grosses quantités de graines, pour ne pas favoriser la croissance démographique galopante de cet oiseau ? Sachez qu’il existe des mangeoires sélectives étudiées pour éviter les attaques des gros pillards, les plus simples consistant en une cage grillagée dont les mailles ne permettent l’accès qu’aux petits oiseaux. Ces dispositifs sont souvent installés en Angleterre en raison de la gloutonnerie des écureuils gris, autre espèce invasive.

Mangeoire spéciale pour pics - Londres © Gilles Carcassès
Mangeoire spéciale pour pics – Londres © Gilles Carcassès

Un article du blog Vigie-Nature

Un peu de philosophie

Une interview de Philippe Clergeau du Muséum

Bibliographie :

Clergeau P., Vergnes A., Delanoue R. (2009) La perruche à  collier / Psittacula krameri / introduite en île-de-France : distribution et régime alimentaire. / Alauda / (Revue internationale d’Ornithologie) 77(2):121-132.

Phyt’Ornement FREDON Ile-de-France n°8-2014 du 8 mai 2014

 

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Les mousquetaires de la salicaire

touffe de salicaire au bord du bassin du parc François-Mitterrand à  Cergy © Gilles Carcassès
Touffe de salicaire (Lythrum salicaria) au bord du bassin du parc François-Mitterrand à  Cergy © Gilles Carcassès

Avec sa floraison éclatante et sa silhouette très graphique, la salicaire est une plante incontournable des jardins aquatiques. C’est aussi une plante mellifère. Et ma cousine l’utilisait pour soigner ses veaux quand ils avaient la diarrhée. Bref, elle a tout pour plaire.

Elle plà»t aux Américains. Introduite en 1860 sur la côte Est des Etats-Unis, elle ne tarda pas à  y faire de grands ravages en se comportant comme une plante invasive des zones humides, au point de mettre en péril la flore indigène et la faune associée.

En 1986, des chercheurs américains entreprirent de mettre au point un programme de lutte biologique par acclimatation pour endiguer l’invasion. Après de nombreux essais portant sur l’innocuité vis-à -vis de la flore et de la faune natives, ils procédèrent à  des lâchers d’insectes européens qui consomment cette espèce.

Leur choix se porta sur quatre mousquetaires aux actions complémentaires : deux chrysomèles mangent ses feuilles, un charançon ses racines et un dernier coléoptère ses graines.

Ces larves de chrysomèle (du genre ) sont des défoliatrices efficaces © Gilles Carcassès
Ces larves de chrysomèle (du genre Galerucella) sont des défoliatrices efficaces de la salicaire. Photographie prise à  Cergy © Gilles Carcassès
Les larves de ces minuscules Nanophyes marmoratus peuvent détruire 70% de la production de graines de la salicaire. Photgraphie prise à  Poissy © Gilles Carcassès
Les larves de ces minuscules Nanophyes marmoratus peuvent détruire 70% de la production de graines de la salicaire. Photgraphie prise à  Poissy © Gilles Carcassès

Dix ans après les premiers lâchers d’insectes, la présence parfaitement contrôlée de la salicaire européenne n’est plus une menace pour la biodiversité américaine. La lutte biologique, ça marche !

Une page (en anglais) du Département des Ressources Naturelles du Minnesota

Une autre page (en wallon) sur ce sujet

http://www.sauvagesdupoitou.com/84/423

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Le canard jardinier

C’est sur les pattes des canards que voyagent les boutures naturelles de cette petite fougère flottante nommée Azolla. Cette Salviniacée, originaire d’Amérique et d’Asie, est apparue en Europe vers 1880, probablement échappée de jardins botaniques. Elle est signalée pour la première fois en Ile-de-France en 1917 à  Fontainebleau.

Une petite tache d'Azollas de quelques mètres carrés a été repérée au bassin du parc François Mitterrand à  Cergy parmi les plantes de berges © Gilles Carcassès
Une petite tache d’Azollas de quelques mètres carrés a été repérée au bassin du parc François-Mitterrand à  Cergy parmi les plantes de berges © Gilles Carcassès

Cette plante a une singularité étonnante : elle héberge dans ses feuilles un symbiote, une cyanobactérie qui fixe l’azote atmosphérique. Au Viêt-Nam, le savoir ancestral des riziculteurs exploite cette capacité depuis le XIème siècle. Azolla y est en effet cultivée pour être ensemencée dans les rizières. Elle s’y développe très vite puis sert d’engrais vert avant le repiquage du riz : enfouie dans le sol, elle l’enrichit en éléments fertilisants. Cette pratique augmente d’une tonne par hectare le rendement de la culture du riz. Elle est aussi utilisée comme nourriture pour les cochons et les canards. Voir la fiche de l’Institut de Recherche pour le Développement sur la culture traditionnelle de l’azolle en Asie.

En Afrique du Sud, cette plante a eu un comportement invasif affirmé, mettant en péril la biodiversité des zones humides. Son expansion a pu être jugulée en quelques années par l’introduction en 1997 d’un charançon spécifique de l’Azolla, Stenopelmus rufinasus, comme agent de biocontrôle. Ce charançon discret serait présent en France depuis 2008, dans quelques stations : ouvrons l’œil…

Fiche sur Azolla réalisée par la Fédération des Conservatoires Botaniques Nationaux

http://www.tela-botanica.org/bdtfx-nn-9057-synthese