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L’émergence des hyponomeutes

L’énigme du fil de pêche en forêt…

Lors d’une sortie à  Vauréal, nous avons découvert un long fil suspendu à  une branche de fusain d’Europe. Il était tellement résistant que l’on en a déduit, un peu vite, que ça devait être un fil de pêche.

Etrange, tout de même, un fil de pêche à  la lisière d’un bois, sans point d’eau aux alentours… Regardons cela de plus près.

Après quelques recherches, nous découvrons dans le secteur de nombreux cocons suspendus au revers de feuilles de lierre. La mise en élevage de quelques-uns de ces cocons dans un bocal aéré a permis rapidement de déterminer l’insecte : il s’agit de cocons d’Yponomeuta cagnagella, le grand hyponomeute du fusain.

Yponomeuta cagnagella à  l’émergence dans son bocal d’élevage © CACP – Gilles Carcassès
Le grand hyponomeute du fusain © CACP – Gilles Carcassès

Les chenilles de ce papillon de nuit sont d’excellentes tisseuses. Et le fil que nous avions trouvé était en fait un solide assemblage de soies produites par les chenilles pour descendre de l’arbre en groupe à  la recherche d’un lieu propice pour se nymphoser.

Toiles d’hyponomeutes et fils de de descente – bois de Cergy © François Lelièvre

A l’automne, la femelle pond sur les rameaux des fusains d’Europe des œufs très petits et recouverts d’une substance collante, imitant l’écorce. Les jeunes chenilles vont hiberner sous un bouclier brunâtre. Au printemps, elles se regroupent sur une branche pour tisser leur toile et commencer à  consommer les feuilles.

Chenilles d’hyponomeutes au mois de mai – parc du château de Grouchy à  Osny © CACP – Gilles Carcassès

Des chenilles grégaires et voraces

Après avoir presque entièrement défolié l’arbre, elles tissent leur cocon et finalement se métamorphosent pour perpétuer l’espèce. Bien que ces chenilles fassent disparaitre toutes les feuilles de leur plante hôte et la recouvrent de toiles disgracieuses, l’arbuste survit facilement et se regarnit en été.

Surtout, ne pas traiter !

Les chenilles d’hyponomeutes ne sont pas dangereuses pour les fusains, elles ne sont pas non plus urticantes ni toxiques pour les humains. Les laisser vivre favorise la biodiversité : les papillons de nuit font le bonheur des chauves-souris ! Traiter chimiquement les chenilles d’hyponomeutes serait donc une bien mauvaise idée, un geste à  la fois inutile, coà»teux et néfaste !

Evitons toute de même les haies monospécifiques de fusains d’Europe

Pour éviter les catastrophes esthétiques, les jardiniers avisés éviteront cependant de planter en grandes masses cette espèce. Mais en tant que plante indigène, le fusain utilisé avec parcimonie a toute sa place dans les haies champêtres en mélange.

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