Ces morceaux de bois ramassés en forêt de Menucourt ont une intense couleur bleue. Un écolier maladroit aurait-il renversé ses réserves d’encre ? Ou est-ce encore un coup des Schtroumfs ?
Il s’agit bien d’une histoire de champignons, mais rien à voir avec la volvaire gluante de notre village de Schtroumfs. Ici, nous avons affaire à un chlorocibore. Il existe plusieurs espèces dont la détermination passe par l’observation de la taille des spores au microscope… Nous nous contenterons donc du genre, Chlorociboria sp.
C’est le mycélium de ce champignon qui donne cette couleur bleue au bois pourri qu’il est en train de décomposer. Les fructifications (l’organe qui a la forme de ce que l’on appelle communément champignon) sont bien plus rares et difficiles à observer. En voyez-vous une au centre de la photo ci-dessus ?
Il faut avoir l’œil ! Elles sont vraiment toutes petites.
Bienvenus chez les minuscules. Chez les plantes, c’est une famille à laquelle on prête rarement attention. Les individus sont petits, discrets et tellement communs qu’ils font partie de paysage. Pourtant, lorsqu’on y regarde de plus près on découvre des architectures fascinantes. Nous parlons ici des bryophytes : les mousses, hépatiques et anthocérotes, qui regroupent des dizaines de milliers d’espèces très variées. Mais concentrons-nous sur une d’entre elle pour le moment.
La lunulaire est une petite plante que l’on classe chez les hépatiques à thalles. Elle croit sous forme d’une lame* (le thalle) qui se développe directement sur un support (ici, un pied de mur en pierres dans une ruelle piétonne). Elle n’a ni racine, ni tige, ni fleur. Mais elle a tout de même des organes reproducteurs.
*NB : on parle bien des « feuilles » vertes ressemblant à des lobes de foie. Des morceaux d’une autre mousse se sont glissés dans la photo.
Quand on regarde de plus près on peut voir au bout de chaque « feuille » une sorte de corbeille. Celle-ci en forme de croissant permet d’identifier la plante et de lui donner son nom.
Chaque corbeille contient des petits disques verts, ce sont les propagules ou gemmules. Chacun des petits disques pourra se développer indépendamment pour donner naissance à un autre pied identique au pied mère (reproduction asexuée). Chez cette espèce en particulier il est très rare qu’il y ait une reproduction croisée mâle-femelle.
Un peu en amont de notre découverte de l’étonnant ibéris amer, nous avons pu assister à un grand rassemblement d’oiseaux dans un champ dont le sol avait été retourné. Pigeons ramiers, pinsons des arbres, pies bavardes et autres Corvidés en tous genres étaient rassemblés pour prendre part au festin que leur offrait ce champ.
Sur cette première photo nous pouvons observer jusqu’à trois espèces appartenant à la famille des Corvidés :
Le choucas des tours :
Le Choucas des tours (Coloeus monedula) est toujours reconnaissable grâce à sa taille plus réduite par rapport à celle de la corneille ou du corbeau. Sur cette photo on peut observer la nuance de plumage et les yeux clairs spécifiques de cet oiseau. La nuque et une partie de la tête sont généralement plus claires que le reste du corps.
La pie bavarde :
Les pies bavardes (Pica pica) se sont également jointes au grand repas de famille. Impossible à confondre grâce à leurs plumages noir et blanc avec des reflets bleus/verts lorsque le soleil apparait. Autant dans la ville qu’à la campagne, la pie bavarde est un oiseau très commun dans notre région.
La corneille noire :
Et enfin l’un des oiseaux les plus communs des plaines cultivées durant toute l’année, la corneille noire (Corvus corone). Au contraire de la plupart de ses cousins corvidés, la corneille est très solitaire, on la croise régulièrement seule ou à deux. Cette espèce est plus grande que les deux précédentes et intégralement noire.
L’invasion des pinsons
Ce champ étant entouré de quelques haies bocagères, nous avons également pu y observer d’autres espèces de passereaux. Rougegorge, verdier, troglodyte, ils étaient tous présents. Néanmoins une espèce s’est montrée plus remarquable que les autres, le pinson des arbres :
Alors combien d’individus arrivez-vous à voir sur cette photo (cliquez dessus pour agrandir) ? N’hésitez pas à nous faire part de vos résultats dans les commentaires. Personnellement j’en ai compté une vingtaine.
D’ailleurs à peine avons nous eu le temps d’estimer leur nombre que… pouf ! les voilà effarouchés !
De retour au bureau pour l’analyse de nos photos, nous avons été interpellés par un oiseau avec un bec bien singulier par rapport aux autres Corvidés observés en amont.
Une corneille avec un défaut de coloration du bec ? Une maladie ? De la peinture ? Rien de tout ça ! Simplement une nouvelle espèce qui nous avait échappée lors de nos observations et pas n’importe laquelle, le corbeau freux. Cet oiseau est un grand amateur des champs cultivés, d’ailleurs on ne le croise régulièrement que dans ce genre de milieux ouverts.
Lors d’une après-midi de prospection sur les berges de l’Oise à Neuville, arrivés derrière l’usine de traitement des eaux, notre regard a été attiré par une curieuse plante ayant trouvé l’énergie nécessaire pour fleurir en cette période pourtant si sèche.
Nous avons identifié cette plante comme étant l’ibéris amer. C’est sa floraison blanche qui nous a le plus étonnés, en effet celle-ci ne devrait nous faire profiter de ses premières fleurs qu’à partir de mai et ce jusqu’à septembre. Mais ainsi soit-il, si ces petits ibéris ont décidé d’être plus hâtifs que les autres cela nous donne l’occasion d’en faire quelques clichés !
Ci-dessus on peut observer les fleurs de l’ibéris avec ses longs pétales blancs orientés vers l’extérieur. Cette plante messicole se trouve habituellement en bordure de champs, moissons et jachères mais peut également être observée sur des talus, coteaux ou encore dans des carrières. Elle se trouvait ici sur une zone dont le sol avait récemment été remué pour des travaux.
On remarquera ici les feuilles bien particulières de l’ibéris amer. Au départ elles sont simplement fines et élancées pour finir un peu plus évasées avec des lobes digités. La nervure centrale de la feuille présente un alignement atypiques de poils dressés.
Après quelques recherches, nous avons remarqué que cette plante indigène de la famille des Brassicacées était devenue rare dans notre région, voilà donc une belle découverte sur notre territoire.
Sources :
Flore d’Ile-de-France de Philippe Jauzein et Olivier Nawrot
Bravo Juliet qui remporte les douze points de cette petite coccinelle pour avoir réussi à la nommer en premier ! Eh oui, quelques fois il n’est pas nécessaire de chercher très loin le nom des petites bêtes, celle-ci s’appelle tout logiquement : la petite coccinelle orange à douze points, ou Vibidia duodecimguttata.
Elle est assez facile à reconnaître : c’est une petite coccinelle, de couleur orange avec 12 gros points blancs sur les élytres disposés en deux couronnes concentriques.
C’est Gilles qui l’a trouvée lors d’une de ses excursions à Maurecourt. Elle a dû passer l’hiver abritée sur le revers d’une feuille de ronce. Elle ressortira bientôt pour brouter les champignons à la surface des feuilles.
Comme tous les ans durant la période février-mars, les amphibiens sortent des fourrés et des bois pour migrer dans leurs milieux de prédilection respectifs. Malencontreusement il est fréquent que nos amis les batraciens soient confrontés à des obstacles de taille durant ce périple !
Le contact avec ses mêmes obstacles engendrent des problématiques souvent graves. Prenons l’exemple d’un crapaud dont la route est barrée par une clôture, un triton dont l’ascension d’un trottoir est trop ardue ou encore une grenouille dont la migration est arrêtée nette sous les roues d’une voiture…
Dans le cas où vous trouveriez des zones de passages importantes d’amphibiens sur les différents axes de l’agglomération, n’hésitez pas à les signaler sur l’atlas de la biodiversité de l’agglomération ou d’autres sites de saisie de données naturalistes comme GeoNatureIDF ou encore FauneIDF. Ce genre de saisies permettent de mieux connaitre la répartition des zones de migration sur le territoire et donc de mieux protéger les espèces concernées.
La plupart des mouvements migratoires s’effectuent la nuit tombée, alors prenons garde lors de nos déplacements nocturnes.
Quelle est donc cette curieuse plante des zones humides dont la fructification ressemble à une saucisse poilue ? En tout cas c’est ce qui rend cette plante impossible à confondre avec d’autres taxons des mêmes milieux.
Dans notre région seules deux espèces produisent ce genre d’épis compacts :
Typha latifolia, la massette à larges feuilles
Typha angustifolia, la massette à feuilles étroites
D’ailleurs on remarquera que le genre Typha donne son nom à la famille à laquelle il appartient, les Typhacées.
Pour ce qu’il s’agit de la massette à large feuilles, c’est une plante vivace comprise entre 1 et 3 mètres de haut. Elle est très commune sur la région en raison de la répartition de ses habitats et sa résistance aux eaux polluées. Comme son nom l’indique cette plante possède des feuilles plus larges que sa cousine Typha angustifolia.
L’organe reproducteur de la plante est composé de deux parties distinctes l’une de l’autre. Au sommet se trouve l’épi floral mâle dont on peut voir des grains de pollens s’échapper sur la photo ci-dessus. Puis juste en dessous se trouve l’épi femelle qui est beaucoup plus compact et fourni en pièces florales. Un autre moyen de différencier latifolia de angustifolia est de regarder l’écart entre les deux épis de sexes opposés. Chez latifolia ils sont pratiquement collés tandis que chez angustifolia on distingue un écart de 3 à 4 centimètres.
La massette à larges feuilles que l’on peut également appeler quenouille ou masse-d’eau produit une quantité de graines très impressionnante, en effet selon les sources on estime la quantité d’akènes produits par cette plante entre 20 000 et 300 000 par tige.
Sur les berges du bassin du Parc François Mitterrand, on peut observer une espèce présentant des épis et une taille générale bien plus réduite que la massette à feuille larges. Et en l’occurrence cette plante porte bien son nom, c’est la petite massette. Contrairement à ses deux cousines indigènes dans notre région, cette espèce est exclusivement plantée.
Sources :
Flore d’Ile-de-France de Philippe Jauzein et Olivier Nawrot
Ne sont-ils donc pas mignons ces tout petits bâtons globuleux ? D’ailleurs que sont-ils véritablement ? Tout porte à croire, au vu de leurs formes, que nous avons affaire à un regroupement de mini-champignons. Et pourtant absolument pas ! Ces petits êtres vivants portent le nom singulier de « myxomycètes ».
Autrefois les myxomycètes étaient rattachés au règne des Fungi (les champignons) à cause de leur méthode de reproduction par propagation de spores. En revanche on les a ensuite séparé de ce règne car ils ne possèdent pas de mycélium mais plutôt un « plasmode ». Ce fameux plasmode est la partie qui permet à ce petit être vivant de se mouvoir, car oui les myxomycètes se déplacent !
Les myxomycètes peuvent adopter des formes très variées. Certains ressemblent plus à de tout petits champignons tandis que d’autres abordent des formes plus étranges comme une espèce de moisissure rampante tel l’exemplaire ci-dessus.
Avec le succès qu’a rencontré une étonnante espèce, Physarum polycephalum communément appelée « blob », les myxomycètes sont parfois considérés à tort comme des organismes mi-animal, mi-champignon. Rappelons que les animaux sont des organismes pluricellulaires, hors les myxomycètes sont unicellulaires.
Ironie du sort, voici un myxomycète se développant sur un champignon du genre Cantharellus.
Cet hiver, en balade du côté de Courdimanche avec Gilles à nos côtés, ce dernier nous arrête pour retourner un bout d’écorce de platane. Brillante idée : il y a du monde là-dessous ! Voyons voir un peu qui cohabite ici.
A gauche, la petite araignée, c’est Marpissa muscova, dite la grande saltique. C’est effectivement la plus grande des saltiques du pays, mais elle reste terriblement mignonne.
Tout à droite s’enfuit une punaise du genre Arocatus, mais impossible de dire quelle espèce sans avoir vu son ventre.
Les deux grosses punaises en haut de l’image sont de l’espèce Melanocoryphus albomaculatus. C’est une mangeuse de graines.
Entre les Melanocoryphus et l’Arocatus on distingue un tigre du platane Corythucha ciliata, une punaise qui s’attaque particulièrement aux platanes et peut causer de gros dégâts.
Hors cadre Gilles a aussi repéré deux espèces d’araignées, et un polyxène, Polyxenus lagurus.
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