Toujours aux pieds de notre mur d’enceinte à Menucourt, nous ramassons une autre mousse. Celle-ci a un design totalement différent de sa voisine. Là où Ctenidium molluscumformait des coussins ras faits de toutes petites feuilles recourbées, notre mousse actuelle, Atrichum undulatum, ressemble plus à une forêt de palmiers miniatures.
Une de ses caractéristiques particulières est que ses feuilles sont ondulées (d’où son nom d’undulatum). En effet de près, les feuilles paraissent former des vagues.
Apparemment celle-ci non plus n’a pas de nom vernaculaire, pourtant elle est beaucoup plus commune dans notre région. Elle n’est donc pas l’une des espèces « peu communes » que l’on pourrait espérer croiser à côté de Ctedinium molluscum. Toutefois elle est très jolie, et assez atypique avec ses vaguelettes. Nous sommes contents de faire sa découverte.
Drôle de nom pour un protocole de science participative… EcorcAir est la contraction de Ecorce et Air. Car c’est bien d’écorces d’arbres que l’on va parler aujourd’hui, et non de corsaires. D’écorces et de qualité de l’air.
Et s’il y a bien un arbre qui a une écorce particulière dans notre environnement urbain c’est le platane.
En effet, le platane renouvèle son écorce tous les ans et élimine l’ancienne par morceaux qu’on détache facilement. L’organisme PartiCitaE (Participation Citadine à l’Observatoire de l’Environnement) souhaite en tirer profit. Un profit uniquement intellectuel et scientifique, bien entendu ! Puisque l’écorce de ces arbres se renouvèle tous les ans et qu’ils sont très souvent plantés en abord de voirie, ils deviennent de parfaits témoins de la pollution atmosphérique générée par le trafic routier sur une année.
C’est pourquoi PartiCitaE vous propose de récolter quelques morceaux d’écorce de platane et de leur envoyer pour qu’ils puissent analyser la quantité de polluants présents dessus. Attention néanmoins, la parcimonie est de rigueur. Il ne s’agit pas d’éplucher entièrement nos platanes mais bien d’échantillonner quelques alignements.
Le détail du protocole et les résultats des années précédentes sont disponibles sur le site de PartiCitaE. Vous pouvez participer jusqu’au 15 avril !
De toutes les couleurs, formes et textures, les écorces n’ont pas fini de nous étonner. Rien que sur l’agglomération, nous avons déjà un beau palmarès de ces curieux revêtements qui entourent les troncs et les branches. Nous allons, dans cet article, voir quelques écorces des arbres de chez nous qui méritent le détour.
Les milliers de petits losanges qui ornent ce tronc nous donnent un indice non négligeable quant à l’identification de la famille des Salicaceae, à laquelle appartient cet arbre.
Cet exemplaire fait partie d’un alignement le long des berges de l’Oise à Neuville. Au vu de la couleur claire de l’écorce, nous devons certainement avoir affaire à un traditionnel peuplier blanc ou à l’hybride assez répandu qu’est le peuplier grisard.
Voilà une écorce des plus remarquables ! Les excroissances subéreuses (liégeuses) de ce petit arbre typique des haies bocagères et des lisières se retrouvent autant sur les jeunes rameaux de deux ou trois ans que sur les branches et les troncs plus âgés.
Ces couches de liège sont de taille plus ou moins variable, notons que chez certains individus ce critère déterminant est parfois absent. En région francilienne seules deux espèces sont capables de produire de telles curiosités : l’orme champêtre (Ulmus minor) et l’érable champêtre (Acer campestre).
Reconnaissables parmi tous, les bouleaux possèdent une écorce particulière. Elle est très fine, blanche, munie de lenticelles éparses et se desquame de temps à autres afin de se renouveler. Avec l’âge certains bouleaux, comme celui ci-dessus, perdent cette particularité au profit d’une écorce sombre et crevassée.
Au vu de l’épaisseur et la longueur de ses branches, cette clématite a l’air assez vieille. Aussi on remarquera qu’avec l’âge l’écorce de la clématite des haies s’exfolie en long lambeaux fibreux et souples, lui donnant alors un aspect d’être mal en point.
Le côté fibreux (tout en restant solide) de la plante était à l’époque valorisé en vannerie ou pour lier des fagots.
Au même titre que certains pins et l’érable sycomore (Acer pseudoplatanus), le marronier est un arbre qui renouvelle son écorce en la craquelant en plusieurs morceaux distincts. Un fois complètement secs, les morceaux tombent et une nouvelle écorce plus jeune et colorée fait son apparition.
D’ailleurs un autre arbre particulièrement répandu dans les parcs urbains et les alignements de rues est dans ce cas là, le platane à feuilles d’érables.
Cet arbre à écorces également détachables n’est pas à proprement parler « de chez nous », car c’est un hybride créé par l’homme uniquement planté ou cultivé. Cependant il n’en reste pas moins intéressant pour la biodiversité que d’autres. En effet ses vieilles écorces et les nombreuses cavités qui le composent offrent un gite non négligeable à de nombreuses espèces.
Bien des articles ont déjà été consacrés à ce merveilleux arbre qu’est le platane, en voici quelques exemples :
Un vieux mur dans un sous-bois, l’occasion parfaite de s’attarder un peu pour observer ce qui se développe ici. Par exemple, rapprochons nous de cette petite mousse qui fait des coussins verts un peu partout.
Si j’en crois les spécialistes, elle s’appelle Ctenidium molluscum. Un nom pas facile à prononcer, malheureusement il semblerait que les bryologues n’aient pas choisi de lui attribuer un nom vernaculaire plus commode.
Donc Ctenidium molluscum, est une petite mousse de forme assez variable. Elle conserve cependant toujours cet aspect tout doux, donné par de toutes petites feuilles triangulaires fortement recourbées.
C’est une espèce qu’on peut retrouver dans des habitats calcaires, notamment dans les sous-bois comme ici. D’après le catalogue des bryophytes d’Île-de-France paru en 2016 cette espèce était assez rare dans la région. Elle doit toujours avoir ce statut-là aujourd’hui. C’est une chance de l’avoir trouvée sur notre route !
D’ailleurs, les bryologues anglais considèrent cette mousse comme témoin de la probable présence d’autres espèces peu communes dans les environs. Ouvrons l’œil !
Cette initiative de labellisation, reconduite de l’an dernier, vise à identifier le patrimoine naturel présentant un potentiel d’accueil de la biodiversité, à le valoriser et à accompagner les gestionnaires dans l’amélioration de leurs pratiques.
Elle concerne notamment les espaces verts publics, les jardins publics et privés, les toitures végétalisées, les berges de cours d’eau, les mares et petites zones humides, et les friches urbaines.
Chaque site lauréat pourra bénéficier de :
Une labellisation ou reconnaissance valable pour 5 ans,
Un kit de valorisation et de renforcement de la biodiversité,
Un accompagnement vers des dispositifs de soutien financier régionaux pour les projets majeurs de restauration et de re-diversification des milieux sur le site.
Profitez-en ! Vous avez jusqu’au 31 mai pour candidater.
Qui l’aurait cru ? Même les petits moineaux, ces oiseaux si souvent oubliés voire même considérés comme néfastes, ont leur propre journée mondiale, et c’est aujourd’hui ! Nous allons rapidement présenter dans cet article les merveilleuses boules de plumes qu’ils sont.
Avant toute chose qu’est ce qu’un moineau ? Ce sont des oiseaux appartenant à la famille des Passéridés. En Ile-de-France ils ne sont représentés qu’en deux espèces du genre « Passer » qui donne d’ailleurs son nom à la famille.
L’espèce la plus répandue du genre est évidemment le moineau domestique (Passer domesticus). Il est un oiseau très commun autant dans nos villes que dans nos campagnes. Etant très grégaires, les représentants de cette espèce sont souvent observés en groupes plus ou moins imposants, comme ci-dessus.
On peut ici constater la nette différence entre les deux sexes. Le mâle à droite possède des motifs nuptiaux noirs et gris sur la tête que la femelle à gauche n’a pas.
Au même titre que d’autres espèces du genre, le moineau domestique a besoin de la présence de l’humain pour s’établir dans de bonnes conditions. Les vieux murs de pierres, les dessous de toits, les anciens nids d’autres oiseaux ou encore les trous des poutres bétonnées de la gare de Cergy-le-Haut représentent de bons habitats pour ses petits oiseaux cavernicoles.
Contrairement à son cousin, le moineau friquet ne possède pas de dimorphisme sexuel. Néanmoins son plumage est assez similaire à celui du moineau domestique mâle mis à part pour le dessus de la tête qui est intégralement marron et ses joues qui sont blanches avec une petite tache noire.
Le moineau friquet est un oiseau typique des campagnes que l’on peut retrouver dans les petits villages ou les fermes. Contrairement à ce que pourrait laisser croire son nom « montanus« , cet oiseau ne se retrouve pas plus à la montagne qu’en plaine.
Mais revenons-en à notre cher moineau domestique. À en croire la liste rouge régionale, cette espèce est devenue vulnérable dans la région malgré son statut de rareté toujours classé en « très commun ». Comment expliquer cette vulnérabilité ?
Comme nous l’avons précédemment expliqué, le moineau est un adepte des infrastructures humaines lorsqu’il s’agit d’y établir son lieu de vie et de reproduction. Avec la modernisation de l’architecture et la rénovation des vieux bâtiments, les moineaux trouvent de moins en moins de lieux ou nidifier.
Au delà de cette problématique, le moineau est également considéré comme un oiseau nuisible à cause des désagréments qu’il peut attirer avec ses activités urbaines. Il est considéré à tort comme un oiseau sale et propagateur de maladies, alors qu’au contraire il est d’une grande aide dans la lutte contre les insectes tels que les moustiques et autres petits diptères qui nous embêtent tant.
Ces morceaux de bois ramassés en forêt de Menucourt ont une intense couleur bleue. Un écolier maladroit aurait-il renversé ses réserves d’encre ? Ou est-ce encore un coup des Schtroumfs ?
Il s’agit bien d’une histoire de champignons, mais rien à voir avec la volvaire gluante de notre village de Schtroumfs. Ici, nous avons affaire à un chlorocibore. Il existe plusieurs espèces dont la détermination passe par l’observation de la taille des spores au microscope… Nous nous contenterons donc du genre, Chlorociboria sp.
C’est le mycélium de ce champignon qui donne cette couleur bleue au bois pourri qu’il est en train de décomposer. Les fructifications (l’organe qui a la forme de ce que l’on appelle communément champignon) sont bien plus rares et difficiles à observer. En voyez-vous une au centre de la photo ci-dessus ?
Bienvenus chez les minuscules. Chez les plantes, c’est une famille à laquelle on prête rarement attention. Les individus sont petits, discrets et tellement communs qu’ils font partie de paysage. Pourtant, lorsqu’on y regarde de plus près on découvre des architectures fascinantes. Nous parlons ici des bryophytes : les mousses, hépatiques et anthocérotes, qui regroupent des dizaines de milliers d’espèces très variées. Mais concentrons-nous sur une d’entre elle pour le moment.
La lunulaire est une petite plante que l’on classe chez les hépatiques à thalles. Elle croit sous forme d’une lame* (le thalle) qui se développe directement sur un support (ici, un pied de mur en pierres dans une ruelle piétonne). Elle n’a ni racine, ni tige, ni fleur. Mais elle a tout de même des organes reproducteurs.
*NB : on parle bien des « feuilles » vertes ressemblant à des lobes de foie. Des morceaux d’une autre mousse se sont glissés dans la photo.
Quand on regarde de plus près on peut voir au bout de chaque « feuille » une sorte de corbeille. Celle-ci en forme de croissant permet d’identifier la plante et de lui donner son nom.
Chaque corbeille contient des petits disques verts, ce sont les propagules ou gemmules. Chacun des petits disques pourra se développer indépendamment pour donner naissance à un autre pied identique au pied mère (reproduction asexuée). Chez cette espèce en particulier il est très rare qu’il y ait une reproduction croisée mâle-femelle.
Un peu en amont de notre découverte de l’étonnant ibéris amer, nous avons pu assister à un grand rassemblement d’oiseaux dans un champ dont le sol avait été retourné. Pigeons ramiers, pinsons des arbres, pies bavardes et autres Corvidés en tous genres étaient rassemblés pour prendre part au festin que leur offrait ce champ.
Sur cette première photo nous pouvons observer jusqu’à trois espèces appartenant à la famille des Corvidés :
Le choucas des tours :
Le Choucas des tours (Coloeus monedula) est toujours reconnaissable grâce à sa taille plus réduite par rapport à celle de la corneille ou du corbeau. Sur cette photo on peut observer la nuance de plumage et les yeux clairs spécifiques de cet oiseau. La nuque et une partie de la tête sont généralement plus claires que le reste du corps.
La pie bavarde :
Les pies bavardes (Pica pica) se sont également jointes au grand repas de famille. Impossible à confondre grâce à leurs plumages noir et blanc avec des reflets bleus/verts lorsque le soleil apparait. Autant dans la ville qu’à la campagne, la pie bavarde est un oiseau très commun dans notre région.
La corneille noire :
Et enfin l’un des oiseaux les plus communs des plaines cultivées durant toute l’année, la corneille noire (Corvus corone). Au contraire de la plupart de ses cousins corvidés, la corneille est très solitaire, on la croise régulièrement seule ou à deux. Cette espèce est plus grande que les deux précédentes et intégralement noire.
L’invasion des pinsons
Ce champ étant entouré de quelques haies bocagères, nous avons également pu y observer d’autres espèces de passereaux. Rougegorge, verdier, troglodyte, ils étaient tous présents. Néanmoins une espèce s’est montrée plus remarquable que les autres, le pinson des arbres :
Alors combien d’individus arrivez-vous à voir sur cette photo (cliquez dessus pour agrandir) ? N’hésitez pas à nous faire part de vos résultats dans les commentaires. Personnellement j’en ai compté une vingtaine.
D’ailleurs à peine avons nous eu le temps d’estimer leur nombre que… pouf ! les voilà effarouchés !
De retour au bureau pour l’analyse de nos photos, nous avons été interpellés par un oiseau avec un bec bien singulier par rapport aux autres Corvidés observés en amont.
Une corneille avec un défaut de coloration du bec ? Une maladie ? De la peinture ? Rien de tout ça ! Simplement une nouvelle espèce qui nous avait échappée lors de nos observations et pas n’importe laquelle, le corbeau freux. Cet oiseau est un grand amateur des champs cultivés, d’ailleurs on ne le croise régulièrement que dans ce genre de milieux ouverts.
Lors d’une après-midi de prospection sur les berges de l’Oise à Neuville, arrivés derrière l’usine de traitement des eaux, notre regard a été attiré par une curieuse plante ayant trouvé l’énergie nécessaire pour fleurir en cette période pourtant si sèche.
Nous avons identifié cette plante comme étant l’ibéris amer. C’est sa floraison blanche qui nous a le plus étonnés, en effet celle-ci ne devrait nous faire profiter de ses premières fleurs qu’à partir de mai et ce jusqu’à septembre. Mais ainsi soit-il, si ces petits ibéris ont décidé d’être plus hâtifs que les autres cela nous donne l’occasion d’en faire quelques clichés !
Ci-dessus on peut observer les fleurs de l’ibéris avec ses longs pétales blancs orientés vers l’extérieur. Cette plante messicole se trouve habituellement en bordure de champs, moissons et jachères mais peut également être observée sur des talus, coteaux ou encore dans des carrières. Elle se trouvait ici sur une zone dont le sol avait récemment été remué pour des travaux.
On remarquera ici les feuilles bien particulières de l’ibéris amer. Au départ elles sont simplement fines et élancées pour finir un peu plus évasées avec des lobes digités. La nervure centrale de la feuille présente un alignement atypiques de poils dressés.
Après quelques recherches, nous avons remarqué que cette plante indigène de la famille des Brassicacées était devenue rare dans notre région, voilà donc une belle découverte sur notre territoire.
Sources :
Flore d’Ile-de-France de Philippe Jauzein et Olivier Nawrot