Décidément la mare du parc des Larris à Pontoise nous réserve des surprises. Après la pause du martin-pêcheur, c’est une plante qui attire notre attention. Des feuilles en épée denticulées comme celle d’un ananas, de grosses fleurs blanches : c’est un aloès d’eau !
Stratiotes aloides est une plante vivace aquatique semi-flottante. Elle est très rustique et résiste jusqu’à -28°. En automne, les touffes tombent au fond de la mare, s’enracinent et passent l’hiver à l’abri des intempéries. Au moment de la floraison elles remontent en surface, et les racines disparaissent. La plante flotte alors librement à moitié immergée.
Ces pieds-ci sont apparemment femelles, car ils présentent des fleurs non groupées. Souvent dans les mares, on trouve des plantes mâles uniquement ou seulement des femelles, la multiplication se faisant principalement par stolons. On dit que cette plante est indigène en France, mais elle n’est pas répertoriée en Ile-de-France en tant que plante sauvage.
Tiens, une noctuelle. Il n’y a plus qu’à trouver son espèce parmi les 831 noctuelles répertoriées en France ! Celle-ci est très contrastée, on devrait pouvoir la repérer sans trop de mal dans l’iconographie.
Il s’agit d’Aedia funesta, une des espèces que l’on peut voir voleter le jour dans les jardins. Sa chenille mange des liserons. Mais attention, il y a un piège : il ne faut pas la confondre avec Tyta luctuosa, la « noctuelle en deuil »dont les dessins blancs sont légèrement différents. Sa chenille consomme aussi des liserons.
En fait, nous comptons une dizaine de ces mouches sur cette plante, toutes des mâles de la même espèce, inféodée à la bardane : Tephritis bardanae. Il y a fort à parier qu’elles ne guettent pas le passage des naturalistes, mais bien plutôt l’arrivée des femelles. En bons petits mâles, ils agitent ostensiblement leurs ailes dès qu’ils se croisent d’un peu près. Ces manœuvres de défense territoriale semblent efficaces, car les concurrents s’éloignent et se répartissent sur la plante.
Les femelles fécondées pondront dans les boutons floraux et les larves consommeront la partie charnue des capitules.
Retrouvez dans nos articles d’autres espèces de cette famille de jolies mouches, les Tephritidae :
Vous avez dit pesticides ? Mais que signifie précisément ce terme ? Je vous ai préparé un petit lexique pour tenter d’y voir plus clair dans les notions plus ou moins imbriquées de phytosanitaires, biocontrôle, biocides…
Le biocontrôle est l’ensemble de méthodes de protection des cultures, alternatives aux produits chimiques de synthèse, et ayant recours à des organismes vivants ou des substances naturelles. On en distingue quatre catégories, basées sur :
des macro-organismes (insectes, nématodes ou acariens) qui peuvent être exotiques ou indigènes, prédateurs ou parasitoà¯des,
des micro-organismes (virus, bactéries ou champignons) et leurs extraits,
des médiateurs chimiques (phéromones ou kairomones),
des substances naturelles d’origine minérale, végétale ou animale.
Certains produits de biocontrôle sont des produits phytopharmaceutiques, notamment les micro-organismes et les médiateurs chimiques.
Les biocides, encadrés par une autre réglementation que celle des produits phytopharmaceutiques, sont des produits destinés à détruire, repousser ou rendre inoffensifs les organismes nuisibles, à en prévenir l’action ou à les combattre, par une action chimique ou biologique. On en distingue 22 types répartis en 4 classes :
les désinfectants,
les produits de protection des matériaux,
les produits de lutte contre les nuisibles (rodenticides, anti-puces…),
les autres produits tels que les peintures anti-salissures, les fluides pour la conservation des corps…
E-phy est le site officiel de référence de tous les produits phytopharmaceutiques, de leurs usages, des matières fertilisantes et des supports de culture, autorisés en France.
Il permet notamment de trouver les produits phytopharmaceutiques dont l’emploi est autorisé dans les jardins.
Loi Labbé
Promue par le sénateur Joà«l Labbé, cette loi, modifiée par la loi de transition énergétique, vise à l’interdiction de l’usage des produits phytosanitaires par l’à‰tat, les collectivités locales et établissements publics pour l’entretien des espaces verts, promenades, forêts, et des voiries, à compter du 1er janvier 2017.
Les jardiniers amateurs sont également concernés : la commercialisation et la détention de produits phytosanitaires à usage non professionnel seront interdites à partir du 1er janvier 2019.
Les produits de biocontrôle, ceux qualifiés à faible risque ainsi que ceux qui sont utilisables en agriculture biologique (UAB) pourront continuer à être utilisés.
Les traitements obligatoires dans le cadre de la lutte contre les organismes réglementés échappent également à ces mesures d’interdiction.
Pour l’agence Santé publique France, le terme « pesticides » comprend les produits phytopharmaceutiques autorisés pour la protection des végétaux, les biocides et certains médicaments à usage vétérinaire et humain.
Cette expression désigne un mode de gestion des espaces verts et de la voirie sans produits chimiques de synthèse, voire sans produits phytopharmaceutiques. Elle fait désormais partie du vocabulaire de communication des collectivités, des réseaux des professionnels territoriaux, des organismes de formation du personnel territorial, des structures d’accompagnement des collectivités.
Et pour résumé tout ça : le joli tableau de synthèse de Plante et Cité sur la protection des plantes dans les JEVI (jardins, espaces végétalisés et infrastructures).
Les agapanthies sont des longicornes que l’on rencontre souvent dans les hautes herbes. Ces coléoptères de la famille des Cerambycidae affectionnent en effet les orties, les chardons, et d’autres plantes vigoureuses dans les tiges desquelles les femelles pondent. Car leurs larves creusent des galeries non pas dans du bois mort comme de nombreux autres longicornes, mais dans des tiges sèches. Deux espèces très communes se partagent nos friches et nos prairies, selon qu’elles sont sèches ou plutôt humides.
Agapanthia cardui apprécie surtout les chardons, mais aussi les cardères, les marguerites et les mélilots. On la rencontre dans les prairies et les friches plutôt sèches.
Agapanthia villosoviridescens, plus grande que l’espèce cardui, préfère les orties, les eupatoires, les berces, les séneçons, les angéliques… L’espèce est fréquente dans les friches humides. Je l’ai vu récemment au bord de l’Oise à Maurecourt. Ces longicornes ont vraiment de très belles antennes !
En frôlant un massif de grandes orties à l’Ile de loisirs de Cergy-Pontoise, nous faisons décoller un papillon au vol lourd. Il finit sa course quelques mètres plus loin sur une feuille de géranium mou.
Le vert-doré est un papillon de nuit de la famille des Noctuidae. Les grandes taches vertes de ses ailes antérieures prennent sous certains angles un éclat métallique. Sa chenille consomme des orties.
La Maison de la nature de Vauréal organisait mercredi 15 juin 2016 une sortie dans la zone naturelle des berges de l’Oise à Maurecourt.
Gilles Carcassès et Marion Poiret de la cellule biodiversité de la CACP avaient préparé un joli programme : un petit tour d’une heure et demie dans ce bel espace puis, pour finir, l’observation de quelques habitants de la mare.
L’agrion éclatant est une demoiselle que l’on trouve typiquement au bord des fleuves et des rivières lentes aux berges ensoleillées. Le mâle est bleu métallisé avec les ailes fumées tandis que la femelle est verte.
L’agrion à larges pattes possède des tibias très dilatés avec un trait noir longitudinal, ce qui fait un bon critère de détermination. Pour observer cette particularité, il faut utiliser un angle très particulier lors de la prise de vue et croyez moi, ce n’est pas chose facile !
Voici un exemple parfait de ce qu’est le mimétisme batésien, rencontré chez de nombreuses espèces de syrphes. On pourrait facilement prendre ce diptère pour une guêpe à cause de son abdomen rayé de noir et de jaune. Pourtant, il est tout à fait inoffensif ; il utilise cette ressemblance comme mécanisme de défense afin de dissuader les prédateurs. Ce syrphe est communément appelé « syrphe tête de mort » ou encore « mouche batman » à cause du motif présent sur son thorax. La plante sur laquelle il se trouve (probablement un cerfeuil des bois) fournit une très grande quantité de nectar facile d’accès, ce qui est favorable pour beaucoup d’insectes.
Ce petit coléoptère de la famille des Oedemeridae est très fréquemment trouvé sur les fleurs car il se nourrit de pollen. Le mâle de cette espèce est facilement reconnaissable à ses fémurs postérieurs enflés.
Un précédent article montrait une petite larve de triton trouvée dans un bassin du parc du château de Menucourt. Cette fois-ci, c’est une larve à un stade un peu plus avancé qui a été observée, les quatre pattes ont poussé et elle a gagné en taille.
Ces larves d’anisoptères (probablement de la famille des Libellulidae) étaient présentes en très grand nombre dans la mare. Elles sont beaucoup plus grosses que les larves de zygoptères mais sont moins longues. Elles se nourrissent de petites proies. Je l’ai appris à mes dépens lorsque j’ai eu la « bonne » idée de mettre tous les insectes que j’avais trouvés dans le même bac d’eau claire… Le temps de faire un aller-retour à la mare et trois petites larves avaient disparu.
En janvier 2015, nous avions réussi grâce à un ingénieux stratagème à lire le numéro de la bague d’une mouette belge au bassin du parc François-Mitterrand à Cergy. Les mouettes sont reparties à l’approche du printemps vers leur pays d’Europe du Nord.
La semaine dernière, j’ai reçu une lettre de l’Institut Royal des Sciences naturelles de Belgique contenant la fiche d’identité de notre mouette belge observée en 2015. Elle est donc née à Anvers en 2013. Elle est toute jeunette encore. A Paris, il paraît qu’on en a vu une âgée de 26 ans.
Les rives de l’Escaut près d’Anvers – Google.fr/maps
Le protocole PROPAGE est un programme de sciences participatives qui s’attache à mesurer la diversité des espèces de papillons de jour dans les prairies et l’importance de leurs populations. Il est destiné aux jardiniers. Les résultats de PROPAGE constituent de très bons indicateurs de la qualité de gestion des prairies, les papillons étant très sensibles à la dégradation ou à l’amélioration de leur environnement.
Nous l’avons testé pour vous.
Sur le terrain : choisir une prairie homogène et pas trop petite, définir un parcours d’observation, noter tous les papillons vus sur le parcours en respectant la durée d’observation. C’est tout à fait abordable, même si pour être à l’aise dans l’exercice, il est préférable de s’entrainer auparavant dans la reconnaissance de certaines espèces, à l’aide de la planche illustrée téléchargeable. La vraie difficulté aura été de faire coà¯ncider la date prévue avec une météo favorable aux papillons…
Au bureau : aller sur le site http://propage.mnhn.fr/, créer son compte, géolocaliser son parcours, remplir le tableau des espèces observées. Archi-simple et très ergonomique.
Trois relevés sont prévus : en juin, juillet et aoà»t. Le premier n’a pas été très fructueux car les floraisons des plantes de prairies sont assez en retard.
Voici les espèces que nous avons observées dans le cadre de ce protocole dans une prairie du parc François-Mitterrand à Cergy.
La belle-dame est une espèce migratrice qui nous arrive d’Afrique du Nord. On en voit en ce moment, de-ci de-là , dans les jardins de Cergy-Pontoise. Nous avons aussi noté la présence de trois Polyommatus icarus, une des espèces les plus communes dans le groupe des lycènes bleus. Et nous notons aussi, pour mémoire, trois autres espèces de papillons de nuit de la famille des Noctuidae qui peuvent voler le jour : Noctua pronuba (le hibou),Euclidia glyphica, Autographa gamma.
Ces deux canards colverts se reposent, assis sur un banc dans le jardin de la Maison pour tous à Vauréal. En voilà qui ne craignent pas de se mouiller les fesses !
Au plus fort de la crue, la Seine était montée jusqu’au ras des fenêtres d’un restaurant à Poissy. Perturbé par cette situation inédite et prenant son reflet pour un rival, ce cygne mâle a passé un long moment à becqueter furieusement les vitres. Prudente, sa femelle est restée quelques mètres en retrait… Le temps que ça lui passe.