L’automne venu, les fleurs se font plus rares, heureusement la chicorée ouvre toujours généreusement ses belles coroles et offre son nectar. A table, sur cette photo : un petit hyménoptère non identifié et un papillon de la famille des Crambidae : Pyrausta despicata dont la chenille consomme le plantain.
Là , c’est une piéride qui se restaure. Ces papillons sont bien connus des jardiniers pour les dégâts que causent leurs chenilles sur les choux.
La chicorée sauvage, Cichorium intybus, est une belle astéracée vivace des prairies et des bords de champs. Elle n’est pas rare en ville dans les friches et les jardins. C’est cette espèce qui a donné par amélioration les endives et les chicorées italiennes comme la Rouge de Trévise. Les scaroles et les chicorées frisées, en revanche, sont issues d’une espèce voisine : Cichorium endivia.
C’est une variété particulière de chicorée sauvage qui fournit par torréfaction de ses grosses racines l’extrait de chicorée du petit déjeuner.
Brun dessus, des dessins blancs dessous, et une queue sur l’aile postérieure : impossible de confondre, c’est bien le brun du pélargonium. Il voletait dans les jardinières de la place Charles-de-Gaulle à Cergy. Je ne m’attendais pas à croiser là cette espèce sud-africaine.
Cacyreus marshalli est un petit papillon de jour de la famille des Lycaenidae. Originaire d’Afrique du Sud, comme les pélargoniums, il est arrivé en France en 1997 par les Pyrénées-Orientales. Il est installé maintenant dans presque toute la moitié sud de la France et est régulièrement observé en Ile-de-France, surtout lors des étés chauds.
Alors que l’on cultive des pélargoniums depuis la fin des années 1600 en France, ce papillon aura mis quatre siècles à rejoindre sa plante hôte, profitant de la multiplication des transports internationaux pour s’introduire accidentellement sur notre territoire.
Ses chenilles peuvent causer des dégâts importants aux pélargoniums (les « géraniums » de nos jardinières), elles consomment les boutons floraux et en grandissant percent les tiges provoquant le jaunissement ou la rupture des branches attaquées.
Les jardiniers amateurs sont largement responsables de la diffusion de ce papillon, en conservant d’une année sur l’autre les pieds de pélargoniums infestés.
La chenille est discrète, ses couleurs sont très proches de celles de sa plante hôte. C’est pourquoi elle passe souvent inaperçue au début de sa croissance. Quand il fait chaud, les générations se succèdent au rythme d’une par mois.
On le prend souvent pour un colibri en raison de son vol stationnaire devant les fleurs et de ses fulgurantes accélérations, mais c’est un papillon. Le moro-sphinx fait partie de la famille des Sphingidae, dont beaucoup de représentants sont des espèces migratrices. C’est le cas de notre moro-sphinx qui effectue chaque année le voyage entre l’Afrique du Nord et l’Europe, bien que certaines populations soient sédentaires dans le sud de la France.
Sa très longue trompe lui permet de butiner des fleurs en tubes profonds, comme celles du centranthus ci-dessus.
Les battements de ses ailes sont très rapides, de l’ordre de 75 par seconde, ce qui explique que l’œil humain ne peut pas percevoir les ailes en vol. Ses brusques embardées sont à l’origine de son nom : moros en grec signifie fou.
Aux heures les plus chaudes de la journée, le moro-sphinx se tient dans un endroit tranquille. Au repos, on reconnaît bien la silhouette d’un Sphingidae.
La chenille du moro-sphinx consomme essentiellement les parties aériennes des plantes de la famille des Rubiaceae, comme les gaillets.
Le sphinx gazé est une espèce voisine. Sa chenille consomme des chèvrefeuilles.
Oenothera speciosa au parfum très attractif est un piège mortel pour les moro-sphinx. Le tube étroit de sa corolle retient la trompe de ce papillon et il ne peut se dégager.
Cette plante mexicaine utilisée pour l’ornement des massifs trouve sans doute, dans son pays d’origine, des Sphingidae pollinisateurs plus robustes. Le fait de retenir quelques instants le papillon est certainement une adaptation permettant d’accrocher plus de pollen sur l’insecte qui se débat lorsqu’il se retire de la fleur.
Cette belle-dame a du tempérament : c’est une migratrice hors pair. Chaque printemps, des millions de papillons de cette espèce quittent l’Afrique du Nord en troupes serrées et entament une remontée vers le nord de l’Europe, parfois même jusqu’en Islande. Si vous voyez une belle dame, levez le nez : il n’est pas rare d’en voir beaucoup d’autres dans le ciel.
Ce voyage se fait par étapes, généralement trois générations sont nécessaires pour atteindre l’Europe du Nord. Ce sont les papillons de cette troisième génération qui feront le voyage de retour vers l’Afrique en octobre. Il est très difficile cependant d’observer cette migration d’automne parce que les papillons volent à plus de 1000 mètres d’altitude. Ils arriveront au Sahel après la fin de la saison des pluies, pour fonder la quatrième et dernière génération de l’année.
J’ai observé fin juin 2015 cette belle chenille en train de consommer une feuille de chardon des champs, au bassin des Pâtis, à Pontoise. Je l’ai déterminée comme une chenille de belle-dame, sans doute un individu de troisième génération.
On trouve les chenilles des belles-dames essentiellement sur les chardons, les orties et les mauves. Quant aux papillons, ils semblent avoir une prédilection pour les lavandes et les centranthus (valérianes rouges), souvent employés dans les espaces verts en raison de leur bonne résistance à la sécheresse.
Certaines années connaissent des migrations spectaculaires de ce papillon, en conséquence de conditions climatiques particulièrement favorables en Afrique. Si 1996 et 2009 sont restés dans les annales, 2015 ne semble pas une très bonne année pour la migration des belles-dames. Et la sécheresse qui s’installe cet été au Sahel n’annonce rien de bon pour nos vanesses des chardons en 2016.
Les sésies, avec leurs petites ailes en partie transparentes ne ressemblent pas vraiment à des papillons. Pourtant, ce sont bien des lépidoptères, et même de la famille des Sesiidae, figurez-vous. Cette famille compte 56 espèces en France.
Si la larve de la sésie de l’oseille (Pyropteron chrysidiformis) consomme les rumex, celles des Bembecia se régalent des racines de diverses fabacées, comme les lotiers, les ononis ou les sainfoins. D’autres saisies sont des ravageurs des arbres, comme la grande saisie, appelée aussi saisie apiforme en raison de sa ressemblance avec une abeille.
Découvrez les images de nos sorties dans le cadre de la semaine de la fête de la Nature 2015 à Cergy-Pontoise :
A Courdimanche, un groupe de collégiens et d’écoliers nous attendait lundi 18 mai 2015 pour découvrir les habitants de la mare Bicourt. La libellule déprimée faisait son tour de mare et se précipitait sur tout mâle de son espèce qui osait s’aventurer au-dessus de son domaine. Dans le lavoir, une pêche à l’épuisette a permis d’identifier le triton palmé. Il a été placé quelques instants dans un bocal, pour que tous les enfants puissent l’observer. Animal protégé, il a retrouvé bien vite son habitat.
Mercredi 20 mai 2015, au parc du château de Menucourt, une vingtaine de visiteurs, dont certains venus de fort loin, ont pu découvrir la biodiversité de ce bel espace naturel.
Sous le gros marronnier blanc, une chasse aux insectes a permis de débusquer la mineuse des feuilles du marronnier, ravageur invasif important de cet espèce d’arbre.
Et pour terminer en beauté : jeudi 21 mai 2015, trois sorties en canoà«s neuf places sur l’étang de l’Ile de loisirs de Cergy-Pontoise.
Débarqués sur l’île astronomique ou dans la zone nature de l’espace de baignade, les groupes ont pu s’initier à la botanique et observer le comportement des insectes.
Nous accompagnant dans la traversée de l’étang, la guifette noire et la sterne pierregarin nous ont fait de belles démonstrations d’acrobaties aériennes, et Madame cane mandarin nous a montré sa couvée.
Ce petit papillon vert printanier est commun mais rarement observé car il est difficile à distinguer tant la couleur de ses ailes le confond avec les feuillages. Sa chenille consomme la ronce, mais aussi les genêts, les ajoncs, les lotiers, les cornouillers…
De près, l’argus vert a beaucoup d’éclat.
Selon l’incidence du soleil, ses ailes passent du bleu-vert au vert vif.
Mais qu’est-ce donc qu’un gyroà¯de ? Le gyroà¯de est une figure géométrique courbe en trois dimensions inventée en 1970 par un mathématicien américain. Je vous livre sa définition : « Le gyroà¯de est une surface minimale triplement périodique dont le pavé élémentaire est formé de huit hexagones gauches isométriques, dont six ont un sommet au centre. »
Ces surfaces minimales périodiques sont un sujet de recherche pour la mise au point de cristaux photoniques intervenant dans les projets d’ordinateurs optiques.
Et toi, petit papillon vert, depuis quand maitrises-tu les propriétés optiques des structures en gyroà¯de ? Par déférence envers l’espèce humaine, il a préféré ne pas me répondre.
Des chercheurs du Muséum national d’Histoire naturelle et de l’ODBU (Observatoire Départemental de la Biodiversité Urbaine) de Seine-Saint-Denis démontrent pour la première fois les effets de l’emploi des produits phytosanitaires sur la biodiversité par les jardiniers amateurs en France.
Cette étude illustre la grande complexité des effets directs et indirects de ces produits sur les populations de papillons et les bourdons. Comme on s’y attendait, l’usage de produits insecticides au jardin est clairement défavorable à ces pollinisateurs. L’emploi de désherbants aurait un effet négatif indirect, en raison de la raréfaction des plantes utiles à ces insectes. Quant aux fongicides et aux anti-limaces, en favorisant le développement et la floraison des plantes cultivées, ils auraient un effet indirect plutôt positif. Cela ne veut pas dire que ces produits sont favorables à la biodiversité ! La faune du sol, les vers de terre en particulier, et les prédateurs des mollusques (hérissons, grives…) peuvent être fortement impactés par ces traitements.
Avec leurs longues soies, leurs crêtes, leurs pustules, leurs aigrettes et leurs couleurs chamarrées, pas de doute, elles se font remarquer ! L’extravagance de ces deux chenilles n’a d’égale que la discrétion de leurs formes adultes. Elles appartiennent toutes deux à la sous-famille des Lymantriinae (la pilosité et les brosses dorsales sont une caractéristique familiale).
Cette sous-famille comprend une petite vingtaine d’espèces en France et appartient au sous ordre des Hétérocères (les papillons de nuit). La diversité des espèces de papillons de nuit est très grande et ils sont de loin les plus nombreux dans l’ordre des lépidoptères (ils représenteraient 95% des papillons).
Nos deux punks dévorent gloutonnement des feuilles d’arbres et d’arbustes caduques. Mais elles ne se nourrissent plus à l’âge adulte : la trompe des imagos est atrophiée, un signe évident de la brièveté de la vie chez cette famille de papillons de nuit.
Autre caractéristique des Lymantriidae : un fort dimorphisme sexuel.
Il est particulièrement marqué chez Orgyia antiqua. Si le mâle ressemble à un papillon de nuit « classique », la femelle, blanchâtre, avec ses ailes quasi inexistantes et son abdomen rebondi ressemble davantage à un jeune phoque. Elle est condamnée à rester à proximité de son cocon jusque la mort qui surviendra peu de temps après la ponte.
Le dimorphisme sexuel chez Calliteara pudibunda s’exprime quant à lui au niveau des antennes.
Ce fut l’occasion de réviser la systématique, puis de procéder à des travaux pratiques de 21 heures à minuit. Les animateurs nature de toute la région étaient venus en nombre malgré la pluie et le froid. Les insectes aussi étaient au rendez-vous, et les captures réussies furent saluées par les hululements de la chouette hulotte.
C’est vraiment une très bonne idée d’animation que cette chasse nocturne aux papillons. Ca réussit à tous les coups, même par mauvais temps. Voyons le déroulé :