Encore un programme de science participative qui va en passionner plus d’un !
Cet observatoire, réalisé dans la cadre du Plan National d’Actions en faveur des plantes messicoles, a pour but de mieux connaître ces plantes patrimoniales et indicatrices de biodiversité, pour mieux les protéger. Vous pouvez participer grâce aux outils en ligne sur le site de Tela Botanica
Le plan National d’Actions en faveur des plantes messicoles et ses annexes sont accessibles dans le site dédié aux messicoles.
La dauphinelle, autrefois commune dans les chaumes des céréales, est devenu très rare en Ile-de-France.
Sur le chemin de halage à Neuville-sur-Oise, nous croisons un imposant pied de bardane bientôt prêt à fleurir.
Perchée sur le bord d’une de ses feuilles, une petite mouche aux ailes ornées semble nous surveiller.
En fait, nous comptons une dizaine de ces mouches sur cette plante, toutes des mâles de la même espèce, inféodée à la bardane : Tephritis bardanae. Il y a fort à parier qu’elles ne guettent pas le passage des naturalistes, mais bien plutôt l’arrivée des femelles. En bons petits mâles, ils agitent ostensiblement leurs ailes dès qu’ils se croisent d’un peu près. Ces manœuvres de défense territoriale semblent efficaces, car les concurrents s’éloignent et se répartissent sur la plante.
Les femelles fécondées pondront dans les boutons floraux et les larves consommeront la partie charnue des capitules.
Retrouvez dans nos articles d’autres espèces de cette famille de jolies mouches, les Tephritidae :
Vous avez sans doute déjà remarqué ces grandes spathes claires et leur curieuse massue violette dans les sous-bois humides ou dans les haies. Ces spadices sont les inflorescences du gouet (Arum maculatum). Sous la massue violette stérile, l’enroulement de la spathe cache une chambre florale. On y trouve de haut en bas : des fleurs stériles réduites à l’état de poils blancs, des fleurs mâles groupées d’aspect rougeâtre et un épi de fleurs femelles, blanches et globuleuses.
La pollinisation de cet espèce est digne d’un roman. Le premier soir, à la tombée de la nuit, la massue chauffe par un processus chimique et émet une odeur d’excrément qui attire des moucherons de plusieurs espèces. Ceux-ci glissent à l’intérieur de la chambre et malgré leurs tentatives ne peuvent ressortir en raison de la présence des poils blancs qui obstruent le passage. Le lendemain en début d’après-midi, les étamines des fleurs mâles libèrent leur pollen puis les poils fanent laissant libre le passage aux insectes qui se sont couverts de pollen dans l’ascension vers la liberté. Le soir, ces mêmes insectes, attirés une seconde fois par l’inflorescence d’un autre arum en début de floraison, tombent à nouveau dans le piège. Ils fécondent alors les fleurs femelles de cet arum. On voit sur la photo ci-dessus un de ces petits diptères captifs posé sur une fleur femelle à la base de l’inflorescence.
Plusieurs couples de faucons crécerelles se reproduisent à Cergy-Pontoise. Voici un joli mâle, reconnaissable à sa tête et sa queue grises, observé ces jours-ci près de l’Université de Cergy-Pontoise à Neuville. Il scrute le sol depuis le sommet d’un jeune frêne au bord d’un champ. Cette espèce consomme essentiellement des petits mammifères, notamment des campagnols. Avec les chouettes et la buse, ils assurent une nécessaire régulation de ces rongeurs.
Dans la vallée de la Viosne à Osny, je remarque ce petit tas de couleur grise au pied d’un escarpement rocheux. Un malotru serait venu dans cet endroit reculé pour vider un cendrier ?
Je vérifie la nature du dépôt.
Ce sont des centaines d’arêtes et d’écailles de petits poissons ! Voilà qui est bien surprenant, même si la Viosne n’est pas très loin.
Il me suffit de lever le nez pour avoir l’explication. Ce terrier dans la falaise est celui du martin-pêcheur que je croise parfois aux abords du parc de Grouchy ! Et ces résidus de poissons non digestibles sont recrachés par le martin-pêcheur sous forme de pelotes de réjection. Comme elles ne contiennent aucun poil, à la différence de celles des rapaces, elles n’ont pas de tenue et se désagrègent très vite.
En cherchant des vers de terre, j’ai trouvé cette larve très agile. Ses mandibules acérées m’indiquent son régime alimentaire : c’est un carnassier, sans doute une larve de carabe, ou peut-être de staphylin. Ma photo n’est pas suffisamment nette pour distinguer s’il a une ou deux griffes au bout de chaque patte.
Les deux cerques poilus au bout de l’abdomen de cette larve ont sans doute ici une fonction sensorielle.
On compte en France plus de 1500 espèces de Carabidae. Ce sont de bons indicateurs de la biodiversité des milieux ; leur détermination nécessite un examen à la loupe binoculaire. La plupart sont des prédateurs généralistes et consomment des insectes et des larves, des vers, des cloportes, des limaces, des collemboles… Certaines espèces mangent aussi des graines d’adventices dans les champs. Leur réputation d’excellents auxiliaires des cultures n’est plus à démontrer. Leur activité est surtout crépusculaire et nocturne, d’où la piètre qualité de mes photos…
Le carabe à reflets d’or fréquente les bois. On peut le rencontrer le soir sur les chemins forestiers.
Carabus hispanus n’est pas espagnol. Son aire de répartition couvre 12 départements du Sud-Ouest de la France dont le Tarn, où je l’ai trouvé. C’est pour moi le plus joli des carabes.
De nombreuses espèces de Carabidae fréquentent les plantes herbacées. Elles mangent des pucerons, des diptères…
Certaines espèces comme ce Dromius quadrimaculatus vivent sous les écorces et chassent de petites proies.
Ces drôles d’engins sont l’œuvre du responsable des services techniques de Neuville-sur-Oise.
Cette petite commune de l’agglomération de Cergy-Pontoise est passée en zéro phyto, y compris pour le cimetière. Et il a fallu inventer des solutions économiques et peu gourmandes en main d’œuvre (les services techniques comptent trois personnes, tous corps d’état confondus !). Ancien maraîcher et bon mécanicien, Philippe a transformé d’anciennes butteuses à bras, communément nommées « poussettes », en désherbeuses à roulette.
J’ai essayé, c’est vraiment efficace, beaucoup plus rapide que la binette et peu fatigant.
Pour que les plantes s’arrachent facilement, il faut recharger régulièrement en mignonette les circulations.
Un coup de râteau après le passage des poussettes est nécessaire pour égaliser les gravillons et retirer les plantes arrachées, qui pourraient s’enraciner de nouveau.
On trouve dans commerce sous le terme de « houe maraîchère » de nombreux modèles modernes, légers, précis et maniables avec simple ou double roue pneumatique tout-terrain, sarcloir fixe ou oscillant, poignées ergonomiques (gourde connectée et sonnette de sécurité à demander en options).
On trouve la tanaisie presque exclusivement aux bords des voies de communication : fleuves, routes et chemins. Cette voyageuse d’origine probablement asiatique a peut-être suivi les grandes invasions. On peut imaginer les hordes de Barbares apportant avec eux leur pharmacopée traditionnelle : des graines de toutes les plantes utiles pour soigner Hommes et chevaux, et les semant dans les endroits où ils établissaient des campements durables. En fermant les yeux devant ces touffes de tanaisie, on pourrait presque entendre le hennissement des chevaux des steppes et les comptines des enfants dans une langue disparue.
L’odeur aromatique et camphrée de cette plante laisse soupçonner ses vertus médicinales. On lui prête une certaine efficacité antiparasitaire. La plante était autrefois employée contre les puces et les tiques, on en mettait quelques brassées dans la niche du chien. A forte dose la plante est abortive. Appelée autrefois « l’herbe aux vers », sa culture dans les jardins était déjà recommandée au 8ème siècle.
La tanaisie fleurit en été et en automne et ses fleurs sont très durables. On utilise parfois dans les jardins une variété ornementale crispée à feuilles de fougère. Quelques pépiniéristes la commercialisent sous l’appellation Tanacetum vulgare crispum. Comme l’espèce sauvage, c’est une vivace rhizomateuse assez conquérante.
Des chercheurs ont testé ses effets en lutte biologique sur l’eudémis, un papillon ravageur de la vigne dont les chenilles perforent les grains de raisins. La tanaisie se comporte comme une plante piège : elle attire les femelles accouplées de ces papillons et elle inhibe leur comportement de ponte. Merci les Barbares !
En avance pour mon cours à l’Université de Cergy-Pontoise, je fouine dans les parages à la recherche de quelque sujet de nature à photographier. Dans le coin d’un ancien parking en enrobé encombré de pierres éparses, je trouve un rassemblement d’une vingtaine de coquilles d’escargots petits gris. Iraient-ils tous mourir en cachette dans cet endroit secret ? Pas vraiment, ils sont morts de mort violente : ces coquilles sont fracassées ! Alors, qui donc est le tueur d’escargots en série qui sévit à Neuville-sur-Oise ?
Un oiseau sait extraire le mollusque de sa coquille : c’est la grive musicienne. Elle saisit la coquille dans son bec en la prenant par l’ouverture et la frappe violemment sur une surface dure : une pierre plate, une bordure de jardin, le chaperon d’un muret… La grive musicienne, quand elle trouve une bonne enclume y rapporte ses escargots pour les manger. Cette habitude explique les concentrations de coquilles cassées que l’on trouve parfois dans les jardins.
Elle pratique souvent ainsi lorsque le sol est trop sec et qu’elle ne peut plus accéder aux vers de terre qui font à la belle saison une part importante de son alimentation. La grive musicienne consomme aussi des fruits. Les baies de sureau et de genièvre, les prunelles, les sorbes, les mà»res, les raisins, les fruits des cornouillers sanguins, des houx, des aubépines, des cotonéasters font partie de ses menus d’automne et d’hiver. En fin d’hiver, lorsque tous les autres fruits sauvages ont disparu, les fruits du lierre qui mà»rissent tard sont essentiels à sa survie.
Comme le merle noir et les autres espèces de grives, elle appréciera les pommes trop mà»res laissées au sol à l’intention des oiseaux dans un coin tranquille du jardin.
Crachat de lune (« gelée d’étoile » pour les anglais), c’est ainsi que l’on nomme le nostoc parce qu’il apparaît soudainement après la pluie. A l’état sec, le nostoc se racornit tellement qu’il devient très peu visible sur le sol.
Mais qu’est-ce donc ? Contrairement aux apparences, ce n’est pas une algue. Ces amas gélatineux sont des colonies de bactéries, plus exactement de cyanobactéries, capables de photosynthèse et fixatrices d’azote atmosphérique.
On trouve le nostoc sur les sols très pauvres, là où il n’y a pas de concurrence : des allées gravillonnées ou sablées, de l’enrobé, du béton, des talus caillouteux, des déserts. C’est une forme de vie pionnière qui va, en se dégradant, former les premières traces de matière organique sur les sols vierges. Le nostoc est capable de résister à de longues périodes de dessiccation, au gel, à l’exposition aux UV. Il est sans doute présent depuis le début de la vie sur Terre.
Dans certaines contrées d’Asie et d’Amérique du Sud, les nostocs sont consommés traditionnellement et seraient même assez nutritifs, mais la plupart des espèces de nostoc contiennent aussi de nombreuses toxines, plus ou moins dangereuses pour la santé humaine. Elles sans doute destinées à décourager les éventuels prédateurs.
Autrefois, les nostocs étaient ramassés pour la fumure des potagers, en raison de leur richesse en azote.