L'actualité de la Nature

L’ail des ours et ses faux frères

Allium ursinum (ail des ours) au soleil de février © CACP – Gilles Carcassès

L’ail des ours est de retour ! Cette plante vivace des sous-bois humides émet en effet ses feuilles dès la mi-février.

On peut cuisiner cette sauvageonne au fin goà»t d’ail. Mais il faut se méfier des confusions, car les feuilles d’autres plantes apparaissent aussi dans les mêmes milieux à  la sortie de l’hiver.

Arum maculatum © CACP – Gilles Carcassès

Les feuilles comme les fruits des arums sont très toxiques. Selon le centre anti-poisons de Lille, les arums arrivent en 5ème position des cas d’intoxication par des plantes. Ce sont essentiellement leurs baies rouges, tentantes pour les jeunes enfants, qui sont en cause.

Orchis mascula © CACP – Gilles Carcassès

Les feuilles de l’orchis mâle (Orchis mascula) sont ordinairement tachetées de noir mais parfois, comme ici, certains pieds ne présentent pas ce caractère.

Le muguet, toxique, peut être particulièrement trompeur car ses feuilles ont une forme très semblable à  celles de l’ail de l’ours. Il pousse cependant plus tard en saison.

Feuilles d’ail des ours ciselées © CACP – Gilles Carcassès

Il convient de bien vérifier sa récolte : chaque feuille doit nettement sentir l’ail. Ensuite, il faut laver soigneusement les feuilles.

Pour faire l’omelette à  l’ail des ours, deux œufs et cinq feuilles ciselées par convive suffisent. Ces feuilles se prêtent à  bien d’autres recettes, elles peuvent par exemple être utilisées pour aromatiser une sauce à  la crème en accompagnement d’une viande blanche ou d’un poisson.

Pour éviter le risque des confusions, on peut aussi trouver des graines d’ail des ours en jardinerie et cultiver cette plante dans son jardin.

Retrouvez nos articles :

Les deux arums

L’ail des ours (où le trouver dans la nature ?)

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Les deux arums

Arum maculatum © CACP – Gilles Carcassès

L’arum tacheté

Cette belle feuille hastée, c’est-à -dire en forme de fer de lance, est celle du gouet tacheté ou Arum maculatum. Les feuilles sont tachées de noir, d’où le nom de l’espèce, mais pas toujours. On trouve aussi facilement des pieds de cette plante aux feuilles sans taches. Au début du printemps, on ne voit qu’elle dans les bois.

Fleur d’Arum maculatum © CACP – Gilles Carcassès

A la fin du mois d’avril, la plante montrera ses curieuses fleurs en cornet, qui intègre un dispositif particulièrement ingénieux pour assurer la pollinisation par des moucherons. J’ai décrit cette floraison singulière dans un article intitulé Piégés deux soirs de suite !.

L’arum d’Italie

Arum italicum © CACP – Gilles Carcassès

Et l’on croise parfois un arum aux feuilles plus ou moins veinées de blanc. Il s’agit d’une autre espèce : Arum italicum.

Fleur d’arum italicum © CACP – Gilles Carcassès

Il est facile de distinguer les deux espèces d’arum en observant les fleurs. La structure en colonne qui se dresse au cœur de la spathe, et que l’on nomme spadice, est jaune chez Arum italicum et brun violet chez Arum maculatum.

Arum italicum est une espèce méditerranéenne. Ses formes bien veinées sont depuis longtemps cultivées comme plantes ornementales dans les jardins. L’espèce s’est largement naturalisée en Ile-de-France, essentiellement dans les forêts alluviales où les sols riches et humides lui conviennent bien. La première mention en Ile-de-France, à  Port-Villez, à  l’extrème ouest des Yvelines, date de 1861.

En savoir plus :

Les gouets, des féculents oubliés, par Zoom-Nature

Arum, anthurium, spatiphyllum, qui est qui ? par le Centre AntiPoison du CHRU de Lille

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Piégés deux soirs de suite !

Arum maculatum - Neuville-sur-Oise © Gilles Carcassès
Arum maculatum – Neuville-sur-Oise © Gilles Carcassès

Vous avez sans doute déjà  remarqué ces grandes spathes claires et leur curieuse massue violette dans les sous-bois humides ou dans les haies. Ces spadices sont les inflorescences du gouet (Arum maculatum). Sous la massue violette stérile, l’enroulement de la spathe cache une chambre florale. On y trouve de haut en bas : des fleurs stériles réduites à  l’état de poils blancs, des fleurs mâles groupées d’aspect rougeâtre et un épi de fleurs femelles, blanches et globuleuses.

Fleur d'arum ouverte © Gilles Carcassès
Fleur d’arum ouverte (au premier jour de floraison) © Gilles Carcassès

La pollinisation de cet espèce est digne d’un roman. Le premier soir, à  la tombée de la nuit, la massue chauffe par un processus chimique et émet une odeur d’excrément qui attire des moucherons de plusieurs espèces. Ceux-ci glissent à  l’intérieur de la chambre et malgré leurs tentatives ne peuvent ressortir en raison de la présence des poils blancs qui obstruent le passage. Le lendemain en début d’après-midi, les étamines des fleurs mâles libèrent leur pollen puis les poils fanent laissant libre le passage aux insectes qui se sont couverts de pollen dans l’ascension vers la liberté. Le soir, ces mêmes insectes, attirés une seconde fois par l’inflorescence d’un autre arum en début de floraison, tombent à  nouveau dans le piège. Ils fécondent alors les fleurs femelles de cet arum. On voit sur la photo ci-dessus un de ces petits diptères captifs posé sur une fleur femelle à  la base de l’inflorescence.

Moucheron sur un arum © Gilles Carcassès
Libéré par mon intervention, ce moucheron s’aventure sur la spathe © Gilles Carcassès
Les étamines de cet arum sont mà»res © Gilles Carcassès
Le lendemain, les étamines de cet arum sont mà»res et libèrent leur pollen © Gilles Carcassès
© Gilles Carcassès
Les fleurs femelles ainsi fécondées donneront en été ces épis de baies toxiques © Gilles Carcassès

La pollinisation des Araceae, par l’OPIE

Un dossier pédagogique très complet sur l’Arum maculatum