Cet élégant coléoptère s’observe sur les rumex, ces plantes vivaces à larges feuilles proches de l’oseille. Il appartient à la famille des Apionidae. Ses larves consomment l’intérieur des tiges de ces plantes.
Son nom d’espèce frumentarium est en référence au froment. On pensait qu’il s’attaquait aux grains de blé. Il s’agit en fait d’une confusion avec une autre espèce dont l’adulte est vaguement rouge quand il est jeune. Encore un entomologiste qui avait mangé des graines !
Les berges ensoleillées de la Viosne dans le parc de Grouchy à Osny sont généreusement garnies de grandes orties. C’est là le domaine de prédilection de cette petite vanesse. Le revers de ses ailes présente des traits fins évoquant le dessin d’une toile d’araignée ou d’une carte routière. Cette ressemblance lui a valu son nom de genre Araschnia, et aussi son nom vernaculaire : la « carte géographique ».
Ces papillons printaniers sont issus de chrysalides qui ont passé l’hiver dans la végétation. Leurs chenilles gourmandes de feuilles d’ortie donneront une autre génération qui volera en été.
Curieusement, cette génération estivale n’arbore pas du tout la même livrée. Il s’agit pourtant bien de la même espèce. Les dessins du revers des ailes restent au demeurant assez semblables. Les roberts-le-diable sont concernés aussi, mais dans une moindre mesure, par ce singulier phénomène que l’on nomme dimorphisme saisonnier.
Le Centre National de la Recherche Scientifique et le Groupe Associatif Estuaire se sont associés pour fonder à l’échelle nationale un observatoire des vers luisants. Ces insectes discrets sont très utiles car ils consomment des limaces et des escargots ; malheureusement, ils semblent en déclin dans certaines régions. L’observatoire vise à mieux connaître la répartition des différentes espèces présentes en France, leur écologie, et les conditions du bon état de leurs populations.
Les vers luisants sont en fait les femelles dépourvues d’ailes de coléoptères de la famille des Lampyridae. La lumière émise par les femelles guide vers elles les mâles qui les cherchent en volant. Cette femelle a escaladé un brin d’herbe et se contorsionne pour exposer sa « lanterne » vers le ciel.
Dans la jardinière formant parapet, que la pyramide inversée de la préfecture abrite de la pluie, survivent à grand peine quelques Euphorbia myrsinites. Ces plantes bien méritantes bénéficient tout au plus d’un peu de brouillard ou de quelques flocons de neige portés par le vent.
Du coup la terre est très sèche. Et c’est une aubaine pour les abeilles sauvages qui y creusent de solides galeries pour y loger les réserves de pollen pour leur descendance !
Ces abeilles sauvages, excellentes pollinisatrices du printemps et tout à fait inoffensives, vont et viennent les pattes chargées d’un pollen rouge brillant que je n’ai pas pu identifier. J’ai bien essayé de les suivre, mais elles volent plus vite que moi.
En observant de près l’entrée de ces terriers, j’ai trouvé à terre une abeille morte.
Ne dirait-on pas un nounours tout poilu ? Il s’agit d’un anthophore femelle, très probablement de l’espèce Anthophora plumipes, de loin la plus commune des 15 espèces que l’on peut observer dans la moitié nord de la France. C’est sur les longs poils denses de ses pattes postérieures que cet insecte amasse le pollen pour le rapporter dans son terrier.
Les mâles d’Anthophora plumipes sont très faciles à reconnaitre : une « plume » orne le premier article du tarse de leurs pattes médianes. Ils émergent quelques jours avant les femelles et patrouillent sur leur territoire, où abondent les plantes fleuries. Ils apprécient particulièrement les Lamiacées et les Fabacées. Les langues longues des anthophores sont en effet très bien adaptées pour aller chercher le nectar au fond de corolles profondes, comme celles du lamier blanc (une Lamiacée) par exemple. Lorsqu’une femelle arrive sur son territoire pour se nourrir, le mâle attend qu’elle s’immobile pour sauter vivement sur son dos, la saisissant par ses pattes antérieures et postérieures. Il agite alors ses pattes médianes : un truc infaillible pour séduire les femelles…
J’ai observé que les mâles de cette espèce fréquentent aussi les massifs fleuris, butinant les pensées, avec une préférence inexpliquée pour celles à fleurs jaunes.
En promenade aux Plants à Cergy, j’ai repéré l’été dernier ces gousses géantes tombées d’un arbre qu’on appelle févier. Voilà un très beau matériau, brillant, coloré et joliment ondulé, idéal pour un futur atelier de création de mobiles à la Maison de la Nature de Vauréal. Je les ai donc stockées dans mes réserves. Quelle ne fut pas ma surprise de découvrir ces jours-ci, en ouvrant la boîte, une nuée de bestioles sorties des gousses par de petits trous ? Chaque graine a été dévorée et ces sales bêtes ont tout gâché ! Allez hop, tout le monde dehors !
Tout de même, j’aimerais bien savoir qui est la cause de ma déception. Gilles me donnera la réponse : il paraît que c’est la bruche du févier. Et c’est même une nouveauté, quelle chance…
Megabruchidius dorsalis est un coléoptère invasif qui nous vient d’Asie. Sa larve consomme les fruits du févier (Gleditisia triacanthos), ce bel arbre américain résistant à la sècheresse que l’on plante souvent en ville sur les trottoirs des grandes avenues. Cet insecte a été observé pour la première fois en France en 2011 au parc départemental de Sceaux et à Paris sur les Champs Elysées.
Sur l’un des églantiers de la butte à Juju, caché dans les mèches touffues d’une galle bédégar, j’ai déniché ce péritèle : une bien belle prise assurément, même s’il est commun au printemps.
Ce charançon de petite taille est essentiellement forestier. Sa larve consomme les jeunes racines des arbres, et l’adulte grignote le bord des feuilles, on le rencontre parfois sur le châtaignier. Cet insecte s’attaque aussi au pêcher et à la vigne, et il peut faire des dégâts de défoliation sur les jeunes plants.
Comme souvent chez les charançons, sa carapace est noire, ce sont ses écailles qui lui donnent sa couleur.
Vous avez sans doute déjà remarqué ces grandes spathes claires et leur curieuse massue violette dans les sous-bois humides ou dans les haies. Ces spadices sont les inflorescences du gouet (Arum maculatum). Sous la massue violette stérile, l’enroulement de la spathe cache une chambre florale. On y trouve de haut en bas : des fleurs stériles réduites à l’état de poils blancs, des fleurs mâles groupées d’aspect rougeâtre et un épi de fleurs femelles, blanches et globuleuses.
La pollinisation de cet espèce est digne d’un roman. Le premier soir, à la tombée de la nuit, la massue chauffe par un processus chimique et émet une odeur d’excrément qui attire des moucherons de plusieurs espèces. Ceux-ci glissent à l’intérieur de la chambre et malgré leurs tentatives ne peuvent ressortir en raison de la présence des poils blancs qui obstruent le passage. Le lendemain en début d’après-midi, les étamines des fleurs mâles libèrent leur pollen puis les poils fanent laissant libre le passage aux insectes qui se sont couverts de pollen dans l’ascension vers la liberté. Le soir, ces mêmes insectes, attirés une seconde fois par l’inflorescence d’un autre arum en début de floraison, tombent à nouveau dans le piège. Ils fécondent alors les fleurs femelles de cet arum. On voit sur la photo ci-dessus un de ces petits diptères captifs posé sur une fleur femelle à la base de l’inflorescence.
A la mi-avril, nous avons appliqué le protocole de l’Observatoire participatif des vers de terre dans le parc du château de Menucourt, en creusant nos six trous de 20 cm par 20 cm sur 25 cm de profondeur. Nous les avons placé dans des milieux volontairement différents afin d’apprécier les variations d’abondance et de diversité des espèces.
Les mottes soigneusement émiettées à la main ont livré leurs vers de terre. Et voilà le classement : champion toutes catégories, la prairie. Les vers de terre sont en grand nombre et toutes les catégories sont représentées.
En seconde position vient la lisère forestière, puis le boisement et la prairie humide.
La pelouse arrive assez loin derrière.
Bon dernier, le massif de renouées du Japon : deux vers de terre seulement !
Voilà qui nous conforte dans nos préférences de gestion : la prairie héberge beaucoup plus de faune, y compris souterraine, que la pelouse régulièrement tondue.
En fouillant la terre d’un de nos trous creusé dans une prairie humide, nous avons vu courir ce carabe rouge et noir. Il s’agit très probablement de cette petite espèce fréquente dans les marais : Stenolophus teutonus.
Posée sur la fenêtre du chalet nature de l’Ile de Loisirs de Cergy, elle se fait bronzer au soleil du printemps. Cet étrange insecte nous interpelle par ses couleurs et sa forme. Il a une tête de punaise…Sortons nos livres !
Presque 4 cm de long : assurément, c’est une belle larve ! Elle était dans la terre d’une zone de friche au parc du château de Menucourt, sous une touffe d’herbe. On aperçoit ses trois paires de vraies pattes munies d’une griffe et plus loin sous l’abdomen ses fausses pattes qui l’aident dans sa progression souterraine. De sa chrysalide émergera un papillon de nuit assez discret aux ailes disposées en toit au repos. Les chenilles d’hépiales consomment les racines de nombreuses plantes, elles peuvent parfois causer des dégâts aux cultures. On ne compte dans cette famille que 9 espèces en France.