L'actualité de la Nature

Sur les herbes sèches

Les prairies du parc François-Mitterrand à  Cergy ont perdu leurs superbes floraisons de juin, mais les compositions ont encore du charme. Aux fleurs ont succédé les graines, prêtes à  accomplir le cycle de la vie.

Prairie au parc François-Mitterrand à  Cergy - septembre 2016 © Gilles Carcassès
Prairie au parc François-Mitterrand à  Cergy – septembre 2016 © Gilles Carcassès

On reconnaît à  gauche les gousses des vesces, les calices enflés de Silene vulgaris. Les taches marrons sont les fruits des trèfles des prés.

Prairie au parc François-Mitterrand à  Cergy - juin 2016 © Gilles Carcassès
Prairie au parc François-Mitterrand à  Cergy – juin 2016 (Vicia cracca, Silene vulgaris, Achillea millefolium) © Gilles Carcassès

Ne vous y trompez pas, ces herbes sèches accueillent encore toute une petite faune. Voici la sylvine, un papillon de nuit de la famille des Hepialidae, dont la chenille mange les racines des plantes herbacées.

Triodia sylvina © Gilles Carcassès
Triodia sylvina, la sylvine – Cergy © Gilles Carcassès

Cette jolie petite mouche est Scaeva pyrastri, le syrphe du poirier. Sa larve, de couleur verte, est prédatrice de pucerons.

Scaeva pyrastri © Gilles Carcasses
Scaeva pyrastri sur une picride – Cergy © Gilles Carcassès
Scaeva pyrastri - Cergy © Gilles Carcassès
Scaeva pyrastri sur un plantain – Cergy © Gilles Carcassès

Pour déterminer les diptères, l’observation détaillée des nervures des ailes, des antennes et des pattes est importante. Ici, ces grosses lunules blanches sur l’abdomen noir et les taches sous l’abdomen ne laissent guère de doute sur l’espèce.

Tibellus sp © Gilles Carcassès
Tibellus sp. – Cergy © Gilles Carcassès

Ne dit-on pas que les rayures longitudinales affinent la silhouette ? Cette araignée crabe en embuscade le long d’une tige vient de capturer un chrysope. Elle appartient à  la famille des Philodromidae et est fréquente dans les prairies.

Vu à  Cergy, dans le quartier Grand centre © Gilles Carcassès
Oedipoda caerulescens – Cergy © Gilles Carcassès

Nous avons retrouvé aussi dans ces prairies le criquet à  ailes bleues, Oedipoda caerulescens, une espèce protégée au niveau régional !

L'actualité de la Nature

Gratte la puce

 

© Gilles Carcassès
Ce renard se gratte vigoureusement la poitrine à  l’aide d’une patte postérieure – Vu au parc du Peuple de l’herbe à  Carrières-sous-Poissy © Gilles Carcassès

Il existe environ 2000 espèces de puces dans la Monde dont une centaine en France, plus ou moins inféodées à  leur hôte principal, toujours un mammifère ou un oiseau. Ainsi, il existe une puce de l’Homme (Pulex irritans), mais celle-ci est devenue très rare chez l’humain en France. Nous la partageons avec le porc, le renard et le blaireau. M. de La Fontaine aurait pu en faire une jolie fable… On dit que c’est en choisissant de s’abriter dans des cavernes que l’homme préhistorique a séjourné près de terriers de renard et que Pulex irritans l’a adopté. Curieux : et pourquoi pas la puce de l’ours ?

Lorsque des puces nous piquent c’est presque toujours le fait de l’espèce Ctenocephalides felis, la puce du chat. Cette espèce, capable de se reproduire sur le chat, le chien, le lapin, le furet et le mouton peut piquer l’Homme, à  l’occasion, pour se nourrir de son sang. Il existe aussi une puce du chien qui ne vit que sur le chien, un puce du hérisson, et puis celles de la pipistrelle, du moineau, de la souris, de la taupe, de la poule, du lérot, de l’hirondelle de rivage etc. Sans oublier Xenopsylla cheopsis, la puce du rat, susceptible, avec la puce de l’Homme, de transmettre la peste.

Sur le renard on peut rencontrer la puce du renard (Chaetopsylla globiceps), et aussi parfois celles de l’Homme, du hérisson, du lapin et du blaireau. Potentiellement, un chien qui va souvent visiter des terriers de renard et de blaireau pourrait très bien rapporter à  son maître la puce de l’Homme… D’où l’intérêt de bien déparasiter son chien, surtout s’il gambade beaucoup dans la nature.

Tout savoir sur les insectes ectoparasites

Révélations étonnantes sur les puces

L'actualité des jardins

La cicadelle pruineuse est en Ile-de-France !

Metcalfa pruinosa, la cicadelle pruineuse © Gilles Carcassès
Metcalfa pruinosa, la cicadelle pruineuse © Gilles Carcassès

Cet homoptère américain  invasif est arrivé à  Marseille en 1985. Depuis, il s’est répandu dans tout le sud de la France. C’est un ravageur de la vigne et des espèces fruitières, mais il peut s’attaquer à  beaucoup d’espèces d’arbres et d’arbustes. Il sécrète un miellat si abondant que des apiculteurs commercialisent du miel de metcalfa !

Dans les régions infestées, l’introduction d’un micro-hyménoptère parasitoà¯de américain Neodryinus typhlocybae  en 1996 a permis d’engager une lutte biologique par acclimatation qui semble efficace.

Cet insecte vient d’être signalé pour la première fois en Ile-de-France par le Jardin du Luxembourg, sur des troènes.

Surveillez vos troènes !…

Source : Actualités Phyto – la lette d’information phytosanitaire, n°80 de la DRIAAF Ile-de-France, aoà»t 2016

 

L'actualité de la Nature

Mais que fait-elle sur ce laiteron ?

Femelle Braconidae sur un laiteron © Gilles Carcassès
Femelle Braconidae sur un laiteron © Gilles Carcassès

Dans le jardin devant l’ESSEC à  Cergy, j’ai observé cet hyménoptère noir et jaune posé sur un laiteron. Ce parasitoà¯de va-t-il s’attaquer aux pucerons installés juste en-dessous sur la tige florale ?

Puceron vert sur un tige de laiteron - Cergy © Gilles Carcassès
Pucerons verts (peut-être du genre Hyperomyzus ?) sur un tige de laiteron – Cergy © Gilles Carcassès

Pas du tout, c’est dans le capitule qu’elle pond ! Y aurait-il un trésor caché dans cette inflorescence fanée ?

Bracon en ponte © Gilles Carcassès
Bracon en ponte © Gilles Carcassès

Cette femelle est en train d’insérer son oeuf juste sur le dos d’une larve de Tephritis formosa, jolie petite mouche que l’on voit souvent sur les laiterons et qui pond dans les fleurs de cette plante.

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A quoi servent les cornicules ?

Tout le monde un jour, se pose cette question : à  quoi servent les cornicules des pucerons ?

Attention, il ne faut pas confondre pas les cornicules et la cauda ! Les cornicules sont ces deux tubes implantés de chaque côté de la partie arrière de l’abdomen ; la cauda est un organe situé tout à  fait à  l’extrémité de l’abdomen, dont la fonction est d’orienter le flux du miellat. Ci-dessous, Uroleucon cirsii (reconnaissable à  ses longues antennes et ses genoux sombres) possède deux cornicules noires assez grandes et une petite cauda claire.

Uroleucon cirsi - Cergy © Gilles Carcassès
Uroleucon cirsii vu à  Cergy sur un chardon des champs © CACP – Gilles Carcassès

Certes, la taille et la forme des cornicules sont des critères importants pour la détermination des espèces de pucerons, mais la Nature n’a pas du les inventer juste pour satisfaire notre insatiable besoin de classer les choses et les êtres.

 Macrosiphoniella absinthii a des cornicules courtes et une cauda en forme de queue de castor © Gilles Carcassès
Macrosiphoniella absinthii a des cornicules courtes et une cauda en forme de queue de castor – Jouy-le-Moutier © CACP – Gilles Carcassès

La vérité est étonnante : les cornicules sont des tubes de colle à  prise rapide !

Lorsqu’un puceron est inquiété par la proximité d’un danger, il émet par ses cornicules une gouttelette d’un triglycéride à  séchage rapide capable d’engluer les mandibules d’un prédateur. Le liquide émis contient aussi une phéromone d’alarme qui prévient les pucerons voisins.

Une goutte d'un liquide orange sort d'une cornicule d'Aphis nerii © Gilles Carcassès
Une goutte d’un liquide orange sort d’une cornicule d’un Aphis nerii inquiété par un photographe © CACP – Gilles Carcassès

Source :

Tout savoir sur la vie des pucerons – INRA

Retrouvez nos articles :

Le mystère du puceron géant

Le puceron jaune de l’asclépiade

L’étrange caverne des pucerons soldats

L'actualité de la Nature

J’ai trouvé un serpent cyclope !

Proserpinus proserpina © Gilles Carcassès
Proserpinus proserpina © Gilles Carcassès

Près de la passerelle du Théâtre 95 à  Cergy, j’ai rencontré ce « serpent cyclope ». Ce n’est pas un pokémon rare, mais c’est tout de même une espèce protégée par un arrêté national.

Proserpinus proserpina est le sphinx de l’épilobe. Le passage des jardiniers armés de leur débroussailleuse ne m’a pas permis de connaître sa plante-hôte. Je crois me souvenir qu’il y avait là  quelques pieds d’oenothères, plantes qui peuvent nourrir aussi cette chenille.

L’ocelle dessiné sur son corps mime un œil menaçant. Mais, détail étonnant, celui-ci est placé sur la partie arrière de son abdomen et non sur sa tête. Ainsi, lorsque la chenille se sent menacée et qu’elle dresse et agite soudainement son abdomen, elle crée l’illusion d’un serpent prêt à  déclencher une attaque. Il m’a fallu me raisonner pour affronter la bête.

Le sphinx de l'épilobe © Gilles Carcassès
Le sphinx de l’épilobe © Gilles Carcassès

Pour renforcer la duperie, l’extrémité de l’abdomen de la chenille est en forme de bouche !

Le sphinx de l’épilobe par Lépi’Net

L'actualité de la Nature

Bien fait pour la punaise

J’ai trouvé cette plaque de ponte sur une feuille de sceau-de-Salomon dans mon jardin. Ponte de papillon, de coléoptère, ou bien de punaise ? La forme en tonnelet et le type d’ornementation des œufs m’oriente vers une ponte de punaise. Et sans doute même la punaise verte, Nezara viridula. Plusieurs œufs sont percés ; je mets la feuille et sa ponte dans un bocal pour voir ce qui va sortir des œufs encore intacts.

Ponte de punaise sur une feuille de Polygonum © Gilles Carcassès
Ponte de punaise sur une feuille de Polygonatum © Gilles Carcassès

Je m’en doutais : les agités du bocal ne sont pas des bébés punaises, ce sont des micro-guêpes parasitoà¯des qui sautent et virevoltent en tous sens.

Parasitoà¯de des œufs de punaise © Gilles Carcassès
Parasitoà¯de sorti d’un œuf de punaise © Gilles Carcassès

Il paraît que ce sont les membres de la famille des Scelionidae qui sont les spécialistes du parasitage des œufs de punaise. En l’occurrence, ils font bien, car Nezara viridula est une espèce invasive d’origine africaine qui fait pas mal de dégâts sur les cultures en serre. Après une séance photo sportive dans le bocal, je libère tout le monde.

Nezara viridula © Gilles Carcassès
Nezara viridula adulte © Gilles Carcassès

La voici, Nezara viridula, trouvée cet été sur les fruits d’un sureau yèble.

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Le géomètre à  barreaux

Chiasmia clathrata, le géomètre à  barreaux © Gilles Carcassès
Chiasmia clathrata, le géomètre à  barreaux butinant des fleurs de réséda © Gilles Carcassès

Voici un de ces papillons de nuit qui vole aussi le jour. Le géomètre à  barreaux est commun dans toute la France. Il est « à  barreaux » à  cause des dessins géométriques plus ou moins foncés qui ornent ses ailes. Et c’est un géomètre (de la famille des Geometridae) parce que sa chenille progresse en arpenteuse. Cette technique très efficace  consiste à  avancer alternativement l’avant du corps puis à  rapprocher l’arrière.

Sa chenille consomme les trèfles, la luzerne et d’autres Fabacaea comme Vicia cracca. On le voit souvent au bord des champs. Le papillon est très présent en mai et juin pour la première génération puis en aoà»t et jusqu’en septembre pour la deuxième.

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Les nouveaux ravageurs

Caenocoris nerii, punaise africaine inféodée aux lauriers-roses est en France depuis 2014 © Gilles Carcassès
Caenocoris nerii : cette punaise originaire d’Afrique et du Moyen-Orient, inféodée aux lauriers-roses, est en France depuis 2014 © Gilles Carcassès

Si certaines arrivées de ravageurs sont dues aux changements climatiques (c’est le cas de la chenille processionnaire du pin qui progresse régulièrement vers le nord), la plupart des invasions sont directement liées aux activités humaines et notamment au commerce. Et le mouvement s’est accéléré avec la rapidité et l’intensité des transports sur les longues distances. Ainsi l’histoire contemporaine de ces invasions retrace essentiellement celle des échanges internationaux entre l’Europe et l’Amérique, puis du monde entier avec l’Asie.

Les insectes ravageurs d’origine américaine sont souvent liés aux cultures rapportées d’Amérique par les explorateurs à  partir au 16ème siècle. Après des siècles de séparation, ils ont retrouvé leurs plantes hôtes et se sont comportés en redoutables invasifs lorsqu’ils sont arrivés sans leurs prédateurs naturels. Dans cette catégorie de ravageurs d’espèces américaines introduites, on peut citer par exemple :

Certains ravageurs américains se sont accommodés de nos plantes européennes, indigènes ou acclimatées :

  • le phylloxera de la vigne (1863),
  • le tigre du platane (1975)
  • la cicadelle pruineuse  (1985),
  • le papillon palmivore (2002)
  • la punaise américaine du pin (2005),
  • la mouche du brou de la noix (2007).

L’importance des ravageurs asiatiques a beaucoup progressé ces dix dernières années et dépasse maintenant 50% des introductions. On peut citer par exemple :

D’autres ravageurs nous sont arrivés d’Europe de l’Est, des Balkans ou d’Asie Mineure :

Le bataillon des ravageurs invasifs d’origine africaine est beaucoup plus clairsemé :

Corytucha ciliata, le tigre du platane - Cergy © Gilles Carcassès
Corythucha ciliata, le tigre du platane – Cergy © Gilles Carcassès

L’histoire des ravageurs invasifs ne se vit pas à  sens unique, ainsi le bombyx disparate, papillon européen introduit en Amérique en 1869 est là -bas un véritable fléau.

Que les ravageurs invasifs que j’ai oubliés veuillent bien m’excuser, je n’ai pas voulu faire une liste exhaustive, elle serait beaucoup trop grande pour ce modeste article (102 nouveaux insectes ravageurs sont arrivés en France rien qu’entre 2000 et 2014) !

Les actes du colloque « ravageurs et insectes invasifs et émergents » – Montpellier – 2014 – AFPP

 

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Elle mange mes framboises !

Chenille de Celastrina argiolus © Gilles Carcassès
Chenille de Celastrina argiolus © Gilles Carcassès

Oh, la gourmande ! Elle a fait un gros trou dans une framboise mà»re de mon jardin. Comme elles ne sont pas trop nombreuses à  avoir ce look en rose et vert, les lépidoptéristes du forum Le monde des insectes ont facilement reconnu Celastrina argiolus, l’azuré des nerpruns.

Celastrina argiolus - Cergy © Gilles Carcassès
Celastrina argiolus – Cergy (au bord de l’autoroute A15) © Gilles Carcassès

Celastrina argiolus est un papillon de la famille des Lycaenidae. Ses ailes sont bleues bordées de noir sur le dessus, et leur revers est gris parsemé de quelques petits points noirs.

Les chenilles de la génération de printemps se nourrissent surtout sur le cornouiller sanguin et le houx. Celles de la génération estivale sont plutôt sur le lierre. Elles ne dédaignent pas non plus le buis, la ronce, le framboisier, le buddleia, l’ajonc, le robinier, le baguenaudier, le nerprun, les genêts, la callune, la salicaire, la bourdaine, la myrtille, le fusain, le galéga, la coronille variée… Le papillon est aussi commun que peuvent l’être ses plantes hôtes et est présent dans toute la France.

Cornouiller, houx, lierre : vous l’aurez deviné, l’azuré des nerpruns est un habitué des lisières de boisement.