L'actualité de la Nature

Qui mange les champignons ?

Pour récolter de beaux champignons, il faut les trouver avant les petites bêtes de la forêt qui les grignotent ou les perforent.

De tous les animaux qui consomment les champignons, les plus gourmandes sont incontestablement les limaces.

Amanite rougissante © Gilles Carcassès
Amanita rubescens, l’amanite rougissante © Gilles Carcassès

Cette espèce d’amanite a la particularité de rougir sous la morsure de la limace.

Boletus erythropus © Gilles Carcassès
Boletus erythropus © Gilles Carcassès

C’est encore une limace qui a entamé ce bolet à  pied rouge.

De nombreuses espèces de coléoptères consomment des champignons. Voici un spécimen d’une jolie espèce peu fréquente trouvé dans la forêt régionale de Rosny-sur-Seine. C’est un amateur de champignons sans lamelles.

Scaphidium quadrimaculatum © Gilles Carcassès
Scaphidium quadrimaculatum © Gilles Carcassès

Parmi les mouches, les Suillia sont connues des trufficulteurs, car leurs larves consomment ces champignons souterrains. Le vol de ponte de la femelle peut d’ailleurs indiquer à  un observateur patient l’emplacement d’une truffe. On rencontre aussi les Suillia sur d’autres espèces de champignons comme les russules.

Suillia gigantea © Gilles Carcassès
Suillia gigantea © Gilles Carcassès
Ces Mycetophilidae s'intéressent à  ce cèpe de Bordeaux déjà  bien entamé par une limace. © Gilles Carcassès
Ces Mycetophilidae s’intéressent à  un cèpe de Bordeaux déjà  bien entamé par une limace. © Gilles Carcassès

Beaucoup de larves de diptères rendent les champignons « véreux ». Juste retour des choses, des champignons sont capables de tuer des mouches.

Entomophtorale parasitant une drosophile © Gilles Carcassès
Entomophtorale parasitant une drosophile © Gilles Carcassès

Une spore d’entomophtorale a germé sur ce moucheron posé sur une bouteille d’eau minérale, et en quelques jours, le mycélium a envahi le corps de l’insecte. Le champignon sporule alors à  la surface du cadavre (bourrelets blancs sur l’abdomen).

Insectes et champignons

L'actualité des jardins

Trognes, mon amour

J’ai retrouvé les trognes de mon enfance. Ces saules têtards me paraissaient déjà  vieux quand, tout gamin, je jouais dans ce qui était pour moi la jungle de Robinson Crusoé.

Saules têtards - La Roche-Guyon © Gilles Carcassès
Saules têtards – bords de Seine, La Roche-Guyon © Gilles Carcassès

Leurs cavités sont une vraie chance pour la biodiversité : des reptiles, des oiseaux cavernicoles comme le troglodyte ou la chouette chevêche, des chauves-souris, des crapauds, de nombreux insectes et araignées peuvent y trouver refuge.

L’arbre têtard est le résultat d’une taille régulière qui consiste en la suppression des toutes les branches sur un tronc court qui prend au fil des cicatrisations une forme en massue. Cette conduite donne à  l’arbre une très grande résistance au vent et une exceptionnelle longévité.

Ces formes que l’on rencontre typiquement dans le bocage permettaient la récolte aisée de bois jeune, pour la vannerie, le fourrage ou le foyer.

Certains paysagistes et des gestionnaires d’espaces verts renouent avec cette tradition, y compris dans des sites urbanisés.

Jeunes saules têtards à  Sarcelles © Gilles Carcassès
Jeunes saules têtards à  Sarcelles © Gilles Carcassès

Voilà  un aménagement économique : ces saules ont été bouturés. Ils sont taillés régulièrement de façon à  former un tronc d’une hauteur d’un mètre cinquante.

saules têtards - parc du Sausset © Gilles Carcassès
Saules têtards – parc du Sausset © Gilles Carcassès

Ceux-là  ont quelques années de plus.

saules tressés - London Wetland center © Gilles Carcassès
saules tressés – London Wetland center © Gilles Carcassès

Ils sont malins, ces anglais ! En utilisant la technique du tressage de boutures de saule, ils vont obtenir en une dizaine années seulement des formations végétales très semblables à  des trognes qui seront aussi creuses et accueillantes pour la faune que des saules têtards centenaires.

saules (maladroitement) taillés © Gilles Carcassès
Saules (maladroitement) taillés © Gilles Carcassès

Pour ceux-là , tout n’est pas perdu. Car le jardinier saura supprimer ces bâches en plastique si néfastes à  la vie du sol et choisir un mode de conduite durable pour ces saules. Il pourra soit les rabattre très près du sol tous les deux ans et former ainsi une haie d’allure naturelle, soit ne conserver que les meilleures tiges pour former les futurs troncs de trognes, à  tailler régulièrement, espacées de quelques mètres.

Le guide des arbres têtards par l’association Gentiana

L'actualité de la Nature

La fraise persil, et autres curiosités

Drôle de fraise ! © Jean-Daniel Arnaud
Drôle de fraise ! © Jean-Daniel Arnaud

Un jardinier de ma connaissance m’a envoyé cette photo étonnante de sa récolte de fraises d’arrière-saison, tout en verdure. Bon appétit l’ami !

Quel est ce mystère ? Ce sont les petites graines qui sont à  la surface de la fraise qui ont germé ! La fraise est en fait un réceptacle charnu qui porte de petits fruits durs (les graines de la fraise), que l’on nomme des akènes. Ainsi, la fraise est un faux fruit, disent les biologistes.

Les conditions d’humidité et de fraicheur nocturne étaient sans doute réunies pour déclencher la germination de ces akènes. D’ordinaire, dans la Nature, ils germent après dissémination par les animaux qui ont mangé des fraises, car ils ne sont pas digérés.

D’autres végétaux ont la capacité de porter des plantules. C’est le cas par exemple de l’ail des vignes, commun dans les friches. L’inflorescence porte des bulbilles feuillues. Cette plante était autrefois une adventice des vignes. Elle est sà»rement arrivée en Ile-de-France en même temps que la vigne, au 3ème siècle.

L'ail des vignes, Allium vineale © Gilles Carcassès
L’ail des vignes, Allium vineale © Gilles Carcassès

Contrairement aux plantules du fraisier issues de la reproduction sexuée (merci les abeilles pour la pollinisation), ces bulbilles sont génétiquement identiques au parent.

Les épillets du pâturin bulbeux vivipare portent des propagules qui assurent aussi une reproduction végétative de l’espèce.

Le pâturin bulbeux, Poa bulbosa - Pontoise © Gilles Carcassès
Le pâturin bulbeux vivipare, Poa bulbosa subsp. vivipara – Pontoise © Gilles Carcassès
Poa bulbosa - Pontoise © Gilles Carcassès
Poa bulbosa sups. vivipara © Gilles Carcassès

Cette graminée se plait dans les situations très sèches. Nous l’avons trouvé sur un talus derrière le stade des Maradas, à  Pontoise.

L'actualité de la Nature

Expo champignons

Amanita muscaria, l'amanite tue-mouches © Gilles Carcassès
Amanita muscaria, l’amanite tue-mouches, fréquente sous les bouleaux © Gilles Carcassès

expoNe manquez pas le rendez-vous annuel du Club Mycologique Conflanais ! Une grande exposition de tous les champignons que l’on peut rencontrer en ce moment dans les environs, complétée cette année par trois conférences :

  •  – samedi 7 novembre 2015 à  15 h par Marc Bunout – les abeilles : indispensables pollinisatrices
  • – dimanche 8 novembre 2015 à  15h par Marc Bunout – les amanites, pour le pire et le meilleur
  • – dimanche 8 novembre 2015 à  16 h par Alain Martinet – les champignons, ça se mange ? Oui mais non !

C’est à  la MJC les Terrasses à  Conflans et l’entrée est libre.

Notre reportage sur l’exposition 2014

 

L'actualité des jardins

Une sortie de Natureparif à  Cergy-Pontoise

Jardinière sur le parvis de la préfecture - Cergy © Marion Poiret
Jardinière sur le parvis de la préfecture – Cergy © Marion Poiret

Dans le cadre du colloque « Climat et biodiversité, la nature source de solutions en Ile-de-France » que Natureparif organisait du 28 au 30 septembre 2015, un groupe de visiteurs est venu lundi 28 septembre à  Cergy-Pontoise pour une sortie commentée, conduite par la mission Développement durable et Biodiversité de la Communauté d’agglomération de Cergy-Pontoise.

Le circuit de visite a permis de montrer la végétalisation des pieds d’arbres de la place Charles-de-Gaulle, l’emploi des plantes vivaces en jardinières sans arrosage, la renaturation des bassins du parc François-Mitterrand, et les dispositifs de gestion des eaux pluviales au parc de la Croix-Petit.

L'entretien écologique du bassin du parc François-Mitterrand à  Cergy © Marion Poiret
L’entretien écologique des bassins du parc François-Mitterrand à  Cergy © Marion Poiret
La coulée verte à  La Croix-Petit - Cergy © Marion Poiret
Parc de la Croix-Petit – Cergy © Marion Poiret

Les ombres mettent ici en relief les noues d’infiltration des eaux pluviales recueillies sur les voies environnantes.

Moineau domestique femelle © Marion Poiret
Pour témoigner des bienfaits de la Nature en ville, ce moineau domestique femelle est venu saluer amicalement la délégation © Marion Poiret

Le reportage vidéo de la sortie par Natureparif

L'actualité de la Nature

Tanaisie

Tanaisie en fleurs - Neuville-sur-Oise © Gilles Carcassès
Tanaisie en fleurs – Neuville-sur-Oise © Gilles Carcassès

On trouve la tanaisie presque exclusivement aux bords des voies de communication : fleuves, routes et chemins. Cette voyageuse d’origine probablement asiatique a peut-être suivi les grandes invasions. On peut imaginer les hordes de Barbares apportant avec eux leur pharmacopée traditionnelle : des graines de toutes les plantes utiles pour soigner Hommes et chevaux, et les semant dans les endroits où ils établissaient des campements durables. En fermant les yeux devant ces touffes de tanaisie, on pourrait presque entendre le hennissement des chevaux des steppes et les comptines des enfants dans une langue disparue.

L’odeur aromatique et camphrée de cette plante laisse soupçonner ses vertus médicinales. On lui prête une certaine efficacité antiparasitaire. La plante était autrefois employée contre les puces et les tiques, on en mettait quelques brassées dans la niche du chien. A forte dose la plante est abortive. Appelée autrefois « l’herbe aux vers », sa culture dans les jardins était déjà  recommandée au 8ème siècle.

La tanaisie fleurit en été et en automne et ses fleurs sont très durables. On utilise parfois dans les jardins une variété ornementale crispée à  feuilles de fougère. Quelques pépiniéristes la commercialisent sous l’appellation Tanacetum vulgare crispum. Comme l’espèce sauvage, c’est une vivace rhizomateuse assez conquérante.

Tanacetum vulgare crispum © Gilles Carcassès
Tanacetum vulgare crispum est ici associée à  des asters © Gilles Carcassès

Des chercheurs ont testé ses effets en lutte biologique sur l’eudémis, un papillon ravageur de la vigne dont les chenilles perforent les grains de raisins. La tanaisie se comporte comme une plante piège : elle attire les femelles accouplées de ces papillons et elle inhibe leur comportement de ponte. Merci les Barbares !

L'actualité des jardins

L’orange des Osages

Fruit de Maclura pomifera - Cergy © Gilles Carcassès
Fruit de Maclura pomifera ou oranger des Osages – Cergy © Gilles Carcassès

Une promeneuse m’a parlé d’un fruit étrange qu’elle a trouvé sous un arbre à  l’Ile de loisirs de Cergy-Pontoise. Sur ses indications, j’ai reconnu un groupe de Maclura pomifera près de la base nautique.

Un maclura pomifera dans un espace vert © Gilles Carcassès
Un Maclura pomifera dans un espace vert, près de Niort © Gilles Carcassès

Cet arbre de petite taille nous vient d’Amérique du Nord.

Son fruit non comestible de la taille d’une orange a de quoi surprendre. C’est ce qui fait l’intérêt décoratif de cette espèce parfois plantée dans les parcs. Aux Etats-Unis, on en fait aussi des haies taillées.

Les indiens de la tribu des Osages utilisaient le latex que contient cette plante pour leurs peintures corporelles et pour teindre leurs vêtements. Il paraît que cela teint la peau en jaune. Je n’ai pas essayé. Le bois est très dur, il servait à  la confection d’arcs et de poteaux.

Source :

L’oranger des Osages, par Gardenbreizh

L'actualité de la Nature

Le cimetière des escargots

Près du mail Gay-Lussac à  Neuville-sur-Oise © Gilles Carcassès
Près du mail Gay-Lussac à  Neuville-sur-Oise © Gilles Carcassès

En avance pour mon cours à  l’Université de Cergy-Pontoise, je fouine dans les parages à  la recherche de quelque sujet de nature à  photographier. Dans le coin d’un ancien parking en enrobé encombré de pierres éparses, je trouve un rassemblement d’une vingtaine de coquilles d’escargots petits gris. Iraient-ils tous mourir en cachette dans cet endroit secret ? Pas vraiment, ils sont morts de mort violente : ces coquilles sont fracassées ! Alors, qui donc est le tueur d’escargots en série qui sévit à  Neuville-sur-Oise ?

coquilles fracassées - Neuville-sur-Oise © Gilles Carcassès
coquilles fracassées – Neuville-sur-Oise © Gilles Carcassès
Coquilles de petits gris - Neuville-sur-Oise © Gilles Carcassès
Coquilles de petits gris – Neuville-sur-Oise © Gilles Carcassès

Un oiseau sait extraire le mollusque de sa coquille : c’est la grive musicienne. Elle saisit la coquille dans son bec en la prenant par l’ouverture et la frappe violemment sur une surface dure : une pierre plate, une bordure de jardin, le chaperon d’un muret… La grive musicienne, quand elle trouve une bonne enclume y rapporte ses escargots pour les manger. Cette habitude explique les concentrations de coquilles cassées que l’on trouve parfois dans les jardins.

Elle pratique souvent ainsi lorsque le sol est trop sec et qu’elle ne peut plus accéder aux vers de terre qui font à  la belle saison une part importante de son alimentation. La grive musicienne consomme aussi des fruits. Les baies de sureau et de genièvre, les prunelles, les sorbes, les mà»res, les raisins, les fruits des cornouillers sanguins, des houx, des aubépines, des cotonéasters font partie de ses menus d’automne et d’hiver. En fin d’hiver, lorsque tous les autres fruits sauvages ont disparu, les fruits du lierre qui mà»rissent tard sont essentiels à  sa survie.

Comme le merle noir et les autres espèces de grives, elle appréciera les pommes trop mà»res laissées au sol à  l’intention des oiseaux dans un coin tranquille du jardin.

Grive musicienne © Gilles Carcassès
Grive musicienne © Gilles Carcassès

La grive musicienne

L'actualité de la Nature

La léotie lubrique

Leotia © Gilles Carcassès
Leotia lubrica, la léotie lubrique – Boisemont © Gilles Carcassès

La léotie lubrique se cache dans la mousse. Ce petit champignon ressemble à  un clou jaune très visqueux. Ce toxique ne doit pas être confondu avec une jeune chanterelle en tube, d’autant plus qu’il pousse dans les mêmes stations.

Ce fut l’une des espèces peu communes découvertes en forêt de Boisemont mercredi 21 octobre 2015 lors de la sortie champignons organisée par la Maison de la Nature de Vauréal et animée par les membres du Club Mycologique Conflanais.

Craterellus tubaeformis, la chanterelle en tube © Gilles Carcassès
Craterellus tubaeformis, la chanterelle en tube – Boisemont © Gilles Carcassès
La chanterelle en tube, bon comestible, présente des plis sous le chapeau.
Macrotyphula fistulosa, la clavaire fistuleuse © Gilles Carcassès
Macrotyphula fistulosa, la clavaire fistuleuse – Boisemont © Gilles Carcassès
Un champignon sur talons aiguilles ! Cette autre curiosité croît sur le bois pourri, surtout sur le bouleau.
A la fin de la sortie, Marie-Louise Arnaudy, présidente du Club Mycologique Conflanais a donné d’intéressantes explications sur les champignons rassemblés par le public.
Marie-Louise Arnaudy à  Boisemont le 21 10 2015 © Gilles Carcassès
Marie-Louise Arnaudy à  Boisemont le 21 octobre 2015 © Gilles Carcassès
Les participants ont ainsi pu apprendre tous les critères pour reconnaître les dangereuses amanites panthère et tue-mouches.
L'actualité de la Nature

Crachat de lune

Crachat de lune (« gelée d’étoile » pour les anglais), c’est ainsi que l’on nomme le nostoc parce qu’il apparaît soudainement après la pluie. A l’état sec, le nostoc se racornit tellement qu’il devient très peu visible sur le sol.

Nostoc - Neuville-sur-Oise © Gilles Carcassès
Nostoc – Neuville-sur-Oise © Gilles Carcassès

Mais qu’est-ce donc ? Contrairement aux apparences, ce n’est pas une algue. Ces amas gélatineux sont des colonies de bactéries, plus exactement de cyanobactéries, capables de photosynthèse et fixatrices d’azote atmosphérique.

Le nostoc est une algue terrestre © Gilles Carcassès
Le nostoc est verdâtre par transparence © Gilles Carcassès
Site favorable au nostoc - Neuville-sur-Oise © Gilles Carcassès
Site favorable au nostoc – Neuville-sur-Oise © Gilles Carcassès

On trouve le nostoc sur les sols très pauvres, là  où il n’y a pas de concurrence : des allées gravillonnées ou sablées, de l’enrobé, du béton, des talus caillouteux, des déserts. C’est une forme de vie pionnière qui va, en se dégradant, former les premières traces de matière organique sur les sols vierges. Le nostoc est capable de résister à  de longues périodes de dessiccation, au gel, à  l’exposition aux UV. Il est sans doute présent depuis le début de la vie sur Terre.

Dans certaines contrées d’Asie et d’Amérique du Sud, les nostocs sont consommés traditionnellement et seraient même assez nutritifs, mais la plupart des espèces de nostoc contiennent aussi de nombreuses toxines, plus ou moins dangereuses pour la santé humaine. Elles sans doute destinées à  décourager les éventuels prédateurs.

Autrefois, les nostocs étaient ramassés pour la fumure des potagers, en raison de leur richesse en azote.

Le nostoc, consommé en Bolivie