
A qui sont ces beaux yeux ?
La réponse lundi !
En marchant le long du boulevard de l’Oise à Vauréal, je repère sur le bas côté une graminée intéressante. Ces épis parfaitement cylindriques au milieu des grandes herbes appartiennent certainement à une fléole.
Un examen un peu plus rapproché me permet de confirmer mon hypothèse.
Chez les graminées, les fleurs sont souvent si petites qu’elles ne sont pas visibles à l’œil. L’épi (en plan large sur la photo ci-dessus) est constitué de plusieurs épillets (dans le zoom) lesquels abritent chacun une ou plusieurs fleurs. Chaque épillet est soutenu par deux glumes (les parties vertes dans l’image du zoom).
Dans notre exemple, l’épi est de forme cylindrique et les glumes des épillets ont de longues arêtes qui leur donnent l’air de porter les cornes du diable. Ces deux éléments sont caractéristiques du genre Phleum, les fléoles.
Il existe plusieurs fléoles àŽle-de-France. La fléole des sables est presque éteinte dans la région, et elle est beaucoup plus petite. Ce n’est donc pas elle. Il reste alors à différencier la fléole des prés de la fléole de Bœhmer. Pour cela, un test de souplesse s’impose.
En effet, lorsqu’on la courbe, la fléole de Bœhmer parait se fragmenter en plusieurs lobes, alors que la fléole des prés conserve sa forme cylindrique (comme sur l’image).
Nous avons donc à faire à la fléole des prés, Phleum pratense, et ses fameuses cornes du diable.
La flore d’àŽle-de-France, par Philippe Jauzein et Olivier Nawrot
La fléole des prés, par FLORIF
Au bord d’un chemin dans le parc du château de Grouchy à Osny, j’ai rencontré ce curieux petit papillon bicolore sur une ombelle de berce.
Visiblement il se délecte du nectar de cette fleur fraichement éclose.
Les rayons du soleil du matin font miroiter ses écailles :
A ses gros yeux et sa silhouette, je soupçonne la famille des Tortricidae, de petits papillons de nuit souvent nuisibles aux cultures. Malgré son look bien typé, j’ai un peu de mal à l’identifier car il n’est pas souvent photographié. Il s’agit de Pammene aurana, une espèce inféodée aux berces. Les chenilles se protègent dans des toiles collectives tissées dans les inflorescences de la berce commune puis consomment les graines de cette plante. Elles hibernent dans un cocon de soie dans le sol. L’année suivante, au début de l’été, les papillons émergent et gagnent les fleurs des berces.
Comme « rentrée » va souvent avec « nouvelles résolutions » et « actions », l’Agence Française pour la Biodiversité (AFB) vous propose de vous exprimer pour la biodiversité. Il s’agit de partager vos envies, vos avis, votre vision pour le futur et votre façon d’agir vis-à -vis de la biodiversité. Toutes les contributions feront l’objet d’une synthèse présentée lors du Congrès Mondial de la Nature qui aura lieu à Marseille en juin 2020. Tous vos apports permettront d’alimenter les réflexions et décisions prises lors du congrès sur les futures politiques en faveur de la biodiversité.
Bien entendu, l’AFB ne vous laisse pas démunis dans vos réflexions sur le sujet. La rubrique Informez-vous est déjà riche d’éléments permettant d’appréhender au mieux le concept même de biodiversité et ses bénéfices. Nous vous invitons vivement à aller la consulter. Et les plus jeunes sont également conviés !
N’oublions pas : Biodiversité, tous vivants, tous responsables.
Sur le territoire de Cergy-Pontoise, de nombreuses espèces font l’objet de protection nationale ou régionale, comme le Flambé.
Vous pouvez participer aux animations que nous organisons tout au long de l’année pour continuer à vous renseigner sur la biodiversité.
Chacun à son échelle peut réaliser des actions favorables à la biodiversité. Que ce soit la collectivité dans sa gestion de l’espace public ou les particuliers dans la gestion de leur jardin ou l’usage des espaces communs, nous pouvons tous agir.
Le site Biodiversité. Tous vivants !
Phycephala vittata est ainsi nommée en raison des étroites bandes dorées qui ornent son abdomen (vittata = enrubanné en latin). C’est une espèce peu commune, endoparasite de plusieurs espèces de bourdons, de l’abeille domestique, du frelon européen, de la guêpe germanique et du philanthe apivore.
Le cinquième segment abdominal porte un appendice permettant de s’accrocher en vol aux hyménoptères qu’elle parasite. L’œuf doté d’un crochet est solidement fixé sur le corps de l’hôte. La larve de Physocephala vittata se nourrit des organes internes de son hôte et se nymphose dans son corps au bout d’une quinzaine de jours.
Les adultes émergent à la sortie de l’hiver et consomment le nectar des fleurs de scabieuses ou d’ombellifères.
La famille des Conopidae compte 60 espèces en France.
Les conopides de la Manche, par Manche Nature
Le mélampyre des champs est une plante annuelle assez rare, de la famille des Orobanchaceae, hémiparasite de nombreuses plantes herbacées, dont la luzerne et l’ivraie vivace. Elle peut aussi parasiter le blé. Ses graines, mêlées au blé, donnait parfois au pain une coloration violacée peu appétissante.
L’espèce est assez fréquente en basse vallée de la Seine aux abords des champs sur sol calcaire, ou dans les prairies rocailleuses. Nous en avons découvert quelques pieds sur un mètre carré au bord d’un champ à Vauréal, seule station à notre connaissance sur Cergy-Pontoise. A notre demande, l’exploitant de la parcelle concernée préservera le site en luttant contre son embroussaillement par une fauche tardive annuelle.
Les bractées roses de l’épi floral portent des nectaires qui sont sans doute destinés aux fourmis. Profitant de leur visite, elles emportent des graines pourvues d’un élaà¯osome nutritif et disséminent ainsi la plante. Le mélampyre des champs fait en effet partie des espèces myrmécochores, comme le lamier pourpre, la chélidoine, ou le cyclamen coum.
Fiche de Melampyrum arvense, par Florif
Mélampyre des champs : le blé noir, par Sauvages du Poitou
Cet oiseau qui prend son bain n’est pas une mouette. Son bec rouge à pointe sombre et sa calotte noire sont les éléments distinctifs de la sterne pierregarin. L’oiseau qui est à gauche est un juvénile.
Le jeune, ici, quémande de la nourriture. Une petite colonie de sternes pierregarins s’est établie à l’étang de la Galiotte grâce à l’installation, dans le cadre de l’aménagement du parc du peuple de l’herbe, de radeaux flottants garnis de graviers et de tuiles en U renversées permettant aux poussins de se mettre à l’abri des oiseaux prédateurs en cas d’attaque.
Pour comparer, voici sur le même rivage une mouette rieuse dans son plumage d’été, avec son capuchon couleur chocolat.
Cette mouette ferait bien de se méfier : ces vieux filets de pêche sont des pièges mortels pour les oiseaux lorsqu’ils se prennent les pattes dedans.
La sterne pierregarin, par Oiseaux.net
La sterne pierregarin, par La Salamandre
Sur les coteaux de l’Oise, au glorieux passé viticole, il n’est pas rare de retrouver dans les fourrés quelques pieds de vignes ensauvagées. En voici un justement, sous le bois des Closbilles, qui escalade un noisetier. Mais quelle est donc cette cicadelle au look inhabituel, là sur cette feuille de vigne ? C’est une bien grosse espèce et ses motifs particuliers vont me permettre de l’identifier dans les galeries des forums d’entomologie.
Il s’agit d’une espèce japonaise arrivée en Europe en 1998 par l’Italie. Elle n’est pas par hasard sur cette feuille de vigne car elle consomme la sève de cette plante, mais cette cicadelle se nourrit aussi sur de nombreuses espèces d’arbres et d’arbustes : saule, pommier, noyer, robinier, bouleau, aubépine, noisetier, prunier, laurier-cerise, merisier, hêtre, charme, érable champêtre, chêne, laurier-tin, cornouiller sanguin, peuplier, ronce, orme, églantier, berbéris, lierre…
Orientus ishidae est surveillée de près par les services en charge de la protection des végétaux car on sait depuis 2017 qu’elle est l’un des vecteurs potentiels de la maladie de la flavescence dorée dont la lutte est obligatoire. Cette maladie grave de la vigne qui sévit dans le sud de la France est apparue aussi récemment en Bourgogne et dans le Beaujolais.
Le mycoplasme de la flavescence dorée infecte aussi la clématite sauvage, l’aulne et l’ailante. Et plusieurs cicadelles, dont Orientus ishidae sont capables de transmettre l’agent pathogène à la vigne. Une autre cicadelle inféodée à la vigne et originaire d’Amérique du Nord, Scaphoideus titanus, transmet ensuite la maladie entre vignes et est responsable des foyers épidémiques.
En cas de foyer de flavescence dorée détecté dans une région de production viticole, la destruction des vignes sauvages, potentiels réservoirs pour le mycoplasme, peut être ordonnée.
Vignes sauvages : des réservoirs pour la flavescence dorée, par Vitisphère
Notes on the biology of Orientus ishidae in Piedmont (Italy) – Gianluca Parise (2017)
C’est l’heure de l’apéritif et il y a bagarre au comptoir.
Alors que nous sommes sur le terrain avec l’équipe de la GEMAPI (Gestion des milieux aquatiques et prévention des inondations), j’aperçois ce petit attroupement. Deux coccinelles à sept points tentent de dérober quelques pucerons à un groupe de fourmis pas tout à fait d’accord.
Si les coccinelles se nourrissent des pucerons en entier, les fourmis ne consomment que leur miellat. Elles pratiquent même ce que l’on peut assimiler à de l’élevage et de la traite de pucerons. Et elles ne sont guère ravies de se faire chaparder leur troupeau ! Elles feront tout pour faire reculer ces voleuses, quitte à s’attaquer à bien plus gros qu’elles.
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Les pauvres pucerons, eux, n’ambitionnaient que de sucer la sève de la tige de saule sur laquelle ils se sont installés.
On rencontre souvent cette jolie fleur jaune tapissant les prairies et les pelouses. C’est un lotier. De la famille des Fabacées, elle a la capacité d’enrichir le sol en azote, ce qui nourrit les plantes voisines. Elle est, en plus, assez appréciée des bourdons et des abeilles solitaires. Intéressant n’est-ce pas ?
Et d’autant plus intéressant qu’il en existe deux espèces très proches et très fréquentes sur le territoire ! Le lotier corniculé (Lotus corniculatus), sur l’image ci-dessus, et le lotier des marais (Lotus pedunculatus), sur l’image ci-dessous.
Il existe plusieurs différences entre ces deux plantes aux apparences pourtant très similaires : le lotier des marais pousse en milieu plus humide que le lotier corniculé ; Lotus corniculatus a des inflorescences un peu moins denses, avec des fleurs moins nombreuses que celles de Lotus pedunculatus. Mais ce sont des critères difficiles à déterminer et pas toujours très fiables. Un lotier des marais poussant en milieu un peu difficile pourrait n’avoir que peu de fleurs… La véritable astuce, c’est de regarder les sépales.
Les sépales sont ces pièces vertes qui soutiennent les pétales. Lorsque la fleur est en bouton, pas encore éclose, les sépales du lotier corniculé se tiennent bien droits et forment un tube alors que ceux du lotier des marais s’ouvrent en étoile. C’est facile, non ?
La Flore d’àŽle de France, par Philippe Jauzein et Olivier Nawrot
Comparez les deux lotiers avec le Comparateur de FLORIF