L’hypolaà¯s polyglotte est un oiseau dont le plumage n’est pas vraiment remarquable. De jaune et de brun, il ne tranche pas sur les couleurs du feuillage du cerisier. En revanche, son chant est immanquable, énergique et puissant malgré la petite taille du chanteur. Il ne m’aura pas fallut longtemps pour repérer ce mâle pendant que je pique-niquais au bord d’un champ.
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On l’appelle polyglotte parce qu’au milieu de toutes ses notes, on peut reconnaître des imitations de chants d’autres oiseaux (merles, hirondelles, moineaux, ….).
Si l’hypolaà¯s est un oiseau commun en àŽle-de-France qui s’adapte à des milieux très variés, ses populations sont sur le déclin. Si la tendance ne s’améliore pas il pourrait faire partie des espèces menacées d’extinction. Tâchons de préserver son habitat naturel : les espaces boisés bas et ouverts où profiter de la lumière, de la chaleur et de nombreux insectes.
Les Fabaceae forment une famille végétale immense, dans le top 3 mondial, avec plusieurs milliers d’espèces ! On en retrouve une petite centaine indigène en àŽle-de-France et presque autant à l’état cultivé (les fèves, pois et haricots sont des Fabaceae).
Voyons quelques caractéristiques de la famille. Les fruits sont en forme de gousses on les appelle fèves ou légumes (d’où le deuxième nom de la famille : les légumineuses). Les feuilles sont en général composées de plusieurs folioles. Les fleurs ont une forme caractéristique, de type papillon, avec un étendard, un carène et deux ailes. La plante a la capacité de fixer l’azote présent dans l’air grâce à une symbiose avec des bactéries au niveau de ses racines (les nodosités) et de le rendre utilisable par ses voisines (et elle-même). Enfin, un dernier point commun à ses plantes est que je les trouve généralement très élégantes. En voici quelques unes rencontrées ces dernières semaines.
L’anthyllide vulnéraire est une plante assez rare dans la région. On la reconnait à son inflorescence jaune, globuleuse et duveteuse unique.
La coronille changeante offre des variations de blanc et de rose qui peuvent rappeler certains bonbons. C’est une plante assez commune dans la région.
La gesse à larges feuilles, du même genre que le pois de senteur (Lathyrus odoratus), présente de généreuses fleurs d’un rose soutenu. Elle est commune dans la région.
Le sainfoin est une plante qui se fait de plus en plus rare en àŽle-de-France. On peut la retrouver (comme ici) lors de semis d’espaces fleuris (elle était en compagnie de la nielle des blés, elle aussi quasiment éteinte dans la région) et quelques stations persistent de manière sauvage. Je pense en avoir trouvé une sur les bords de l’Oise.
Les grappes violettes de la vesce cracca sont très communes dans la région mais toujours aussi plaisantes.
La vesce hérissée est la seule des 12 vesces franciliennes à avoir des fleurs blanches, et assez petites.
Sources :
La flore d’àŽle-de-France, par Philippe Jauzein et Olivier Nawrot
Voici une collection représentant la diversité des mouches rencontrées sur le territoire ce printemps. Il y a en de toutes les formes et de toutes les couleurs !
Zophomyia temula
Elle fait partie de la famille des Tachinidae, ces mouches aux poils épineux sur l’abdomen. Les taches oranges à la base des ailes sont assez caractéristiques.
Merodon equestris
Merodon equestris, le syrphe des narcisses appartient à la famille des Syrphidae. Ces mouches ont souvent l’allure de guêpes, d’abeilles ou de bourdons. Elles paraissent ainsi plus dangereuses qu’elles ne le sont vraiment.
La femelle (les yeux ne se touchent pas au sommet de la tête) a la face et le postérieur bien jaunes sur un corps noir. La mâle (les yeux se touchent) est rayé de bandes noires et jaunes. Elle s’appelle equestris en raison de ses tibias dilatés (comme les cuisses d’un cavalier).
Eristalis tenax
Cette mouche est également un syrphe. Elle appartient à un groupe particulier de syrphes, les Eristales. On peut repérer sur leurs ailes une veine qui forme un boucle, caractéristique du groupe. (Elle se voit mieux sur l’aile droite sur l’image ci-dessus).
Calliphora vicina
La mouche bleue, que l’on retrouve souvent à l’intérieur des maisons. Elle se nourrit de substances sucrées qu’elle trouve sur différents aliments. Sa larve est utilisée en médecine légale. Elle appartient à la famille éponyme des Calliphoridae.
Anthomyia pluvialis
De la famille des Anthomyidae, cette mouche a une allure assez remarquable. Le dessous de son abdomen, jaune, tranche nettement avec le dessus gris à pois noirs.
Cette grenouille est assez fréquente sur le territoire, particulièrement dans les espaces boisés. On la différencie des autres espèces de grenouilles, notamment les vertes, grâce à la taille de son tympan et à son ventre immaculé.
Nous avons trouvé celle-ci dans un fossé rempli d’eau, après les pluies hivernales, à Jouy-le-Moutier. C’était au début du mois de mars, en plein dans la période de reproduction des amphibiens. Celle grenouille était postée sous une feuille juste à côté de ses œufs. Astuces : les pontes de grenouilles forment des amas alors que celles des crapauds font des filaments.
Avez-vous déjà vu un œuf de grenouille de près ? Une malheureuse avait été écrasée par une voiture, ses œufs répandus sur le chaussée juste à côté du fossé. Nous avons donc décidé de remettre les œufs à l’eau, en espérant leur donner une chance de survie. Au passage, en voici une vue rapprochée.
On distingue nettement les deux faces grises et noires qui donneront, au cours du développement, les faces ventrale et dorsale du têtard.
Je suis retournée sur place à la sortie du confinement. J’ai observé l’eau, voir si j’y trouvais quelques têtards, mais non. La végétation avait bien poussé, il était difficile d’y trouver quoi que ce soit, et la saison était déjà bien avancée, nos têtards étaient peut-être déjà grands. En revanche, j’y ai fait une jolie rencontre : le triton palmé, Lissotriton helveticus.
Bravo a Flo qui a reconnu les sporanges de la prêle des champs, Equisetum arvense. Regroupés en petits boucliers hexagonaux sur un épi, qu’on appelle un strobile, ces sporanges sont les organes reproducteurs de la fougère.
Bien qu’elle ressemble fortement à la grande prêle (tiges fertiles non chlorophylliennes et non ramifiées), plusieurs indices permettent de la reconnaître. Elle est globalement plus petite (pas plus de 40 cm). Elle est beaucoup plus commune et supporte des milieux moins humides que la grande prêle.
Et surtout, sa tige est bien moins creuse.
Utilisation
Si certains la trouve un peu envahissante au potager, la prêle des champs est utilisée en décoction comme antifongique sur les cultures maraîchères. C’est une bonne alliée du jardinier.
Sources :
La flore d’àŽle-de-France, par Philippe Jauzein et Olivier Nawrot
Dans la mythologie grecque, Perséphone est la déesse du printemps. C’est à son pouvoir qu’on doit le renouveau du printemps, le fleurissement des plantes, le retour des migrateurs, le chant des oiseaux et l’ensemble des éclosions (dans une version simplifiée où seul le printemps serait témoin de la vie). Dans la plupart des versions Hadès, roi des Enfers, enlève Perséphone pour faire d’elle la reine des Enfers à ses côtés. La déesse est autorisée à remonter à la surface de la Terre à chaque printemps, mais passe le reste de l’année aux royaumes des Enfers. Or, elle parvient à y faire pousser et fructifier des grenadiers. Exploit remarquable dans un royaume souterrain.
C’est cette histoire qu’est en train de revisiter l’Agence Régionale de la Biodiversité en àŽle-de-France (sans la partie kidnapping) avec le projet COOL : Cemeteries, Observation Of Life ; ou l’étude des cimetières vivants. Le pari étant que ces espaces publics peuvent être de véritables réservoirs de biodiversité, si tant est que leur gestion y soit favorable.
L’étude débute cette semaine avec des suivis floristiques et faunistiques (insectes pollinisateurs, hérissons et chauves-souris) pour 4 ans. Sept des cimetières du territoire y sont engagés, et j’y ai déjà fait de jolies rencontres.
L’ophrys abeille, Ophrys apifera, une orchidée assez commune sur le territoire, rencontrée dans le cimetière intercommunal à Puiseux-Pontoise.
La linaire couchée, Linaria supina, une plante rare en àŽle-de-France que j’ai trouvée dans le cimetière d’Osny.
Bien entendu, nous vous tiendrons au courant des avancées de l’étude.
Le SPIPOLL (Suivi Photographique des Insectes Pollinisateurs) est un programme de sciences participatives du Muséum national d’Histoire naturelle et de l’Office Pour les Insectes et leur Environnement qui permet à tout un chacun de participer aux études sur les communautés d’insectes pollinisateurs. Et pour fêter les 10 ans du programme (le 22 mai dernier), le SPIPOLL s’est refait une petite jeunesse avec la sortie d’une application pour smartphone.
Nous l’avons testée, et on recommande !
En pratique
L’utilisation de l’application est très simple. Pour une collection, comptez une trentaine de minutes : 20 min de prise de photo et 10 min de tri et identification.
Faites une pause dans votre journée : choisissez une fleur (un buisson de céanothe, une touffe de géranium, …) prenez votre smartphone dans une main et une tasse à café dans l’autre (en option) et photographiez pendant 20 min tous les insectes qui se posent sur la fleur.
Les débutants sont les bienvenus. Le programme est participatif, lorsque que vous ne savez pas identifier un insecte : dites-le (en cochant la case « Je ne sais pas »), les autres participants vous feront des propositions et les experts valideront !
C’est une très belle occasion de participer à la recherche scientifique. Depuis 10 ans les données du SPIPOLL ont permis de mettre en avant de nombreux phénomènes écologiques.
Nous avions déjà mentionné les variations de couleurs du syrphe ceinturé, qui est à nouveau à l’honneur de nos collections de printemps.
Mais on parle aussi du lierre grimpant et sa forte attractivité pour les diptères et les hyménoptères à l’automne, du déclin des populations en milieu urbain, mais de leur maintien grâce au réseau des jardins ou de la mise en évidence d’espèces qu’on croyait bien plus discrètes.
C’est le plein boom des pollinisateurs en ce moment, c’est l’occasion de faire avancer la recherche et de faire de jolies rencontres.
En parlant de sciences participatives, retrouvez sur ces liens :
Cet oiseau, de la famille des Fringillidae, est un habitué des milieux ouverts : friches, prairies, espaces agricoles. On peut le croiser facilement sur la plaine des Linandes ou dans les champs de Maurecourt et Jouy-le-Moutier où elle consomme des graines de toutes sortes.
On reconnait le mâle à son agréable gazouillis (on ne l’appelle pas mélodieuse pour rien) ; et à son plastron et son front délicatement rouges.
La femelle, comme souvent chez les oiseaux, est bien moins colorée et reste dans des teintes de marron.
Heureusement, la linotte est un oiseau assez « familial ». A la période de reproduction et de nidification on voit rarement le mâle sans la femelle. Cela facilite l’identification.
La linotte mélodieuse, Linaria cannabina, fait un nid assez bas dans les buissons (moins de 1,5 m) et souvent assez peu dissimulé. Il est donc facilement repérable par les prédateurs, ce qui force souvent les linottes à pondre une deuxième couvée au mois de juin. Ce qui expliquerait qu’on qualifie les distraits, les inattentifs et les oublieux de « tête de linotte ». Dommage que ce soit rarement un compliment … avec son masque rouge, je la trouve plutôt élégante.
L’hiver venu, les familles de linottes se regroupent en troupe grégaire. Si les linottes méridionales sont plutôt sédentaires, les oiseaux des pays nordiques migrent vers chez nous pour passer l’hiver « au chaud ». Il n’est pas rare de voir des groupes de linottes accompagner les pinsons, verdiers, chardonnerets et ici un bruant des roseaux, dans les espaces encore fournis en graines.
Ce weekend on compte les oiseaux !
La linotte est peu coutumière des mangeoires et des jardins, mais peut-être y verrez vous d’autres fringilles ?
En parlant de sciences participatives, retrouvez sur ces liens :
Notre nouvel outil de science participative est disponible, vous pouvez y accéder en cliquant directement dans le bandeau menu sur « Atlas de la biodiversité ».
On vous propose de participer avec nous à l’enrichissement de la connaissance de la biodiversité du territoire. Partez à la recherche de 14 espèces à Cergy-Pontoise et informez nous de leur présence.
Seul, en famille, en groupe de naturalistes, à l’école, en balade, sur le trajet du bureau, en allant faire les courses ou dans le jardin, les occasions ne manquent pas de croiser nos colocataires à plumes, à écailles ou à fleurs. Soyez attentifs et devenez de véritables sentinelles de la biodiversité.
Comment ça marche ?
L’outil se présente comme suit :
Dans le menu déroulant (flèche 1) retrouvez la liste des 14 espèces à renseigner. En cliquant sur le nom de chacune d’elles vous retrouvez leur portrait, ainsi, pas de doute quant à l’identification !
Les 14 espèces sont les suivantes : la chouette hulotte, l’hirondelle de fenêtre, le martin pêcheur, le merle noir, la mésange charbonnière ; le caloptéryx splendide, la mante religieuse, le papillon machaon ; le lézard des murailles, le crapaud commun ; la cymbalaire des murailles, l’orchis bouc, le lotier corniculé et le séneçon du cap. Au fil du temps et de vos suggestions nous pourrons rallonger cette liste. Et si d’ici là vous identifiez d’autres espèces, indiquez-le à nos partenaires (flèche 4) !
Dans l’onglet « Participez ici! » (flèche 2) indiquez nous vos trouvailles : remplissez le formulaire en indiquant la date, l’espèce rencontrée et sa localisation.
Enfin, consultez les données (flèche 3) sur la carte suivante :
Chaque point correspond à une observation faite sur le territoire. On compte sur vous pour couvrir Cergy-Pontoise de couleurs !
Astuces
L’outil fonctionne aussi sur smartphone, directement sur le terrain !
Vous pouvez joindre une photo à votre observation.
Prêts ?
C’est la période d’émergence des libellules et demoiselles. Avez-vous vu le calopteryx ?
On vous en reparle ce soir lors du Rendez-vous du développement durable sur les sciences participatives, le replay est disponible ici !
En voilà une bonne question ! Ces petits soleils illuminent nos rues, nos chemins, nos pelouses et nos prairies et le novice aura tendance à tous les nommer « pissenlit ». Mais un botaniste averti en vaut deux : la famille des « astéracées à fleurs jaunes » compte des dizaines de membres !
Voyez par exemple :
Le pissenlit appartient au groupe des astéracées liguliflores. La particularité des astéracées, que l’on appelle aussi composées, est de ne pas présenter une seule fleur mais un capitule de fleurs. Chacun des « pétales » du pissenlit est une fleur complète. Comme elles ont toutes une forme de languettes, on dit que la plante est liguliflore. A la différence de la pâquerette ou du tussilage (Tussilago farfara sur l’image) qui eux ont en plus des fleurs en tube au centre du capitule.
Comment différencier toutes ces languettes jaunes ? L’astuce est de ne pas se concentrer sur la fleur, mais sur tout le reste de la plante. Le pissenlit, ou plutôt les pissenlits car le genre Taraxacum comprend des dizaines voire des centaines d’espèces, sont les seuls à ne pas faire de tige mais seulement une hampe florale creuse. Critère indiscutable pour appeler un pissenlit un pissenlit.
Pour les autres, il faudra s’intéresser à la forme des feuilles, leurs positions, la ramification des tiges, la présence de poils, l’aspect des fruits, la présence de latex dans la plante… Par exemple, le genre Lactuca (les laitues) se distingue par la présence d’une rangée d’épines solides sur la nervure médiane des feuilles.
Un monde fascinant s’offre à qui veut bien les observer de près. Une chose est sà»re, nos pollinisateurs ne les ont pas manquées. Les observations issues du programme SPIPOLL montrent que les pissenlits ont un grand pouvoir attractif sur nos amis les insectes. « Pour nourrir les butineurs, conservons nos pissenlits ! »
Pour aller plus loin :
La flore d’àŽle-de-France, par Philippe Jauzein et Olivier Nawrot