Pour passer l’hiver les papillons adoptent diverses techniques. Certains migrent vers le Sud comme les belles-dames et certains vulcains. D’autres passent la saison sous forme d’œufs, de chenilles ou de chrysalides alors que les adultes ont disparu dès l’arrivée du froid. D’autres encore, hivernent. Les adultes passent la saison froide immobiles, cachés sous des feuilles, des branchages, de l’écorce, et se remettent à voler dès que le soleil les réchauffe un peu, souvent dès le début février. C’est le cas du citron (Gonepteryx rhamni), du paon de jour (Aglais io), du robert-le-diable (Polygonia c-album) et de certains vulcains (Vanessa atalanta).
Sa larve est moins élégante. C’est en retournant les feuilles qu’on peut la voir affairée à décaper méthodiquement de larges plages en ménageant les nervures et l’épiderme supérieur.
Cette chenille aux couleurs caractéristiques est celle du Robert-le-diable. Elle aussi est polyphage : on peut la trouver sur les saules, les ormes, les orties et le houblon. Le papillon est facile à reconnaître avec ses ailes aux bordures découpées :
Peut-être ce papillon évoque-t-il par son aspect les flammes de l’enfer ? Ou bien le profil de la tête d’un Robert historique ? Bien malin celui qui connaît la véritable origine de ce nom !
La chenille du Robert-le-Diable est tout aussi caractéristique que le papillon : elle est marquée d’une grande tache blanche sur le dos. Sa plante-hôte préférée est l’ortie, mais on la rencontre aussi sur le houblon et sur les feuilles de ligneux comme le noisetier, l’orme ou les saules.
Ce papillon hiberne à l’état adulte et on peut le rencontrer dès les premières belles journées de mars. Il a deux générations par an. En automne, on peut voir la deuxième génération se préparer à l’hivernage en se gorgeant de sucre sur les fruits tombés au sol dans les vergers.
L’an dernier, j’avais observé au potager fruitier de La Roche-Guyon un papillon rare en Ile-de-France, l’azuré porte-queue. Qu’allions-nous découvrir cette fois-ci ?
Effectivement, un femelle machaon a pondu sur ce fenouil et sa chenille est déjà bien développée ! Les plantes hôtes de cette belle espèce sont des Apiacées, essentiellement la carotte et le fenouil (sauvages ou cultivés).
Sur un pied d’asperge, quelques criocères à douze points, timides, se cachent à mon approche. Leurs larves consomment les baies des pieds femelles de l’asperge.
Un peu plus loin, au bord de la Seine, une chenille de Robert-le-Diable, reconnaissable à la grande tache blanche sur son dos, consommait tranquillement une feuille d’ortie dioà¯que, sa plante hôte préférée.
Sous une feuille d’ortie, j’ai trouvé la chenille du Robert-le diable. J’ai retourné doucement la feuille et en approchant mon appareil photo, elle a pris cette curieuse posture, soulevant son postérieur (la tête est à gauche sur la photo). Ses appendices épineux ainsi exhibés sont sà»rement dissuasifs pour un certain nombre de prédateurs potentiels.
La rangée de « hublots » le long de ses flancs, ce sont des stigmates. C’est par là qu’elle respire.
En insistant dans mon approche, elle a bombé le dos. J’ai cru y voir le dessin d’un monstre à deux têtes, aux bras épineux !
Quel papillon deviendra cette singulière chenille ?
Le papillon qui succèdera à la chenille doit son surnom de Robert le diable à sa couleur de feu et à la découpe à la diable (c’est-à -dire désordonnée) de ses ailes. Pour ce qui est de son nom scientifique, on distingue nettement le « c-album » (une lettre c blanche) sur le dessous de son aile postérieure.