L'actualité de la Nature

La mouche du chardon

Galle d'Urophora cardui en septembre © Gilles Carcassès
Galle d’Urophora cardui en septembre © Gilles Carcassès

Qu’elle est cette boursouflure sur la tige d’un chardon des champs observé au bord de l’eau à  l’Ile de loisirs de Cergy-Pontoise ? C’est la galle d’Urophora cardui, une petite mouche qui insère ses œufs dans la tige du chardon. Les larves consomment l’intérieur de la galle et attendront bien à  l’abri jusqu’au printemps suivant pour émerger.

Galle d'Urophora cardui au printemps © Gilles Carcassès
Galle d’Urophora cardui en hiver © Gilles Carcassès

A la sortie de l’hiver, les galles, très dures, sont bien visibles sur les tiges sèches des chardons. J’en ai récolté une pour la mettre en observation dans un bocal.

Urophora cardui, couple © Gilles Carcassès
Urophora cardui, couple © Gilles Carcassès

24 juin 2015 : naissance de deux Urophora cardui dans mon bocal ! La femelle est reconnaissable à  son abdomen plus allongé, équipé d’un oviposteur pour pondre à  l’intérieur de la tige. Le mâle, à  l’abdomen arrondi, fait sa cour en agitant les ailes.

Je les ai libérés dans un endroit riche en chardons.

Au Canada, cette espèce a été introduite en 1974 pour contribuer à  la lutte contre le chardon des champs, plante européenne invasive en Amérique depuis le XVIIème siècle. La plante est sans doute arrivée dans des sacs de semences. De nos jours, les semences sont contrôlées.

Les insectes des chardons

Sources :

http://www.issg.org/database/species/ecology.asp?si=413

https://books.google.fr/books?id=lZh0gFJwx0UC&pg=PA233&lpg=PA233&dq=canada+introduction+urophora+cardui&source=bl&ots=v2qPAC7uUz&sig=RBO4SkOKK5rwHUSREpqd8I47zyI&hl=fr&sa=X&ved=0CEYQ6AEwBmoVChMItrTltNrqxgIVi7QUCh3nWAwT#v=onepage&q=canada%20introduction%20urophora%20cardui&f=false

L'actualité de la Nature

La grande tipule

Tipula maxima - Saint-Ouen l'Aumône © Gilles Carcassès
Tipula maxima – Saint-Ouen l’Aumône © Gilles Carcassès

Vous les avez sans doute déjà  rencontrés dans l’herbe humide, ces « cousins » qui s’envolent maladroitement sous nos pas. On dirait des moustiques géants, mais, pas de panique, dans cette famille, on ne pique pas.

Celle-ci, avec son envergure exceptionnelle (65 mm) et ses grandes taches caractéristiques sur les ailes, est facile à  identifier : c’est Tipula maxima. Il s’agit de la plus grande des 150 espèces de Tipulidae de France.

A son abdomen qui se termine en pointe, on reconnaît une femelle. Elle ira pondre dans la vase des berges du ru de Liesse où vivent ses larves grassouillettes et longues de 5 centimètres. Un délice pour de nombreux oiseaux.

On aperçoit à  l’arrière de ses ailes ses deux balanciers en forme de haltères, vestiges de la deuxième paire d’ailes chez les diptères. Ils servent à  garder l’équilibre en vol.

Tipula sp - Les tipules ont un drôle de "museau". © Gilles Carcassès
Tipula sp – Les tipules ont un drôle de « museau ». © Gilles Carcassès

Un dizaine d’espèces de tipules dont les larves consomment des racines peuvent causer des dégâts aux cultures. Les larves de tipules sont des ravageurs fréquents des gazons humides.

http://ephytia.inra.fr/fr/C/11341/hypp-Tipulidae

http://www.jardiner-autrement.fr/component/raq/details-fiche/963-tipules-dans-le-gazon-que-faire

L'actualité de la Nature

La mouche des fruits de la bryone

Au jardin de l’Ecole de Botanique du Jardin des Plantes de Paris, on fait toujours de belles rencontres.

Au bord de l’allée centrale, trône un beau pied palissé de bryone femelle en pleine floraison, dà»ment étiqueté Bryonia dioica. Voilà  une plante qui mérite une petite inspection. Comme je l’espérais, Andrena florea est bien au rendez-vous. Cette élégante abeille sauvage est spécialisée dans la collecte du pollen de la bryone.

Goniglossum wiedemanni - Paris © Gilles Carcassès
Goniglossum wiedemanni – Paris © Gilles Carcassès

Mais un autre insecte s’affaire autour des fleurs et des jeunes fruits. C’est une petite mouche aux ailes bigarrées et aux yeux verts.

Je soupçonne fort ce diptère d’appartenir à  la famille des Tephritidae. Un petit tour chez Dipera.info m’apprendra qu’une espèce de cette famille est justement inféodée à  la bryone : Goniglossum wiedemanni, qui pond dans les fruits de cette plante.

Ce Goniglossum est proche d’autres espèces qui gâtent les fruits, les tristement célèbres « mouche de la cerise » et « mouche de l’olive ». On ne reprochera rien au Goniglossum, car les baies de la bryone sont toxiques. On les lui laisse.

Goniglossum wiedemanni s'approche d'un bouquet de fleurs de bryone. © Gilles Carcassès
Goniglossum wiedemanni s’approche d’un bouquet de fleurs de bryone. © Gilles Carcassès

La coccinelle de la bryone

https://natornatex.wordpress.com/2015/06/26/les-insectes-de-la-bryone/

Non classé

Le bouillon-blanc de Neuville

Verbascum Thapsus, le molène bouillon blanc - Neuville © Gilles Carcassès
Verbascum thapsus, le molène bouillon-blanc – Neuville © Gilles Carcassès

Tous les jours en allant au travail, je passe devant ce gros pied de bouillon-blanc, près de l’université de Cergy-Pontoise à  Neuville. Ces derniers temps, la tige est montée rapidement et on voit poindre les premières fleurs. Mais la plante a l’air sinistrée ; aurait-elle fait une mauvaise rencontre ?

Cucullia verbasci © Gilles Carcassès
Chenille de la brèche, Cucullia verbasci © Gilles Carcassès

La voilà , la responsable : la chenille de la brèche. Elles sont une bonne quinzaine à  dévorer les feuilles de la plante, les transformant patiemment en dentelles.

Une toute petite mouche tournicote dans le secteur. C’est un représentant de la famille des Chloropidae. Plusieurs espèces de cette famille se nourrissent de sécrétions animales, et on les voit parfois lécher des larves d’insectes. Aussi, la concentration de chenilles sur cette plante n’est peut-être pas étrangère à  la présence de ce diptère.

Meromyza - Neuville-sur-Oise © Gilles Carcassès
Meromyza – Neuville-sur-Oise © Gilles Carcassès
Meromyza sur un verbascum © Gilles Carcassès
Meromyza sur un verbascum © Gilles Carcassès

Avec son abdomen bien vert et ses fémurs postérieurs dodus, je verrais bien là  l’espèce Meromyza femorata dont la larve consomme une graminée, le dactyle aggloméré, très répandu dans les prairies voisines.

Brachymeria © Gilles Carcassès
Brachymeria © Gilles Carcassès

Ce micro-hyménoptère, tout aussi fort en cuisses, a l’air de s’intéresser également aux chenilles. Cette espèce est un parasitoà¯de connu pour pondre dans les chenilles de la piéride du chou. Dans celles de la brèche aussi, apparemment…

Alors, pour protéger vos choux, semez donc au jardin des bouillons-blancs. Si ça ne favorise pas les Brachymeria, ça fera joli.

Les insectes des bouillons-blancs

L'actualité de la Nature

Le champignon, la mouche et l’orchidée

La discrète Neottia nidus-avis, à  l'ombre d'un chêne © Gilles Carcassès
La discrète Neottia nidus-avis, à  l’ombre d’un chêne © Gilles Carcassès

C’est une bien curieuse orchidée que cette néottie nid-d’oiseau : dépourvue de chlorophylle, elle est uniformément beige. Pour s’alimenter, elle a recours dès sa germination au service d’un champignon qui vit lui-même en symbiose avec les racines d’un arbre. Dans ce ménage à  trois, le champignon apporte de l’eau et des sels minéraux qu’il puise dans le sol, l’arbre fournit les sucres qu’il a élaboré dans ses feuilles grâce à  la photosynthèse, et la néottie… vit au crochet des deux autres !

La néottie peut pousser en touffes car c’est aussi une plante rhizomateuse. Les rhizomes sont abondamment garnis d’un réseau dense de racines (comme un nid d’oiseau), sièges de la mycorhize.

Une petite mouche, inféodée aux orchidées, fréquente cette plante au mois de mai : j’ai vu un couple de Chyliza vittata parcourir en tous sens l’inflorescence, attiré certainement par l’odeur du nectar. Sans doute ces mouches participent-elles ainsi à  la fécondation des fleurs ? Cette collaboration aura un prix, car la femelle pondra ses œufs dans la tige et les petites larves iront dévorer les racines charnues.

Chyliza vittata femelle en ponte sur la tige d'une néottie. © Gilles Carcassès
Chyliza vittata femelle en ponte sur la tige d’une néottie. © Gilles Carcassès
L'actualité de la Nature

Epistrophe

Epistrophe eligans - Cergy © Gilles Carcassès
Epistrophe eligans – Cergy © Gilles Carcassès

Cette jolie mouche Syrphidae a été observée sur un forsythia en fleurs devant le Verger à  Cergy (quartier Grand centre). L’Epistrophe eligans est un auxiliaire efficace pour le jardin, car ses larves dévorent les pucerons sur les rosiers, les sureaux, les ronces, les prunelliers, les bouleaux, les poiriers… Elle est commune dans les jardins, vole en avril et mai et pratique souvent le vol stationnaire.

Ses yeux se touchent sur le dessus de la tête, donc c’est un mâle. C’est peut-être pour mieux voir passer les femelles…

larve d'Epistrophe eligans - Conflans mai 2014 © Gilles Carcassès
Larve d’Epistrophe eligans © Gilles Carcassès

Cette larve d’Epistrophe eligans a été photographiée sur un sureau infesté de pucerons le 2 mai 2014 à  Conflans. On distingue sur cette larve claire et plate les deux processus respiratoires postérieurs accolés de couleur brun-rouge et la ligne médiane blanchâtre qui permettent de l’identifier.

Il existe en France plus de 500 espèces de Syrphidae (les syrphes). J’ai encore de la matière devant moi pour vous écrire des articles.

Voir l’intéressante étude du Parc Naturel Régional du Vexin français sur les 68 espèces de syrphes observées en 2006 sur les bords de la Viosne en amont de Cergy-Pontoise

L'actualité de la Nature, L'actualité des jardins

Une nouvelle chaîne alimentaire est née

DSC01237
La galle par enroulement des folioles de robinier © Gilles Carcassès

Avez-vous remarqué ces enroulements au bord des feuilles des robiniers ? Cette année, on en voit un peu partout, à  condition de les chercher, car les attaques restent discrètes. Le responsable est un moucheron, plus exactement une cécidomyie. Sa ponte provoque cette forme de galle qui protègera les asticots durant leur croissance. A l’intérieur de chaque galle on trouve deux ou trois larves d’un joli jaune. Les mésanges ont vite appris qu’elles étaient comestibles : on voit ici ou là  les coups de becs qui ont percé les galles.

Galle becquetée par des oiseaux © Gilles Carcassès
Galle becquetée par des oiseaux © Gilles Carcassès

Obolodiplosis robiniae – c’est le nom de cette cécidomyie – est inféodée aux robiniers. Ce nouveau ravageur nous arrive d’Amérique, le continent d’origine de ces arbres introduits au 17ème siècle en Europe par les explorateurs, qui avaient remarqué la solidité de son bois, apte à  faire de bons piquets, et la valeur nutritive de son feuillage pour le bétail.

Le premier signalement en France de cette cécidomyie remonte à  2007, suite à  son introduction fortuite en Italie en 2003.

DSC01335
La larve d’Obolodiplosis robiniae, que j’ai sortie de sa cachette. © Gilles Carcassès

Cette cécidomyie est souvent parasitée par un minuscule hyménoptère du genre Platygaster, qui assure une régulation efficace du ravageur. Cette micro guêpe parasitoà¯de exclusif de ce diptère pond dans les larves de la cécidomyie. Les larves de Platygaster qui se développent rapidement ne laisseront de leur hôte que la peau. On a cherché ce Platygaster en Amérique : il semble bien qu’il n’y soit pas.  Il s’agirait donc d’une espèce européenne qui se serait spécialisée à  l’arrivée d’Obolodiplosis. Une création d’espèce nouvelle en quelques années seulement ? La nature a de ces mystères !

platygaster
Ces quatre larves de Platygaster robiniae ont achevé de consommer tout l’intérieur d’une larve d’Obolodiplosis. Photographies prises à  Cergy, quartier Grand centre © Gilles Carcassès

http://www.bourgogne-nature.fr/fichiers/bn12-91-99-insectes-du-robinier_1390843095.pdf

L'actualité de la Nature

Inconfondable

Amonoia purmunda sur une mà»re. Photographie prise au Verger à  Cergy, quartier Grand centre © Gilles Carcassès
Anomoia purmunda. Photographie prise au Verger à  Cergy, quartier Grand centre © Gilles Carcassès

Le dessin très particulier de ses ailes permet l’identification à  coup sà»r de cette toute petite mouche peu commune. Ici, elle est perchée sur une mà»re.

Sur un pin noir © Gilles Carcassès
Sur les aiguilles d’un pin noir © Gilles Carcassès

Les larves d’Anomoia purmunda se développent dans les baies d’aubépine, de cotonéaster, de berbéris. L’ovipositeur au bout de l’abdomen de cette mouche indique qu’il s’agit d’une femelle. Les mâles seraient attirés par les effluves de solvant des peintures fraîches, que peut-être ils confondent avec les molécules de phéromones des femelles.

http://www.insecte.org/forum/viewtopic.php?f=11&t=132077

L'actualité de la Nature

Merci les mouches

Où serions-nous sans les mouches ? Ensevelis sous les détritus !

Dans cet article Romain Julliard, professeur au Muséum national d’Histoire naturelle, rapporte que les arthropodes (des crustacés aux insectes) éliminent plus de déchets dans les villes que toutes les autres espèces de vertébrés réunies. Selon cet éminent spécialiste, la connaissance de la biodiversité urbaine et la sensibilisation du public à  sa protection sont des enjeux essentiels pour l’avenir de nos cités.

Parce que, au sein des arthropodes consommateurs de déchets, les mouches tiennent une place de choix, je vous propose de découvrir quelques espèces urbaines très actives dans le domaine de la transformation de la matière organique.

Lucilia © Gilles Carcassès
Lucilia sp., photographiée à  Saint-Ouen-l’Aumône © Gilles Carcassès

Les Lucilia sont les premières à  pondre sur les déchets carnés et les excréments. Elevées dans des conditions stériles, elles sont utilisées en asticothérapie pour le nettoyage des plaies.

Sarcophaga © Gilles Carcassès
Sarcophagidae, photographiée à  Saint-Ouen-l’Aumône © Gilles Carcassès
Cynomya mortuorum © Gilles Carcassès
Cynomya mortuorum, photographiée à  Puiseux-Pontoise sur une fleur de panais © Gilles Carcassès

Les Sarcophaga et les Cynomya sont attirées par les odeurs cadavériques. Elles appartiennent à  la deuxième des huit vagues d’arrivée successives sur les cadavres.

Hermetia illuscens, la mouche des poubelles des villes du Sud© Gilles Carcassès
Hermetia illucens, la mouche des poubelles des villes du Sud de la France. On la reconnaît aux curieuses fenêtres transparentes sur son abdomen (cet aspect serait censé la protéger des prédateurs en lui donnant l’apparence d’une guêpe américaine…). © Gilles Carcassès

Hermetia illucens est une américaine arrivée en France dans les années 1950 (un bon cru). Cette mouche tropicale a colonisé tous les continents. Elle est très efficace dans la consommation de toutes sortes de déchets. Elle est même utilisée dans certains procédés de compostage. On l’élève pour la nourriture de poissons et d’animaux de terrarium.

L'actualité de la Nature

Volucelle que vous croyez

Volucella bombylians, la volucelle bourdon © Gilles Carcassès
Volucella bombylans, la volucelle bourdon. On remarquera ses antennes plumeuses, un des signes distinctifs du genre © Gilles Carcassès

En visite au jardin de la Couleuvre à  Pontoise, siège du CAUE du Val-d’Oise, j’ai rencontré cette volucelle bourdon. Ce diptère, par sa pilosité et sa corpulence, ressemble à  s’y méprendre à  un bourdon. Il existe plusieurs formes diversement colorées de cette espèce, correspondant à  différentes espèces de bourdons. Il semble que cette mouche ne limite pas la ressemblance à  l’aspect visuel car elle émet aussi un bourdonnement voisin de celui des bourdons. Elle visite les nids des bourdons pour y pondre ses œufs. Les larves s’y nourriront de déchets trouvés au fond du nid, et parfois aussi un peu du couvain.

L’adulte est un pollinisateur actif.

Tout savoir sur les ennemis des bourdons

Volucella pellucens, la volucelle transparente sur des fleurs de troà«ne à  La Roche-Guyon © Gilles Carcassès
Volucella pellucens, la volucelle transparente © Gilles Carcassès

Une espèce voisine, la volucelle transparente, vue ici sur un troène en fleurs à  La Roche-Guyon, trompe chimiquement la guêpe commune et la guêpe germanique pour aller pondre dans leur nid souterrain. On la voit souvent se nourrir sur les fleurs blanches.

Si, comme sur cette photo, les yeux ne se touchent pas, c’est qu’on affaire à  une femelle.

Une autre vue de Volucella pellucens montrant la transparence de l'abdomen © Marion Poiret
Une autre vue de Volucella pellucens montrant la transparence de l’abdomen © Marion Poiret