Qui est-ce ?
A mercredi pour la réponse !
C’est le printemps ! Les pelouses et bords de route se parent de délicates teintes bleues et grises avec les premières floraisons. Une partie de ce bleu est dà» aux véroniques, espèces assez précoces dans l’année, mais pour le reste, une bonne part tient à l’éclosion des myosotis.
Le genre Myosotis, de la famille des Boraginaceae, est assez compliqué. Il existe 7 espèces indigènes (qui poussent naturellement) en àŽle-de-France dont la fréquence varie de très commune à rare et dont les critères de différenciation sont assez ténus. Il est d’autant plus difficile de les identifier sur seule photo. Toutefois, dans les images de précédentes excursions des différents naturalistes de Cergy-Pontoise, je pense avoir retrouvé 4 espèces. Les plus communes, bien entendu, mais c’est déjà un bon score.
Une première étape est de regarder les poils du calice (l’ensemble des sépales, les pièces se trouvant sous les pétales). Un premier groupe de 5 espèces a des poils crochus, le deuxième, à 2 espèces, a des poils droits et appliqués contre le calice.
Le plus commun, le myosotis des champs Myosotis arvensis, se rencontre facilement dans les pelouses, les friches, les jachères. Le calice est densément couvert de poils crochus. Lorsque la population est importante le patch apparait même plus gris que bleu.
Celui-ci semble appartenir à une autre espèce. La présence de feuilles à l’aisselle des inflorescence m’oriente vers le myosotis rameux, Myosotis ramosissima. Il est assez commun dans les pelouses et les friches.
Le myosotis des marais, Myosotis scorpioides (on voit que l’extrémité de l’inflorescence s’enroule telle un scorpion) présente une légère pilosité bien plaquée contre le calice. Il est assez commun dans les milieux humides, comme ici le long du ru du Missipipi à Osny.
Enfin, la dernière trouvaille est celui-ci, dont le calice est également dépourvu de poils crochus et qui a été trouvé sur les berges des étangs de l’île de loisirs.
Le calice parait n’avoir des poils que sur la partie basse (le réceptacle). Lorsqu’on regarde à l’intérieur du calice, où les fruits sont en formation, on voit que le style (partie femelle de la fleur) est très court. Ces deux éléments orientent vers Myosotis laxa, le myosotis cespiteux qui est plutôt rare dans la Région.
Je n’ai pas encore trouvé les trois autres espèces sur le territoire. En revanche, de nombreuses variétés cultivées comme plantes d’ornement existent. Elles ont un peu tendance à s’échapper des parterres fleuris, aussi vous les avez peut-être rencontrées dans vos jardins. Elles ont souvent des fleurs plus grosses et d’un bleu très franc, plutôt jolies.
La flore d’àŽle-de-France, par Philippe Jauzein et Olivier Nawrot
Les araignées de la famille des Salticidae, ou araignées sauteuses, ont la capacité de faire des bonds incroyables, elles paraissent s’auto-catapulter tant le saut est rapide. Elles peuvent ainsi surprendre vivement une proie (un insecte), échapper à un prédateur ou fuir l’objectif d’un appareil photo. Les araignées qui nous intéressent aujourd’hui, du genre Heliophanus, mesurent environ 4 mm. La lentille de mon appareil doit effectivement leur paraître bien impressionnante !
Elles en revanche, se classent plutôt du côté des « adorables et mignons » que de celui des « monstres effrayants ». En plus de leur capacité acrobatique, on reconnait les Salticidae à la disposition de leurs yeux : deux gros yeux tout rond au centre et trois autres paires plus petites, de part et d’autre de la première et sur le dessus du céphalothorax.
Quant à Heliophanus cela signifie « qui brille au soleil », plutôt poétique non ?
Il existe plus d’une dizaine d’espèces du genre Heliophanus en Europe, mais deux sont particulièrement communes dans nos jardins.
Il s’agit de Heliophanus tribulosus (la chasseuse) pour la première, que l’on reconnait à ses pattes jaunes et ses joues rousses.
Et Heliophanus cupreus (la cuivrée) pour la deuxième. Celle-ci a également les pattes et les pédipalpes jaunes, mais n’a pas de roux sur les joues et présente des points blancs formant un carré sur son abdomen.
Adorable n’est-ce pas ?
Continuons dans la série des plantes à fleurs en pompons roses à fortes épines. Après les chardons vrais (Carduus), voyons les cirses (Cirsium). Parmi les 8 espèces connues en àŽle-de-France, nous en avons rencontré 5 sur le territoire.
Le cirse des champs est sans doute le plus abondant des cirse dans la Région. C’est celui qui a les fleurs les plus claires et le moins d’épines, seules les feuilles en portent.
Le cirse des marais, comme son nom l’indique, se rencontre dans les zones humides, au bord des cours d’eau. Sur la gamme de rose, c’est lui qui a les fleurs les plus foncées. Comme on peut le voir, il est largement doté en épines.
Le cirse des maraichers est le seul du genre à avoir des fleurs jaunes et non roses. Les capitules sont beaucoup plus gros que ceux des autres cirses. De même, la plante de manière générale est beaucoup plus imposante que ses compatriotes bien que moins fournie en épines. S’il s’appelle « des maraichers » c’est parce qu’un temps ce cirse a été consommé comme un artichaud.
Le cirse commun se rencontre sur tout type de terrain (prairies, pelouses, chemins). Il fait des capitules moins nombreux et non agglomérés mais ceux-ci ont une forme ovoà¯de et sont hérissés d’épines. Ils sont ainsi facilement reconnaissables.
Le cirse laineux quant à lui, est recouvert d’un voile aranéeux.
Ces 5 espèces participent au maintien des insectes pollinisateurs : des espèces spécialistes qui ne peuvent survivre sans ces plantes, et d’autres très généralistes qui trouvent sur ces fleurs de quoi se nourrir tout au long de l’année.
Rappelez-vous, il y a un mois nous partions avec Sylvain à la recherche de canards sauvages sur les étangs de l’île de loisirs.
Sylvain m’avait indiqué avoir vu un groupe de canards siffleurs quelques jours plus tôt. Ce sont des canards assez rares dans la région. Les contrastes de couleurs des oiseaux en vol et posés sont très ressemblants à ceux du canard siffleur, malheureusement nous n’avons pas réussi à les approcher suffisamment pour en avoir le cœur net. La « meilleure » photo que nous ayons pu prendre est celle-là :
A cette distance, cela peut tout aussi bien être un fuligule milouin.
Toujours est-il que sur cet étang, nos fameux canards mystères n’étaient pas seuls. Quatre autres espèces de canards partageaient les lieux avec les oies, les cormorans et les foulques : le canard colvert, le canard chipeau, le canard souchet et le canard mandarin.
Les mâles de ces quatre espèces rivalisent de couleurs et de contrastes lorsqu’ils arborent leurs plumages nuptiaux. Voyons un peu,
Le classique canard colvert, avec son capuchon vert brillant
L’élégant canard chipeau, dans son costume sombre
L’atypique canard souchet, avec son bec en spatule et son œil d’or dans une capuche verte
Et le bariolé canard mandarin dont les formes et les couleurs sont uniques.
Mais lorsqu’il s’agit d’identifier les femelles, c’est une toute autre histoire. Elles sont bien moins tape à l’œil et se ressemblent assez.
Lorsqu’elles sont avec leur partenaires, il est relativement facile d’associer la bonne cane à la bonne espèce.
Mais pour des individus isolés il est bien plus difficile de déterminer l’espèce. Le secret, est de regarder dans le miroir.
Le miroir des canes est ce petit rectangle de plumes de couleurs différentes du reste du corps juste sous l’aile. Chez le colvert il est bleu, chez le chipeau il est blanc, chez le souchet il est vert. Infaillible.
Le guide ornitho, Edition Guide Delachaux
Grands choix de canards sauvages
Dans la famille des Onagraceae je demande l’onagre bisannuelle.
Si les deux noms sont si ressemblants c’est parce que justement le nom de la famille a été créé à partir de celui de la plante. En botanique le nom de la famille (qui rassemble plusieurs espèces et plusieurs genres ayant des caractéristiques, notamment génétiques, semblables) dérive du nom du genre de la première plante ayant été décrite par un botaniste. Ainsi l’onagre a donné la famille des Onagraceae, la plantain celle des Plantaginaceae et le géranium celle des Geraniaceae.
Mais les noms évoluant, l’onagre dont le nom scientifique était Onagra, ou herbes aux ânes, est devenu Å’nothera, faisant référence à l’odeur vineuse de ses racines. Ainsi l’onagre bisannuelle s’appelle, de manière officielle à travers le monde, Å’nothera biennis.
C’est une plante assez rare dans la région, typique des sols sablonneux, des friches et des terrains vagues.
Durant l’été elle fait de grandes fleurs jaunes (environ 5 cm) dont les pétales ressemblent à des cœurs. Mais attention, si elle s’appelle « bisannuelle » c’est qu’elle ne fleurit pas tous les ans. Son développement prend deux ans. Elle passe la première année à l’état végétatif, on n’en voit alors que les feuilles, puis fleurit l’été suivant avant de faner puis mourir en laissant ses graines pour la génération suivante. On comprend donc mieux pourquoi elle est plus fréquente dans les friches qu’ailleurs : là -bas elle n’est pas tondue au milieu de sa croissance !
Pour compléter la collection des onagres il faudrait trouver les autres espèces du genre Å’nothera présentes en àŽle-de-France. Il y en aurait 4 autres, beaucoup plus rares que l’onagre bisannuelle. Mais en cherchant bien dans les photos léguées par Gilles j’en trouve une qui me semble plus correspondre à Oenothera glazioviana, l’onagre à sépales rouges, qu’à Oenothera biennis. En y regardant de près, les sépales sont bien rouges, ce qui semble être, avec la taille des fleurs, le seul critère permettant de différencier les deux espèces. Notre territoire abrite un patrimoine décidemment impressionnant.
Aux bords des étangs de l’île de loisirs les aulnes ont commencé à fleurir. Les chatons mâles pendent aux côtés des fruits (en cône) de l’an passé. L’effet est assez graphique.
Mais il y a autre chose dans cet arbre. Des petites boules jaunes, dans un aulne, serait-ce… mais oui ! Ce sont bien des tarins des aulnes qui profitent des graines encore présentes dans les cônes femelles de l’arbre pour faire un bon repas.
Le tarin des aulnes, Carduelis spinus, est un petit passereau granivore de la famille des Fringillidae. On reconnait les oiseaux de cette famille à leur bec fort, fait pour casser des graines, leur queue échancrée et leurs couleurs souvent vives. Le tarin est lui dans les tons jaunes et blancs, striés de noir. On reconnaît ici un mâle avec sa poitrine d’un jaune prononcé et sa calotte noire.
Le tarin des aulnes est un oiseau nordique. On ne le rencontre que l’hiver chez nous, où il se nourrit principalement des graines d’aulne ou de bouleau. Dans le Nord de l’Europe, où il niche, il affectionne les conifères.
Le guide ornitho, édition Delachaux
Le tarin des aulnes, par Oiseaux.Net
Le mois dernier nous présentions le roitelet huppé, Regulus regulus, tout petit oiseau à la huppe orange vif. Voici son cousin, le roitelet à triple bandeau, Regulus ignicapilla.
A peine plus grand que le roitelet huppé, le roitelet à triple bandeau est bâti sur le même modèle : une petite boule de plumes très énergique aux teintes brunes, olive, noires et orange. Il affectionne également les boisements de conifères, même si on peut le rencontrer plus fréquemment que son cousin dans les boisements présentant plus de feuillus. Son chant, moins cadencé mais tout aussi aigu peut être délicat à détecter en forêt.
Heureusement, une différence de taille le distingue du roitelet huppé : le fameux troisième bandeau, le sourcil blanc très marqué qui accompagne les bandes orange et noires de la tête.
Le guide ornitho, aux éditions Delachaux
Mi-février, Sylvain, animateur nature de l’île de loisirs de Cergy-Pontoise m’indique qu’il a vu des canards peu ordinaires sur les étangs. Peut-être des canards siffleurs ? Ce serait une découverte très intéressante.
Une petite heure de libre dans ma journée, je rejoins Sylvain et nous voilà partis pour un tour de bateau sur le grand étang, sur la piste des canards.
SPOILER : nous avons bien photographié des canards, mais ce n’étaient pas ceux que nous cherchions (nous verrons ça dans quelques jours).
En revanche, nous avons fait une autre découverte intéressante. Au milieu des bernaches du Canada, une autre oie se cache. Elle est plutôt jolie avec ses motifs bigarrés. C’est l’ouette d’Egypte, Alopochen aegyptiaca.
Ca n’est pas vraiment une espèce du coin, mais une échappée d’élevage qui a retrouvé une forme de vie sauvage. Comme les pigeons biset (ou pigeons domestiques) et certains canards, on les appelle des espèces férales. Elle avait déjà était vue ici en 2016, et également dans le parc du Sausset en Seine-Saint Denis. Elle a l’air de se plaire dans la région.
Il était une fois Monsieur et Madame Colvert (Honorine et Gaston de leurs prénoms), un couple de canards qui habitaient sur les bords des bassins du parc François Mitterrand. C’est donc sur ces bassins qu’ils donnèrent naissance, en 2019, à quatre petits canetons. Mais comme l’hiver 2018-2019 avait été relativement doux, les quatre canetons sont nés très tôt dans l’année, au début du mois de février. Or, à cette période, pour éviter le gel des appareils d’alimentation des bassins, les pompes sont à l’arrêt et les coursiers sont vides.
Patatras ! Un matin, les quatre petits canetons ont suivi leur maman et sont descendus dans les coursiers.
Mais sans eau, ces bassins sont bien trop profonds pour que nos quatre petits amis, qui ne savent pas encore voler, puissent sortir tous seuls. Leur maman est bien embêtée, elle ne va tout de même pas les abandonner là …
Heureusement, est passé par là le grand Léo qui, de sa main secourable, a sorti les quatre petits canetons des coursiers qui ont vite rejoint leur maman.
Morale de cette histoire, au début de cette année les services du secteur GEMAPI ont pris les devants et ont installé dans tous les coursiers des rampes à canetons !
Ces bastaings de bois installés dans chaque coursier devraient permettre aux canetons, ou à d’autres petits animaux (comme les hérissons) ayant chu dans les bassins de remonter sans peine. Les pigeons les ont essayés et c’est validé !
Retrouvez des images de l’installation sur la page Facebook de l’agglomération