L'actualité de la Nature

Araignées sauteuses

Les araignées sauteuses, ou saltiques, sont réputées curieuses. Celle-ci m’a repéré de loin et semble me dévisager. Les Salticidae possèdent les yeux les plus perfectionnés des arthropodes. Tout d’abord, ils en ont huit, quatre vers l’avant et quatre, plus petits, vers l’arrière. Et les deux gros yeux au centre sont mobiles, ils assurent une très bonne vision binoculaire. Ces araignées s’en servent pour chasser à  vue dans la végétation, car elles ne tissent pas de toiles.

Evarca femelle © Gilles Carcassès
Saltique dans les herbes de mon jardin © Gilles Carcassès

J’approche doucement l’objectif, cette araignée vient voir ce que c’est.

Salticidae © Gilles Carcassès
Evarcha arcuata femelle © Gilles Carcassès

Puis elle disparaît d’un bond !

Avec cette double moustache blanche, il s’agit certainement de l’espèce Evarcha arcuata, l’une des 31 espèces de Salticidae visibles en Ile-de-France (d’après INPN). Elle apprécie la végétation herbeuse des lieux plutôt humides.

Quelques mètres plus loin, une zone plus ensoleillée fournit un habitat à  une autre espèce : Heliophanus cupreus

Heliophanus cupreus femelle © Gilles Carcassès
Heliophanus cupreus femelle © Gilles Carcassès

Voici encore une autre saltique, que l’on rencontre sur les arbustes et sur les pins : Macaroeris nidicolens. J’ai photographié celle-ci au pied de la préfecture à  Cergy.

Macaroeris nidicolens - Cergy © Gilles Carcassès
Macaroeris nidicolens – Cergy © Gilles Carcassès

Pas facile à  distinguer sur le cône de pin !

L'actualité de la Nature

Le chardon des champs : ami ou ennemi ?

Cirsium arvense, le chardon des champs © Gilles Carcassès
Cirsium arvense, le chardon des champs © Gilles Carcassès

Comment reconnaître le chardon des champs ?

Ses feuilles sont piquantes mais n’ont pas d’épines sur leur face supérieure. Les capitules sont nombreux et mesurent moins de  2 centimètres. Les tiges ne sont pas ailées.

Est-ce une plante invasive ?

Le chardon des champs est une plante indigène, elle ne rentre donc pas dans la catégorie des plantes invasives, même si elle est reconnue comme une adventice indésirable.

Pourquoi est-elle gênante dans les cultures ?

Le chardon des champs est une plante vivace qui peut s’étendre latéralement par de vigoureux rhizomes, jusqu’à  2 mètres par an. La plante peut aussi se bouturer à  partir d’un tout petit fragment de rhizome. Enfin, un pied peut produire 1500 graines par an et les graines sont capables de rester en dormance dix ans dans le sol. C’est surtout sa capacité à  drageonner qui en fait une adventice redoutée. Sa présence dans les champs peut entraîner des pertes de rendements car son enracinement profond la rend compétitive par rapport aux cultures.

L'envol des graines du chardon des champs © Gilles Carcassès
L’envol des graines du chardon des champs © Gilles Carcassès

Est-elle utile à  la biodiversité ?

De très nombreux représentants de la faune sauvage fréquentent ce chardon et certaines espèces lui sont inféodées.

Les fleurs riches en nectar du chardon des champs sont très visitées par les hyménoptères © Gilles Carcassès
Cet hyménoptère butine une fleur de chardon des champs © Gilles Carcassès

Ses fleurs riches en nectar sont visitées par de nombreuses espèces d’insectes pollinisateurs : des papillons, des mouches et beaucoup d’hyménoptères. La faune aide aussi à  réguler l’expansion de l’espèce :

Comment lutter contre la prolifération du chardon des champs dans les espaces non cultivés ?

La meilleure façon d’agir est de gérer l’espace selon les principes de la gestion différenciée car une prairie stabilisée ne laissera pas de place aux chardons. Pour y parvenir, il faut respecter les principes suivants :

  • Pratiquer une fauche annuelle, haute de 8 cm minimum. En cas d’infestation, elle peut se faire en juin avant la formation des graines des chardons.
  • Bannir les fauchages à  l’épareuse qui laissent souvent des sols nus favorables à  l’établissement des chardons.
  • Préférer la faucheuse à  la broyeuse
  • Exporter les coupes si possible
  • Ne pas utiliser d’engins lourds qui tassent le sol, car un sol compacté est favorable aux chardons
  • Dans le cas d’une création de prairie, préférer le semis d’automne à  celui de printemps. La luzerne a la capacité d’éliminer les chardons.

Ne pas confondre

Il existe en Ile-de-France sept autres espèces de Cirsium et une bonne dizaine d’autres espèces herbacées épineuses à  fleurs composées (principalement chez les Asteraceae). Compte-tenu de leur absence de nuisance en agriculture, seul le chardon des champs est visé par les arrêtés préfectoraux d’échardonnage. Voici quelques-unes de ces autres espèces.

Cirsium vulgare, le cirse commun © Gilles Carcassès
Cirsium vulgare, le cirse commun (Asteraceae) © Gilles Carcassès

Les capitules du cirse commun sont plus gros et plus épineux que ceux du chardon des champs. C’est une plante bisannuelle.

Cirsium eriophorum, le cirse laineux © Gilles Carcassès
Cirsium eriophorum (Asteraceae) © Gilles Carcassès

Cirsium eriophorum est facile à  reconnaître avec ses involucres laineux. C’est aussi une plante bisannuelle.

Onopordon acanthium - Saint-Oen l'Aumône © Gilles Carcassès
Onopordon acanthium (Asteraceae)- Saint-Ouen l’Aumône © Gilles Carcassès

L’onopordon est une très grosse plante bisannuelle aux feuilles larges et cotonneuses et aux tiges ailées.

Le dossier très complet sur le chardon des champs par Seine-et-Marne Environnement, qui sera très utile aux agriculteurs comme aux jardiniers

La fiche Smart’Flore du chardon des champs

L'actualité de la Nature

Le rouge-queue noir

Rouge-queue noir - Cergy © Gilles Carcassès
Rouge-queue noir (Phoenicurus ochruros)- Cergy © Gilles Carcassès

Il ne serait pas un peu « blanc-bec » celui-là  ? Assurément, c’est un jeune de l’année de la famille rouge-queue noir que je vois tous les jours au Verger, dans le jardin de Cergy-Pontoise Aménagement.

Comment reconnaître un rouge-queue noir ? Comment dire, c’est simple : la queue est rouge brique, et le reste à  peu près gris noir. Les yeux et les pattes sont noirs. C’est immanquable. Au passage, on vérifie le bec fin de cet oiseau insectivore. Et s’il se dandine en remuant de la queue, c’est normal, c’est sa façon à  lui de se distinguer. Son chant que certains qualifient de mélodieux rappelle le bruit du verre écrasé.

Cet oiseau est migrateur, il passe ses quartiers d’hiver en Espagne ou en Afrique du Nord, et revient chez nous tôt au printemps, souvent dès la mi-mars. Quand il est là , on sait que l’hiver est fini.

Il niche dans les bâtiments, sur les poutres des granges, dans des cavités, des fissures, des trous de murs. On le voit en campagne comme en ville, à  condition qu’il y ait aux alentours quelque espace vert en gestion différenciée abondamment garni d’insectes !

 

L'actualité de la Nature

Le charançon et la fourmi

Dans le jardin du Verger à  Cergy, les Rhopalapion longirostre s’accouplent sur les boutons des fleurs des roses trémières. La femelle reconnaissable à  son rostre très allongé va ensuite forer le bouton et insérer ses œufs au niveau des graines.

Ce petit coléoptère est en pleine expansion. Arrivé en Ardèche en 1982, cet insecte invasif a voyagé très rapidement dans les poches des jardiniers amateurs qui ramassent imprudemment des graines au hasard de leurs promenades, sans se douter qu’elles sont parfois occupées par la larve d’un ravageur. C’est sans doute le même genre de collecte touristique qui explique l’expansion rapide de la bruche du févier (les cosses géantes de cet arbre sont si décoratives !).

Couple de Rhopalapion longirostre accompagné d'une fourmi © Gilles Carcassès
Couple de Rhopalapion longirostre accompagné d’une fourmi © Gilles Carcassès

J’ai remarqué que tous ces couples sont assidument visités par des fourmis. Aucune agressivité de leur part : elles inspectent, elles papouillent… Et sans doute aussi, elles absorbent quelques liquides nutritifs, peut-être la sève de la plante qui s’écoule par les trous de ponte.

Les fourmis ont un comportement de mutualisme bien connu avec les pucerons : elles les protègent de leurs prédateurs et en échange se nourrissent de leur miellat. Dans le cas présent, le bénéfice pour ces petits charançons n’est pas évident. Peut-être un service de toilettage ?

L’apion des roses trémières par insectes-net

Agenda, L'actualité des jardins

Visitez le jardin écologique du Jardin des plantes à  Paris

Le jardin écologique du Jardin des plantes de Paris © Gilles Carcassès
Au jardin écologique du Jardin des plantes de Paris © Gilles Carcassès

Profitez de l’été pour visiter un lieu ordinairement réservé aux chercheurs, au jardin des Plantes de Paris : le jardin écologique. Un programme de visites guidées gratuites (jusqu’au 25 aoà»t 2016) vous permet de découvrir cette enclave de nature préservée. Vous y verrez des parcelles cultivées (vigne, céréales) et leurs plantes adventices aujourd’hui menacées, une mare, plusieurs types de boisement, une platière de grès, une friche, une haie champêtre, une prairie de fauche, une spirale à  insectes, une butte à  bourdons, une pelouse calcicole… Pas de ratons-laveurs, mais d’autres représentants encombrants de la faune parisienne sont bien présents et nécessitent quelques moyens de protection : pigeons, corneilles, perruches, canards colverts.

Spirale d'herbes aromatiques © Gilles Carcassès
Spirale d’herbes aromatiques au jardin écologique (Paris) © Gilles Carcassès

 

L'actualité de la Nature

Coucou, le Praon est sorti !

Le puceron parasité a livré son hôte.

La nervation des ailes confirme le genre Praon et avec ces couleurs, ce pourrait être Praon volucre, l’un des plus connus. Evidemment, cet insecte est minuscule : pensez, pour tenir tout entier recroquevillé dans la momie d’un puceron ! Il mesure à  peine 2 mm.

Praon - Cergy © Gilles Carcassès
Praon – Cergy © Gilles Carcassès

Cette espèce est un auxiliaire naturel indigène, utilisé pour protéger les cultures en serre des attaques des pucerons. Il est d’ailleurs conseillé d’ajouter quelques rosiers, bien garnis de pucerons, comme plantes relais avec la culture à  protéger car les pucerons du rosier sont aussi parasités par Praon volucre, et cela aide à  multiplier la population de ce parasitoà¯de. Chaque femelle Praon pendant sa courte vie (11 jours) peut parasiter jusqu’à  500 pucerons. Et les générations se succèdent tous les 15 jours tant qu’il fait chaud !

Praon volucre par l’INRA

Agenda, L'actualité des jardins

Prochain rendez-vous du développement durable : sol et biodiversité

invitation rdv DD 05 09 2016

Ne manquez pas ce « Rendez-vous du développement durable » consacré à  la préservation de la qualité des sols, un enjeu de première importance pour l’agriculture urbaine, la santé des végétaux en ville et la lutte contre le changement climatique !

L’article dans 13 comme une

L’observatoire participatif des vers de terre à  Cergy-Pontoise

L'actualité de la Nature

Le coup du Praon

Colonie de pucerons bruns sur la porcelle - Cergy © Gilles Carcassès
Colonie de pucerons bruns sur la porcelle (Hypochoeris radicata) – Cergy © Gilles Carcassès

Une colonie de pucerons aspire paisiblement la sève de cette tige de porcelle sur la pelouse du parc François-Mitterrand à  Cergy. Une scène presque buccolique. Et pourtant, à  y regarder de près (au centre de la photo)…

Un parasitoà¯de rode © Gilles Carcassès
Un parasitoà¯de rode © Gilles Carcassès

Ce minuscule hyménoptère noir dont on voit ici la tête au centre de l’image est un parasitoà¯de des pucerons. Un Aphidius peut-être, ou un Praon ?

Le cocon du Praon
Le cocon du Praon © Gilles Carcassès

Les pucerons parasités par les Praon présentent ce genre de cocon tissé par la larve pour s’y nymphoser après avoir consommé tout l’intérieur du puceron.

Voir aussi :

Coucou, le praon est sorti !

les pucerons parasités par les Aphidius

L'actualité de la Nature

Une chenille bien fatiguée

Chenille de Pterophoridae, sans doute la très commune Emmelina monodactyla © Gilles Carcassès
Chenille de Pterophoridae – Jouy-le-Moutier © Gilles Carcassès

Trouvée le 25 juillet 2016 dans le potager de la ferme d’Ecancourt, à  Jouy-le-Moutier, au revers d’une feuille de graminée, cette chenille orange, hérissée de bouquets de poils raides, ne semble pas très en forme. Il s’agit d’une chenille de Pterophoridae, probablement le très commun ptérophore du liseron, Emmelina monodactyla. Hop, en bocal : on verra bien s’il en sort quelque chose.

Pterophorus pentadactyla, le ptérophore blanc © Gilles Carcassès
Pterophorus pentadactyla, le ptérophore blanc. Sa chenille consomme aussi des liserons © Gilles Carcassès

Mercredi 3 aoà»t 2016, chic, une bestiole batifole dans le bocal !

Comme on pouvait s’en douter, ce n’est pas le papillon de la chenille qui est au rendez-vous.

C’est un hyménoptère parasitoà¯de qui est sorti, en faisant un trou dans le dos de la dépouille de la chenille.

Le trou de sortie du parasitoà¯de © Gilles Carcassès
Le trou de sortie du parasitoà¯de © Gilles Carcassès

A la sortie de son bocal, il a exploré mon index gauche avant de se sauver.

Braconidae © Gilles Carcassès
Braconidae. Serait-ce un Aleiodes ? © Gilles Carcassès

Heureusement qu’il est là  celui-là  pour réguler les populations de ptérophores : sans lui on aurait sans doute beaucoup moins de liserons aux si jolies fleurs blanches…