Lors de notre dernière sortie à la plaine des Linandes de Cergy, près du village des Schtroumpfs, nous avons observé ces petits nids d’oiseaux. Cela nous a cependant surpris car ceux-ci étaient minuscules, abondants, et leurs œufs étaient disposés dans un désordre sans nom. Quel genre d’oiseau laisserait ses œufs à l’abandon de la sorte ? Serait-ce là l’œuvre des petits êtres bleus ?
La réalité est encore plus surprenante à mes yeux : il s’agit de Cyathus olla, un champignon à l’allure peu commune que l’on retrouve souvent sur les paillages de BRF (Bois Raméal Fragmenté).
Les petits « œufs » que vous voyez dans les coupoles sont en réalité des péridioles, les organes de fructification du champignon. Lorsque le temps est pluvieux et qu’une goutte d’eau tombe dans la coupole, les œufs sont expulsés à plus ou moins longue distance du nid.
Après un atterrissage hasardeux, le péridiole s’accroche à son nouveau support (plante, roche, meuble de jardin…) à l’aide d’un fil gluant. Il pourra par la suite libérer ses spores et ainsi assurer la dispersion de l’espèce.
Et pas n’importe quelle araignée : Zoropsis spinimana, femelle ! Il y a tout juste un an, Gilles présentait le mâle de cette espèce et espérait avoir l’occasion de croiser la femelle. C’est chose faite. Et il n’avait pas menti, elle est effectivement bien plus imposante que le mâle, comme souvent chez les araignées.
La zoropse à patte épineuse est parfois appelée l’araignée Nosferatu, en référence aux motifs de son céphalothorax. C’est une paréidolie fréquente, beaucoup y voient les traits du vampire Nosferatu. Vous aussi ?
Cette marque n’est heureusement pas porteuse de malédiction, bien au contraire. La zoropse à patte épineuse, habitante des maisons présente deux avantages : elle ne tisse pas de toile et elle chasse les insectes et autres araignées de la maison. Une vraie fée du logis !
Nous vous présentions hier quelques-uns des papillons, dans leur forme adulte, qui font la diversité de notre territoire. Mais leurs chenilles n’en sont pas moins éclectiques. Voici quelques-unes des plus belles chenilles que nous avons observées cette année.
Au cours de l’année 2019 nous avons photographié pas moins de 78 espèces de papillons différentes. Voici une sélection de couleurs, de formes et de tailles variées pour illustrer la diversité de notre territoire.
Je suis allé pour vous à Paris aux rencontres nationales Lichens Go ! C’est un nouveau programme de science participative dédié au suivi des lichens sur le tronc des arbres en ville.
J’ai révisé les critères de détermination des espèces les plus courantes : c’est dur mais avec une bonne loupe on peut y arriver.
Ensuite je me suis exercé aux travaux pratiques sur le terrain. On a créé un attroupement de curieux…
Et l’après-midi, des conférences très intéressantes ont complété notre érudition sur le sujet. Comme pour les oiseaux et les insectes, je m’attendais à ce que l’on nous annonce le déclin de la diversité des espèces de lichens. Mais non ! Les lichens des troncs d’arbres en ville se portent comme des charmes. Pour preuve ce graphique extrait de la présentation de Simon Rivart, chercheur à l’UMS Patrimoine Naturel :
Le nombre d’espèces de lichens est en nette progression à Paris depuis 1981. Les suies de la combustion du charbon, puis le SO2 de celle des fiouls lourds avaient eu raison de la diversité lichénique de la capitale. Et si la pollution de l’air urbain n’a pas disparue, il faut bien reconnaître que l’impact dramatique des pluies acides sur la végétation est derrière nous.
Comme chaque année, nous avons participé au Suivi Temporel des Oiseaux Communs (STOC) en avril et mai, afin d’avoir un aperçu de la faune nicheuse sur le territoire de Cergy-Pontoise.
Retrouvez dans notre rapport STOC 2019 tous les détails du comptage.
Voici quelques-uns des faits marquants de l’année :
Quinté gagnant
De façon peu surprenante, les effectifs de nos comptages de printemps ont été dominés par les espèces vivant en colonies ou se regroupant en dortoir : les pigeons ramiers, les étourneaux sansonnets, les moineaux domestiques, les pies bavardes et les martinets noirs. Ce résultat, bien qu’attendu, est rassurant au regard des tendances nationales de ces oiseaux. L’étourneau par exemple a vu ses populations réduire de 18 % depuis 2001.
Nouvelles venues
Cette année c’est l’aigrette garzette qui nous a fait l’honneur de sa visite sur le territoire. Elle n’avait encore jamais été recensée dans nos comptages de printemps.
En dehors de la période de protocole il nous arrive aussi de faire de belles rencontres, comme celle du bruant zizi au début de l’année !
Quelques tendances
Au niveau national les tendances générales sont à la baisse avec une perte de 6,6 % des effectifs totaux d’oiseaux sur la période 2004-2019. C’est également le cas pour plusieurs espèces du territoire.
De plus, une récente étude menée à partir des résultats du STOC sur les réserves naturelles montre que dans ces espaces protégés les effectifs ont augmenté de 12,5 % ! Il serait intéressant d’avoir une étude similaire sur notre territoire voisin qu’est le Parc Naturel Régional du Vexin Français.
A la mangeoire
Outre le STOC, il existe d’autres protocoles qui permettent de suivre les populations d’oiseaux tout au long de l’année. Par exemple, avec BirdLab et Oiseaux des Jardins nous avons observé les oiseaux qui passent l’hiver chez nous, comme le verdier d’Europe.
Des migrateurs
Enfin, parmi les oiseaux que nous observons il y en a qui se contentent de traverser notre territoire pendant leur migration hivernale. Cet hiver nous avons ainsi croisé la route du pipit farlouse, du bruant des roseaux et de la grive mauvis.
Dans un massif fleuri automnal, ce très beau chou frisé décoratif héberge quelques chenilles. J’en dégage une des plis du feuillage pour mieux la photographier. Avec cette tête verte et une ligne jaune sur le dos, pas de doute, c’est la chenille de la piéride de la rave, Pieris rapae, de la famille des Pieridae.
Elle présente aussi une ligne jaune discontinue sur le flanc.
A quoi ressemble l’adulte ?
L’adulte se différencie de la piéride du chou, Pieris brassicae, par la forme de la tache noire présente à l’apex de l’aile antérieure : vaguement rectangulaire, elle s’étend sur le bord antérieur alors que chez la piéride du chou cette tache est en forme de croissant aux deux extrémités effilées. Autre différence : la piéride de la rave est plus petite que celle du chou.
Bravo à Françoise et à Antoine qui ont reconnu la crête du pic vert tapis dans l’herbe !
Mais contrairement au beau mâle que Gilles avait présenté il y a quelques années, notre pic vert n’a pas de moustaches rouges, c’est donc une femelle.
Pour comparer, voici un mâle vu une semaine plus tôt au parc des Larris à Pontoise*. On voit nettement une bande rouge partant du bec.
*Durant l’hiver les pics verts sont solitaires, ils ne se mettent en couple qu’au début du printemps.
Cet oiseau des lisières forestières partage son temps entre les prairies et pelouses dans lesquelles il mange des insectes (fourmis et coléoptères notamment), et les vieux arbres des forêts, haies et vergers. C’est sur ces arbres, le plus souvent morts, qu’il va taper du bec et produire les sons caractéristiques des pics. Ces percussions lui sont utiles à plusieurs égards : il appelle des congénères, il déloge des insectes sous l’écorce, il creuse son nid (jusqu’à 30 cm de profondeur dans le tronc !). Mais, outre ces toc-tocs, le pic vert est un bon chanteur. Son chant mélodieux ressemble un peu à un rire.
Revenons sur une séance photo estivale pour faire les présentations avec cette bien jolie mouche : Stratiomys potamida.
Le général rayé
Cette mouche est assez rare, ou du moins peu observée par les naturalistes franciliens. Elle ne fait l’objet que de 10 mentions dans la base de données régionale. Elle n’a d’ailleurs pas de nom français officiel. La traduction de son nom anglais Banded general qui donne « le général rayé » lui va plutôt bien. Le caractère rayé est assez évident, quant à l’aspect militaire il lui vient sans doute des deux fortes épines à la base de son scutellum (son dos). De plus, son nom latin Stratiomys signifie en grec « mouche soldat ».
Le terme potamida fait référence au fleuve. En effet, les larves de cette mouche sont aquatiques. Ce qui est assez cohérent avec le fait que nous ayons trouvé cet adulte aux Noirs marais, une des zones humides de Osny et donc un potentiel site de ponte.
Vu de dos, cette mouche a une silhouette très particulière avec son abdomen court, large et un peu aplati.
Un amateur d’apiacées
Le A est important, cette mouche ne consomme pas de pavots. On la trouve plutôt sur les ombelles des Apiacées : les plantes de la famille de la carotte ou, comme ici, de la berce (Heracleum sphondylium).
Enfin, détail important, les yeux totalement disjoints sur la face et au sommet de la tête nous indiquent qu’il s’agit ici d’une femelle.
Les petits oiseaux sont nombreux en cette fin d’automne sur le Parc des Arènes. Rouges-gorges, rouges-queues noirs, pinsons des arbres, mésanges bleues, mésanges charbonnières, toutes les couleurs sont au rendez-vous ! Et ça s’agite dans les phragmites. Seraient-ce des moineaux ? En zoomant un peu je découvre une belle surprise : ces sourcils crème et ces moustaches blanches trahissent la femelle du bruant des roseaux !
Un oiseau à protéger
Bien que considéré comme « commun » dans la région et protégé à l’échelle nationale, Emberiza schoeniclus, le bruant des roseaux, a vu ses populations s’effondrer ces dernières années. Il a été classé « en danger d’extinction » lors de la dernière révision de la Liste rouge des oiseaux nicheurs d’àŽle-de-France (2018).
Ils étaient une petite dizaine perchés dans le Parc des Arènes en ce mois de novembre 2019. On observe souvent ce comportement grégaire pendant l’hiver. Les bruants des roseaux sédentaires et nicheurs en àŽle-de-France se rassemblent en dortoir pour hiverner. Mais, il pourrait également s’agir de populations nordiques qui migrent et viennent passer la saison froide sous nos températures plus clémentes. Il faudra vérifier au printemps prochain si un ou des couples, nichent sur place pour confirmer leur préservation sur le territoire. En tout cas, ce n’est pas la première fois qu’on l’observe en hiver dans ce parc.
Un dimorphisme prononcé
En période nuptiale, au printemps, les mâles et les femelles sont très distincts. La femelle a la tête brun clair avec des sourcils et des moustaches prononcés alors que le mâle a un capuchon noir et seulement des moustaches blanches. En hiver en revanche, la tête du mâle s’éclaircit fortement. Au point qu’il est compliqué de le différencier d’une femelle qui serait un peu foncée. Aussi, il est difficile de dire si parmi la dizaine de femelles observées au Parc des Arènes, un mâle ne s’était pas glissé.
Vu !
Oups ! Je crois que nous avons été repérés … Il est temps de laisser ces bruants à leur chasse aux insectes et aux graines de phragmites.