Non classé

Les lichens : des bio-indicateurs

Il y a quelques semaines nous avons fait paraitre un article qui relate de la différence entre les lichens et les mousses, n’hésitez pas à y faire un tour à travers le lien juste ici. En résumé, les lichens sont le résultat d’une relation symbiotique entre un champignon et des algues microscopiques. Sur les écorces (appelés lichens corticoles), ils prennent différentes formes : crustacés (forme de croute), foliacés (drapés) et fruticuleux (forme filamenteuse).

Lichen Cladonia fimbriata, Vauréal – © CACP – Gilles Carcassès

Les lichens n’ont pas fini de nous étonner, de part leurs formes et leurs modes de vie, ils sont aussi des bio-indicateurs de la qualité de l’air !

Les lichens indicateurs de la qualité de l’air

Ces organismes prélevant la totalité des nutriments depuis l’air ambiant et ayant une croissance lente, peuvent indiquer un niveau de pollution cumulée sur plusieurs années ce qui les rend complémentaires aux capteurs de mesure habituels.

Les lichens ont des niveaux de sensibilité aux polluants atmosphériques tels que les oxydes de soufre, d’azote et les métaux lourds, assez variables. Leur présence ou leur absence dans une région peuvent ainsi indiquer le niveau de pollution atmosphérique. En effet, la dominance d’espèces de lichens résistants aux polluants associés à l’absence d’espèces plus sensibles (typiques d’air « propre ») oriente vers l’hypothèse d’une présence importante de polluants dans l’air.

Voici quelques exemples de lichens que vous pouvez retrouver sur des arbres et leurs niveaux de sensibilité aux polluants atmosphériques.

  • Pseudevernia furfuracea – Lichen fruticuleux sensible à la pollution azotée
Pseudevernia furfuracea – Neuville © CACP – Gilles Carcassès
  • Physcia leptalea – lichen fruticuleux moyennement sensible à la pollution
Physcia leptalea – Poissy © CACP – Gilles Carcassès
  • Evernie du prunellier, Evernia punatri – lichen fruticuleux moyennement sensible à la pollution
Evernie du prunellier, Evernia punatri et Xanthoria parietina – Puiseux © CACP – Emilie Périé
  • Xanthorie à pariétine, Xanthoria parietina – lichen foliacé résistant à la pollution
Xanthorie à pariétine, Xanthoria parietina – Puiseux © CACP – Emilie Périé
  • Phaeophyscia orbicularis – lichen foliacé résistant à la pollution
Phaeophyscia orbicularis – Cergy © CACP – Emilie Périé

Évaluez la qualité de l’air avec Lichens GO

Depuis 2022, l’observatoire Lichen GO vous propose de contribuer à une démarche de science participative et permet l’évaluation de la qualité de l’air en zone urbaine et rurale !

Avec les données collectées sur le terrain, vous pourrez participer à la cartographie de la qualité de l’air de votre environnement proche. En plus de contribuer à la recherche scientifique, c’est l’occasion d’en apprendre davantage sur la pollution atmosphérique et son impact sur la biodiversité.

Lichens GO est un observatoire de Parti CitaE (Sorbonne Université) et de Vigie-Nature École (Muséum national d’Histoire naturelle). Il est proposé en partenariat avec Tela Botanica (dans le cadre du projet Auprès de mon arbre) et l’UCLouvain.

👉 Pour participer, rendez-vous sur le lien suivant : Lichens GO

Avec le protocole en main et les clefs de détermination, n’hésitez pas à faire le tour de votre quartier et appréhendez votre environnement ! C’est en fonction des espèces de lichen que vous rencontrerez que vous pourrez justifier la qualité de l’air qui vous entoure.

Sources

Article mousse ou lichen

Lichen GO

Le site officiel

Protocole en ligne

Clé de détermination des lichens

Non classé

Mousse ou lichen ?

Ils sont souvent voisins de pallier, étendent leur domaine sur les arbres, rochers, murs, cailloux… On vous présente madame mousse et monsieur lichen.

Que vous soyez en ville ou au fin fond de la forêt, ces deux espèces y sont bien présentes. Le lichen et la mousse par leur présence similaire intriguent et peuvent éventuellement se confondre. On a souvent rangé le lichen dans la catégorie des mousses au vu de ses caractéristiques souvent proches de celles des mousses.

Pourtant, la mousse est une plante, le lichen est un hybride de champignon et d’algue.

On vous explique tout…

Mousse montre nous ta frimousse

La mousse est une plante, certe un peu rudimentaire, mais elle a des tiges feuillues qui font d’elle un végétal.

Pour être un peu plus précis, elle est un organisme multicellulaire de l’embranchement des Bryophyta dont les folioles se composent de cellules photosynthétiques, comme les arbres, les fougères ou les fleurs sauvages.

Mais contrairement aux plantes vasculaires, la mousse n’a pas de tissus spécialisés qui transportent activement l’eau et les nutriments, comme la sève, du sol jusqu’au bout des feuilles et vice-versa.
La mousse absorbe simplement l’eau et les nutriments comme une éponge verte et feuillue.

Elle a une texture souple, et souvent douce au toucher.

Le lichen, une histoire d’amour

On a l’impression d’être sur une autre planète, les couleurs varient, les formes sont arrondies ou frisées selon les espèces, les lichens parsèment le terroir de leurs jardins suspendus. Ils n’ont pas besoin de grand chose pour s’épanouir, seulement d’amour et d’eau fraîche. Un support (arbre, roche, mur, trottoir …) et les voilà partis pour vivre des petites poussières dans l’air et de la lumière du soleil.

Je vous ai parlé d’amour ? Le lichen est l’histoire d’une magnifique symbiose entre un champignon et de minuscules algues qui perdure depuis 400 millions d’années. C’est une relation donnant donnant : le champignon protège et nourrit en sels minéraux les algues ; elles, de leur côté, s’occupent de la photosynthèse et nourrissent le champignon en sucre.
Résumé de l’histoire : tout le monde est content.

Dans nos environs, il existe trois formes de lichen observables, qui ont pour point commun (les différenciant des mousses) d’avoir une texture rigide et sèche.

Fruticuleux : ils ont une forme filamenteuse ou touffue et peuvent être suspendus aux arbres ou dressés sur le sol.

Foliacés : ils ont une forme lobée ou feuillue et des surfaces inférieure et supérieure distinctes.

Xanthoria parietina Cergy © CACP – Gilles Carcassès

Crustacés : ils ont une forme de croûte.

Lichen crustacé sur un pommier © CACP – Emilie Périé

Les mousses avec les lichens sont le groupe de plante le plus résistant au stress hydrique, elles sont capables de passer d’une cellule complètement desséchée à des cellules vivantes.

Mousse ou lichen, maintenant vous savez tout, ou presque … !

Sources

Mousse ou lichen ? – La Salamandre

Lichen : définition et explications – Aquaportail

Le protocole LichenGo

Retrouvez ici d’autres histoires de mousses et de lichens

Une petite mousse en forêt ? (1)

Xanthoria parietina, au voleur !

Une petite mousse en forêt (2)

Evernia prunastri, la mousse du chêne

L'actualité de la Nature

Xanthoria parietina, au voleur !

Xanthoria parietina, la parmélie des murailles – Puiseux-Pontoise © CACP – Emilie Périé

La parmélie des murailles, ce joli lichen jaune est probablement le lichen le plus observé sur les arbres en France (d’après les résultats du protocole LichenGo!). On le trouve également sur les rochers et les murs. Nous l’avions déjà  observé ici, là , là  et encore là .

A la différence de Evernia prunesti qui se reproduit par bouturage, Xanthoria parietina utilise un système de reproduction sexuée. Il faut donc deux parents qui donneront naissance à  une nouvelle génération génétiquement différente. Les spores, à  l’origine des nouveaux individus, sont produites dans des organes en forme de coupelles, appelées apothécies.

Apothécies de Xanthoria parietina © CACP – Gilles Carcassès

Dans cette forme de reproduction, seul le champignon se multiplie. La spore produite doit ensuite trouver une algue avec laquelle s’associer pour reformer un lichen. Il y a  des algues qui se développent naturellement sur l’écorce des arbres, d’autres qui s’extraient de lichens voisins, mais la parmélie a une autre technique. Il lui arrive de tout simplement voler les algues d’un lichen déjà  en place ! Pas étonnant que ce soit le lichen le plus fréquent …

Sources :

Les cahiers techniques de l’association CPN, Lichen de quoi ai-je l’air

Le protocole LichenGo!

Retrouvez dans nos articles d’autres histoire de lichens :

Lichens

Une biodiversité qui se porte bien

L'actualité de la Nature

Evernia prunastri, la mousse du chêne

Evernia prunastri, la mousse du chêne – Puiseux-Pontoise © CACP – Emilie Périé

Evernia prunastri, que l’on appelle aussi la mousse du chêne, est l’un des lichens les plus fréquents sur les arbres en France. J’ai pu le déterminer avec la clé de LichenGo!.

Dans la clé, ce lichen est rangé dans le groupe des lichens fruticuleux. Ce sont les lichens qui se développent sous forme d’un petit buisson sur les branches. Au contraire, les lichens foliacés (comme Xanthoria parietina, en jaune sur l’image) ou crustacés restent globalement plaqués sur l’arbre.

L’un des critères de détermination est le système reproductif du lichen. Celui-ci utilise des soralies. Ce sont des petites boules farineuses qu’on retrouve sur le pourtour des lanières.

Soralies de Evernia prunastri – Puiseux-Pontoise © CACP – Léo Micouin

Le lichen est une symbiose entre un champignon, une algue et des bactéries. Le champignon peut être comparé à  une serre dans laquelle il cultive des algues capables de photosynthèse et des bactéries. Pour se reproduire, les lichens utilisant des soralies forment des petites boules dans lesquelles ils amassent des cellules de champignon et d’algue. Ces soralies donneront naissance à  un nouveau lichen, clone du premier, comme une bouture chez les végétaux.

Le saviez-vous ?

Les lichens, et notamment Evernia prunastri, sont beaucoup utilisés en parfumerie. L’eau de lichen est à  la base de la fabrication de nombreux parfums.

Sources :

Les cahiers techniques de l’association CPN, Lichen de quoi ai-je l’air

Le protocole LichenGo!

Retrouvez dans nos articles d’autres histoire de lichens :

Lichens

Une biodiversité qui se porte bien

L'actualité de la Nature

Plusieurs champignons pour un même tronc

Une tête de bonhomme ? © CACP – Emilie Périé

Un nouveau collègue au bureau ?

A peu de choses près, nous vous annoncions l’arrivée d’une nouvelle personne au sein de l’équipe. Lorsque ce tronçon nous a été offert par un de nos -vrais- collègues, notre imagination nous a joué des tours. Mais soyons sérieux, il ne s’agit pas là  d’un visage. Heureusement, nous direz-vous.

En observant notre environnement, il nous arrive parfois d’associer des formes et des motifs naturels à  des visages. Par exemple quand nous regardons les dessins d’un papillon, d’une plante ou d’une araignée, les formes d’un tronçon de bois orné de champignons… Ce phénomène psychologique porte un nom : on l’appelle paréidolie.

Il n’est pas venu tout seul

Les colocataires du tronc © CACP – Léo Micouin

Ce tronçon de merisier nous a beaucoup intéressé : nous y avons déterminé la présence d’au moins 2 genres de champignons ainsi que d’un lichen.

Lenzites betulina, face inférieure © CACP – Léo Micouin

La bouche du bonhomme est probablement la lenzite du bouleau. Ce que vous voyez sur la face inférieure sont les hyménophores lamellés du chapeau, une succession de cellules fertiles permettant au champignon de se disperser. Malgré son nom d’espèce, il n’est pas inféodé au genre Betula (le bouleau). On le retrouve au contraire sur plusieurs essences de feuillus comme le chêne, le hêtre, l’aulne et le merisier…

Trichoderma lignorum © CACP – Emilie Périé

Sur la coupe transversale du tronc, nous observons de nouveaux champignons, dont le vert qui ressemble fortement à  Trichoderma lignorum. Ce champignon est la forme immature d’Hypocrea rufa. N’étant pas un lignivore mais plutôt un champignon du sol, il s’est sans doute développé sur le bois une fois que celui-ci a été coupé.

Nous n’avons pas été en mesure de déterminer le nom du champignon blanc et crème mais il semble aussi s’être développé après la coupe. Quand le tronçon nous est parvenu et que nous l’avons installé sur le bureau, le champignon collait à  la table.

Phaeophyscia orbicularis © CACP – Emilie Périé

Quant au lichen présent sur le tronc, il s’agirait de Phaeophyscia orbicularis que nous avons pu identifier grâce à  la clé Lichens Go!

Sources :

La paréidolie, par l’IFRES

Lenzites betulinus, par MycoDb

Le genre Trichoderma, par Agronomie Info

Retrouvez d’autres champignons :

Trémelle, champignon parasite

La pézize écarlate, champignon d’hivers

Des champignons attaquent la renouée du Japon !

L'actualité de la Nature

Une biodiversité qui se porte bien !

Je suis allé pour vous à  Paris aux rencontres nationales Lichens Go ! C’est un nouveau programme de science participative dédié au suivi des lichens sur le tronc des arbres en ville.

Détermination de lichens avec la clé de Lichens Go ! © CACP – Gilles Carcassès

J’ai révisé les critères de détermination des espèces les plus courantes : c’est dur mais avec une bonne loupe on peut y arriver.

Le recueil des données Lichens Go ! sur un tronc de paulownia place Jussieu © CACP – Gilles Carcassès

Ensuite je me suis exercé aux travaux pratiques sur le terrain. On a créé un attroupement de curieux…

Et l’après-midi, des conférences très intéressantes ont complété notre érudition sur le sujet. Comme pour les oiseaux et les insectes, je m’attendais à  ce que l’on nous annonce le déclin de la diversité des espèces de lichens. Mais non ! Les lichens des troncs d’arbres en ville se portent comme des charmes. Pour preuve ce graphique extrait de la présentation de Simon Rivart, chercheur à  l’UMS Patrimoine Naturel :

Le nombre d’espèces de lichens est en nette progression à  Paris depuis 1981. Les suies de la combustion du charbon, puis le SO2 de celle des fiouls lourds avaient eu raison de la diversité lichénique de la capitale. Et si la pollution de l’air urbain n’a pas disparue, il faut bien reconnaître que l’impact dramatique des pluies acides sur la végétation est derrière nous.

Xanthoriz
Xanthoria parietina sur le tronc d’un hêtre – Cergy © CACP – Gilles Carcassès

Retrouvez notre autre article :

Lichens

Liens utiles :

Clé de détermination de Lichens Go !

Protocole Lichens Go !

Retrouvez trois exposés sur les lichens lors des rencontres naturalistes 2018 :

Les lichens de la région àŽle-de-France, par Rémi Poncet

à‰volution temporelle des cortèges lichéniques du 19è siècle à  aujourd’hui à  Paris et à  l’Arboretum de Chevreloup, par Simon Rivart

Le programme de Sciences participatives Lichen Go ! par Simon Rivart

L'actualité de la Nature

Lichens

Un lichen est constitué d’une association symbiotique entre un champignon et une algue unicellulaire ou filamenteuse. Parfois, l’association du champignon s’établit avec une cyanobactérie. On dénombre environ 3000 espèces de lichens en France. Leur étude est affaire de spécialistes, car les critères de détermination s’appuient largement sur l’emploi de réactifs chimiques (chlore, iode, potasse notamment) qui peuvent colorer diversement certaines parties de ces organismes. Les lichens revêtent des formes très variées. Un grand nombre d’espèces croissent sur le sol ou les rochers, d’autres se développent sur les troncs ou les branches des arbres.

Certains genres aux formes ou aux couleurs singulières sont assez faciles à  reconnaitre.

Cladonia  © Gilles Carcassès
Cladonia sur le menhir La Grande Pierre de Jouy-le-Moutier © Gilles Carcassès

Les Cladonia, avec leurs podétions en forme de trompette, sont fréquents sur les souches. Mais on peut aussi les rencontrer sur les pierres parmi les mousses.

Peltigera  © Gilles Carcassès
Peltigera sur un talus sableux à  Osny © Gilles Carcassès

La face inférieure des Peltigera présente de nombreuses rhyzines. Les parties fertiles du thalle, portant les spores, sont brunes. Ces lichens poussent sur le sol.

Xanthoria  © Gilles Carcassès
Xanthoria parietina sur une branche de prunellier à  Cergy © Gilles Carcassès

Parmi les lichens les plus fréquents sur les troncs et aussi sur les pierres et les tuiles, les espèces du genre Xanthoria sont reconnaissables à  leur couleur jaune plus ou moins orangée. Les Xanthoria peuvent être utilisés pour teindre les lainages en jaune. ou en brun. Xanthoria parietina, très commun, est utilisé, avec d’autres espèces de sensibilité différente, comme indicateur de la pollution athmosphérique. Cette espèce supporte une pollution moyenne.

Comment mesurer la pollution des villes en observant les lichens sur les troncs des arbres

Usnea Florida  © Gilles Carcassès
Usnea florida © Gilles Carcassès

Elle ne pousse pas dans nos villes : cette belle usnée ne supporte pas l’air pollué. On la rencontre principalement en montagne sur les branches des feuillus. Sa présence est utilisée pour caractériser les continuités écologiques en milieu forestier.

Le site de l’Association française de Lichénologie