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Les oiseaux rares de l’Aren’ice

Aren'ice à  Cergy © Marion Poiret
Le parvis de l’Aren’ice et les prairies fleuries © Marion Poiret

Le site de l’Aren’ice est l’un des quarante points d’écoute d’oiseaux où nous nous rendons chaque année en avril et en mai, dans le cadre de nos relevés du Suivi Temporel des Oiseaux Communs. Nous avions choisi cette belle friche armée de ronces et d’aubépines parce qu’elle était bien représentative  de ce secteur. Nous y trouvions des espèces peu communes typiques de ce type de milieu : la fauvette grisette, l’hypolaà¯s polyglotte, la linotte mélodieuse, le tarier pâtre.

Les travaux de construction de l’Aren’ice ont quelque peu perturbé le secteur, mais les grands espaces paysagers d’esprit très naturel qui accompagnent l’équipement laissent présager une évolution favorable pour l’avifaune. Un petit tour sur place nous a permis d’apprécier la situation.

Tarier patre © Marion Poiret
Tarier pâtre perché sur une phacélie de la prairie fleurie devant le parvis de l’Aren’ice © Marion Poiret

Grosse surprise : un couple de tariers pâtres n’est pas parti en migration comme tous ceux de son espèce ! Ils ne sont chaque hiver, dans toute l’Ile-de-France, que quelques dizaines d’individus à  faire ce pari très risqué. Espérons pour ces deux oiseaux que l’hiver ne sera pas trop rigoureux.

Bergeronnette grise © Gilles Carcassès
Bergeronnette grise © Gilles Carcassès

Certains bassins d’infiltration sont en eau : une aubaine pour les espèces insectivores de passage ! Nous y avons vu la bergeronnette grise, la bergeronnette des ruisseaux et même un pipit spioncelle, un hivernant rare pour l’Ile-de-France.

Bruant des roseaux - Cergy © Gilles Carcassès
Bruant des roseaux – Cergy © Gilles Carcassès

Dans les zones de friches adjacentes, les ronces et les saules accueillaient de nombreux passereaux, notamment des pinsons des arbres, des accenteurs mouchets et cet étonnant bruant des roseaux.

Au pied des grands pylônes électriques, la végétation naturelle présente avant travaux a été conservée intacte. Ces endroits providentiels sont autant de zones de refuges et de recolonisation de l’espace pour toute la petite faune sauvage.

9 réflexions au sujet de “Les oiseaux rares de l’Aren’ice”

  1. J’aurai toujours des « regrets éternels » pour les terroirs maraîchers sublimes effacés par ce … Palais de glace ou autres « artificialisations » du même genre, fussent-elles « durables » …
    Espérons que Dame Nature saura y retrouver ses repères, à  défaut de bonnes carottes et d’excellentes salades de proximité … importées désormais depuis l’autre bout de l’Europe par convois de camions grands pourvoyeurs de CO2 !

  2. Vu de ma fenêtre d’aménageur du quartier des Linandes, je suis particulièrement fier de constater que les aménagements naturels que nous avons entrepris permettent déjà  leur appropriation par des espèces d’oiseaux relativement rares.
    Même si la plaine des Linandes a été un territoire de cultures agricoles, il n’y était pas cultivé que de bons légumes à  consommer. Etaient également présentes de grandes cultures céréalières qui ne laissaient pas une place majeure à  nos petites bêbêtes chéries, et je ne me souviens pas avoir vu de haie ou autre bosquet un tant soit peu naturel.
    Nous nous efforçons de proposer des espaces publics naturels et productifs avec un aménagement qu’on veut respectueux des équilibres naturels, bien que nous sommes bien conscients que ces aménagements les feront évoluer. Je ne suis pas certain que l’aménagement de la plaine des Linandes génèrera un appauvrissement de la biodiversité sur ce territoire.
    Nous avons développé une exigence de maintien, récupération et infiltration des eaux pluviales qui se traduit par un paysage très légèrement vallonné permettant la rétention/infiltration et la création de milieux frais et humides particulièrement propices à  l’installation d’une flore et d’une faune adaptées au milieu.
    Nous travaillons en lien étroit avec les services gestionnaires (notamment espaces verts et eaux pluviales) de la Communauté d’agglomération pour que cette ambition soit renforcée et pérennisée par une gestion appropriée.
    En bref, j’ai bon espoir que l’aménagement de la plaine des Linandes, qui est appelé à  devenir un vrai quartier de vie avec de multiples facettes (équipements sportifs, commerces, restaurants, habitations et activités économiques autour d’un parc de 7ha), se développe dans des conditions qui permettent son appropriation pas seulement par les hommes, mais également par un panel large de bestioles et de plantes.
    Je suis particulièrement intéressé par la mesure de l’impact dans le temps de ces aménagements sur la biodiversité. Je remercie vivement Gilles et Marion d’avoir retenu ce territoire pour y effectuer des observations ornithologiques.

    Désolé d’avoir été un peu long, mais je n’ai pas souvent l’occasion de parler de mon métier d’aménageur si souvent réduit dans l’imaginaire collectif à  la destruction d’espace naturel et au seul tartinage de béton.

    Encore merci pour ce bel article et joyeuses fêtes à  tous les amoureux de la diversité (biologique et autres) de notre territoire.

  3. Cher Frédéric, le métier d’aménageur n’est pas forcément synonyme de « tartinage de béton »…Il faudrait pourtant envisager les conséquences irréversibles que vont avoir ces urbanisations qui impactent l’essentiel de ce que nous avons de meilleur en espaces agronomiques (Une étude le prouve). Une terre alluviale profonde de vallée n’est pas l’argile à  silex des plateaux ! Pourquoi ne pas réhabiliter méthodiquement les « friches » existantes en reconstruisant à  la verticale au lieu de grignoter chaque fois davantage de ces terres qui vont cruellement faire défaut aux générations à  venir. Nous devons sanctuariser les dernières zones cultivables périurbaines (a l’instar des zones humides ou boisées) en initiant des implantations comme « La cueillette de Cergy » car non seulement les gens y retrouvent la terre mais en plus, c’est un formidable lieu de rencontres et d’échanges … bien plus positif pour le social qu’un … « Europa-City » ! Les algériens n’ont pas hésité à  déplacer un projet de ville nouvelle parce-que celui-ci était situé sur des terres cultivables de qualité (Région de Oran).
    La France perd 80000 ha/an de son patrimoine foncier agronomique, ce sont les productions fruitières et maraîchères qui ont payé le plus lourd tribut, suivi de près par les terres céréalières, cherchez l’erreur …
    Justement, une profession comme la vôtre ne pourrait-elle pas se sensibiliser à  cette question primordiale en prenant en compte ce problème ?
    A vous lire …
    Très cordialement.

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