L'actualité de la Nature

Un Popeye chez les homoptères

Asiraca clavicornis © Gilles Carcassès
Asiraca clavicornis est assez commun dans les jardins © Gilles Carcassès

Cet étrange insecte homoptère, trouvé sur un liseron dans mon jardin, n’est ni une cicadelle, ni un puceron, ni un psylle. Il appartient à  la famille des Delphacidae, caractérisée par un gros éperon à  l’extrémité du tibia postérieur.

Ses pattes antérieures sont développées et très élargies, ce qui donne l’impression qu’il marche avec des béquilles. Et pour compléter le tableau, ses antennes sont hors norme, avec un premier article particulièrement imposant.

A quoi lui sert tout cet attirail ? Je n’ai pas trouvé le spécialiste pour me l’expliquer. En fait, peut-être que personne ne sait ; il y a tant encore à  découvrir dans le monde des insectes.

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L’aloès d’eau

La mare du parc des Larris à  Pontoise © Gilles Carcassès
La mare du parc des Larris à  Pontoise © Gilles Carcassès

Décidément la mare du parc des Larris à  Pontoise nous réserve des surprises. Après la pause du martin-pêcheur, c’est une plante qui attire notre attention. Des feuilles en épée denticulées comme celle d’un ananas, de grosses fleurs blanches : c’est un aloès d’eau !

Stratiotes aloides - Pontoise © Gilles Carcassès
Stratiotes aloides – Pontoise © Gilles Carcassès

Stratiotes aloides est une plante vivace aquatique semi-flottante. Elle est très rustique et résiste jusqu’à  -28°. En automne, les touffes tombent au fond de la mare, s’enracinent et passent l’hiver à  l’abri des intempéries. Au moment de la floraison elles remontent en surface, et les racines disparaissent. La plante flotte alors librement à  moitié immergée.

Ces pieds-ci sont apparemment femelles, car ils présentent des fleurs non groupées. Souvent dans les mares, on trouve des plantes mâles uniquement ou seulement des femelles, la multiplication se faisant principalement par stolons. On dit que cette plante est indigène en France, mais elle n’est pas répertoriée en Ile-de-France en tant que plante sauvage.

 

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Noctuelles en noir et blanc

Tiens, une noctuelle. Il n’y a plus qu’à  trouver son espèce parmi les 831 noctuelles répertoriées en France ! Celle-ci est très contrastée, on devrait pouvoir la repérer sans trop de mal dans l’iconographie.

Tyta luctuosa, la noctuelle en deuil, sur une feuille de photinia - Vauréal © Gilles Carcassès
Aedia funesta, la « pie », sur une feuille de photinia – Vauréal © Gilles Carcassès

Il s’agit d’Aedia funesta, une des espèces que l’on peut voir voleter le jour dans les jardins. Sa chenille mange des liserons. Mais attention, il y a un piège : il ne faut pas la confondre avec Tyta luctuosa, la « noctuelle en deuil »dont les dessins blancs sont légèrement différents. Sa chenille consomme aussi des liserons.

Tyta luctuosa © Gilles Carcassès
Tyta luctuosa © Gilles Carcassès
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La mouche des fruits de la bardane

Sur le chemin de halage à  Neuville-sur-Oise, nous croisons un imposant pied de bardane bientôt prêt à  fleurir.

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Grande bardane – Neuville-sur-Oise © Gilles Carcassès

Perchée sur le bord d’une de ses feuilles, une petite mouche aux ailes ornées semble nous surveiller.

La mouche de la bardane, Tephritis bardanae, sur sa plante hôte © Gilles Carcassès
La mouche des fruits de la bardane, Tephritis bardanae, sur sa plante hôte © Gilles Carcassès
Tephritis bardanae mâle © Gilles Carcassès
Ce Tephritis bardanae mâle agite doucement ses ailes © Gilles Carcassès

En fait, nous comptons une dizaine de ces mouches sur cette plante, toutes des mâles de la même espèce, inféodée à  la bardane : Tephritis bardanae. Il y a fort à  parier qu’elles ne guettent pas le passage des naturalistes, mais bien plutôt l’arrivée des femelles. En bons petits mâles, ils agitent ostensiblement leurs ailes dès qu’ils se croisent d’un peu près. Ces manœuvres de défense territoriale semblent efficaces, car les concurrents s’éloignent et se répartissent sur la plante.

Les femelles fécondées pondront dans les boutons floraux et les larves consommeront la partie charnue des capitules.

Retrouvez dans nos articles d’autres espèces de cette famille de jolies mouches, les Tephritidae :

La mouche des fruits de la bryone

La mouche du laiteron

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Petit lexique des pesticides

Vous avez dit pesticides ? Mais que signifie précisément ce terme ? Je vous ai préparé un petit lexique pour tenter d’y voir plus clair dans les notions plus ou moins imbriquées de phytosanitaires, biocontrôle, biocides…

Propylea quatuordecimpunctata, la coccinelle à  damier, surprise en plein repas sur une eupatoire © Gilles Carcassès
Propylea quatuordecimpunctata, la coccinelle à  damier, consommant un puceron © Gilles Carcassès

Biocontrôle

Le biocontrôle est l’ensemble de méthodes de protection des cultures, alternatives aux produits chimiques de synthèse, et ayant recours à  des organismes vivants ou des substances naturelles. On en distingue quatre catégories, basées sur :

  • des macro-organismes (insectes, nématodes ou acariens) qui peuvent être exotiques ou indigènes, prédateurs ou parasitoà¯des,
  • des micro-organismes (virus, bactéries ou champignons) et leurs extraits,
  • des médiateurs chimiques (phéromones ou kairomones),
  • des substances naturelles d’origine minérale, végétale ou animale.

Certains produits de biocontrôle sont des produits phytopharmaceutiques, notamment les micro-organismes et les médiateurs chimiques.

Le dossier de l’INRA sur le biocontrôle

Biocides

Les biocides, encadrés par une autre réglementation que celle des produits phytopharmaceutiques, sont des produits destinés à  détruire, repousser ou rendre inoffensifs les organismes nuisibles, à  en prévenir l’action ou à  les combattre, par une action chimique ou biologique. On en distingue 22 types répartis en 4 classes :

  • les désinfectants,
  • les produits de protection des matériaux,
  • les produits de lutte contre les nuisibles (rodenticides, anti-puces…),
  • les autres produits tels que les peintures anti-salissures, les fluides pour la conservation des corps…

Les produits biocides par l’ANSES

e-phyE-phy

E-phy est le site officiel de référence de tous les produits phytopharmaceutiques, de leurs usages, des matières fertilisantes et des supports de culture, autorisés en France.

Il permet notamment de trouver les produits phytopharmaceutiques dont l’emploi est autorisé dans les jardins.

Loi Labbé

Promue par le sénateur Joà«l Labbé, cette loi, modifiée par la loi de transition énergétique, vise à  l’interdiction de l’usage des produits phytosanitaires par l’à‰tat, les collectivités locales et établissements publics pour l’entretien des espaces verts, promenades, forêts, et des voiries, à  compter du 1er janvier 2017.

Les jardiniers amateurs sont également concernés : la commercialisation et la détention de produits phytosanitaires à  usage non professionnel seront interdites à  partir du 1er janvier 2019.

Les produits de biocontrôle, ceux qualifiés à  faible risque ainsi que ceux qui sont utilisables en agriculture biologique (UAB) pourront continuer à  être utilisés.

Les traitements obligatoires dans le cadre de la lutte contre les organismes réglementés échappent également à  ces mesures d’interdiction.

Le tableau des produits autorisés par la loi Labbé, par Plante et Cité

Pesticides

Pour l’agence Santé publique France, le terme « pesticides » comprend les produits phytopharmaceutiques autorisés pour la protection des végétaux, les biocides et certains médicaments à  usage vétérinaire et humain.

Etude sur l’exposition de la population française aux pesticides

Produits phytopharmaceutiques

Les produits phytopharmaceutiques (PPP), appelés aussi phytosanitaires, sont des substances actives ou des préparations destinées à  :

  • protéger les végétaux, ou les produits végétaux, contre tous les organismes nuisibles ou à  prévenir leur action,
  • exercer une action sur les processus vitaux, pour autant qu’il ne s’agisse pas de substances nutritives,
  • assurer la conservation des produits végétaux,
  • détruire les végétaux indésirables,
  • détruire les parties de végétaux, freiner ou prévenir une croissance indésirable des végétaux.

Cette définition inclut :

  • les produits issus de synthèse chimique,
  • des produits d’origine naturelle (extraits végétaux, animaux ou minéraux),
  • les micro-organismes,
  • les médiateurs chimiques,
  • les stimulateurs de défense des plantes.
Piège à  phéromone © Gilles Carcassès
Piège à  phéromone © Gilles Carcassès

Zéro phyto

Cette expression désigne un mode de gestion des espaces verts et de la voirie sans produits chimiques de synthèse, voire sans produits phytopharmaceutiques. Elle fait désormais partie du vocabulaire de communication des collectivités, des réseaux des professionnels territoriaux, des organismes de formation du personnel territorial, des structures d’accompagnement des collectivités.

Le répertoire zéro pesticide du CNFPT

Et pour résumé tout ça : le joli tableau de synthèse de Plante et Cité sur la protection des plantes dans les JEVI (jardins, espaces végétalisés et infrastructures).

L’histoire des produits phytosanitaires, par Emmanuel Bajard dans le dossier de Jardins de France consacré aux pesticides

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Les agapanthies, longicornes des friches

Les agapanthies sont des longicornes que l’on rencontre souvent dans les hautes herbes. Ces coléoptères de la famille des Cerambycidae affectionnent en effet les orties, les chardons, et d’autres plantes vigoureuses dans les tiges desquelles les femelles pondent. Car leurs larves creusent des galeries non pas dans du bois mort comme de nombreux autres longicornes, mais dans des tiges sèches. Deux espèces très communes se partagent nos friches et nos prairies, selon qu’elles sont sèches ou plutôt humides.

© Gilles Carcassès
Agapanthia cardui – dans une prairie du parc François-Mitterrand à  Cergy © Gilles Carcassès
Caché derrière un brin d'herbe © Gilles Carcassès
Caché derrière un brin d’herbe © Gilles Carcassès

Agapanthia cardui apprécie surtout les chardons, mais aussi les cardères, les marguerites et les mélilots. On la rencontre dans les prairies et les friches plutôt sèches.

© Gilles Carcassès
Agapanthia villosoviridescens – Poissy © Gilles Carcassès

Agapanthia villosoviridescens, plus grande que l’espèce cardui, préfère les orties, les eupatoires, les berces, les séneçons, les angéliques… L’espèce est fréquente dans les friches humides. Je l’ai vu récemment au bord de l’Oise à  Maurecourt. Ces longicornes ont vraiment de très belles antennes !

 

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Vert-doré

En frôlant un massif de grandes orties à  l’Ile de loisirs de Cergy-Pontoise, nous faisons décoller un papillon au vol lourd. Il finit sa  course quelques mètres plus loin sur une feuille de géranium mou.

Diachrysia sp © Gilles Carcassès
Diachrysia chrysitis, le vert-doré – Cergy © Gilles Carcassès

Le vert-doré est un papillon de nuit de la famille des Noctuidae. Les grandes taches vertes de ses ailes antérieures prennent sous certains angles un éclat métallique. Sa chenille consomme des orties.

Le vert doré brille au soleil © Gilles Carcassès
Le vert doré brille au soleil © Gilles Carcassès

Admirez cet éclat, et cette crête incroyable ! Ce papillon a une classe sublime.

Deux autres papillons de cette famille

Agenda

Adapter son territoire au changement climatique

Comment adapter son territoire au changement climatique ? Lutter contre les risques naturels ? Réduire les inégalités sociales face aux risques en matière de santé environnementale ? Préserver les ressources ?…

Sur ces sujets, Cergy-Pontoise est rentré dans une phase d’intense réflexion. En effet, la loi de transition énergétique de 2015 impose à  tous les établissements publics de coopération intercommunale de plus de 50 000 habitants d’établir leur Plan climat air énergie territorial (PCAET), d’ici fin 2016. Trois ateliers de co-construction du PCAET/ Agenda 21 sont lancés à  Cergy-Pontoise. Ils rassemblent tous les acteurs locaux volontaires pour rédiger les fiches actions du plan et s’engager aux côtés de la Communauté d’agglomération.

pcaet

Un atelier s’intéresse au sujet de la rénovation énergétique du patrimoine public et privé. Un second explore les domaines de la mobilité.

Le troisième atelier, sur le thème « santé et environnement » est proche des préoccupations de biodiversité et nous y participons. Il traite notamment de la question de l’alimentation dans les quartiers prioritaires et de l’adaptation de la ville au changement climatique, en particulier dans la lutte contre les canicules.

Le bassin et les ombrages du parc François-Mitterrand à  Cergy © Gilles Carcassès
Le bassin et les ombrages du parc François-Mitterrand à  Cergy © Gilles Carcassès

Nos pistes de réflexion sont les suivantes :

  • penser différemment la fonction de l’arbre en ville
  • mieux végétaliser la ville
  • affirmer la fonction sociale des espaces publics
  • renforcer la présence de l’eau dans la ville
  • mobiliser tous les acteurs dans la lutte contre les canicules

Vous êtes acteur du territoire (association, entreprise, collectivité, administration), vous souhaitez apporter votre contribution, n’hésitez pas à  vous faire connaître par un message à  l’adresse :

developpement.durable@cergypontoise.fr

et inscrivez-vous pour les prochains ateliers qui se tiendront le 28 juin 2016 de 16 à  19h.

Documents d’inspiration :

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La chute de l’histoire belge

En hiver, le parc François-Mitterrand à  Cergy accueille en permanence une trentaine de mouettes © Gilles Carcassès
En hiver, le parc François-Mitterrand à  Cergy accueille en permanence une quarantaine de mouettes © Gilles Carcassès

En janvier 2015, nous avions réussi grâce à  un ingénieux stratagème à  lire le numéro de la bague d’une mouette belge au bassin du parc François-Mitterrand à  Cergy. Les mouettes sont reparties à  l’approche du printemps vers leur pays d’Europe du Nord.

Cet hiver, elles sont revenues au parc. Une de nos habituées tchèques était accompagnée d’une jeune polonaise. Pour celle-ci, c’était son premier voyage. Mais nous n’avons pas revu la belge.

La semaine dernière, j’ai reçu une lettre de l’Institut Royal des Sciences naturelles de Belgique contenant la fiche d’identité de notre mouette belge observée en 2015. Elle est donc née à  Anvers en 2013. Elle est toute jeunette encore. A Paris, il paraît qu’on en a vu une âgée de 26 ans.

fiche identité mouette belge

Les rives de l'Escaut près d'Anvers - Google.fr/maps
Les rives de l’Escaut près d’Anvers – Google.fr/maps

Histoires de mouettes racontées par leurs bagues, par VigieNature

L'actualité de la Nature, L'actualité des jardins

Notre premier PROPAGE

Le protocole PROPAGE est un programme de sciences participatives qui s’attache à  mesurer la diversité des espèces de papillons de jour dans les prairies et l’importance de leurs populations. Il est destiné aux jardiniers. propage logoLes résultats de PROPAGE constituent de très bons indicateurs de la qualité de gestion des prairies, les papillons étant très sensibles à  la dégradation ou à  l’amélioration de leur environnement.

Nous l’avons testé pour vous.

Sur le terrain : choisir une prairie homogène et pas trop petite, définir un parcours d’observation, noter tous les papillons vus sur le parcours en respectant la durée d’observation. C’est tout à  fait abordable, même si pour être à  l’aise dans l’exercice, il est préférable de s’entrainer auparavant dans la reconnaissance de certaines espèces, à  l’aide de la planche illustrée téléchargeable. La vraie difficulté aura été de faire coà¯ncider la date prévue avec une météo favorable aux papillons…

Au bureau : aller sur le site http://propage.mnhn.fr/, créer son compte, géolocaliser son parcours, remplir le tableau des espèces observées. Archi-simple et très ergonomique.

Trois relevés sont prévus : en juin, juillet et aoà»t. Le premier n’a pas été très fructueux car les floraisons des plantes de prairies sont assez en retard.

Voici les espèces que nous avons observées dans le cadre de ce protocole dans une prairie du parc François-Mitterrand à  Cergy.

La Belle dame - Cergy © Gilles Carcassès
Vanessa cardui, la belle-dame – chenille sur les chardons et les orties © Gilles Carcassès

La belle-dame est une espèce migratrice qui nous arrive d’Afrique du Nord. On en voit en ce moment, de-ci de-là , dans les jardins de Cergy-Pontoise. Nous avons aussi noté la présence de trois Polyommatus icarus, une des espèces les plus communes dans le groupe des lycènes bleus. Et nous notons aussi, pour mémoire, trois autres espèces de papillons de nuit de la famille des Noctuidae qui peuvent voler le jour : Noctua pronuba (le hibou), Euclidia glyphica, Autographa gamma.

© Gilles Carcassès
Euclidia glyphica, la doublure jaune – chenille sur les trèfles, les luzernes et d’autres Fabacées, ici posée sur Vicia cracca © Gilles Carcassès
© Gilles Carcassès
Autographa gamma, la noctuelle gamma – chenille très polyphage, sur plantes basses © Gilles Carcassès