L'actualité de la Nature

La rhagie inquisitrice

Allée des épicéas au parc du château de Grouchy – Osny © CACP – Gilles Carcassès

Au parc du château de Grouchy à  Osny, la grande allée des épicéas est très prisée des promeneurs. Mais cet alignement est vieillissant et les jardiniers ont abattu ça et là  les arbres morts, laissant le bois débité en lisière du boisement. Sous l’action des insectes et des champignons, ce vieux tronc coupé a perdu une bonne partie de son écorce qui s’est décollée et gît à  terre.

De drôles de traces, sous cette écorce !

Loge de nymphose de rhagie © CACP – Gilles Carcassès

Sur l’envers de l’écorce, cette curieuse structure annulaire en fibre de bois fermait autrefois le creusement rond que l’on observe sur le tronc dénudé. Le tout assemblé formait la loge nymphale d’un coléoptère xylophage typique des conifères : la rhagie inquisitrice.

Un longicorne à  antennes courtes ?

Caché sous un lambeau d’écorce, je débusque un adulte de cette espèce. Contrairement aux apparences, c’est bien un longicorne.

Rhagie – Osny © CACP – Gilles Carcassès

Les marbrures de ses élytres aux côtes bien marquées, ses poils blancs et l’étroitesse de sa tête en arrière des yeux permettent de distinguer cette espèce. Rhagium inquisitor est commune partout où se trouve le milieu nécessaire au développement de ses larves : les troncs morts de conifères.

Rhagium inquisitor – Osny © CACP – Gilles Carcassès

Cette rhagie dormait en compagnie d’un petit silphe noir, grand chasseur d’escargots :

Phosphuga atrata, le petit silphe noir – Osny © CACP – Gilles Carcassès

J’ai délicatement replacé ces insectes dans leur abri, où ils attendront sagement le printemps.

Retrouvez d’autres insectes xylophages du parc du château de Grouchy :

Extra plats

La saperde perforée

Source :

La Rhagie inquisitrice, par André Lequet

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Le pic mar

Poste de nourrissage des oiseaux au parc du château de Grouchy © CACP – Gilles Carcassès

C’est un endroit secret dans le parc du château de Grouchy. Cette vieille souche a été discrètement équipée de crochets. Un inconnu (peut-être un photographe animalier ?) y suspend des boules de graisse pour les oiseaux. Les promeneurs passent à  dizaine de mètres sans rien remarquer…

Pic et mésanges – Osny © CACP – Gilles Carcassès

Et l’open bar du parc attire des clients ! Ici, de gauche à  droite, un pic, une mésange charbonnière, une mésange bleue. Il est bizarre ce pic avec ce dessin blanc sur la nuque. Et si ce n’était pas le classique pic épeiche ? J’attends qu’il relève la tête pour en avoir le cœur net !

Pic mar – Osny © CACP – Gilles Carcassès

Bingo ! Pas de moustache noire raccordée au bec, et une grande calotte rouge, c’est un pic mar ! Il y a quelques décennies encore, c’était un oiseau très rare en Ile-de-France, mais il gagne du terrain. Il a déjà  été vu sur la commune d’Osny en 2014. Serait-il nicheur ? Il le serait à  Menucourt : affaire à  suivre…

Retrouvez d’autres articles sur des pics :

Bà»che à  la noisette (pour comparer avec le pic épeiche)

Sus aux fourmis

Le pic noir

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2018 : les petits nouveaux

A Cergy-Pontoise, 2018 aura été une bonne année pour les observations d’insectes rares ou remarquables ! Voici le résumé de nos découvertes :

Premières observations pour l’Ile-de-France

Larve d’Aproceros leucopoda © CACP – Gilles Carcassès

Aproceros leucopoda est un hyménoptère symphyte invasif d’origine asiatique. Il nous arrive de Belgique. Nous avons observé ce nouveau ravageur de l’orme au bord de l’Oise à  Vauréal en juin 2018.

Une galle de Rhopalomyia tanaceticola  sur une fleur de tanaisie © CACP – Gilles Carcassès

Rhopalomyia tanaceticola est une cécidomyie dont les larves se développent dans des galles sur les fleurs de tanaisie. Nous avons noté la présence de cet insecte dans le potager de la Ferme d’Ecancourt à  Jouy-le-Moutier en juillet 2018.

En fait cette rareté n’en est pas vraiment une, il s’agit plutôt d’une espèce qui n’intéresse pas grand monde. Elle n’a aucun impact économique connu, et comme toutes les espèces qui n’ont pas fait l’objet d’études, elle ne peut pas servir pas d’indicateurs de la qualité des milieux. Alors à  quoi bon l’observer ? Il faut reconnaître aussi que pour illustrer des atlas ou des études de biodiversité, les jolis oiseaux, libellules et papillons sont bien plus vendeurs que les moucherons !

Rhopalomya tanaceticola adulte au creux de ma main © CACP – Gilles Carcasses

J’avais conservé certaines de ces galles dans un bocal et quelques semaines plus tard des adultes en sont sortis. Ils n’ont pas réussi à  se dégager complètement de leur pupe. Peut-être que l’atmosphère de mon élevage était trop sèche… On voit sur cette photo que ce minuscule insecte est bien un diptère, on distingue l’un des balanciers (cliquez sur l’image pour l’agrandir).

Premières données pour le Val d’Oise

Saperda perforata, la saperde perforée © CACP – Gilles Carcassès

Saperda perforata est un longicorne dont les larves consomment le bois mort des peupliers. Nous l’avons observé au parc de Grouchy à  Osny en mai 2018.

Stephanitis takeyai , le tigre de l’andromède © CACP – Gilles Carcassès

Stephanitis takeyai est un ravageur asiatique invasif qui s’attaque aux Pieris. C’est un organisme suivi par la Fredon Ile-de-France. Nous l’avons découvert dans le patio de nos bureaux à  Cergy.

Il faut ajouter à  ce tableau de chasse un syrphe rare qui ressemble à  s’y méprendre à  certaines espèces de guêpes :

Sphiximorpha subsellis © CACP – Gilles Carcassès

Sphiximorpha subsesilis pond dans les suintements des vieux arbres pourris, dans les zones humides. Nous avons eu la chance de tomber dessus. Ce diptère a été observé dans le parc du château de Marcouville à  Pontoise en mai 2018.

Retrouvez plus d’informations sur ces espèces dans nos reportages :

La tenthrède zigzag de l’orme

La galle des fleurs de tanaisie

La saperde perforée

Le tigre du Pieris

Fausse guêpe

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De si beaux yeux !

Comment résister à  ces yeux-là  ?

Libellula fulva – Saint-Rémy-de-Provence © CACP – Gilles Carcassès

Libellula fulva est l’une de nos trois espèces de Libellula. On la reconnaît aux taches noires peu étendues à  la base de ses ailes, comme il est expliqué dans notre article : Reconnaître les libellules. C’est aussi la seule du genre à  avoir les yeux gris-bleu.

Libellula fulva  vs Orthetrum cancellatum

Libellula fulva – Osny © CACP – Gilles Carcassès

Sur cette photo prise en juillet 2018 au bord de l’étang du parc du château de Grouchy à  Osny, on peut comparer le mâle de Libellula fulva au premier plan et celui d’Orthetrum cancellatum à  l’arrière-plan. Ces deux odonates à  l’abdomen gris-bleu sont faciles à  différencier si l’on observe la couleur des yeux.

Orthetrum cancellatum – Osny © CACP – Gilles Carcassès

Orthetrum cancellatum a les yeux verts. Comme tous les Orthetrum, il n’a pas de taches sombres à  la base des ailes.

D’autres anisoptères aux yeux bleus

On veillera cependant à  ne pas confondre Libellula fulva avec Orthetrum coerulescens qui a aussi les yeux bleus.

Orthetrum coerulescens – Paris © CACP – Gilles Carcassès

Orthetrum coerulescens est présent dans les jardins de l’école Du Breuil à  Paris, mais pas sur Cergy-Pontoise. Il lui faut des ruisselets ensoleillés.

Aeshna cyanea – parc du château de Grouchy © CACP – Gilles Carcassès

Au parc du château de Grouchy, on peut aussi croiser les yeux bleus de l’aeschne bleue, mais impossible de confondre avec les Libellula et les Orthetrum !

Retrouvez nos articles :

L’orthetrum bleuissant

Une aeschne bleue au parc de Grouchy

Libellules

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Camouflages

Merci à  ceux qui ont essayé de résoudre l’énigme d’octobre 2018. Changeons d’angle de vision et le mystère s’éclaircit.

Larve de casside – parc du château de Grouchy © CACP – Gilles Carcassès

Cette petite bête très épineuse est la larve d’une casside, coléoptère de la famille des Chrysomelidae. Pour se camoufler et se protéger des prédateurs, elle entasse ses excréments sur son dos.

D’autres espèces adoptent des stratégies de camouflages assez proches :

Larve de Dichohrysa – parc du château de Grouchy à  Osny © CACP – Gilles Carcassès

Cette larve de chrysope du genre Dichochrysa entasse sur son dos les dépouilles de ses proies ! On voit en bas à  droite sur cette photo ses terribles mandibules en forme de crochets.

Chenille de Thyatira batis (Drepanidae) – Neuville-sur-Oise © Gilles Carcassès

Quand à  cette larve, c’est la chenille d’un papillon de nuit, Thyatira batis. Sa ressemblance avec une crotte d’oiseau est le fait de ses motifs et de la posture qu’elle prend le jour lorsqu’elle elle est au repos.

Dans cet article, découvrez le portrait d’une casside adulte :

Cassida, un ovni chez les coléoptères

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La teigne de la scutellaire

En longeant les berges de l’étang du parc du château de Grouchy, j’ai trouvé sur une branche basse de robinier ce curieux papillon, tout petit et finement pointillé de blanc.

Choreutidae © CACP – Gilles Carcassès

Sa silhouette particulière m’indique sa famille : les Choreutidae, représentée en France par 11 espèces seulement, dont deux ravageurs au jardin, la teigne des feuilles du pommier (Choreutis pariana) et la teigne du figuier (Choreutis nemorana). Dans cette famille, les chenilles consomment le parenchyme de la face supérieure des feuilles en se protégeant d’un réseau de fils de soies.

Prochoreutis sehestediana ? Osny © CACP – Gilles Carcassès

Les motifs des ailes permettent en théorie de distinguer les espèces de ces microlépidoptères mais les critères ne sont pas toujours clairs et les spécialistes ne courent pas les rues pour les préciser. Après quelques recherches, je pense raisonnablement qu’il s’agit de Prochoreutis sehestediana, dont la chenille se nourrit des feuilles des scutellaires.

Scutellaria galericulata © CACP – Gilles Carcassès

Et justement, cette jolie plante fleurie au bord de l’étang, à  quelques mètres, c’est une scutellaire ! Scutellaria galericulata, la scutellaire en casque, est assez commune en Ile-de-France dans les milieux humides. C’est une Lamiaceae vivace qui peut atteindre un mètre de haut.

Retrouvez dans cet article un autre hôte de la scutellaire :

Belle découverte sur une scutellaire

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Une aeschne bleue au parc du château de Grouchy

On croise de bien jolies demoiselles dans les allées du parc du château de Grouchy !

Aeschne bleue – parc du château de Grouchy © CACP – Gilles Carcassès

L’aeschne bleue est une belle et grande libellule, assez commune, que l’on aperçoit souvent aux abords des mares forestières, en été et parfois tard en saison.

Aeshna cyanea mâle – parc du château de Grouchy © CACP – Gilles Carcassès

Seul le mâle présente une coloration bleue. Les trois grosses taches sur le dessus de l’extrémité de l’abdomen (bleues chez le mâle) sont la caractéristique de l’espèce.

Pour qui connaît les mœurs de l’aeschne bleue, la photo a de quoi surprendre. Cet odonate, très actif, est rarement vu posé, sauf à  l’émergence ou pour la femelle au moment de la ponte. J’avoue, il y a un truc. Notre stagiaire Mathilde l’a capturé en vol avec son grand filet à  papillons et lui a raconté une histoire à  dormir debout. à‡a l’a tenu tranquille 15 secondes, le temps que je prenne ces deux clichés. Puis il est reparti faire ses rondes et défendre son territoire dans la peupleraie marécageuse du parc.

Retrouvez nos articles sur cette espèce :

L’aeschne bleue

Le sauvetage de l’aeschne

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Terellia tussilaginis, mouche des bardanes et des cirses

Terellia tussilaginis – parc du château de Grouchy à  Osny © CACP – Gilles Carcassès

Rencontre au sommet d’une bardane

Une mouchette blonde aux ailes barrées semble vouloir estimer dans ce face-à -face le danger que représente pour elle cette araignée crabe postée un peu plus bas.

Pas d’ovipositeur au derrière de ce diptère Tephritidae : il s’agit d’un mâle. Terellia tussilaginis est une espèce fréquente sur les bardanes, et parfois sur les cirses. La femelle pond au cœur de l’inflorescence et ses larves consomment les jeunes graines. Les pupes passent l’hiver dans les inflorescences sèches.

Terellia tussilaginis femelle en visite sur une astéracée – Maurecourt © CACP – Gilles Carcassès

Voici une femelle de cette belle espèce observée à  Maurecourt. L’ovipositeur est bien visible. Admirez ces beaux yeux verts (cliquez sur l’image pour l’agrandir) !

Terellia tussilaginis est très facile à  observer en été. Il suffit de s’approcher doucement des bardanes en fleurs. Parfois on y croise une autre jolie Tephritidae, Tephritis bardanae, strictement inféodée aux bardanes (voir ci-dessous).

Découvrez une autre espèce de la même famille qui fréquente les bardanes :

La mouche des fruits de la bardane

L'actualité de la Nature, L'actualité des jardins

Un papillon protégé observé au parc du château de Grouchy

Très coopératif, ce papillon ! © CACP – Mathilde VASSENET

Des inventaires de biodiversité, indicateurs de gestion d’une prairie

Le 5 juillet 2018, nous sommes allés au parc du château de Grouchy à  Osny. La communauté d’agglomération de Cergy-Pontoise y gère en fauche tardive une prairie humide dont la biodiversité est évaluée depuis plusieurs années par l’application de deux protocoles de sciences participatives pour gestionnaires d’espaces verts : Florilèges prairies urbaines (plantes) et Propage (papillons de jour).

Une belle rencontre avec une espèce protégée

Lors d’un transect, méthode d’inventaire de Propage, nous avons rencontré ce Flambé, Iphiclides podalirius. Cette espèce protégée en Ile-de-France doit son nom vernaculaire à  ses belles lignes noires.

Ses chenilles consomment des feuilles de prunellier ou de cerisier.

Iphiclides podalirius – Verger du parc du château de Grouchy à  Osny © CACP – Marion Poiret

Tout comme les plumes des oiseaux, les écailles, qui couvrent ses ailes et forment les motifs caractéristiques de l’espèce, permettent au papillon de trouver son ou sa partenaire pour se reproduire. Elles sont aussi probablement impliquées dans la conduite du vol, ainsi que dans l’émission et sans doute la perception d’odeurs. Elles sont accrochées, telles des tuiles d’un toit, à  la membrane transparente qui constitue la structure de l’aile.

Ces écailles ne sont pas plus grosses qu’un grain de pollen. Retrouvées au fond des lacs ou dans les sols anciens elles pourraient permettre, comme le pollen, de raconter l’histoire d’un site et peut être même de dater certaines couches de sédiments.

Un copieux repas de nectar © CACP – Marion Poiret

Abîmer les écailles d’un papillon ne l’empêchera pas de vivre, mais il ne sera pas reconnu par ses congénères et ne pourra pas se reproduire.

Retrouvez nos articles sur le Flambé et une espèce proche, le Machaon :

Le Flambé

Qui mange mes carottes ?

D’autres observations dans cette prairie du parc du château de Grouchy :

Deux volucelles au verger de Grouchy

La phalène anguleuse

Ectophasia, jolie mouche de Grouchy