L'actualité de la Nature, L'actualité des jardins

Le visiteur du soir

On le prend souvent pour un colibri en raison de son vol stationnaire devant les fleurs et de ses fulgurantes accélérations, mais c’est un papillon. Le moro-sphinx fait partie de la famille des Sphingidae, dont beaucoup de représentants sont des espèces migratrices. C’est le cas de notre moro-sphinx qui effectue chaque année le voyage entre l’Afrique du Nord et l’Europe, bien que certaines populations soient sédentaires dans le sud  de la France.

Le moro-sphinx butine les centhranthus dans le jardin du haut © Gilles Carcassès
Macroglossum stellatarum en vol stationnaire © Gilles Carcassès

Sa très longue trompe lui permet de butiner des fleurs en tubes profonds, comme celles du centranthus ci-dessus.

Les battements de ses ailes sont très rapides, de l’ordre de 75 par seconde, ce qui explique que l’œil humain ne peut pas percevoir les ailes en vol. Ses brusques embardées sont à  l’origine de son nom : moros en grec signifie fou.

Macroglossum stellatarum © Gilles Carcassès
Macroglossum stellatarum © Gilles Carcassès

Aux heures les plus chaudes de la journée, le moro-sphinx se tient dans un endroit tranquille. Au repos, on reconnaît bien la silhouette d’un Sphingidae.

Galium verum - Courdimanche © Gilles Carcassès
Galium verum, le gaillet vrai – Courdimanche © Gilles Carcassès

La chenille du moro-sphinx consomme essentiellement les parties aériennes des plantes de la famille des Rubiaceae, comme les gaillets.

Hemaris fusciformis © Gilles Carcassès
Hemaris fusciformis, le sphinx gazé © Gilles Carcassès

Le sphinx gazé est une espèce voisine. Sa chenille consomme des chèvrefeuilles.

Oenothera speciosa - Courdimanche © Gilles Carcassès
Oenothera speciosa – Courdimanche © Gilles Carcassès

Oenothera speciosa au parfum très attractif est un piège mortel pour les moro-sphinx. Le tube étroit de sa corolle retient la trompe de ce papillon et il ne peut se dégager.

Cette plante mexicaine utilisée pour l’ornement des massifs trouve sans doute, dans son pays d’origine, des Sphingidae pollinisateurs plus robustes. Le fait de retenir quelques instants le papillon est certainement une adaptation permettant d’accrocher plus de pollen sur l’insecte qui se débat lorsqu’il se retire de la fleur.

Le moro-sphinx, un article de insectes.net

Fleurs cruelles, un article de Bruno Didier dans Insectes

Le sphinx gazé, un article de fontainebleau-blog.com

Le moro-sphinx, un article de Jardins de Noé

L'actualité de la Nature

Belle-dame, étonnante migratrice

Vanessa cardui, la belle dame © Gilles Carcassès
Vanessa cardui, la belle-dame – photo prise à  Poissy en 2009, une grande année à  belles-dames © Gilles Carcassès

Cette belle-dame a du tempérament : c’est une migratrice hors pair. Chaque printemps, des millions de papillons de cette espèce quittent l’Afrique du Nord en troupes serrées et entament une remontée vers le nord de l’Europe, parfois même jusqu’en Islande. Si vous voyez une belle dame, levez le nez : il n’est pas rare d’en voir beaucoup d’autres dans le ciel.

Ce voyage se fait par étapes, généralement trois générations sont nécessaires pour atteindre l’Europe du Nord. Ce sont les papillons de cette troisième génération qui feront le voyage de retour vers l’Afrique en octobre. Il est très difficile cependant d’observer cette migration d’automne parce que les papillons volent à  plus de 1000 mètres d’altitude. Ils arriveront au Sahel après la fin de la saison des pluies, pour fonder la quatrième et dernière génération de l’année.

La chenille de la belle dame © Gilles Carcassès
La chenille de la belle-dame © Gilles Carcassès

J’ai observé fin juin 2015 cette belle chenille en train de consommer une feuille de chardon des champs, au bassin des Pâtis, à  Pontoise. Je l’ai déterminée comme une chenille de belle-dame, sans doute un individu de troisième génération.

On trouve les chenilles des belles-dames essentiellement sur les chardons, les orties et les mauves. Quant aux papillons, ils semblent avoir une prédilection pour les lavandes et les centranthus (valérianes rouges), souvent employés dans les espaces verts en raison de leur bonne résistance à  la sécheresse.

Certaines années connaissent des migrations spectaculaires de ce papillon, en conséquence de conditions climatiques particulièrement favorables en Afrique. Si 1996 et 2009 sont restés dans les annales, 2015 ne semble pas une très bonne année pour la migration des belles-dames. Et la sécheresse qui s’installe cet été au Sahel n’annonce rien de bon pour nos vanesses des chardons en 2016.

Sources :

http://www7.inra.fr/opie-insectes/pdf/i128leveque.pdf

http://www.jardinsdenoe.org/la-biodiversite-des-jardins/la-belle-dame

http://www.baladesentomologiques.com/article-belle-dame-vanessa-cardui-une-autre-grande-migratrice-122468336.html

https://natornatex.wordpress.com/2015/06/16/larrivee-de-la-belle-dame/

L'actualité de la Nature

Plaie d’argent n’est pas mortelle

Pyropteron chrysidiformis, la sésie de l'oseille © Gilles Carcassès
La sésie de l’oseille est bien inoffensive – Rochefort-en-Terre © Gilles Carcassès

Les sésies, avec leurs petites ailes en partie transparentes ne ressemblent pas vraiment à  des papillons. Pourtant, ce sont bien des lépidoptères, et même de la famille des Sesiidae, figurez-vous. Cette famille compte 56 espèces en France.

Bembecia sur une tige de plantain - Maurecourt © Gilles Carcassès
Bembecia sur une tige de plantain – Maurecourt © Gilles Carcassès

Si la larve de la sésie de l’oseille (Pyropteron chrysidiformis) consomme les rumex, celles des Bembecia se régalent des racines de diverses fabacées, comme les lotiers, les ononis ou les sainfoins. D’autres saisies sont des ravageurs des arbres, comme la grande saisie, appelée aussi saisie apiforme en raison de sa ressemblance avec une abeille.

 

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Le bouillon-blanc de Neuville

Verbascum Thapsus, le molène bouillon blanc - Neuville © Gilles Carcassès
Verbascum thapsus, le molène bouillon-blanc – Neuville © Gilles Carcassès

Tous les jours en allant au travail, je passe devant ce gros pied de bouillon-blanc, près de l’université de Cergy-Pontoise à  Neuville. Ces derniers temps, la tige est montée rapidement et on voit poindre les premières fleurs. Mais la plante a l’air sinistrée ; aurait-elle fait une mauvaise rencontre ?

Cucullia verbasci © Gilles Carcassès
Chenille de la brèche, Cucullia verbasci © Gilles Carcassès

La voilà , la responsable : la chenille de la brèche. Elles sont une bonne quinzaine à  dévorer les feuilles de la plante, les transformant patiemment en dentelles.

Une toute petite mouche tournicote dans le secteur. C’est un représentant de la famille des Chloropidae. Plusieurs espèces de cette famille se nourrissent de sécrétions animales, et on les voit parfois lécher des larves d’insectes. Aussi, la concentration de chenilles sur cette plante n’est peut-être pas étrangère à  la présence de ce diptère.

Meromyza - Neuville-sur-Oise © Gilles Carcassès
Meromyza – Neuville-sur-Oise © Gilles Carcassès
Meromyza sur un verbascum © Gilles Carcassès
Meromyza sur un verbascum © Gilles Carcassès

Avec son abdomen bien vert et ses fémurs postérieurs dodus, je verrais bien là  l’espèce Meromyza femorata dont la larve consomme une graminée, le dactyle aggloméré, très répandu dans les prairies voisines.

Brachymeria © Gilles Carcassès
Brachymeria © Gilles Carcassès

Ce micro-hyménoptère, tout aussi fort en cuisses, a l’air de s’intéresser également aux chenilles. Cette espèce est un parasitoà¯de connu pour pondre dans les chenilles de la piéride du chou. Dans celles de la brèche aussi, apparemment…

Alors, pour protéger vos choux, semez donc au jardin des bouillons-blancs. Si ça ne favorise pas les Brachymeria, ça fera joli.

Les insectes des bouillons-blancs

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Scène de crime dans la véranda

Boîte d'élevage © Gilles Carcassès
Boîte d’élevage. On aperçoit un petit papillon contre le tamis du couvercle © Gilles Carcassès

Je vous avais montré l’automne dernier la larve de la mineuse du platane trouvée sur un platane d’Orient au Clos Levallois à  Vauréal.

J’ai récolté quelques échantillons de ces mines sur un platane de la même espèce (les platanes communs ne semblent pas sensibles à  ce ravageur) dans la zone de baignade de l’Ile de loisirs de Cergy-Pontoise. Ils ont séjourné tout l’hiver dans ma véranda à  l’intérieur d’une boîte d’élevage (aimablement prêtée par le CAUE du Val d’Oise). Le printemps venu, voici le temps de découvrir les couleurs des papillons adultes :

© Gilles Carcassès
Imago de Phyllonorycter platani, la mineuse du platane © Gilles Carcassès

Mais il y a aussi un invité surprise ! Un micro hyménoptère de la famille des Braconidae, un parasitoà¯de des chenilles de notre Phyllonorycter platani. Rappelons qu’un parasitoà¯de est un parasite qui tue son hôte. Une scène de crime dans ma véranda, on aura tout vu !

© Gilles Carcassès
Braconidae parasitoà¯de de Phyllonorycter platani © Gilles Carcassès

Comment trouver le nom de cet assassin ? Dans la base de données internationales des Braconidae, pardi !

Dicky Sick Ki Yu est un chercheur canadien qui a patiemment rassemblé 4,2 millions de données référencées et 343 386 espèces sur son site http://www.taxapad.com/ !

On y apprend que notre Phyllonorycter platani peut être parasité par 37 espèces de micro hyménoptères. Il n’y a plus qu’à  les passer en revue pour démasquer le coupable. Colastes flavitarsis a été mis en examen.

La liste des 37 parasitoà¯des connus de Phyllonorycter platani

L'actualité des jardins

La Pyrale du buis est à  Pontoise

Feuilles de buis dévorées par la pyrale du buis © Gilles Carcassès
Feuille de buis dévorée par la pyrale du buis – Pontoise © Gilles Carcassès

Très mauvaise nouvelle !

La pyrale du buis, qui a occasionné l’an dernier des ravages épouvantables dans les parcs parisiens, a fait son apparition à  Pontoise, sans doute arrivée là  à  l’occasion de quelques plantations de buis porteurs de pontes. En quelques mois, ces chenilles, dédaignées par les oiseaux, peuvent défolier entièrement ces arbustes. Il n’y a hélas pas de solution miracle pour s’en débarrasser. Ce papillon prolifique d’origine asiatique est en France depuis 2008 et progresse très rapidement.

Les chercheurs s’activent pour trouver des solutions. En attendant la mise au point de méthodes de lutte efficaces, il convient de s’abstenir de planter des buis.

Les agronomes sont sur la piste des trichogrammes, petits hyménoptères qui pourraient parasiter les œufs de ces papillons. Leur projet est de repérer des œufs parasités et d’expérimenter l’élevage de ces insectes auxiliaires.

Jardiniers, ne laissez pas seuls ces chercheurs dans leur quête ! Vous pouvez les aider en participant au programme SaveBuxus. Il s’agit de collecter pour eux un maximum de pontes de pyrale à  partir de juin 2015, sur des buis non traités. Quelques-unes de ces pontes contiennent peut-être les parasitoà¯des qui changeront le destin de nos jardins.

Prise en flagrant délit © Gilles Carcassès
Prise en flagrant délit de grignotage © Gilles Carcassès
Un buis infesté par la pyrale © Gilles Carcassès
Un buis infesté par la pyrale – Pontoise © Gilles Carcassès

Le communiqué du Ministère de l’Agriculture

SaveBuxus, un programme de Plante et Cité

Comment traiter ?

La fiche technique de la pyrale du buis par Jardiner Autrement

 

 

L'actualité de la Nature

La chasse nocturne aux papillons : facile !

site
Mardi 8 juillet 2014, Natureparif organisait au pavillon Maurouard, au parc forestier de la Poudrerie (Vaujours), une rencontre technique sur les lépidoptères nocturnes. © Gilles Carcassès

Ce fut l’occasion de réviser la systématique, puis de procéder à  des travaux pratiques de 21 heures à  minuit. Les animateurs nature de toute la région étaient venus en nombre malgré la pluie et le froid. Les insectes aussi étaient au rendez-vous, et les captures réussies furent saluées par les hululements de la chouette hulotte.

C’est vraiment une très bonne idée d’animation que cette chasse nocturne aux papillons. Ca réussit à  tous les coups, même par mauvais temps. Voyons le déroulé :

matériel
Etape 1 – installer le matériel : l’alimentation électrique, un drap blanc sur le sol, une potence, une ampoule (ici 500 W), les filets à  papillons, les boites transparentes pour les observations, les livres guides, des boites à  œufs pour les timides qui aiment se cacher à  l’ombre, un grand sac mystère (la réserve de boissons ?) © Gilles Carcassès
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Etape 2 – attendre le papillon © Gilles Carcassès
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Etape 3 – capturer le papillon et le glisser en douceur dans la boite transparente © Gilles Carcassès
Etape 4 - déterminer la bête avec un livre guide. Enfantin : il est forcément parmi les 1620 espèces illustrées. Oh ! le bel Agrotis ipsilon ! © Gilles Carcassès
Etape 4 – déterminer la bête avec un livre guide. Enfantin : il est forcément parmi les 1620 espèces illustrées. Oh ! le bel Agrotis ipsilon ! © Gilles Carcassès

Un peu de biblio