L'actualité de la Nature, L'actualité des jardins

La mite à  trois bandes

Les marronniers blancs, comme chaque été depuis le début des années 2000, montrent les symptômes disgracieux de l’attaque de la mineuse. Le responsable est un minuscule papillon invasif originaire des Balkans, reconnaissable aux trois bandes claires qui ornent ses ailes.

Cameraria ohridella, la mineuse des feuilles du marronnier © Gilles Carcassès
Cameraria ohridella, la mineuse du marronnier © Gilles Carcassès

Ce microlépidoptère est assez facile à  observer aux premiers jours chauds d’avril. En nombre, les adultes émergent alors des chrysalides qui ont passé l’hiver dans les feuilles mortes, et se regroupent sur les troncs de marronniers au soleil pour s’accoupler. Les femelles pondent sur les feuilles des branches basses et les toutes jeunes chenilles vont rapidement pénétrer sous la cuticule pour former de petites mines qui vont s’étendre puis brunir à  mesure de la croissance de ces larves. Dans le courant de l’été, les générations suivantes vont gagner les frondaisons les plus hautes.

Feuille de marronnier minée © Gilles Carcassès
Feuille de marronnier minée – bois de Cergy © Gilles Carcassès

Par transparence on distingue l’occupant (en fait ici la dépouille de la dernière mue larvaire). Les trainées sombres sont les excréments de la chenille.

Exuvie de Cameraria ohridella © Gilles Carcassès
Chrysalide de Cameraria ohridella © Gilles Carcassès

La nymphe s’extrait partiellement de la feuille pour donner naissance au papillon. Chaque mine produit ainsi un nouvel adulte.

Mines percées © Gilles Carcassès
Mines percées © Gilles Carcassès

Chaque mine, vraiment ? A l’évidence, quelques oiseaux prélèvent leur dîme, si j’en crois ces coups de bec, probablement l’œuvre de mésanges bleues ou charbonnières. Ces oiseaux régulent ainsi un peu les populations du ravageur. Le jardinier peut ainsi limiter les dégâts en offrant des nichoirs aux mésanges. Il peut aussi détruire les feuilles mortes des marronniers, dans lesquelles la dernière génération passe l’hiver sous forme de chrysalides.

En savoir plus sur la mineuse du marronnier

L'actualité des jardins

Les fleurs de mes hémérocalles avortent

Bouton d'hémérocalle déformé © Gilles Carcassès
Bouton d’hémérocalle déformé © Gilles Carcassès

Chaque année en juin, les premiers boutons de fleurs de mes hémérocalles sont boursouflés et ne s’épanouissent pas. Ce sont surtout les variétés jaunes et les brunes qui sont touchées. Un moucheron est le responsable de ces déformations : en ouvrant un bouton on peut voir les nombreux asticots, bien à  l’abri des prédateurs derrière les pétales épaissis.

Larves de Contarinia quinquenotata © Gilles Carcassès
Larves de Contarinia quinquenotata, la cécidomyie de l’hémérocalle © Gilles Carcassès

Le petit insecte que l’on voir en silhouette devant mon index sur cette photo est un hyménoptère parasitoà¯de, une micro-guêpe qui pond dans les œufs ou les larves d’autres insectes. Il n’est sans doute pas là  par hasard. Ces parasitoà¯des limitent de façon naturelle la propagation des ravageurs. La main du jardinier peut aussi agir efficacement en retirant et en détruisant les boutons contaminés à  mesure de leur apparition.

Passé le début du mois de juillet, les boutons floraux ne sont plus attaqués, les larves de la cécidomyie sont déjà  tombées au sol, elles s’y nymphoseront et donneront la nouvelle génération d’adultes au printemps suivant.

Dans mon jardin, la cécidomyie fait de gros dégâts certaines années sur cette variété jaune précoce. © Gilles Carcassès
Dans mon jardin, la cécidomyie fait de gros dégâts certaines années sur cette variété jaune précoce. © Gilles Carcassès
Les variétés tardives d'hémérocalles sont très peu attaquées par la cécidomyie. à  la main les boutons contaminés et les détruire
Les variétés tardives d’hémérocalles sont très peu attaquées par la cécidomyie. © Gilles Carcassès
Les hémérocalles, plantes spectaculaires de culture très facile, sont précieuses au jardin © Gilles Carcassès
Les hémérocalles, plantes spectaculaires de culture très facile, sont précieuses au jardin © Gilles Carcassès
L'actualité de la Nature

Le jour où le diable est venu toquer à  ma fenêtre

Quel est cet étrange insecte qui est venu toquer à  ma fenêtre un soir de finale de football ?

C’est un homoptère peu fréquent, surnommé « le grand diable ». Ses cornes sur le thorax et sa tête large et plate lui donnent une allure peu engageante.

Ledra aurita (le grand diable) © Gilles Carcassès
Ledra aurita (le grand diable) © Gilles Carcassès

La plus grande de nos cicadelles (de l’ordre de 15 mm) est rare et protégée en Ile-de-France. Lorsqu’elle se plaque sur l’écorce d’un arbre, elle est presque invisible. Sa biologie est mal connue, on sait qu’elle fréquente les chênes, mais peut-être aussi d’autres végétaux.

Ledra aurita - Poissy © Gilles Carcassès
Ledra aurita – Poissy © Gilles Carcassès

Je remarque sur la face interne de ses tibias postérieurs comme une scie finement dentée, peut-être que c’est avec ça qu’elle stridule ? Elle vient parfois, en juillet, à  la lumière : surveillez vos fenêtres la nuit tombée !

Centrotus cornutus - Cergy © Gilles Carcassès
Centrotus cornutus, le « demi-diable » – Axe majeur à  Cergy © Gilles Carcassès

Le demi-diable est nettement plus petit. Il possède non pas deux mais trois cornes sur son thorax : deux latérales et une troisième tournée vers l’arrière, longue et ondulée. C’est aussi un homoptère, un représentant de la famille des Membracidae. J’ai observé celui-ci sur les branches basses d’un orme près de l’Axe majeur à  Cergy.

L'actualité de la Nature

Le pou des arbres

Cette minuscule bestiole aux ailes joliment zébrées sur une feuille de buis m’intrigue. Qu’est-ce donc ? Un puceron, un psylle ? Non, c’est un psoque ! Les psoques (les représentants de l’ordre des Psocoptères) sont des insectes peu évolués : ils existaient déjà  il y a 250 millions d’années.

Graphopsocus cruciatus © Gilles Carcassès
Graphopsocus cruciatus – parc du château de Menucourt © Gilles Carcassès

Ils se nourrissent de lichens, d’algues ou de champignons qui se développent sur les feuilles et les branches des arbres. Ce sont donc d’inoffensifs nettoyeurs.

Graphopsocus cruciatus © Gilles Carcassès
Graphopsocus cruciatus sur une feuille de buis © Gilles Carcassès

Graphopsocus cruciatus est une espèce très commune et très facile à  reconnaître avec son dessin caractéristique sur les ailes. On la rencontre sur de nombreuses espèces d’arbres et d’arbustes. On surnomme ce psoque le pou des arbres, en référence aux poux des livres qui sont d’autres espèces de psoques qui mangent des moisissures et vivent dans les maisons. Ceux-là  n’ont pas d’ailes et ressemblent vaguement à  des poux.

L’art de ranger les psoques

L'actualité de la Nature

Sur le cirse maraîcher

Floraison de Cirsium oleraceum - Saint-Ouen l'Aumône © Gilles Carcassès
Floraison de Cirsium oleraceum – Saint-Ouen l’Aumône © Gilles Carcassès

Le cirse maraîcher (Cirsium oleraceum) est présent sur notre territoire dans les vallées de la Viosne et du ru de Liesse, ainsi qu’au bord de l’Oise, dans les endroits marécageux. C’est un chardon assez élevé, aux grandes fleurs pâles et aux feuilles larges.

Voici trois bestioles surprenantes et peu courantes que l’on peut observer sur cette plante. Ces photographies ont été prises au parc de Grouchy à  Osny.

Tephritis conura - Osny © Gilles Carcassès
couple de Tephritis conura – Osny © Gilles Carcassès

Ce très joli diptère est Tephritis conura, il est inféodé à  cette plante. La femelle pond dans ses boutons floraux.

Cixius cunicularius - Osny © Gilles Carcassès
Cixius cunicularius – Osny © Gilles Carcassès

Cixius cunicularius est un homoptère de la famille des Cixiidae. Il affectionne les bords de rivière, tout comme le cirse maraîcher. On le trouve sur la végétation basse.

Cassida rubiginosa - Osny © Gilles Carcassès
Cassida rubiginosa – Osny © Gilles Carcassès

Cet insecte déguisé en tortue verte n’est pas une punaise, mais bien un coléoptère de la famille des Chrysomelidae (vaste famille !). L’avant, c’est du côté des antennes. Ses larves consomment les feuilles de divers chardons, dont le cirse maraîcher.

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La faune du bassin de la sente des prés à  Eragny

22 juin 2016 : profitant d’un après-midi sans pluie, nous nous rendons à  Eragny pour recenser la faune des abords du bassin de la sente des prés, qui va bientôt faire l’objet de travaux importants.

Bassin de rétention des eaux pluviales à  Eragny-sur-Oise © Gilles Carcassès
Bassin de rétention des eaux pluviales à  Eragny-sur-Oise © Gilles Carcassès

Les oiseaux sont nombreux dans les grands saules, frênes et peupliers qui dominent le bassin : nous notons le chant du pic vert, du pouillot véloce, du troglodyte, du merle, du rouge-gorge, de la grive musicienne, de la fauvette à  tête noire… Près de l’eau, nous remarquons les allées et venues d’une bergeronnette des ruisseaux qui capture des moucherons.

Pour ce qui est des insectes, sans surprise, nous croisons plusieurs espèces qui accompagnent ordinairement les plantes typiques des friches nitrophiles (orties, rumex, cirses communs). C’est ainsi que nous identifions deux espèces de diptères de la famille des Tephritidae : Urophora stylata et Tephritis hyoscyami, toutes deux inféodées aux chardons.

Tephritis hyoscyami femelle © Gilles Carcassès
Tephritis hyoscyami femelle © Gilles Carcassès

D’autres insectes sont caractéristiques des lisières des zones boisées, comme les deux papillons observés : le Tyrcis et la Piéride du navet (dont la chenille consomme les alliaires).

Lagrya hirta © Gilles Carcassès
Lagria hirta sur une feuille d’ortie dioà¯que © Gilles Carcassès

Lagria hirta est un coléoptère de la famille des Tenebrionidae. Il est souvent trouvé près des arbres car sa larve se nourrit des substances végétales de la litière, on peut également l’observer dans les zones humides. Apparemment celui-ci l’a échappée belle car la déformation des élytres suggère qu’un oiseau voulait en faire son repas et lui a donné un coup de bec.

Tillus elongatus © Gilles Carcassès
Tillus elongatus © Gilles Carcassès

Voici un autre coléoptère, lié cette fois à  la présence de bois mort : sa larve est prédatrice d’insectes xylophages. Ce thorax rouge indique qu’il s’agit d’une femelle de Tillus elongatus (le mâle de cette espèce est entièrement noir).

La liste complète des espèces que nous avons recensées autour de ce bassin est ici : Eragny 22 juin 2016

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Petits bijoux cachés dans les herbes

Chez les Chrysomelidae, le genre Chrysolina compte de nombreuses espèces brillamment colorées. C’est un jeu de les chercher sur leurs plantes préférées. Les espèces se distinguent principalement par leur coloration et les ponctuations qui ornent les élytres. En voici quelques-unes, faciles à  observer sur des plantes communes :

Chrysolina herbacea sur la menthe- Vauréal © Gilles Carcassès
Chrysolina herbacea sur la menthe, au bord de l’eau – Vauréal © Gilles Carcassès
Chrysolina fastuosa sur le galéopsis © Gilles Carcassès
Chrysolina fastuosa sur le galeopsis, en lisière des bois – Feucherolles © Gilles Carcassès
Chrysolina hyperici sur le millepertuis © Gilles Carcassès
Chrysolina hyperici sur le millepertuis, dans les talus et sur les bords des chemins – Poissy © Gilles Carcassès
Chrysolina americana sur le romarin - Cergy © Gilles Carcassès
Chrysolina americana sur le romarin, dans les jardins – Cergy © Gilles Carcassès

D’autres chrysomèles, dans nos articles précédents :

Portrait de famille : les chrysomèles

La chrysomèle de l’aulne

Les donacies

La chrysomèle de l’oseille

 

 

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Urophora stylata

Urophora stylata en ponte - Eragny © Gilles Carcassès
Urophora stylata femelle, en ponte sur un cirse commun – Eragny-sur-Oise © Gilles Carcassès

Réponse de la devinette publiée le 1er juillet 2016 : si ce diptère a un si long abdomen, c’est pour ne pas se piquer les fesses quand il pond dans les fleurs des cirses !

Entre  1973 et 2006, Urophora stylata a été utilisé comme moyen de biocontrôle en Amérique du Nord pour lutter contre le cirse commun qui est là -bas une plante invasive. Les boutons floraux infestés par les larves de cette mouche produisent en effet beaucoup moins de graines.

Un autre Urophora des chardons

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Un Popeye chez les homoptères

Asiraca clavicornis © Gilles Carcassès
Asiraca clavicornis est assez commun dans les jardins © Gilles Carcassès

Cet étrange insecte homoptère, trouvé sur un liseron dans mon jardin, n’est ni une cicadelle, ni un puceron, ni un psylle. Il appartient à  la famille des Delphacidae, caractérisée par un gros éperon à  l’extrémité du tibia postérieur.

Ses pattes antérieures sont développées et très élargies, ce qui donne l’impression qu’il marche avec des béquilles. Et pour compléter le tableau, ses antennes sont hors norme, avec un premier article particulièrement imposant.

A quoi lui sert tout cet attirail ? Je n’ai pas trouvé le spécialiste pour me l’expliquer. En fait, peut-être que personne ne sait ; il y a tant encore à  découvrir dans le monde des insectes.