Cette chenille vivement colorée est celle d’Ethmia bipunctella. On la rencontre classiquement sur les vipérines, mais aussi sur la bourrache et d’autres plantes de la famille des Boraginaceae. Les Ethmia sont de petits papillons de nuit, noir et blanc et de forme allongée.
Voici Ethmia quadrillella, une espèce très proche d’Ethmia bipunctella. J’ai observé ce papillon dans un jardin près d’un ruisseau à Vauréal, près d’une touffe de consoude, une autre Boraginaceae.
L’Agence régionale de la biodiversité en Ile-de-France m’a demandé d’y intervenir sur la diversité des mouches Tephritidae. A partir de mes observations et d’éléments de bibliographie, j’ai tenté de dresser un tableau des espèces franciliennes les plus communes, en indiquant leurs plantes hôtes, et en donnant des pistes pour l’observation de ces si jolies mouches aux ailes ornées.
Les femelles d’Anomoia purmunda pondent dans les fruits des aubépines, des cotonéasters, des berbéris. On trouve cette espèce dans les jardins et espaces verts.
Tephritis conura fréquente volontiers les cirses maraîchers, que l’on rencontre dans les zones naturelles humides.
Cliquez sur l’image ci-dessous pour accéder au résumé de mon intervention :
Bravo aux naturalistes joueurs qui ont vu une mouche tachinaire dans la photo mystère de novembre 2018 et un coup de chapeau à Siegfried qui a donné le genre et à Michel qui est allé jusqu’à l’espèce ! Ils sont trop forts !
En balade à Jouy-le-Moutier, j’ai trouvé cette mouche épatante avec son abdomen tricolore, alors j’ai voulu en savoir un peu plus sur elle. Les couronnes d’épines sur son abdomen m’orientent vers la famille des Tachinidae, ces diptères dont les larves parasitent d’autres insectes.
Sur le lierre en fleurs, elle s’intéressait sans doute au nectar abondant de cette plante. Avec ses antennes en partie jaune, ses pattes noires et ses longues soies sous les yeux, ce pourrait être Peleteria iavana (autrefois nommée Peleteria varia). On rencontre cette espèce sur toutes sortes de fleurs en été et en automne : les asters, les centaurées, les menthes, les origans, les eupatoires, les achillées… L’espèce apprécie les endroits chauds et ensoleillés.
La littérature scientifique ne nous dit pas grand chose de cette espèce pourtant commune. Elle parasiterait les chenilles de noctuelles, mais on ne sait pas lesquelles. Flà»te, j’aurais dà» la suivre !
Avec la chute des feuilles, les nids de frelons asiatiques cachés en haut des grands arbres sont soudainement visibles. Ennemis jurés des apiculteurs qui voient leurs abeilles décimées par ces redoutables prédateurs, les frelons asiatiques ne sont pas vraiment les bienvenus dans notre environnement. Arrivés accidentellement de Chine en 2004, ils ne cessent de gagner du terrain.
Alors que faire lorsque l’on découvre un nid de frelons asiatiques ?
Le Muséum national d’Histoire naturelle (voir leur excellent dossier consacré au frelon asiatique) recommande la destruction des nids de frelons asiatiques pour en freiner la progression. Mais si la découverte est tardive en saison (après mi-novembre) on peut considérer raisonnablement que la colonie est en déclin, voire inactive, et décider de ne pas intervenir. En effet les frelons ne survivent pas aux rigueurs de l’hiver. Seules les reines qui vont s’abriter dans des souches pourries ou des trous de murs vont hiverner pour fonder de nouvelles colonies au printemps. Les vieux nids ne sont jamais réemployés l’année suivante, ils seront progressivement disloqués par les oiseaux et les intempéries.
Découvert suffisamment tôt en saison, la marche à suivre est la suivante :
1/ identifier le propriétaire
C’est la commune qui se chargera d’intervenir sur le domaine public, et chaque propriétaire sur les propriétés privées.
Au bord de l’Oise à Cergy, les ormes sont très présents. Ils sont tous jeunes car dès qu’ils atteignent une dizaine d’années, ils sont décimés par la graphiose. Cette maladie est due à un champignon parasite qui obstrue les vaisseaux conducteurs de sève des ormes et les fait mourir.
Cet ormeau a l’air un peu malade, mais ce symptôme n’est pas celui de la graphiose. Ses feuilles sont attaquées par les larves d’un coléoptère de la famille des Chrysomelidae, la galéruque de l’orme. On dit que les fortes attaques de cette galéruque affaiblissent les arbres, ce qui attire les scolytes qui à leur tour transmettent la maladie en mordant les rameaux.
Les larves de Xanthogaleruca luteola consomment le dessous des feuilles.
Le résultat est presque aussi beau qu’un vitrail !
Voici l’adulte qui se chauffe au soleil d’octobre.
Retrouvez un autre article, sur les dégâts des scolytes :
Une grosse punaise grise ? D’habitude j’identifie celle-ci : Rhaphigaster nebulosa, la punaise nébuleuse, très commune dans les jardins.
Mais cette fois-ci, c’est autre chose…
Elle est plus sombre et surtout les taches blanches des antennes sont disposées différemment.
Il s’agit de la tristement célèbre punaise diabolique ! Je savais qu’elle était à Paris depuis 2015. Elle est manifestement sortie de la capitale puisqu’elle a été observée le 17 octobre 2018 à Villejuif et le même jour à Rosny-sous-bois. Et j’ai observé cet individu le lendemain devant la Maison de la Nature de Rueil-Malmaison.
Cette punaise d’origine asiatique a envahi les Etats-Unis au début des années 2000, y causant des dégâts considérables aux vergers de pommiers, pêchers, agrumes, et aussi aux vignobles, au maà¯s, au soja, et aux cultures maraichères. Elle peut aussi compromettre les récoltes de noisettes. En Europe, l’envahisseur est sous surveillance, pour l’instant il ne cause pas de dégâts significatifs en grandes cultures, mais le risque est important, d’après un rapport de l’ANSES de 2014.
Cette espèce, comme la punaise américaine du pin, cherche pour passer l’hiver un endroit où se mettre au chaud. C’est pourquoi il peut lui arriver de rentrer dans les maisons. En cas de pullulation de cette punaise, les habitants peuvent être tentés de traiter leur domicile avec des doses massives d’insecticide, ce qui serait très néfaste pour leur santé ! L’insecte en revanche est inoffensif pour l’homme et les animaux domestiques. Si l’on veut les chasser de la maison, il faut utiliser des moyens non toxiques, l’aspirateur par exemple et penser à fermer les fenêtres.
La punaise asiatique est arrivée en France en 2012, plus précisément à Strasbourg. Depuis, elle a été signalée dans une bonne dizaine de départements.
Serait-ce une bestiole vorace avec un grande bouche qui fait ces profondes découpes dans ma belle de nuit ? Non, ce ne sont pas des traces de repas. C’est l’ouvrage d’une mégachile. Avec ses mandibules, cet hyménoptère découpe comme avec des ciseaux des pastilles de feuilles et les emporte une à une pour construire son nid.
Reste à trouver le nid. Voilà le site :
Si j’étais une abeille solitaire, où établirais-je mon nid ? Voyons : un endroit bien isolé, à l’abri des intempéries… Dans la paille bien sà»r !
C’est la réserve pour le poulailler, et pour éviter que le vent ne me l’éparpille, j’ai lesté la botte avec un chaperon de muret en béton. Je le soulève précautionneusement.
Ce long « cigare » est bien le nid de la mégachile. Les découpes de feuilles sont courbées et assemblées à la manière de tuiles pour former un fourreau cylindrique dans lequel l’abeille stocke des boulettes de pollen, réserves de nourriture pour ses larves. Puis elle en bouche l’entrée avec le même matériau. La nouvelle génération émergera l’été prochain.
Il y a deux autres nids à côté, l’un d’eux, plus court, est manifestement de construction récente car les morceaux de feuilles sont encore bien verts. Il est occupé : je vois le derrière d’une abeille qui s’active ! Alors je décide de ne pas déranger plus longtemps et je remets le chaperon à sa place.
Les mégachiles récoltent le pollen sur leurs brosses ventrales, sous l’abdomen. L’espèce ci-dessus a des brosses rousses. Lorsqu’elles butinent, les mégachiles prennent souvent cette pose comique, abdomen redressé.
Retrouvez d’autres abeilles solitaires dans ces articles :
Cet étrange ravageur dévore de bon appétit la feuille d’un aulne sur la berge de l’Oise à Vauréal. Drôle d’allure ! Ses longs « poils » blancs sont friables et de consistance cireuse. Cela me rappelle les larves du psylle de l’aulne qui se cachent aussi sous des boucles de cire.
A la forme de sa tête, je reconnais une larve de tenthrède. Elle présente au sommet de sa capsule céphalique une petite tache noire qui ne s’étend pas jusqu’aux ocelles, cela permet d’identifier Eriocampa ovata, une espèce peu observée en Ile-de-France. Je l’avais déjà croisée une fois, dans le parc du château de Menucourt.
Retrouvez un article sur autre larve blanche de tenthrède :
Au collège Gérard Philipe de Cergy, une mare a été réalisée au printemps 2018 avec le soutien du conseil départemental du Val d’Oise. Elle est déjà grouillante de vie ! Nicolas Louineau, professeur de SVT, m’a aidé à capturer quelques petites bêtes aux fins d’identification.
Les notonectes, ou abeilles d’eau, nagent le ventre en l’air. Elles se nourrissent de proies aquatiques ou d’insectes tombés dans l’eau, qu’elles piquent avec leur rostre puissant.
Lorsqu’elle vient en surface faire le plein d’air pour respirer sous l’eau, seule l’extrémité de l’abdomen est en contact avec l’atmosphère. L’air emmagasiné tapisse la surface de son corps, lui donnant des reflets argentés. Ses grands yeux lui permettent de surveiller ce qu’il se passe au-dessus et en-dessous d’elle.
Pour déterminer les notonectes, il faut observer la face dorsale. Il est recommandé de les manipuler avec précaution pour ne pas se faire piquer par le rostre, car c’est assez douloureux ! L’angle aigu du pronotum au coin de l’œil permet ici d’identifier Notonecta viridis.
Cet Acilius, de la famille des Dytiscidae, rame vigoureusement sous l’eau à l’aide de ses longues pattes ciliées. A l’inverse des notonectes, il nage sur le ventre. C’est un prédateur de nombreux animaux aquatiques.
Pour déterminer les Acilius, il faut observer la face ventrale. Les fémurs postérieurs à moitié noirs et la coloration ventrale globalement très sombre indiquent l’espèce Acilius sulcatus. L’insertion des pattes postérieures dans cette famille de coléoptères aquatiques est étonnamment très décalée vers l’arrière. L’insecte est très bien adapté pour la nage, il vole aussi sur de bonnes distances, mais s’est un marcheur très maladroit ! Ici il s’agit d’une femelle, car le mâle est équipé de ventouses sur ses pattes antérieures qui lui permettent de saisir commodément sa partenaire pendant l’accouplement.
Sur la berge à fleur d’eau nous avons trouvé des cocons de terre cachés sous des feuilles en décomposition. A l’intérieur d’un cocon, une nymphe attend la mue qui la transformera en adulte. Il s’agit probablement d’une nymphe d’Acilius.
Cette petite punaise aquatique finement barrée nage aussi sur le ventre. Elle navigue entre deux eaux et se pose sur le fond. Il s’agit d’une espèce de la famille des Corixidae. Ce sont des prédateurs de la petite faune aquatique comme les larves de moustiques.
Les feuilles d’arbres tombées dans l’eau servent de support aux pontes des gastéropodes aquatiques.
Les Sympetrum striolatum étaient en ponte en tandem au-dessus de la mare. Les femelles ont déposé dans l’eau des centaines d’œufs. Cela nous promet de belles observations de leurs larves l’an prochain. Une aeschne bleue mâle est passée aussi mais ne s’est pas posée.
L’hélophile suspendu est un bien joli syrphe, commun dans les zones humides. On voit ici la bande médiane noire qui orne sa face. Les larves de cette espèce vivent dans la vase et les eaux boueuses des berges.
Ma mission : intéresser un groupe de lycéens à la nature et à la photographie. Après quelques conseils de cadrage et de composition donnés en salle, nous voilà partis à la recherche de sujets d’inspiration.
Ces belles galles de chêne, peut-être ? (Mais où vont-ils comme ça ?)
La trace de la tenthrède zigzag a plus de succès. On essaie les smartphones sur ce sujet. Le contrejour donne des résultats jugés « classe ».
Les bédégars sur les églantiers mettent en évidence les difficultés de mise au point d’un sujet plus en volume. Mais que cette matière végétale est fascinante !
Devant l’incrédulité générale, démonstration est faite que cette plante aux ombelles sèches est bien une carotte sauvage : l’arrachage collectif, digne de la légende d’Excalibur, a permis de vérifier que la grosse racine allongée sent bien la carotte !