L'actualité de la Nature

Le loup des abeilles

Philanthus triangulum © Gilles Carcassès
Philanthus triangulum – parc François-Mitterrand à  Cergy © Gilles Carcassès

Celui-là , avec son allure de guêpe et sa couronne sur le front, il est facile à  identifier. C’est le philanthe des abeilles, et c’est même un mâle avec son beau trident. La femelle a un motif un peu différent, à  deux dents seulement. Ce mâle perché sur un buisson défendait son territoire, pas très loin du terrier de sa femelle.

Le philanthe a capturé une abeille © Gilles Carcassès
Ce philanthe femelle a capturé une abeille. On aperçoit l’entrée du terrier en haut à  gauche de l’image © Gilles Carcassès

Le philanthe a capturé puis paralysé une abeille domestique, en la piquant sous le thorax avec son aiguillon. Il aura pris soin de vider le jabot de l’abeille, pour assurer la bonne conservation de sa proie. Puis, il la transporte par la voie des airs jusqu’à  son terrier. Chacune de ses larves consommera plusieurs abeilles. On estime qu’un philanthe peut capturer une centaine d’abeilles pendant la belle saison.

Le philanthe dépose dans les cellules du couvain une substance, secrétée par ses glandes antennaires, qui contient des bactéries symbiotiques. Celles-ci protégeront les cocons des micro-organismes pathogènes, jusqu’à  l’émergence de la nouvelle génération au printemps suivant.

une espèce voisine des philanthes, un Cerceris © Gilles Carcassès
Un Cerceris a capturé une abeille solitaire dont on voit ici les pattes très velues © Gilles Carcassès

Les philanthes ne sont pas les seuls hyménoptères à  capturer des abeilles. Les abeilles domestiques sont aussi au menu du frelon asiatique, mais également du frelon européen. Certains Cerceris, genre proche des philanthes, chassent des abeilles solitaires de différentes espèces (halictes, andrènes, lasioglosses…).

 

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Le brun du pélargonium

<em>Cacyreus marshalli</em>, le Brun du pélargonium - Cergy Grand centre © Gilles Carcassès
Cacyreus marshalli, le brun du pélargonium – Cergy Grand centre © Gilles Carcassès

Brun dessus, des dessins blancs dessous, et une queue sur l’aile postérieure : impossible de confondre, c’est bien le brun du pélargonium. Il voletait dans les jardinières de la place Charles-de-Gaulle à  Cergy. Je ne m’attendais pas à  croiser là  cette espèce sud-africaine.

Carte de présence du brun du pélargonium - source www.lepinet.fr
Carte de présence du brun du pélargonium – source www.lepinet.fr

Cacyreus marshalli est un petit papillon de jour de la famille des Lycaenidae. Originaire d’Afrique du Sud, comme les pélargoniums, il est arrivé en France en 1997 par les Pyrénées-Orientales. Il est installé maintenant dans presque toute la moitié sud de la France et est régulièrement observé en Ile-de-France, surtout lors des étés chauds.

Alors que l’on cultive des pélargoniums depuis la fin des années 1600 en France, ce papillon aura mis quatre siècles à  rejoindre sa plante hôte, profitant de la multiplication des transports internationaux pour s’introduire accidentellement sur notre territoire.

Ses chenilles peuvent causer des dégâts importants aux pélargoniums (les « géraniums » de nos jardinières), elles consomment les boutons floraux et en grandissant percent les tiges provoquant le jaunissement ou la rupture des branches attaquées.

Les jardiniers amateurs sont largement responsables de la diffusion de ce papillon, en conservant d’une année sur l’autre les pieds de pélargoniums infestés.

La chenille est discrète, ses couleurs sont très proches de celles de sa plante hôte. C’est pourquoi elle passe souvent inaperçue au début de sa croissance. Quand il fait chaud, les générations se succèdent au rythme d’une par mois.

Chenille de Cacyreus marshalli consommant les boutons floraux d'un pélargonium © Gilles Carcassès
Chenille de Cacyreus marshalli consommant les boutons floraux d’un pélargonium © Gilles Carcassès
Le Brun du pélargonium fréquente assidà»ment les massifs fleuris de la ville. © Gilles Carcassès
Le brun du pélargonium fréquente assidà»ment les massifs fleuris. © Gilles Carcassès

La note de l’OPIE sur ce papillon

La fiche technique de Jardiner Autrement

L'actualité de la Nature

Les joyaux de la carotte

Ces deux visiteurs de la carotte sauvage sont brillamment colorés. On dirait de petits bijoux !

Hedychrum
Hedychrum  – parc François-Mitterrand à  Cergy © Gilles Carcassès

Les Hedychrum sont des petites guêpes parasites d’autres hyménoptères, notamment les Cerceris. Il s’agit probablement d’Hedychrum nobile, une espèce assez commune dans la grande famille des Chrysididae. L’identification des espèces dans cette famille n’est pas chose simple. Il y aurait en Europe une centaine d’espèces.

Comme ils pondent dans les terriers des autres hyménoptères, on les nomme guêpes-coucous. Leurs larves se nourrissent des larves du locataire légitime, parfois des réserves de nourriture trouvées dans le nid. A l’approche des terriers, s’ils sont attaqués par les abeilles solitaires qu’ils parasitent, ils se roulent en boule, leur carapace très solide leur offrant une bonne protection. La forme concave du dessous de leur abdomen leur permet cette gymnastique.

Anthaxia
Anthaxia ignipennis © Gilles Carcassès

Ce coléoptère observé également sur une ombelle de carotte, à  Saint-Léons (commune d’origine de Jean-Henri Fabre, mondialement connu pour ses Souvenirs entomologiques), présente curieusement les mêmes couleurs rutilantes.

La larve de cette espèce creuse des galeries dans les branchettes des pruniers. Les Anthaxia adultes visitent les fleurs, ils sont très vifs et difficiles à  photographier ! Ce sont des proches parents du bupreste du genévrier, principal responsable du dépérissement des thuyas. Ces insectes appartiennent à  la famille des Buprestidae, riche en France de 130 espèces environ, pour la plupart méditerranéennes. Leurs larves s’attaquent au bois pourri ou aux arbres déjà  affaiblis. Par leur action, elles participent au processus de décomposition de la matière organique.

Ces couleurs métalliques sont dues à  des effets de diffraction optique, comme pour les ailes de l’argus vert.

Le site des mordus de Chrysididae

Les pubrestes

Une autre Anthaxia

 

L'actualité des jardins

Modificateur d’ambiance

Rue de la préfecture à  Cergy © Gilles Carcassès
Mur végétalisé rue de la préfecture à  Cergy (mai 2014) © Gilles Carcassès

Le mur végétal de la rue de la préfecture de Cergy est ici illuminé par les reflets du soleil couchant sur la façade de l’hôtel d’agglomération de Cergy-Pontoise. Les bien nommées campanules des murailles et les pompons blancs des luzules lui donnent un aspect fleuri.

Cette falaise verdoyante cache en réalité une structure en cages d’acier et toile synthétique, consommatrice d’eau, d’engrais et d’électricité (pour l’arrosage intégré). Mais il faut reconnaître que l’effet est très réussi et rend la déambulation des piétons dans cette rue en tranchée beaucoup plus plaisante.

Qu’en est-il des bénéfices environnementaux de cet aménagement ?

Dans les centres urbains très denses, murs et toitures végétalisés participent au maillage de la trame verte et aux corridors écologiques ; ils peuvent aussi avoir un effet positif sur le micro climat local, et fixent les poussières.

Par ailleurs, le Centre d’Etudes Techniques de l’Equipement Méditerranée s’est intéressé à  quantifier l’atténuation sonore dans cette rue. Son étude montre des effets positifs : les bruits de la circulation automobile sont légèrement atténués par un effet de diffusion dà» au feuillage pour les hautes fréquences, et les moyennes fréquences sont en partie absorbées par le substrat de plantation.

La présentation de l’étude du CETE Méditerranée sur le mur végétal de Cergy

Les murs végétaux, adaptation au changement climatique

L'actualité de la Nature

Epistrophe

Epistrophe eligans - Cergy © Gilles Carcassès
Epistrophe eligans – Cergy © Gilles Carcassès

Cette jolie mouche Syrphidae a été observée sur un forsythia en fleurs devant le Verger à  Cergy (quartier Grand centre). L’Epistrophe eligans est un auxiliaire efficace pour le jardin, car ses larves dévorent les pucerons sur les rosiers, les sureaux, les ronces, les prunelliers, les bouleaux, les poiriers… Elle est commune dans les jardins, vole en avril et mai et pratique souvent le vol stationnaire.

Ses yeux se touchent sur le dessus de la tête, donc c’est un mâle. C’est peut-être pour mieux voir passer les femelles…

larve d'Epistrophe eligans - Conflans mai 2014 © Gilles Carcassès
Larve d’Epistrophe eligans © Gilles Carcassès

Cette larve d’Epistrophe eligans a été photographiée sur un sureau infesté de pucerons le 2 mai 2014 à  Conflans. On distingue sur cette larve claire et plate les deux processus respiratoires postérieurs accolés de couleur brun-rouge et la ligne médiane blanchâtre qui permettent de l’identifier.

Il existe en France plus de 500 espèces de Syrphidae (les syrphes). J’ai encore de la matière devant moi pour vous écrire des articles.

Voir l’intéressante étude du Parc Naturel Régional du Vexin français sur les 68 espèces de syrphes observées en 2006 sur les bords de la Viosne en amont de Cergy-Pontoise

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P(i)af !

Grimpereau des jardins © Clément Dornier
Grimpereau des jardins – Vauréal © Clément Dornier

Ce grimpereau a fait une mauvaise rencontre : la vitre de la fenêtre du salon. Chaque année des oiseaux meurent de ces chocs contre des surfaces vitrées. Mais pourquoi se jettent-ils sur nos fenêtres ?

Il y a deux explications : la transparence et le reflet.

Merle femelle - Cergy © Gilles Carcassès
Merle femelle – Cergy © Gilles Carcassès

Lorsqu’un oiseau voit des branches ou un perchoir quelconque à  travers une ou plusieurs surfaces vitrées, il peut vouloir aller s’y poser sans percevoir l’obstacle que constitue la ou les vitres. C’est le cas des fenêtres en vis-à -vis dans une pièce, ou des parois vitrées d’un abribus par exemple.

J’ai trouvé un matin ce merle femelle mort au pied de la passerelle vitrée de l’immeuble du Verger à  Cergy (quartier Grand centre).

passerelle vitrée - Cergy © Gilles Carcassès
passerelle vitrée – Cergy © Gilles Carcassès

Le reflet peut être trompeur de la même façon. Mais l’oiseau peut aussi y voir l’image d’un congénère et les espèces les plus belliqueuses peuvent foncer sur l’intrus qui n’est que leur propre reflet.

Pour les oiseaux migrateurs, les grands immeubles éclairés la nuit peuvent aussi faire des ravages s’ils sont dans un couloir de migration.

Quelles solutions ?

Un voilage réduira grandement les risques de confusion due à  la transparence. Une sérigraphie peut être aussi très efficace, à  condition que les dessins ne laissent aucun espace vide plus grand que la paume de la main.

Vitres sérigraphiées sur les abris de la gare routière de Cergy préfecture © Gilles Carcassès
Vitres sérigraphiées sur les abris de la gare routière de Cergy préfecture © Gilles Carcassès

Ce qui ne fonctionne pas

Une silhouette de rapace collée sur la vitre : elle n’aura d’efficacité que sur la bonne conscience des humains.

Vitres, pièges mortels : conseils pour la protection des oiseaux

L'actualité de la Nature

Bien le bonjour de Tchéquie

Mouette rieuse baguée - Cergy © Gilles Carcassès
Mouette rieuse baguée – Cergy © Gilles Carcassès

Matricule ES 15.728 d’où viens-tu ? Le Centre de Recherche sur la Biologie des Populations d’Oiseaux nous a répondu. Cette mouette a été baguée quand elle était encore poussin le 14 juin 2010 à  Vojkovice en République Tchèque.

Le trajet d'une mouette © Gilles Carcassès
Le trajet d’une mouette © Gilles Carcassès

Vous pouvez facilement la voir perchée sur la rambarde du ponton du bassin du parc François-Mitterrand, souvent en compagnie de sa compatriote ES 33.382 et de sa copine belge 8T56413.

Ahoj pěkný racek

Histoire belge

http://vigienature.mnhn.fr/blog/focus/les-mouettes-de-paris-leurs-histoires-racontees-grace-leurs-bagues-aux-pattes

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La balade du ragondin

Myocastor coypus, le ragondin - Cergy
Myocastor coypus, le ragondin – Cergy © Gilles Carcassès

Cette fois, c’est confirmé, ce sont bien deux ragondins qui ont élu domicile au bassin du parc François-Mitterrand à  Cergy. L’espèce est fréquemment rencontrée sur notre territoire sur d’autres plans d’eau, notamment au parc de Grouchy à  Osny et à  la base de loisirs de Cergy-Pontoise.

Ce gros herbivore, qui peut peser jusqu’à  10 kg, est originaire d’Amérique du Sud. Il a été élevé en France à  partir de 1882 pour sa fourrure. De nombreux élevages se sont développés jusqu’en 1914, puis dans les années 1925 – 1928. Mais les manteaux en ragondin sont passés de mode et les animaux captifs ont fini dans la nature. Leurs descendants sont désormais présents sur une grande partie du territoire français.

Le ragondin est un animal prolifique et peu inquiété chez nous par ses prédateurs naturels, en raison de l’absence totale de caà¯mans dans nos étangs. C’est pourquoi l’espèce peut devenir envahissante et causer des dommages écologiques : disparition de la végétation aquatique, et fragilisation des digues par le creusement de galeries dans les berges.

Pour éviter d’avoir à  réguler ses populations, la première des précautions à  prendre est de s’abstenir de les nourrir !

Ce ragondin déguste des fleurs de joncs - parc François-Mitterrand à  Cergy © Marion Poiret
Ce ragondin déguste des fleurs de joncs – parc François-Mitterrand à  Cergy © Marion Poiret

http://www.fredon-auvergne.fr/IMG/pdf/Plaquette_ragondin_rat-musque_A4.pdf

De mystérieuses empreintes

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Dans l’antre du tigre

Corythucha ciliata © Gilles Carcassès
Caché sous une écorce de platane, Corythucha ciliata – Cergy, quartier Grand centre © Gilles Carcassès

Le tigre, c’est lui ! Cette punaise en dentelle, appelée tigre du platane, est une espèce nord-américaine, elle est arrivée en France en 1975. C’est un ravageur important du platane, et ses piqures provoquent la décoloration des feuilles. Elle passe l’hiver au chaud dans les anfractuosités de l’écorce.

Elle est ici en compagnie de collemboles qui consomment des matières organiques en décomposition.

Nous avons décollé quelques plaques d’écorce morte sur un tronc de platane, à  la recherche d’autres bestioles.

© Gilles Carcassès
Un collembole © Gilles Carcassès

Ce collembole nous montre un profil hirsute. Les collemboles appartiennent à  une classe voisine de celle des insectes. Ce sont de tout petits arthropodes très primitifs.

© Gilles Carcassès
Dromius quadrimaculatus © Gilles Carcassès

Ce petit coléoptère de la famille des Carabidae est un grand chasseur de collemboles.

© Gilles Carcassès
Halyzia sedecimguttata © Gilles Carcassès

La grande coccinelle orange à  16 points blancs a les yeux cachés sous une curieuse visière translucide. Cette espèce se nourrit de spores et du feutrage de champignons qui colonisent les feuilles des arbres, comme les oà¯diums.

Pour en savoir plus, quelques publications de l’INRA :

Les tigres

Les collemboles

Les coccinelles mycophages

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La bête

empreinte au parc François-Mitterrand à  Cergy © Gilles Carcassès
Voyez-vous l’empreinte de la patte de la bête ? – au bassin du parc François-Mitterrand à  Cergy © Gilles Carcassès

A qui appartient donc cette empreinte ? Un monstre lacustre ? Un bébé crocodile ?

Non, un ragondin ! Nous soupçonnions son existence, aussi nous avions déposé un peu de sable dans une coulée suspecte. La mesure de cette empreinte ne laisse aucun doute, c’est bien un ragondin qui a élu domicile au bassin. Et c’est une grosse bête : le doigt médian de sa patte postérieure mesure 7 cm.

Mais comment est-il venu là  ? A pied depuis les berges de l’Oise ? Cela fait tout de même plusieurs centaines de mètres de trottoirs en milieu très urbain… Pour cet animal qui a la réputation d’être un peu poussif et malhabile à  la marche, c’est étonnant.

On l’aurait vu rentrer à  la nage sous la passerelle séparant les deux bassins et ne pas ressortir de l’autre côté. Aurait-il trouvé un souterrain secret ?

Le portrait du ragondin