Parce que c’est l’hiver, et qu’un peu de couleur nous fera patienter en attendant le printemps, je vous offre ces quelques champignons qui brillaient au soleil de février.
La pézize écarlate est un champignon ascomycète de la famille des Sarcosyphaceae qui comprend 13 genres et 120 espèces dans le monde. Elle fructifie au sol sur le bois pourri et c’est l’un des rares champignons que l’on peut observer en plein hiver. J’ai trouvé ce petit groupe poussant dans la mousse au bord du superbe chemin qui longe le ru de Vaux, un des plus petits affluents de l’Oise.
Sous cette branche charpentière d’un chêne rouge d’Amérique, les chenilles processionnaires ont construit en été un solide nid de soie en forme de poche appliquée sur l’écorce. Elles se sont nymphosées à l’intérieur, les papillons ont émergé en aoà»t et les femelles ont pondu sur les rameaux. Leurs œufs n’écloront qu’au printemps au moment du débourrement de l’arbre, et les chenilles se nourriront des feuilles.
Ces nids qui contiennent encore les chrysalides vides peuvent rester fixés plusieurs années. Comme ils contiennent beaucoup de poils urticants des chenilles, il ne faut surtout pas les manipuler sans équipement de protection. Cette persistance du pouvoir urticant fait que ces chenilles restent dangereuses après leur mort parfois durant plusieurs années, c’est pourquoi les élagueurs peuvent être exposés en toute saison.
Dans les secteurs fréquentés par du public, en cas de fortes infestations, il peut être utile de traiter au printemps les très jeunes chenilles avant leur stade urticant. Il faut pour cela surveiller la végétation des chênes, car il convient d’intervenir dès que les jeunes feuilles sont suffisamment déployées pour recueillir le produit de traitement que les chenilles vont consommer. Le produit à utiliser est une toxine du bacille de Thuringe, c’est un produit de biocontrôle autorisé en espaces verts.
Les pièges d’interception sur le tronc, utilisés pour les chenilles processionnaires du pin, sont inopérants pour la processionnaire du chêne car cette espèce ne descend pas au sol.
En ce qui concerne la lutte par confusion sexuelle ou par capture des papillons mâles, l’INRA, associé à l’ONF, a commencé en 2016 des tests de molécules de phéromones (1). Il faudra attendre encore quelques années avant de disposer de ces produits.
Comme pour les chenilles processionnaires du pin, l’installation de nichoirs à mésanges peut aider à réguler les populations de ce ravageur.
La chenille processionnaire du chêne se nourrit des feuilles des chênes de différentes espèces. Parfois, elle s’en prend aussi aux charmes et aux bouleaux.
La mare construite par les élèves du lycée jean Perrin à Saint-Ouen l’Aumône dans les espaces verts de leur établissement intéresse beaucoup d’oiseaux : chardonnerets, pinsons, verdiers, étourneaux, bergeronnettes des ruisseaux, pigeons ramiers, merles, grives draines et musiciennes se font régulièrement tirer le portrait par le piège photo installé sur la plage. Un héron est même passé voir l’état du garde-manger. Sagement, le lycée, qui veut étudier en classe la petite faune aquatique, n’a pas introduit de poissons. Le héron en a été pour ses frais.
Le lycée m’a envoyé ces quelques images des habitués de la plage.
Il reste encore des places pour ces formations organisées par les CAUE d’Ile-de-France :
mardi 21 février 2017 – Nature en ville : de quoi parle-t-on ? – CAUE 92 Nanterre (92) mardi 21 mars 2017 – Aménager et gérer durablement les espaces verts – Communauté d’agglomération de Cergy Pontoise, Le Verger à Cergy (95) jeudi 20 avril 2017 – Positionner l’agriculture comme une composante du projet urbain – Rendez-vous : gare de Massy-Palaiseau (91) mardi 16 mai 2017 – Développer l’installation de jardins partagés – CAUE 93 Pantin (93) jeudi 15 juin 2017 – Gérer de façon alternative les eaux pluviales – Mairie d’Asnières-sur-Seine (92) mardi 19 septembre 2017 – Maintenir et développer la place de l’arbre en ville – C.A de Paris Vallée de la Marne Torcy (77) mardi 3 octobre 2017 – Protéger et gérer le patrimoine arboré – C.A de Paris Vallée de la Marne Torcy (77)
Nous vous recommandons la session du 21 mars 2017 qui se déroulera à Cergy en nos locaux. La journée comprend une visite commentée du parc François-Mitterrand.
Galega officinalis, ou sainfoin d’Espagne, est une Fabaceae de grande taille d’origine méditerranéenne. Elle ressemble au sainfoin mais n’en a pas les vertus fourragères, cette plante peut même être toxique pour le bétail lorsqu’elle est en fleurs ou en fruits. Ses fleurs sont mauves ou bleutées, ce qui la distingue aisément du sainfoin dont les fleurs sont franchement roses.
Depuis le 18ème siècle au moins, elle est utilisée pour le décor des jardins. En espaces verts, elle est plutôt passée de mode, mais cette espèce s’est naturalisée un peu partout et est devenue une plante invasive, classée au niveau 3 sur une échelle de 5 par le Conservatoire botanique national du Bassin parisien (1).
On trouve le sainfoin d’Espagne dans les friches urbaines, les dépendances routières, les ballastières, les talus. J’ai repéré à Cergy-Pontoise cette plante vivace sur des talus aux sols remaniés : sur l’ancien site du parc Mirapolis à Osny, ainsi qu’au bord du bassin Blanche de Castille à Saint-Ouen l’Aumône. Elle forme des populations denses et étendues dans les friches alluviales du parc du peuple de l’herbe à Carrières-sous-Poissy.
Le sainfoin d’Espagne était autrefois cultivé en Ilalie comme engrais vert. Il a été un moment envisagé d’utiliser ses tiges très fibreuses pour la fabrication de pâte à papier. (2)
Très visité par les abeilles, le sainfoin a largement contribué à la réputation du miel du Gâtinais. Cette plante vivace fourragère dont le nom scientifique signifie « brouté par les ânes » est une légumineuse. Ses racines, grâce à une symbiose avec des bactéries, captent l’azote de l’air et enrichissent le sol en azote.
La culture du sainfoin est intéressante car elle permet de valoriser des sols calcaires secs et elle produit un excellent fourrage riche en protéines. La plante a de nombreux atouts environnementaux. Sa floraison est très favorable aux insectes pollinisateurs et pas uniquement à l’abeille domestique car au moins 50 espèces d’abeilles sauvages la fréquentent (1) ! Sa consommation par les ruminants limite leurs émissions de méthane et d’azote, améliore la qualité du lait, ne présente pas de risque de météorisation, et constitue un traitement naturel efficace contre les parasites intestinaux (2), permettant ainsi de réduire le recours aux médicaments. Franchement, quel foin plus sain que le sainfoin ?
Le sainfoin avait pourtant quasiment disparu de nos campagnes, détrôné par d’autres aliments pour animaux d’élevage, comme les tourteaux de soja. Ce sont les qualités antiparasitaires de cette plante qui vont relancer sa culture : des granulés déshydratés de sainfoin commencent à être commercialisés et rencontrent beaucoup de succès chez les éleveurs de chevaux, de bovins, de brebis, de chèvres et même de lapins. Les 50 adhérents de la coopérative Sainfolia établie en Champagne, Bourgogne et Périgord ont produit, en 2016, 4000 tonnes de sainfoin déshydraté, écoulées auprès de 450 éleveurs.
En espaces verts, le sainfoin entre parfois dans la composition des mélanges pour les prairies fleuries. C’est une très belle plante, haute, vigoureuse, florifère. En fauchage tardif, elle se ressème naturellement. Parfois, en quelques années, elle devient même dominante comme le montre cette photo prise au parc des Lilas à Vitry-sur-Seine.
Début février : c’est maintenant qu’il faut agir pour lutter contre les chenilles processionnaires du pin (Thaumetopoea pityocampa). C’est en effet le moment d’installer les pièges autour des troncs (un piège par pin infesté), avant que les chenilles descendent en procession pour aller se nymphoser dans le sol. Trompées par le dispositif, les chenilles se nymphoseront dans le sac du piège. Le démontage et la destruction, en respectant scrupuleusement les consignes de sécurité, sont à planifier pour début mai. Il est important de placer le piège suffisamment en hauteur pour qu’il ne soit pas à la portée des enfants.
En hiver on peut aussi supprimer et brà»ler les nids soyeux des chenilles au bout des branches, s’ils sont accessibles. Pour cette opération, il est indispensable de porter des équipements de protection individuelle.
C’est aussi le moment d’entretenir les nichoirs à mésanges et d’en installer de nouveaux (un nichoir tous les 25 mètres). Ces oiseaux participent en effet à la régulation du ravageur car ils prélèvent de grandes quantités de ces chenilles au printemps quand ils nourrissent leurs petits.
Vous souhaitez connaître la vie de votre sol ? Participez à l’observatoire participatif des vers de terre (OPVT) ! Natureparif vous propose des demi-journées de formation, dans le cadre de l’observatoire participatif des vers de terre (OPVT) pour découvrir l’écologie des vers de terre et apprendre à les reconnaitre.
Les participants bénéficieront :
D’une formation théorique et pratique qui sera délivrée par Natureparif et l’université de Rennes sur plusieurs sites en àŽle-de-France
D’une documentation complète
D’un retour sur l’analyse des vers de terre effectuée par l’université de Rennes
D’un bilan de l’observatoire à l’échelle de la région en fin d’année
Pour cette seconde année, 5 formations gratuites seront organisées et réparties sur différents sites d’àŽle-de-France du 20 au 24 février 2017 à destination de tous les publics souhaitant mieux connaître la vie dans le sol : gestionnaires d’espaces verts ou d’espaces naturels, membres d’associations de jardins partagés ou familiaux, agriculteurs, forestiers, particuliers, etc.
L’apprentissage de l’observation des vers de terre vous permettra de faire un suivi de vos propres parcelles dans le temps et d’en analyser l’évolution. Les connaissances acquises favoriseront votre compréhension du fonctionnement du sol et orienteront la gestion des espaces concernés. L’université de Rennes 1 est partenaire de Natureparif. Son laboratoire assurera l’identification des vers de terre prélevés (uniquement par les participants qui le souhaitent). Adresse des sites de formation :
Découvrez les oiseaux hivernants avec la Maison de la nature de Vauréal qui organise une sortie ornithologique le samedi 18 février 2017 à l’étang du Corra.
J’ai observé cette exuvie dans les collections pédagogiques de la Maison de la nature de Vauréal. Il s’agit de la dépouille d’une nymphe de grande libellule, abandonnée après sa sortie de l’eau. Elle a été trouvée fixée à une tige d’herbe au bord d’un bassin du Domaine national de Marly-le-Roi.
Placée sur le dos, cette exuvie montre sous sa tête le masque articulé qui sert à la larve aquatique pour capturer ses proies. Il manque deux pattes à l’exuvie, elles sont peut-être restées accrochées dans l’herbe sur le lieu de la découverte. Sur cette photo, on voit très bien les ébauches des quatre ailes, en arrière des pattes.
Armé du guide de détermination, je mesure, compare, calcule… J’arrive facilement à la famille des Aeschnidae, caractérisée par le grand masque plat.
Le genre Anax est confirmé par la forme de la bordure arrière des yeux.
Pour aller à l’espèce, il faut observer les proportionsdu masque, et la taille de « l’expansion de l’épiprocte »(heureusement qu’il y a des illustrations dans le guide !).
Le rapport de la longueur sur la largeur maximale du masque est de l’ordre de 1,5 et la longueur de l’expansion de l’épiprocte est égale à la moitié de la longueur des cerques qui l’entourent. Ouf! On y est, il s’agit d’un mâle d’Anax imperator. Chouette, encore une enquête résolue.
Le petit agrion bleu derrière cet Anax imperator donne l’échelle : c’est l’une des plus grandes libellules d’Europe. On la rencontre couramment sur nos bassins et étangs de Cergy-Pontoise, notamment au parc François-Mitterrand à Cergy.