L'actualité de la Nature

Elle fait la fière

Sans doute pour protéger ces jolies fleurs blanches, un radar de feux tricolores a été installé à  proximité de ce carrefour près de la gare de Neuville-Université. Ainsi à  l’abri des assauts des grosses broyeuses du service d’entretien des routes, gênées par ce poteau dans leurs manœuvres, ces plantes refleurissent chaque année et se ressèment spontanément.

Gaura lindheimeri - Neuville-sur-Oise © Gilles Carcassès
Gaura lindheimeri – Neuville-sur-Oise © Gilles Carcassès

La plante a fière allure avec ses envolées de fleurettes d’un blanc brillant. Le gaura (du grec gauros qui signifie fier) est depuis quelques décennies très en vogue dans les jardins publics, dans les massifs fleuris traditionnels comme dans les massifs de plantes vivaces. Il existe de nombreuses variétés horticoles de cette plante : à  fleurs roses, à  port plus ou moins trapu… Cette onagracée d’origine texane n’est pas difficile, elle supporte parfaitement la sècheresse et le calcaire, mais elle craint l’excès d’humidité.

Fleur de gaura © Gilles Carcassès
Fleur de gaura © Gilles Carcassès

Je l’ai vue timidement apparaître là , dans l’herbe, au printemps 2011.

Que fais-tu là  l’américaine ?

La présence à  ses côtés de quelques tulipes laissait soupçonner un apport de terre ou de déchets de jardin. Les tulipes ont disparu, mais les gauras se sont bien installés.

Gaura lindheimeri © Gilles Carcassès
Gaura lindheimeri sous la rosée – Neuville-sur-Oise © Gilles Carcassès

Cette petite population de gauras s’est un peu étoffée au fil des années. La persistance depuis 2011 de cette plante non indigène lui vaut selon moi un statut local de plante subspontanée. (On peut dire aussi « diaphyte ergasiophygophyte », ça fait son effet dans les conversations)

Assistons-nous à  la naissance d’une nouvelle plante naturalisée pour l’Ile-de-France ?

Il faudrait pour cela que trois conditions soient réunies : sa persistance pendant 10 ans, une descendance importante et confirmée par semis naturel, un essaimage hors de son périmètre actuel.

Cette plante est absente de la flore d’Ile-de-France de Philippe Jauzein et Olivier Nawrot qui fait référence pour la région parisienne. Elle a été signalée subspontanée en Suisse, dans le Nord-Pas-de-Calais et en Midi-Pyrénées. Elle aurait franchi le cap de la naturalisation en Australie.

La famille du gaura

 

 

 

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Le visiteur du soir

On le prend souvent pour un colibri en raison de son vol stationnaire devant les fleurs et de ses fulgurantes accélérations, mais c’est un papillon. Le moro-sphinx fait partie de la famille des Sphingidae, dont beaucoup de représentants sont des espèces migratrices. C’est le cas de notre moro-sphinx qui effectue chaque année le voyage entre l’Afrique du Nord et l’Europe, bien que certaines populations soient sédentaires dans le sud  de la France.

Le moro-sphinx butine les centhranthus dans le jardin du haut © Gilles Carcassès
Macroglossum stellatarum en vol stationnaire © Gilles Carcassès

Sa très longue trompe lui permet de butiner des fleurs en tubes profonds, comme celles du centranthus ci-dessus.

Les battements de ses ailes sont très rapides, de l’ordre de 75 par seconde, ce qui explique que l’œil humain ne peut pas percevoir les ailes en vol. Ses brusques embardées sont à  l’origine de son nom : moros en grec signifie fou.

Macroglossum stellatarum © Gilles Carcassès
Macroglossum stellatarum © Gilles Carcassès

Aux heures les plus chaudes de la journée, le moro-sphinx se tient dans un endroit tranquille. Au repos, on reconnaît bien la silhouette d’un Sphingidae.

Galium verum - Courdimanche © Gilles Carcassès
Galium verum, le gaillet vrai – Courdimanche © Gilles Carcassès

La chenille du moro-sphinx consomme essentiellement les parties aériennes des plantes de la famille des Rubiaceae, comme les gaillets.

Hemaris fusciformis © Gilles Carcassès
Hemaris fusciformis, le sphinx gazé © Gilles Carcassès

Le sphinx gazé est une espèce voisine. Sa chenille consomme des chèvrefeuilles.

Oenothera speciosa - Courdimanche © Gilles Carcassès
Oenothera speciosa – Courdimanche © Gilles Carcassès

Oenothera speciosa au parfum très attractif est un piège mortel pour les moro-sphinx. Le tube étroit de sa corolle retient la trompe de ce papillon et il ne peut se dégager.

Cette plante mexicaine utilisée pour l’ornement des massifs trouve sans doute, dans son pays d’origine, des Sphingidae pollinisateurs plus robustes. Le fait de retenir quelques instants le papillon est certainement une adaptation permettant d’accrocher plus de pollen sur l’insecte qui se débat lorsqu’il se retire de la fleur.

Le moro-sphinx, un article de insectes.net

Fleurs cruelles, un article de Bruno Didier dans Insectes

Le sphinx gazé, un article de fontainebleau-blog.com

Le moro-sphinx, un article de Jardins de Noé

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Belle-dame, étonnante migratrice

Vanessa cardui, la belle dame © Gilles Carcassès
Vanessa cardui, la belle-dame – photo prise à  Poissy en 2009, une grande année à  belles-dames © Gilles Carcassès

Cette belle-dame a du tempérament : c’est une migratrice hors pair. Chaque printemps, des millions de papillons de cette espèce quittent l’Afrique du Nord en troupes serrées et entament une remontée vers le nord de l’Europe, parfois même jusqu’en Islande. Si vous voyez une belle dame, levez le nez : il n’est pas rare d’en voir beaucoup d’autres dans le ciel.

Ce voyage se fait par étapes, généralement trois générations sont nécessaires pour atteindre l’Europe du Nord. Ce sont les papillons de cette troisième génération qui feront le voyage de retour vers l’Afrique en octobre. Il est très difficile cependant d’observer cette migration d’automne parce que les papillons volent à  plus de 1000 mètres d’altitude. Ils arriveront au Sahel après la fin de la saison des pluies, pour fonder la quatrième et dernière génération de l’année.

La chenille de la belle dame © Gilles Carcassès
La chenille de la belle-dame © Gilles Carcassès

J’ai observé fin juin 2015 cette belle chenille en train de consommer une feuille de chardon des champs, au bassin des Pâtis, à  Pontoise. Je l’ai déterminée comme une chenille de belle-dame, sans doute un individu de troisième génération.

On trouve les chenilles des belles-dames essentiellement sur les chardons, les orties et les mauves. Quant aux papillons, ils semblent avoir une prédilection pour les lavandes et les centranthus (valérianes rouges), souvent employés dans les espaces verts en raison de leur bonne résistance à  la sécheresse.

Certaines années connaissent des migrations spectaculaires de ce papillon, en conséquence de conditions climatiques particulièrement favorables en Afrique. Si 1996 et 2009 sont restés dans les annales, 2015 ne semble pas une très bonne année pour la migration des belles-dames. Et la sécheresse qui s’installe cet été au Sahel n’annonce rien de bon pour nos vanesses des chardons en 2016.

Sources :

http://www7.inra.fr/opie-insectes/pdf/i128leveque.pdf

http://www.jardinsdenoe.org/la-biodiversite-des-jardins/la-belle-dame

http://www.baladesentomologiques.com/article-belle-dame-vanessa-cardui-une-autre-grande-migratrice-122468336.html

https://natornatex.wordpress.com/2015/06/16/larrivee-de-la-belle-dame/

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De belles gambettes

Platycnemis pennipes - Neuville-sur-Oise © Gilles Carcassès
Platycnemis pennipes sur un sureau yèble – Neuville-sur-Oise © Gilles Carcassès

Les Platycnemis sont des demoiselles reconnaissables à  leurs tibias élargis aux pattes médianes et postérieures (cliquez sur la photo pour l’agrandir). A Cergy-Pontoise, on rencontre couramment l’espèce Platycnemis pennipes au bord du chemin de halage sur les rives de l’Oise, et à  l’Ile de loisirs. Elle chasse les petits insectes attirés par les ombelles des berces, des panais ou des sureaux yèbles.

Les tibias sont un peu plus élargis chez les mâles. Il semble qu’ils participent à  la communication. Lors de la parade nuptiale, ils seraient agités par le mâle pour séduire la femelle. Leur présentation serait aussi un signal de dissuasion lorsqu’un autre mâle s’approche d’un couple formé.

Il y a une vingtaine d’années on trouvait dans le sud de l’Ile-de-France une autre espèce plutôt méridionale, Platycnemis acutipennis, notamment dans les marais de Larchant. Elle semble éteinte dans la région.

Platycnemis acutipennis, facile à  reconnaître avec ses yeux bleus et son abdomen orange. © Gilles Carcassès
Platycnemis acutipennis est facile à  reconnaître avec ses yeux bleus et son abdomen orange. © Gilles Carcassès

La troisième espèce de la faune française dans ce genre, Platycnemis latipes, fréquente les berges des rivières dans la moitié sud de la France.

Platycnemis latipes - Drôme provençale © Gilles Carcassès
Platycnemis latipes – Drôme provençale © Gilles Carcassès
© Gilles Carcassès
Chez Platycnemis latipes les tibias élargis sont peu rayés © Gilles Carcassès

Les demoiselles de l’Ile de loisirs de Cergy-Pontoise

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Miellat

Une abeille domestique lèche une feuille de chêne © Gilles Carcassès
Une abeille domestique lèche une feuille de chêne © Gilles Carcassès

En été, les feuilles de certains arbres sont aussi poisseuses que le pare-brise d’une voiture garée sous un tilleul. Et pour cause, l’origine en est la même : les pucerons sont les responsables. Ce sont leurs excréments liquides que l’on voit briller sur cette photo.  Ils sont très riches en sucres, et de nombreux insectes consomment cette substance nourrissante nommée miellat : des fourmis, des papillons forestiers comme le tircis, des mouches, ainsi que des abeilles, dont l’abeille domestique. Et elle a de quoi faire, la production annuelle de miellat en France se chiffrerait en milliers de tonnes ! L’abeille régurgite ce miellat qui est ensuite transformé en miel. Les miels de sapin et d’épicéa sont également issus de miellats.

Apis mellifera © Gilles Carcassès
Apis mellifera © Gilles Carcassès

Vu de plus près, on voit que cette abeille, qui nous tire la langue, a les yeux poilus. C’est l’un des critères d’identification d’Apis mellifera, l’abeille domestique.

Les pucerons ne sont pas les seuls producteurs de miellat, c’est le cas aussi des aleurodes, des psylles, des cigales, des cochenilles, des cicadelles, des thrips…

Source :

http://www.apiculture.net/livres-apiculture/281-l-homme-l-abeille-et-le-miel.html

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Sus aux fourmis

Il est venu tout droit au pied de la porte fenêtre du salon. Ses parents lui ont enseigné le coin, c’est là  qu’on trouve les meilleures fourmis du quartier.

pic vert juvénile © Gilles Carcassès
Pic vert juvénile © Gilles Carcassès

Il jette un coup d’œil par la vitre et apprécie la situation avant de se mettre à  table. La femme joue avec son ordinateur : aucun danger.

Accroupi derrière le fauteuil, je fais le sous-marin et je monte tout doucement mon appareil photo, comme un périscope, par dessus le dossier. C’est dans ce genre de circonstance qu’on apprécie d’avoir un écran orientable vers le bas.

Le pic vert pioche dans la fourmilière © Gilles Carcassès
Le pic vert pioche dans la fourmilière et aspire les fourmis avec sa longue langue collante © Gilles Carcassès

C’est un jeune de l’année reconnaissable à  son plumage moucheté. On voit sur ces photos la conformation particulière des pattes. Les pics n’ont pas trois doigts en avant et un en arrière comme les autres oiseaux. Leurs deux doigts tournés vers l’arrière et les deux autres vers l’avant leur donnent une meilleure stabilité lorsqu’ils escaladent les troncs. On aperçoit aussi la structure épaisse des plumes de la queue. Cette rigidité leur est utile pour prendre appui en station verticale.

Il a laissé de beaux trous dans l’herbe. Je mets un coup de bêche à  cet endroit, pour voir : effectivement, je dérange des fourmis. La loi des séries, doivent-elles penser…

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Les libellules pour les nuls

A qui son ces beaux yeux ? © Gilles Carcassès
A qui sont ces beaux yeux ? © Gilles Carcassès

La forme et la disposition des taches à  la base des ailes ne permettent ici aucun doute. C’est facile quand on sait quoi observer.

Découvrez la répartition et l’écologie de cette espèce dans l’Atlas des libellules d’Ile-de-France

Mais comment différencier toutes ces espèces ? Pour vous, la Société Nationale de Protection de la Nature a mis en ligne un guide de reconnaissance des odonates. Ses fiches illustrées permettent d’éviter les confusions entre espèces en mettant en lumière les caractères distinctifs faciles à  repérer. Leur langage simple les rend accessibles à  tout public intéressé par ces insectes.

Les fiches odonates de la SNPN
Les fiches odonates de la SNPN

Bonne chasse (photographique) aux libellules, c’est la pleine saison !

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Plaie d’argent n’est pas mortelle

Pyropteron chrysidiformis, la sésie de l'oseille © Gilles Carcassès
La sésie de l’oseille est bien inoffensive – Rochefort-en-Terre © Gilles Carcassès

Les sésies, avec leurs petites ailes en partie transparentes ne ressemblent pas vraiment à  des papillons. Pourtant, ce sont bien des lépidoptères, et même de la famille des Sesiidae, figurez-vous. Cette famille compte 56 espèces en France.

Bembecia sur une tige de plantain - Maurecourt © Gilles Carcassès
Bembecia sur une tige de plantain – Maurecourt © Gilles Carcassès

Si la larve de la sésie de l’oseille (Pyropteron chrysidiformis) consomme les rumex, celles des Bembecia se régalent des racines de diverses fabacées, comme les lotiers, les ononis ou les sainfoins. D’autres saisies sont des ravageurs des arbres, comme la grande saisie, appelée aussi saisie apiforme en raison de sa ressemblance avec une abeille.

 

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Ma mouche apprivoisée

Je vous présente Hétéropogon, ma mouche apprivoisée.

Heteropogon sp © Gilles Carcassès
Heteropogon sp © Gilles Carcassès

Pour apprivoiser une mouche, il faut développer une forte affinité pour la petite gent ailée. Et il faut savoir faire un beau perchoir, stable, confortable, bien situé, par exemple avec une vue imprenable sur les Alpilles.

Hétéropogon n’a pas été bien acceptée dans la famille : « Tu ne vas tout de même pas faire toute la randonnée avec le doigt en l’air ? ». Pourtant, je nous voyais déjà , ma mouche et moi, faire une entrée triomphale au village.

Heteropogon - tentative d'accouplement © Gilles Carcassès
Heteropogon – tentative d’accouplement © Gilles Carcassès

Hétéropogon m’a quitté pour une branche de cyprès. Un petit mâle de son espèce a tenté de la séduire en lui caressant les yeux avec ses pattes. Elle lui a décoché un violent coup de tibia postérieur par balayage latéral qui ne laissait aucun doute sur sa disponibilité.

Hétéropogon fait partie de la famille des Asilidae qui compte environ 200 espèces en France, dont 49 en Ile-de-France. Ce sont toutes des prédatrices des milieux secs, elles capturent des insectes plus ou moins gros selon leur taille, des papillons aux pucerons. Leur rostre sert à  percer la carapace de leurs proies, à  leur injecter un venin puissant, et à  en aspirer les sucs. La « moustache » qui orne leur face protège leurs yeux des mouvements de défense des insectes capturés.

Un Asilidae rencontré à  Neuville-sur-Oise © Gilles Carcassès
Un Asilidae rencontré à  Neuville-sur-Oise. On voit bien son rostre et sa « moustache » © Gilles Carcassès

Les Asilidae ne s’attaquent pas aux humains.

Le cas étonnant d’une mouche tueuse dressée !

Les Asilidae, article dans Insectes

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Réchauffement climatique

ca va chaufferLe 19 septembre 2015, l’Ile de loisirs accueillera sous chapiteau un spectacle de « forum théâtre » dans la perspective de la conférence internationale Paris Climat 2015. Les partenaires de cette initiative sont l’Agence Régionale de l’Environnement et des Nouvelles Energies (ARENE) et la Région Ile-de-France.

Ce spectacle est gratuit mais il faut réserver

Le réchauffement du climat a de nombreux impacts sur la biodiversité. Voici, sur ce sujet, quelques faits observés récemment à  Cergy-Pontoise :

une libellule méditerranéenne à  Cergy

l’invasion des crocos

la progression de la processionnaire du pin

une punaise qui nous vient d’Afrique