En début de saison nous observions le chevalier guignette sur les bords du bassin sous le pont rouge, que nous avions d’abord pris pour une bergeronnette grise. Cette fois, pour le deuxième passage de notre protocole du suivi des oiseaux, c’est bien la bergeronnette grise qui s’agite sur la margelle.
Mais elle n’est pas toute seule. Elle sautille autour d’une tache bleue…vite les jumelles !
C’est bien monsieur Martin pêcheur d’Europe qui est posé dans le soleil matinal. On peut différencier mâle et femelle grâce à la couleur de la commissure du bec. Elle est rouge orangé chez la femelle et noire chez le mâle.
Habituellement, le Martin pêcheur est perché sur une branche de saule au-dessus de l’eau et guette le passage des poissons. Cette fois il a choisi la margelle du bassin, qui a l’air de lui offrir un bon point de vue et me laisse tout le loisir d’observer ses brillantes couleurs.
Je l’aperçois tenter plusieurs plongeons pour pêcher un poisson pour son petit déjeuner. Il a du finir par y arriver car il a filé tout droit sous le pont, une véritable flèche bleue, impossible à tracer. C’est d’ailleurs comme ça qu’on le voit le plus souvent : un trait bleu filant au-dessus de l’eau. En effet, le martin pêcheur n’est pas si rare dans ce secteur, nous l’observons régulièrement. Mais c’est la première fois qu’il reste posé aussi longtemps à découvert !
Fin avril, nous réalisions comme tous les printemps le protocole STOC (Suivi Temporel des Oiseaux Communs) dont un des points d’écoute se situe sur le pont rouge de l’Axe Majeur à Cergy.
Un point gris s’agite sur les margelles des bassins sous le pont. Probablement l’habituelle bergeronnette grise, aussi appelée hochequeue du fait de ses inlassables balancements… Mais l’oiseau est plus gros… Et n’a pas vraiment la même allure. Un coup de jumelles et c’est confirmé : c’est bien le chevalier guignette !
L’espèce est considérée comme commune dans la Région. Toutefois elle n’est que nicheuse occasionnelle et ses populations ne sont pas stables. Il est donc difficile d’évaluer son degré de conservation à l’échelle régionale. A l’échelle nationale l’espèce est considérée comme quasi menacée. C’est donc avec une certaine satisfaction que nous n’avons pas observé un, mais quatre individus sur l’île de loisirs.
Le chevalier guignette est un limicole, c’est un oiseau qui évolue essentiellement sur les berges (dans la vase et les limons) où ses grandes pattes lui servent d’échasses et son long bec lui permet de fouiller la vase pour y dénicher ses proies : des larves, insectes, vers ou mollusques.
Plus petit que les autres chevaliers, on le reconnait facilement à ses « épaules » blanches ; il a une marque blanche qui remonte vers la base de l’aile.
Et comme la bergeronnette, il s’agite beaucoup quand il est concentré pour pêcher son déjeuner !
De notre côté, les dernières semaines ont été consacrées au comptage des oiseaux. Nous constatons quotidiennement le déclin des effectifs et la diminution du nombre d’espèces observées et c’est d’humeur assez défaitiste que nous abordons le 6ème point d’écoute de la journée. Pourtant, quelle ne fut pas notre surprise quand à notre arrivée sur place nous fûmes accueillis par un couple de tarier pâtre qui n’avait pas été vu sur site depuis au moins trois ans, et un traquet motteux !
Et pour cause, le traquet motteux est un oiseau plutôt montagnard bien qu’on le retrouve aussi sur les falaises rocheuses des littoraux ou dans les plaines un peu sèches et caillouteuses. Il semble que les pierres que nous stockons là pour aménager des chemins et des zones protégées dans la plaine des Linandes sont à son goût. Toutefois rien n’indique qu’il ait décidé de s’installer ici pour nicher. Vu en avril, il n’était peut-être que de passage sur la fin de sa migration vers d’autres falaises. Il n’est d’ailleurs pas possible d’évaluer l’évolution de ses populations tant les effectifs d’oiseaux nicheurs sont faibles.
Toujours dépourvus d’appareil photo, nous avons été sauvés par Gaëtan qui nous accompagnait ce jour-là pour les comptages STOC et qui a pu prendre quelques clichés. Malheureusement l’oiseau était un peu loin. Nous avons donc ressorti quelques images plus méridionales pour vous montrer les détails de la bête.
Le traquet motteux est un passereau élancé et un peu plus grand que la plupart des petits passereaux. En période nuptiale le mâle a un masque noir sur les yeux qui contraste fortement avec son dos gris et son ventre clair. Un détail intéressant, visible chez le mâle et la femelle, est un T noir sur le fond blanc de la queue qu’on aperçoit quand l’oiseau est en vol. On le devine sur l’image ci-dessous.
C’était une rencontre surprenante et fort agréable. Qui sait si nous le reverrons dans le secteur ?
Comme chaque année, nous avons participé au Suivi Temporel des Oiseaux Communs (STOC) en avril et mai, afin d’avoir un aperçu de la faune nicheuse sur le territoire de Cergy-Pontoise.
Retrouvez dans notre rapport STOC 2019 tous les détails du comptage.
Voici quelques-uns des faits marquants de l’année :
Quinté gagnant
De façon peu surprenante, les effectifs de nos comptages de printemps ont été dominés par les espèces vivant en colonies ou se regroupant en dortoir : les pigeons ramiers, les étourneaux sansonnets, les moineaux domestiques, les pies bavardes et les martinets noirs. Ce résultat, bien qu’attendu, est rassurant au regard des tendances nationales de ces oiseaux. L’étourneau par exemple a vu ses populations réduire de 18 % depuis 2001.
Nouvelles venues
Cette année c’est l’aigrette garzette qui nous a fait l’honneur de sa visite sur le territoire. Elle n’avait encore jamais été recensée dans nos comptages de printemps.
En dehors de la période de protocole il nous arrive aussi de faire de belles rencontres, comme celle du bruant zizi au début de l’année !
Quelques tendances
Au niveau national les tendances générales sont à la baisse avec une perte de 6,6 % des effectifs totaux d’oiseaux sur la période 2004-2019. C’est également le cas pour plusieurs espèces du territoire.
De plus, une récente étude menée à partir des résultats du STOC sur les réserves naturelles montre que dans ces espaces protégés les effectifs ont augmenté de 12,5 % ! Il serait intéressant d’avoir une étude similaire sur notre territoire voisin qu’est le Parc Naturel Régional du Vexin Français.
A la mangeoire
Outre le STOC, il existe d’autres protocoles qui permettent de suivre les populations d’oiseaux tout au long de l’année. Par exemple, avec BirdLab et Oiseaux des Jardins nous avons observé les oiseaux qui passent l’hiver chez nous, comme le verdier d’Europe.
Des migrateurs
Enfin, parmi les oiseaux que nous observons il y en a qui se contentent de traverser notre territoire pendant leur migration hivernale. Cet hiver nous avons ainsi croisé la route du pipit farlouse, du bruant des roseaux et de la grive mauvis.
Comme chaque année, nous avons participé au Suivi Temporel des Oiseaux Communs (STOC) en avril et mai, afin d’avoir un aperçu de la faune nicheuse sur le territoire de Cergy-Pontoise.
Retrouvez dans notre Rapport STOC 2018 tous les détails de ces comptages.
Voici illustrées quelques-unes des tendances régionales :
L’accenteur mouchet est en net déclin en Ile-de-France : sa population a diminué de 51 % sur la période 2004-2017 !
La mésange bleue se porte mieux : ses effectifs ont augmenté de 22 % pendant la même période de référence.
Quant aux roitelets huppés, ils sont en forte progression (+114 %).
Comme chaque année, un couple de cygnes tuberculés a construit son nid dans le bassin du parc François-Mitterrand à Cergy. Cette année, la famille cygne a quitté les lieux beaucoup plus tôt que les années précédentes, faisant beaucoup de déçus parmi les habitués qui se régalent chaque année à observer les cygneaux.
Le héron cendré est toujours bien présent sur Cergy-Pontoise, notamment à l’île de loisirs, même si ses effectifs nous ont paru en baisse. On le voit parfois au parc François-Mitterrand intéressé par les poissons rouges qui y pullulent malheureusement à cause du nourrissage abusif par le public. Il est souvent observé aussi au bord de l’étang du parc du château de Menucourt.
Les hérons ne sont pas les seuls à consommer les poissons rouges !
Cet accenteur mouchet est resté quelques heures inerte après avoir heurté la passerelle vitrée de notre immeuble. Il a fini par s’en remettre et est reparti à ses occupations.
Parmi les observations de migrateurs à Cergy-Pontoise, notons la présence à l’Ile-de-loisirs en février 2018 de ce pipit farlouse qui picorait dans la neige.
En tant que contributeurs du STOC (suivi temporel des oiseaux communs) depuis plusieurs années, nous sommes fiers de participer à la constitution de données normalisées qui permettent aux chercheurs d’établir des statistiques fiables sur la diversité et l’abondance des oiseaux qui nichent dans notre région.
Mais nous ne sommes pas particulièrement réjouis par les résultats car ils sont alarmants !
Sur la période 2004- 2017, en Ile-de-France, les oiseaux spécialistes des milieux agricoles ont décliné de 44 % !
Nos enfants verront-ils encore en Ile-de-France la linotte et l’alouette des champs ? Les tendances par espèce sont bien inquiétantes. Voyons quelles sont celles qui accusent les baisses d’effectifs les plus importantes :
-64 %, le bruant proyer
-64 %, le tarier pâtre
-63 %, la perdrix grise
-53 %, le bruant jaune
-47 %, la linotte mélodieuse
-33 %, la bergeronnette printannière
-26 %, l’alouette des champs
Durant la même période, les oiseaux des milieux bâtis ont perdu 41 % de leurs effectifs.
En ville, la situation n’est pas plus enviable :
-73 %, le serin cini
-60 %, le verdier d’Europe
-53 %, le moineau domestique
-40 %, l’hirondelle rustique
Les oiseaux forestiers sont moins impactés : -5 % seulement.
-73 %, le pouillot fitis
-37 %, la sittelle torchepot
+22 %, le rouge-gorge familier
+46 %, le grimpereau des jardins
+114 %, le roitelet huppé
+146 %, le roitelet triple-bandeau
Les effectifs des oiseaux généralistes sont globalement stables, avec des disparités importantes selon les espèces :
-51 %, l’accenteur mouchet
-14 %, le merle noir
+ 0 %, le pigeon ramier
+ 0 %, le pinson des arbres
+ 0 %, le geai des chênes
+ 0 %, la mésange charbonnière
+ 0 %, le pic vert
+ 0 %, la fauvette à tête noire
+22 %, la mésange bleue
+25 %, la corneille noire
Les causes du déclin sont connues
Quelques espèces souffrent du réchauffement climatique, des migratrices sont impactées par la chasse ou les conditions de vie qu’elles rencontrent en Afrique, mais pour la plupart des espèces en diminution, ce sont bien la disparition ou la fragmentation des milieux, et les pratiques de l’agriculture intensive qui sont responsables.
Alors, d’urgence, plantons des haies champêtres, créons des prairies, aménageons de nouveaux espaces de nature et gérons-les sans pesticides, et agissons en faveur d’une agriculture plus favorable à la biodiversité !
Comme chaque année, nous avons effectué un inventaire de l’avifaune nicheuse sur Cergy-Pontoise, dans le cadre du protocole STOC, en 40 points d’écoute répartis sur 16 km², en avril et mai 2016. Retrouvez dans ce document détaillé la synthèse des relevés STOC 2016 Cergy-Pontoise.
Les faits marquants de cette année sont la forte progression de la perruche à collier, une espèce invasive asiatique, arrivée en 2015 sur notre territoire et maintenant largement implantée dans les sites qui lui sont favorables (les parcs avec de grands arbres) et l’arrivée de la rousserolle effarvate dans les roselières de l’Ile de loisirs de Cergy-Pontoise.
Retrouvez quelques-unes de nos histoires d’oiseaux en 2016 :
Chaque année en avril et mai, nous recensons les oiseaux nicheurs dans un grand carré de 16 km² au cœur du territoire de l’agglomération de Cergy-Pontoise. Voici le rapport de synthèse de nos observations 2015 dans le cadre du protocole STOC.
Les grandes tendances régionales se retrouvent sur notre territoire : les espèces spécialistes des milieux agricoles ne vont pas bien du tout et les plus opportunistes prospèrent : pigeon ramier, pie, corneille noire, merle noir.
Un nouvel oiseau a fait son apparition sur le territoire : la perruche à collier. Notons aussi la découverte de quelques alouettes des champs dans les secteurs où sont installés des maraichers en culture biologique.
Nos meilleurs articles 2015 sur les oiseaux de Cergy-Pontoise :
Le STOC (suivi temporel des oiseaux communs), c’est reparti ! Les deux chargés de mission Biodiversité de la Communauté d’agglomération de Cergy-Pontoise, épaulés par les meilleurs experts ornithologues du coin, compilent les données du mois d’avril et préparent les patrouilles du mois de mai sur leurs 40 points d’écoute.
Au bureau, ça révise assidument ! « Cui-cui-cui », « vist trak trak », « tchak tchak ak ak ak », « pli pli pli pli pli pli » : les bandes sons nous aident à mémoriser et reconnaître les cris et les chants de la cinquantaine d’espèces d’oiseaux communs qui nichent sur notre territoire. Pauvres voisins de bureau…
L’article du 4 juillet des oiseaux en STOC présentait le programme STOC (suivi temporel des oiseaux communs) et sa mise en oeuvre sur une portion du territoire de Cergy-Pontoise. Pour aller plus loin concernant le protocole et les résultats, découvrez le rapport 2014 en version PDF en cliquant ici : rapport STOC 2014