Arrêt sur le pont d’accès à l’Ile de loisirs de Cergy-Pontoise pour compter les oiseaux : c’est l’un de nos 40 points d’écoute du protocole STOC. Comme d’habitude, les grands peupliers des berges de l’Oise sont toujours très habités : pigeons, mésanges, corneilles à tous les étages ! Nous remarquons un nid de pic creusé dans la blessure d’un arbre.
Un jeune pic épeiche pointe sa tête hors du trou et quémande à l’approche d’un parent. Sa grande calotte rouge de juvénile le fait un peu ressembler au pic mar. Mes collègues m’attendent pour la poursuite du protocole. La séance photo attendra.
Bien sà»r, j’y retourne quelques jours plus tard, un matin de bonne heure. Et là surprise, plus de pics ! Les jeunes ont dà» prendre leur envol. Un couple d’étourneaux semble avoir déjà pris possession de la cavité désertée.
En voilà un qui porte bien son nom ! Le troglodyte mignon, ou Troglodytes troglodytes, est un petit passereau qui est (selon moi) terriblement mignon.
Toujours la queue en l’air, de la taille d’un poing et arborant des motifs lui donnant un aspect gaufré, il est impossible à confondre avec un autre oiseau du territoire. D’autant plus que notre troglodyte mignon est le seul représentant du genre en Europe. Tous les autres Troglodytes sont américains.
Si « mignon » peut s’expliquer, pourquoi « troglodyte » ? C’est à cause de son type de nidification. Il construit un nid en forme de boule, avec une entrée latérale, et très souvent adossé à une paroi rocheuse : cela fait penser à une maison troglodytique.
Petit mais puissant
Tout comme dans la fable du Lion et du Moucheron, il ne faut pas sous-estimer le troglodyte du fait de sa petite taille. Il mesure 5 cm et ne pèse pas plus lourd qu’une pièce de 1 euro mais, cela ne l’empêche pas d’avoir du coffre ! Son chant résonne puissamment dans les bois.
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C’est d’ailleurs la seule façon de le repérer, autrement, il est très discret. Le voici en plein chant.
Troglodyte et forestier
Le troglodyte est un habitant des forêts. Bien qu’il soit discret, il peut arriver qu’on le repère en train de fouiller le sol forestier à l’aide de son bec fin à la recherche d’insectes.
En tant que stagiaire de la cellule Biodiversité, il m’appartient de noter sur les fiches de relevé les oiseaux rencontrés lors des matinées du STOC (Suivi Temporel des Oiseaux Communs) et de saisir ces observations sur VigiePlume.
Nous voilà à la décheterie des Linandes, l’un des points d’écoute du carré 950212. Sous les lignes à haute tension, tous les fourrés de ronce sont habités ! Les accenteurs mouchets, furtifs, se faufilent au ras du sol. Les linottes mélodieuses font des va-et-vient dans les cultures voisines. Tout en haut des maigres buissons, les fauvettes grisettes mâles montent la garde en chantant. De loin, on repère leur gorge blanche qui tranche avec le haut de la tête grise.
La fauvette grisette migre au Sahel. Au printemps, elle revient nicher dans les milieux ouverts avec des arbustes. Elle se nourrit de coléoptères, de chenilles et de punaises ou encore d’araignées. En dehors de la saison de reproduction, elle consomme beaucoup de baies.
On l’entend souvent chanter du haut d’un buisson ou en vol, ce qui permet de très vite la repérer une fois son chant connu.
Ce bel oiseau a été observé dans un jardin privé à Chaumontel (Val d’Oise). Il doit son appellation sans doute à son chant sonore et répété « houp houp houp », et l’oiseau à son tour aura donné son nom à cet extravagant ornement de tête : la huppe.
L’atlas publié dans le site Faune Ile-de-France montre que la huppe fasciée est une nicheuse très rare, cantonnée pour l’essentiel à la marge sud de la région. Les incursions de cette espèce dans le nord de l’Ile-de-France restent très occasionnelles.
L’oiseau niche dans une cavité : un trou dans un vieux mur, un ancien nid de pic vert ou le tronc creux d’une trogne.
Son long bec recourbé lui permet de fouiller le sol meuble à la recherche de larves de hannetons ou de tipules, de grillons, de courtilières, de vers de terre… Elle capture aussi des insectes au sol, notamment des chenilles processionnaires du pin.
La huppe fasciée est migratrice et passe ses quartiers d’hiver entre le sud du Sahara et l’équateur.
Curieusement le réchauffement climatique ne semble pas permettre à cet oiseau méridional de conquérir nos campagnes du Val d’Oise. Résumons : il lui faut de la chaleur certes, mais aussi des vieux murs ou des arbres creux, des sols meubles, des pâtures, un paysage de bocage, avec beaucoup de gros insectes. Cherchez l’erreur…
Le verdier est un oiseau jaune, olivâtre et gris, de la taille d’un moineau. Le trait jaune bien visible sur le bord de l’aile est un critère facile pour le reconnaître.
Son croupion, c’est-à -dire le bas du dos, visible ci-dessus entre les ailes, est franchement jaune (cliquez sur l’image pour l’agrandir). Et sa queue est nettement échancrée.
Ce verdier s’est gavé de graines de tournesol !
Cette espèce est sensible à plusieurs maladies qui peuvent se transmettre entre oiseaux par la salive. Aussi, il faut veiller à nettoyer régulièrement les mangeoires et les abreuvoirs, lieux de contaminations potentielles, surtout s’ils sont très fréquentés.
Il ne faut pas confondre le verdier avec le serin cini dont le dos est jaune aussi, mais le serin n’a pas la barre jaune sur l’aile et on notera que son bec est plus court :
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Sous la passerelle rouge de l’Axe majeur à Cergy, se trouve un bassin qui communique avec l’Oise. C’est sur le quai de ce bassin que j’ai observé cet oiseau très inhabituel pour Cergy-Pontoise : une aigrette garzette !
L’aigrette chasse dans les eaux peu profondes, elle se nourrit de petits poissons et d’insectes aquatiques, de crustacés, de mollusques, de grenouilles. Cet oiseau est grégaire, il établit ses colonies dans des arbres près des marais.
Cet individu, toutes plumes ébouriffées, arborait son plumage nuptial. Les longues aigrettes que l’on distingue à l’arrière de sa tête ont valu bien des misères à cette espèce lorsque la mode chez les élégantes était de porter des chapeaux à plumes.
L’oiseau s’est envolé en direction du parc du Clos Levallois, au bord de l’Oise, sur la commune de Vauréal. C’est un très bon choix car ce parc est vaste, riche en biodiversité et c’est un endroit calme.
J’aimerais bien que cette aigrette s’installe chez nous, c’est un si bel oiseau ! Un jour peut-être ? Actuellement, quelques rares couples de cette espèce seulement se reproduisent en Ile-de-France, au fin fond de la Seine-et-Marne.
La grive mauvis, Turdus iliacus de son nom officiel, est un passereau de la famille des Turdidae au même titre que les autres espèces proches : les grives draine, litorne et musicienne ou le merle noir. La grive mauvis est la plus petite des grives que l’on peut rencontrer sur le territoire.
Elle se différencie aisément des autres grives européennes grâce à un épais sourcil blanc qui souligne son regard et un élégant fard rouge brique sur les flancs.
Une migratrice venue du froid
Ces critères de reconnaissance sont utiles pour repérer la mauvis car elle voyage souvent aux côtés des autres grives. Elles arrivent ensemble dans nos parcs et jardins. En effet, les grives sont, pour la plupart, des migratrices. Elles nichent et se reproduisent dans des contrées froides du Nord de l’Europe et viennent passer l’hiver sous les températures plus clémentes. Contrairement aux grives musicienne et draine dont un certain nombre d’individus nichent en àŽle-de-France, la mauvis et la litorne sont exclusivement migratrices. Elles ne sont observables chez nous qu’en hiver, d’octobre à mars. La grive mauvis est déjà bien présente sur l’ouest francilien comme le montrent les données de Faune àŽle-de-France.
Gourmande des jardins
Si les grives mauvis se nourrissent d’insectes pendant les beaux jours, en hiver elles consomment principalement des petites baies : de sureau, de sorbier, de cotonéaster, … et de houx ! Les grives mauvis que nous avons photographiées étaient perchées à quelques mètres du grand houx de l’entrée du parc de château de Menucourt. Quelques jours seulement après leur arrivée lors de l’épisode neigeux de fin janvier 2019, ce grand houx est totalement déplumé ! Un comble, quand les coupables sont nos amis à plumes.
Nous avons également vue cette espèce à l’île de loisirs de Cergy-Pontoise. Peut-être vient-elle aussi picorer quelques baies dans votre jardin ?
Un cas d’étude
La grive mauvis fait partie du programme de sciences participatives Oiseaux des Jardins. Maintenant que son identification n’a plus de secrets pour vous, repérez-la et renseignez le protocole ! C’est facile, elle fait l’objet d’une fiche à son nom et est présente sur le poster de comptage :
Prenez quelques minutes pour renseigner tous les compagnons de la grive mauvis dans votre jardin, et faites avancer la science !
Fringilla coelebs est le nom scientifique du pinson des arbres. Ce nom d’espèce pourrait se traduire par « fringille célibataire » et reflète la particularité du comportement de ces oiseaux en migration car mâles et femelles voyagent séparément.
En hiver, nos friches riches en graines accueillent de grandes troupes de pinsons en migration. Les reprises de pinsons bagués trouvés en Ile-de-France font état d’oiseaux originaires d’Allemagne, de Russie, de Belgique ou du Danemark.
En cas d’alerte, ils s’envolent et se posent sur des arbres ou des buissons à proximité avant de revenir picorer au sol.
Si les graines leur fournissent l’énergie dont ils ont besoin pour effectuer leurs déplacements, en période de reproduction ils se nourrissent plutôt d’insectes et de larves, et aussi de fleurs et de bourgeons. La femelle construit son nid dans un arbre sous la surveillance du mâle occupé à temps plein à chanter pour défendre le territoire du couple. Le nid fait de mousses, de fibres végétales et de radicelles peut être consolidé avec des toiles d’araignée.
Le pinson des arbres mâle est bien coloré, on remarque notamment sa tête bicolore, rose et gris bleuté.
Sur son aile et son épaule, les deux barres blanches sont toujours bien visibles.
Le bas de son dos d’un beau vert olive est moins facile à voir.
La femelle est plus terne, elle possède également les marques blanches sur l’aile et sur l’épaule.
Les pinsons en hiver peuvent venir aux mangeoires car ils sont gourmands de tournesol, mais ils préfèrent picorer les graines par terre.
Retrouvez un autre membre de la famille des Fringillidae dans cet article :
La tempête Gabriel a blanchi le parc du château de Menucourt, et la neige met en valeur les baies rouges des grands houx à l’entrée du parc.
Mais par endroits des grappes sont presque vides. Qui sont les gourmands ? Seraient-ce nos amis les merles ?
Je me poste à proximité pour tenter de démasquer les coupables. Au bout de quelques minutes, des oiseaux arrivent, mais ils restent cachés par le feuillage persistant et je ne peux pas les photographier ! J’arrive à en suivre un qui se pose sur un arbre voisin pour digérer un peu.
Avec ce beau sourcil blanc, et cette grande tache rouge sous l’aile, pas de doute, c’est une grive mauvis. Cette espèce migratrice niche en Europe du Nord. Elle arrive parfois en nombre en Ile-de-France avec les vagues de froid et les épisodes neigeux.
Dans les jardins du village, ce sont des grives litornes qui volent d’arbres en arbres, surveillant de loin les enfants qui vont à l’école et les parents qui en reviennent. Elles s’abattent sur les haies des jardins dès que tout est calme. Au sommet des cotonéasters, les grappes les plus accessibles font l’objet d’une véritable razzia ! Les grives mauvis ne sont pas en restent et se joignent au festin.
Les grives litornes sont de très beaux oiseaux richement colorés. Ce sont aussi des migrateurs qui nous viennent d’Europe du Nord, elles voyagent souvent en compagnie des grives mauvis. Ouvrez l’œil dans vos jardins !
C’est un endroit secret dans le parc du château de Grouchy. Cette vieille souche a été discrètement équipée de crochets. Un inconnu (peut-être un photographe animalier ?) y suspend des boules de graisse pour les oiseaux. Les promeneurs passent à dizaine de mètres sans rien remarquer…
Et l’open bar du parc attire des clients ! Ici, de gauche à droite, un pic, une mésange charbonnière, une mésange bleue. Il est bizarre ce pic avec ce dessin blanc sur la nuque. Et si ce n’était pas le classique pic épeiche ? J’attends qu’il relève la tête pour en avoir le cœur net !
Bingo ! Pas de moustache noire raccordée au bec, et une grande calotte rouge, c’est un pic mar ! Il y a quelques décennies encore, c’était un oiseau très rare en Ile-de-France, mais il gagne du terrain. Il a déjà été vu sur la commune d’Osny en 2014. Serait-il nicheur ? Il le serait à Menucourt : affaire à suivre…