En septembre dernier, une tache verte se promène dans les épis rouges des roseaux aux bords de l’Oise à Maurecourt. Son allure très allongée m’intrigue. C’est Gilles qui m’en donnera le nom. Il nous en parle dans cet article.
Il s’agit d’une punaise du nom de Stenodema calcarata de la famille des Miridae. Calcar signifie « éperon » et fait référence aux épines présentes sur les fémurs de la bête. La couleur verte oriente vers la femelle de l’espèce (le mâle étant plutôt couleur paille).
Nous l’avons surement dérangée en plein repas, cette punaise se nourrit en piquant les graines pas encore mà»res de graminées essentiellement en zone humide, comme ce roseau (Phragmites australis).
Est-elle commune ? Difficile à dire, elle n’est mentionnée que 20 fois dans toute l’àŽle-de-France dans la base de données CETTIA, mais c’est peut-être seulement parce qu’elle est discrète.
Présente partout en France, la punaise des baies est l’une des plus communes des membres de la grande famille des Pentatomidae. Elle se nourrit des graines et des fruits d’au moins une cinquantaine d’arbres, d’arbustes et de plantes herbacées. On la reconnaît à ses antennes bicolores, à l’avant de sa tête nettement échancré, et aux soies dressées qui couvrent le dessus de sa tête et de son thorax.
Les couleurs des adultes de cette espèce sont variables, allant du brun violacé au rose pâle.
Ce spécimen couleur chair a été trouvé par des enfants de l’école des Larris de Pontoise lors d’une sortie à la découverte des insectes que nous leur avons organisée à la demande de leurs maitresses. En cliquant sur l’image ci-dessus, vous pourrez l’agrandir et voir les poils de la tête et du pronotum.
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Très facile à reconnaître cette petite punaise avec son losange orange sur les hémélytres !
Aphanus rolandri est difficile à photographier car elle a la bougeotte, se faufile partout et en plus elle court vraiment très vite pour une punaise. Elle vit au sol dans des endroits riches en matière organique et bien pourvus en cachettes (pierres, cailloux, déchets végétaux). Un gros tas de bois broyé est pour cette punaise un lieu de vie idéal.
Sa rapidité laisserait supposer des qualités de chasseuse. En fait, elle se nourrirait de graines. Si elle court vite, c’est sans doute pour échapper à tous ceux qui voudraient la manger…
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Ce petit insecte globuleux n’est pas une coccinelle noire, mais une punaise. Son aspect lui vaut son appellation vernaculaire de punaise cuirasse.
Cette punaise se nourrit de la sève de Fabaceae comme les gesses, les coronilles, le lotier corniculé, le sainfoin, les vesces, les bugranes…
Cette espèce est typique des zones thermophiles, comme les pelouses calcaires. Je l’ai observée à Genainville lors des inventaires éclairs organisés par l’Agence régionale de biodiversité d’Ile-de-France. Elle est assez grégaire et facile à repérer.
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En cueillant quelques pleurotes sur le tronc d’un vieux hêtre, je ne résiste pas à l’envie de soulever un petit bout d’écorce sur une partie de bois pourri pour voir qui se cache dessous.
Le logement est très humide, mais cela n’a pas l’air de déranger. Je vous présente mes trouvailles, engourdies par le froid. De gauche à droite : une araignée du genre Philodromus, la sublime coccinelle rose Oenopia conglobata et la coccinelle asiatique Harmonia axyridis. La différence de taille entre ces deux espèces de coccinelles est ici flagrante.
La coccinelle rose s’est réveillée et part à la recherche d’un nouveau logement plus tranquille.
Les punaises nébuleuses, communes en forêt, profitent aussi de ces écorces décollées pour passer l’hiver en amas compacts.
Dans quelques jours ou quelques semaines, le tronc qui les héberge sera chargé sur un camion pour une destination inconnue, peut-être à l’autre bout du Monde. Beaucoup d’espèces changent ainsi de région ou de continent au gré des transports de marchandises. Ainsi naissent les espèces invasives…
Des papillons de nuit, des coléoptères, des moucherons sont arrivés par dizaines sur le mur éclairé de la terrasse. Et des prédateurs aussi, qui semblent bien intéressés par la perspective d’un festin facile !
Voici une punaise prédatrice de la famille des Nabidae. On voit son rostre recourbé entre les solides fémurs de ses pattes antérieures.
Quelle mobilité de la tête et quel regard fascinant ! La mante religieuse capture toutes sortes d’insectes avec ses pattes ravisseuses : papillons, criquets, grillons, sauterelles, blattes… La sauterelle verte fréquente également les murs éclairés la nuit, car cette espèce est carnivore. On y voit aussi parfois le frelon européen en maraude.
Et si vous êtes en Provence, ne manquez pas le spectacle de la tarente qui chasse activement les papillons de nuit à la lueur des lanternes !
En animation, c’est toujours un bonheur de rencontrer l’épiaire des bois. On peut jouer à deviner l’odeur de ses feuilles froissées : cadavre, clous rouillés, égout, champignon moisi, bonbon au poivre ? Passées les premières effluves nauséabondes, la plante sent… le cèpe ! Elle en a le goà»t, paraît-il, et les adeptes des cueillettes de plantes sauvages en font des bouillons prétendus délicieux. En fait mes narines peu imaginatives restent un peu bloquées sur les premières effluves…
On peut aussi chercher sur cette plante une jolie punaise spécialiste des lamiacées et particulièrement fréquente sur les épiaires : Eysarcoris venustissimus.
Cette punaise de petite taille a des reflets cuivrés qui brillent au soleil.
La femelle fécondée dépose ses œufs blancs par petits paquets dans l’inflorescence de l’épiaire.
Le parc François-Mitterrand, depuis les travaux de rénovation écologique, est devenu un haut lieu de la biodiversité ordinaire. Cela n’a pas échappé à quelques étudiants au sens artistique développé.
Très bruyantes et bien visibles, une cinquantaine de mouettes rieuses ont établi leur quartier d’hiver dans le parc, comme l’an dernier. Elles sont venues d’Europe du Nord et de l’Est, attirées par la douceur du climat. Je guette depuis début décembre le retour de nos habituées de Pologne, de Belgique et de Tchéquie.
Cliquez sur l’image pour lire le numéro de la bague posée par le Muséum de Prague : ES 15.728 est bien là ! Cette native de Vojkovice était déjà venue en janvier 2015.
D’autres habitants du parc sont plus discrets en cette saison.
Sur le tronc de ce cèdre, chaque fissure est mise à profit. Les gendarmes se pressent les uns contre les autres dans ces abris en attendant le retour des beaux jours. Mais regardez bien, ne dirait-on pas qu’une autre espèce, avec un point blanc tout rond sur la membrane noire, occupe aussi les lieux ?
Effectivement, quelques Melanocoryphus albomaculatus ont rejoint les troupes de gendarmes. Ces punaises consomment les fruits des Astéracées, notamment ceux des séneçons. Les gendarmes, quant à eux, se nourrissent des fruits des tilleuls et aussi des mauves. Ici, point de tilleuls à proximité, mais une très belle prairie riche en mauves et en séneçons.
Une coccinelle asiatique, retardataire, inspecte les fissures du tronc et cherche un logement encore vacant pour se mettre à l’abri du froid. Tu t’y prends bien tard, petite coccinelle…
Les punaises vertes ont aussi leurs couleurs d’automne : elles virent au brun. C’est sans doute qu’ainsi elles sont mieux camouflées quand la végétation qui les abritent n’est plus verdoyante.
Nezara viridula est la plus fréquente des grandes punaises vertes. Cosmopolite d’origine africaine, elle est en progression en France depuis 1990. Voyez-vous, à la base de son scutellum, ces 3 points clairs alignés et les deux points noirs qui les encadrent ? C’est sa signature. Ajoutons à cela que la membrane à l’arrière de son corps est transparente.
Une membrane enfumée : c’est Palomena prasina, une autre punaise verte très commune également, surtout dans les bois. On ne retrouve pas chez cette espèce l’alignement des points clairs et sombres typique de Nezara viridula.
Les larves de ces deux espèces sont plus faciles à différencier : celles de Palomena prasina sont toujours vertes, avec parfois un peu de bleu.
Les larves de Nezara viridula sont au contraire très constratées.
Cette punaise Nezara est surprise en pleine mue : elle est en train de s’extraire de l’enveloppe du dernier stade larvaire (le stade V). Les membranes commencent à se déployer, bientôt elle pourra voler.
Ce gendarme (Pyrrhocoris apterus) s’approche d’une graine de tilleul, sa nourriture préférée, pour en aspirer la sève à l’aide de son rostre.
Mais attention : toutes les punaises rouge et noir ne sont pas des gendarmes ! Pour les différencier, il faut bien observer la répartition des taches sur la tête et sur le dos. Voici pour vous exercer quelques espèces fréquentes en Ile-de-France :
Corizus hyoscyami est la punaise de la jusquiame. Je la vois régulièrement sur les Perovskia et sur les sauges dans le jardin devant l’ESSEC à Cergy. Avez-vous vu sa tête rouge et noire, et sur le thorax les deux motifs noirs en forme de cœur ?
Immanquable, celle-ci avec ses rayures longitudinales régulières. C’est la punaise arlequin ; elle adore les fruits des Apiacae (fenouil, carotte sauvage, cerfeuil musqué, berce commune…)
Eurydema ventralis a une silhouette ovale. Elle est commune au potager car c’est un ravageur des choux. On nomme « punaise du chou » plusieurs espèces d’Eurydema à l’allure assez proche.
Arocatus roeselii apprécie les fruits des platanes. L’hiver ces petites punaises, à la coloration assez terne, se réfugient sous les écorces de ces arbres, en compagnie des tigres.
Un point blanc tout rond sur la membrane noire et la tête grise avec une tache rouge : voici Lygaeus equestris, la punaise écuyère, une granivore.