L'actualité de la Nature

La parade des Malachius

Malachius bipustulatus – Ile de loisirs de Cergy-Pontoise © CACP – Gilles Carcassès

Un couple de Malachius bipustulatus se livre à  un étrange tête-à -tête. Un autre mâle regarde la scène.

Parade nuptiale de Malachius bipustulatus © CACP – Gilles Carcassès

Contrairement aux apparences ce n’est pas une lutte, mais une parade nuptiale. Le mâle, plus petit, est en haut. Il applique les premiers articles de ses antennes sur le front de sa partenaire. Une substance sécrétée par la base de ses antennes est censée mettre la femelle en bonne disposition pour l’accouplement.

Malachius bipustulatus © CACP – Gilles Carcassès

Chez cette espèce, le mâle se reconnaît aux excroissances jaunes qui ornent les premiers articles antennaires.

Couple de Malachius bipustulatus © CACP – Gilles Carcassès

Le couple interrompt de temps en temps les frottements de têtes pour échanger des baisers.

Malachius bipustulatus © CACP – Gilles Carcassès

Ah oui, ça fait de l’effet !

Source :

Thèse de doctorat de Dieter Matthes (1962) : Excitatoren und Paarungsverhalten mitteleuropäischer Malachiiden

Retrouvez une autre spécificité étonnante des Malachius :

Les airbags de Malachius

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Le carabe et le champignon

J’étais parti en forêt dans le Domaine du château de la Chasse à  Saint-Prix, avec le vague espoir de photographier des champignons : des morilles peut-être ou des mousserons de printemps ?

Une écorce décollée sur le tronc d’un arbre mort tombé au bord du chemin me tente : je jette un coup d’œil dessous, pour voir. Oh oh, un carabe à  reflets d’or y est caché, à  demi enfoui dans le bois pourri !

Carabus auronitens, le carabe à  reflets d’or © CACP – Gilles Carcassès

Il est bien tard en saison pour hiverner encore… Je le sors de sa cachette, mais il fait le mort ! Je le titille un peu et dois me rendre à  l’évidence : ce carabe est vraiment mort. Et quelque chose d’étrange dépasse longuement de sa bouche. Serait-ce un champignon ?

Fructification de Cordyceps entomorrhiza, sortant de la bouche d’un carabe © CACP – Gilles Carcassès

Cela me rappelle un reportage sur des Cordyceps asiatiques. Ces champignons filiformes qui parasitent des chenilles enfouies dans le sol sont patiemment récoltés dans les alpages par les paysans tibétains, car ils sont réputés en médecine traditionnelle chinoise, notamment pour lutter contre l’impuissance. Ces « champignons-chenilles » atteignent des prix astronomiques, au détail, dans les pharmacies spécialisées de Pékin : plus de 100 € le gramme !

Existerait-il des Cordyceps susceptibles de parasiter les carabes ? Mes recherches me mettent sur une très bonne piste : une espèce présente en Europe est effectivement spécialisée dans les carabes ! Cordyceps entomorrhiza parasite les larves de carabes et aussi, mais plus rarement, les adultes.

Ce sera le seul champignon de la sortie, mais pour le coup une vraie rareté, et premier signalement régional de l’espèce sur Cettia !

Sources :

Cordyceps, la loi de la jungle, par Jean-Marc Moingeon et Nicolas Van vooren

Les Cordyceps de Belgique, par Daniel Ghyselinck – Revue du Cercle de Mycologie de Belgique – n°2 (2002)

La crise du champignon chenille – Courrier international du 24 10 2012

Retrouvez nos articles :

Carabes

Le carabe purpurin

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Retour sur une sortie champignons au parc de Grouchy le 6 mars 2019

Qui a dit « Les champignons, c’est uniquement en automne » ? Un groupe de membres de l’association Chemins et Rencontres d’Eragny-sur-Oise est venu prouver le contraire au parc du château de Grouchy mercredi 6 mars 2019, sous la houlette de Marie-Louise Arnaudy, mycophile expérimentée.

Sortie champignons – parc du château de Grouchy à  Osny © CACP – Emilie Périé

Les nombreux troncs morts et tas de bois au bord des chemins ont permis de faire de belles observations de champignons spécialistes de ces milieux :

Collybie à  pied velouté, Flammulina velutipes – Osny © CACP – Gilles Carcassès

Ce champignon réputé comestible ressemble beaucoup à  un faux frère très toxique : méfiance ! En cliquant sur la photo, on peut vérifier l’aspect finement velouté du pied.

Tramète versicolore, Trametes versicolor – Osny © CACP – Gilles Carcassès

Le chapeau de la tramète versicolore présente des variations de gris et de noir, parfois avec du bleu. Chez les tramètes, le dessous du chapeau est percé d’une multitude de pores de petite taille.

Rhizomorphes de l’armillaire couleur de miel, Armillaria mellea – parc du château de Grouchy à  Osny © CACP – Gilles Carcassès

Les rhizomorphes, filaments indurés de mycélium, sont partis à  l’assaut d’un vieux tronc mort de peuplier, juste sous l’écorce. Il paraît que quand il est jeune ce mycélium est bioluminescent !

Coprin micacé, Coprinellus micaceus – Osny © CACP – Emilie Périé

Fragile et gracieux, le coprin micacé pousse en touffes serrées sur le bois mort et les vieilles souches. Il doit son nom aux peluches d’aspect micacé qui ornent son chapeau. En vieillissant ce champignon noircit beaucoup.

La sortie a aussi été l’occasion d’écouter et de reconnaître les chants des oiseaux forestiers : la sittelle torchepot, le rouge-gorge, le troglodyte mignon, le pinson, le geai des chênes…

L’examen de troncs tombés a permis de rencontrer quelques habitants du bois pourri cachés sous les écorces : la rhagie inquisitrice, un carabe, le petit silphe noir, une larve de tipule, des cloportes, des diplopodes, des collemboles sauteurs, des iules nonchalantes et d’autres mille-pattes.

Polydesmidae © CACP – Gilles Carcassès

Les Polydesmidae sont des diplopodes : ils ont deux paires de pattes par segment.

Rhagium inquisitor – Osny © CACP – Gilles Carcassès

La rhagie inquisitrice est un longicorne inféodé au bois mort des conifères. On trouve facilement l’adulte sous les écorces d’épicéa en hiver.

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Les zigzags des agriles

Tronc mort – Vauréal © CACP – Gilles Carcassès

Les pics s’en sont donnés à  cœur joie sur ce tronc d’arbre mort renversé par un coup de vent. Ils ont fait sauter toute l’écorce à  la recherche de larves d’insectes, mettant au jour ces galeries étonnamment sinueuses.

Galeries de larves d’agriles – Vauréal © CACP – Gilles Carcassès

Ces méandres sont la signature typique des agriles, coléoptères Buprestidae, dont il existe une bonne trentaine d’espèces en France métropolitaine, la plupart en zone méditerranéenne.

Les adultes de cette famille ont une silhouette allongée, des antennes courtes et sont souvent de couleur métallique. On peut les observer quand ils se nourrissent sur les fleurs dans les lisières. Voici deux espèces d’Anthaxia, un genre voisin des Agrilus :

Anthaxia nitidula – Jeufosse (78) © CACP – Gilles Carcassès
Anthaxia ignipennis (Aveyron) © CACP – Gilles Carcassès

Une autre espèce de Buprestidae est célèbre pour ravager les haies de thuyas, c’est le bupreste du genévrier (Lamprodila festiva). L’adulte, très joli, est d’un vert métallique taché de bleu nuit.

Mais la vedette médiatique de cette famille est incontestablement l’agrile asiatique du frêne (Agrilus planipennis) qui fait de gros dégâts en Amérique du Nord. En 2018, cette espèce n’était pas encore en France.

Retrouvez d’autres articles sur les habitants du bois mort :

Entomoglyphe

Extra plats

Ma petite biche

Escargot poilu !

Rhinocéros

Sources :

Les agriles, par Ephytia (INRA)

Coléoptères Buprestidae, sur le site du GRETIA

La fiche technique Thuya – Bupreste, par Jardiner Autrement

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Du monde sous les écorces

Cachés sous une écorce © CACP – Gilles Carcassès

En cueillant quelques pleurotes sur le tronc d’un vieux hêtre, je ne résiste pas à  l’envie de soulever un petit bout d’écorce sur une partie de bois pourri pour voir qui se cache dessous.

Le logement est très humide, mais cela n’a pas l’air de déranger. Je vous présente mes trouvailles, engourdies par le froid. De gauche à  droite : une araignée du genre Philodromus, la sublime coccinelle rose Oenopia conglobata et la coccinelle asiatique Harmonia axyridis. La différence de taille entre ces deux espèces de coccinelles est ici flagrante.

Oenopia conglobata, la coccinelle rose – © CACP – Gilles Carcassès

La coccinelle rose s’est réveillée et part à  la recherche d’un nouveau logement plus tranquille.

Rhaphigaster nebulosa © CACP – Gilles Carcassès

Les punaises nébuleuses, communes en forêt, profitent aussi de ces écorces décollées pour passer l’hiver en amas compacts.

Dans quelques jours ou quelques semaines, le tronc qui les héberge sera chargé sur un camion pour une destination inconnue, peut-être à  l’autre bout du Monde. Beaucoup d’espèces changent ainsi de région ou de continent au gré des transports de marchandises. Ainsi naissent les espèces invasives…

Retrouvez nos articles :

J’ai vu une coccinelle rose !

Punaise nébuleuse, punaise diabolique : ne les confondez plus !

La coccinelle asiatique

Les champignons du commerce international du bois

L'actualité de la Nature, L'actualité des jardins

Le doryphore

Leptinotarsa decemlineata, le doryphore, dans un carré de pommes de terre au Potager du roi à  Versailles © CACP – Gilles Carcassès

Quand j’étais gamin, au jardin du grand-père, j’étais réquisitionné pour la chasse aux doryphores. Le ramassage manuel était assez efficace mais il fallait y revenir souvent. De nos jours, on ne vois plus guère de doryphores, sauf dans certains jardins bio comme le Potager du roi à  Versailles.

Doryphore adulte © CACP – Gilles Carcassès

Cette chrysomèle d’origine mexicaine, inféodée aux plantes de la famille des Solanaceae, a été découverte en France en 1922 dans la région de Bordeaux pas très loin d’un important centre de transit de pommes de terre. Elle est probablement arrivée avec des livraisons pour l’armée américaine pendant la première guerre mondiale. A partir de là , l’insecte a envahi toute la France, puis l’Europe. En 1934, le front de sa progression passait par l’Ile-de-France.

Les adultes, mais surtout les larves, consomment les feuilles des pommes de terre et peuvent les défolier complètement, entraînant alors une perte importante de récolte.

Larve de doryphore © CACP – Gilles Carcassès

Parfois les doryphores peuvent attaquer le feuillage des aubergines et même celui des tomates. Il faut en tenir compte dans la rotation des cultures au potager ! Il convient aussi de ne pas laisser de morelles noires dans le potager après les pommes de terre car les doryphores peuvent aussi vivre sur cette Solanaceae adventice très commune dans les jardins.

Solanum nigrum, la morelle noire © CACP – Gilles Carcassès

Sources :

Le doryphore, par André Lequet

Pomme de terre et doryphore, par Jardiner Autrement

Etude géographique sur le doryphore en France et principalement dans la région lyonnaise, par Georges Castellan (1943)

L'actualité de la Nature

2018 : les petits nouveaux

A Cergy-Pontoise, 2018 aura été une bonne année pour les observations d’insectes rares ou remarquables ! Voici le résumé de nos découvertes :

Premières observations pour l’Ile-de-France

Larve d’Aproceros leucopoda © CACP – Gilles Carcassès

Aproceros leucopoda est un hyménoptère symphyte invasif d’origine asiatique. Il nous arrive de Belgique. Nous avons observé ce nouveau ravageur de l’orme au bord de l’Oise à  Vauréal en juin 2018.

Une galle de Rhopalomyia tanaceticola  sur une fleur de tanaisie © CACP – Gilles Carcassès

Rhopalomyia tanaceticola est une cécidomyie dont les larves se développent dans des galles sur les fleurs de tanaisie. Nous avons noté la présence de cet insecte dans le potager de la Ferme d’Ecancourt à  Jouy-le-Moutier en juillet 2018.

En fait cette rareté n’en est pas vraiment une, il s’agit plutôt d’une espèce qui n’intéresse pas grand monde. Elle n’a aucun impact économique connu, et comme toutes les espèces qui n’ont pas fait l’objet d’études, elle ne peut pas servir pas d’indicateurs de la qualité des milieux. Alors à  quoi bon l’observer ? Il faut reconnaître aussi que pour illustrer des atlas ou des études de biodiversité, les jolis oiseaux, libellules et papillons sont bien plus vendeurs que les moucherons !

Rhopalomya tanaceticola adulte au creux de ma main © CACP – Gilles Carcasses

J’avais conservé certaines de ces galles dans un bocal et quelques semaines plus tard des adultes en sont sortis. Ils n’ont pas réussi à  se dégager complètement de leur pupe. Peut-être que l’atmosphère de mon élevage était trop sèche… On voit sur cette photo que ce minuscule insecte est bien un diptère, on distingue l’un des balanciers (cliquez sur l’image pour l’agrandir).

Premières données pour le Val d’Oise

Saperda perforata, la saperde perforée © CACP – Gilles Carcassès

Saperda perforata est un longicorne dont les larves consomment le bois mort des peupliers. Nous l’avons observé au parc de Grouchy à  Osny en mai 2018.

Stephanitis takeyai , le tigre de l’andromède © CACP – Gilles Carcassès

Stephanitis takeyai est un ravageur asiatique invasif qui s’attaque aux Pieris. C’est un organisme suivi par la Fredon Ile-de-France. Nous l’avons découvert dans le patio de nos bureaux à  Cergy.

Il faut ajouter à  ce tableau de chasse un syrphe rare qui ressemble à  s’y méprendre à  certaines espèces de guêpes :

Sphiximorpha subsellis © CACP – Gilles Carcassès

Sphiximorpha subsesilis pond dans les suintements des vieux arbres pourris, dans les zones humides. Nous avons eu la chance de tomber dessus. Ce diptère a été observé dans le parc du château de Marcouville à  Pontoise en mai 2018.

Retrouvez plus d’informations sur ces espèces dans nos reportages :

La tenthrède zigzag de l’orme

La galle des fleurs de tanaisie

La saperde perforée

Le tigre du Pieris

Fausse guêpe

L'actualité de la Nature

La galéruque de l’orme

Au bord de l’Oise à  Cergy, les ormes sont très présents. Ils sont tous jeunes car dès qu’ils atteignent une dizaine d’années, ils sont décimés par la graphiose. Cette maladie est due à  un champignon parasite qui obstrue les vaisseaux conducteurs de sève des ormes et les fait mourir.

Orme aux feuilles grignotées – Cergy © CACP – Gilles Carcassès

Cet ormeau a l’air un peu malade, mais ce symptôme n’est pas celui de la graphiose. Ses feuilles sont attaquées par les larves d’un coléoptère de la famille des Chrysomelidae, la galéruque de l’orme. On dit que les fortes attaques de cette galéruque affaiblissent les arbres, ce qui attire les scolytes qui à  leur tour transmettent la maladie en mordant les rameaux.

Larve de la galéruque de l’orme © CACP – Gilles Carcassès

Les larves de Xanthogaleruca luteola consomment le dessous des feuilles.

Larve de Xanthogaleruca luteola – Cergy © CACP – Gilles Carcassès

Le résultat est presque aussi beau qu’un vitrail !

Xanthogaleruca luteola – Cergy © CACP – Gilles Carcassès

Voici l’adulte qui se chauffe au soleil d’octobre.

Retrouvez un autre article, sur les dégâts des scolytes :

Entomoglyphe

Sources :

La graphiose de l’orme, par Ephytia (INRA)

Des insectes et des hommes, par Vincent Albouy, Natornatex

L'actualité de la Nature

L’achillée millefeuille

Achillea millefolium, l’achillée millefeuille – Vauréal © CACP – Gilles Carcassès

Sur les espaces herbeux qui accompagnent l’avenue Gandhi à  Vauréal, les achillées millefeuilles refleurissent après la fauche de l’été. Cette plante est facile à  reconnaître avec ses feuilles très découpées et ses petits bouquets de fleurs blanches disposés en ombelles. Très résistante à  la sècheresse, cette vivace indigène est une excellente plante pour des prairies fleuries naturelles.

Trichodes alvearius sur une achillée millefeuille © CACP – Gilles Carcassès

L’achillée millefeuille est très appréciée des coléoptères. J’y vois souvent des clairons comme celui illustré ci-dessus et des Cerambycidae floricoles, comme ce stenoptère roux, très commun dans les prairies.

Stenopterus rufus – Jouy-le-Moutier © CACP – Gilles Carcassès

Les producteurs de plantes vivaces proposent une large gamme de variétés d’achillée millefeuille dans des coloris variés : rouge, rose, pourpre, lilas, saumon, jaune pâle…

Une variété rouge d’achillée millefeuille © CACP – Gilles Carcassès

J’ai vu cette très belle variété, probablement ‘Peggy Sue’ dans un jardin à  Haussimont, très beau village quatre fleurs dans la Marne.

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Camouflages

Merci à  ceux qui ont essayé de résoudre l’énigme d’octobre 2018. Changeons d’angle de vision et le mystère s’éclaircit.

Larve de casside – parc du château de Grouchy © CACP – Gilles Carcassès

Cette petite bête très épineuse est la larve d’une casside, coléoptère de la famille des Chrysomelidae. Pour se camoufler et se protéger des prédateurs, elle entasse ses excréments sur son dos.

D’autres espèces adoptent des stratégies de camouflages assez proches :

Larve de Dichohrysa – parc du château de Grouchy à  Osny © CACP – Gilles Carcassès

Cette larve de chrysope du genre Dichochrysa entasse sur son dos les dépouilles de ses proies ! On voit en bas à  droite sur cette photo ses terribles mandibules en forme de crochets.

Chenille de Thyatira batis (Drepanidae) – Neuville-sur-Oise © Gilles Carcassès

Quand à  cette larve, c’est la chenille d’un papillon de nuit, Thyatira batis. Sa ressemblance avec une crotte d’oiseau est le fait de ses motifs et de la posture qu’elle prend le jour lorsqu’elle elle est au repos.

Dans cet article, découvrez le portrait d’une casside adulte :

Cassida, un ovni chez les coléoptères