J’ai trouvé sur une bardane à petites têtes ce joli coléoptère d’un rouge brillant. C’est une chrysomèle de la sous-famille des Alticinae, espèces sauteuses que l’on reconnaît aux gros fémurs des pattes postérieures.
Un numéro de funambule sur un capitule de bardane !
On aperçoit sur la photo ci-dessus le gros fémur en question.
Pour différencier Sphaeroderma rubidum de Sphaeroderma testaceum, il faudrait avoir une vision nette de la présence ou pas d’une ponctuation à la base du pronotum. Je ne m’avancerai pas et en resterai prudemment au genre.
Ravageur des artichauts
Ces espèces sont appelées altises rouges, elles sont connues pour être des ravageurs des artichauts. On les rencontre aussi sur les cirses, les centaurées, les bardanes, parfois les onopordons.
Sur les feuilles des ormes, on rencontre souvent Xanthogaleruca luteola la galéruque de l’orme. C’est une sacrée grignoteuse !
Sa larve est moins élégante. C’est en retournant les feuilles qu’on peut la voir affairée à décaper méthodiquement de larges plages en ménageant les nervures et l’épiderme supérieur.
Mais sous les feuilles des ormes, on peut aussi observer de nombreuses autres espèces !
Poilue à deux bosses
Voici la chenille du Trident, une noctuelle très commune, qui consomme également les feuilles d’autres arbres (saules, chênes, aubépines…)
Epineuse à dos blanc
Cette chenille aux couleurs caractéristiques est celle du Robert-le-diable. Elle aussi est polyphage : on peut la trouver sur les saules, les ormes, les orties et le houblon. Le papillon est facile à reconnaître avec ses ailes aux bordures découpées :
Je crois distinguer le profil grimaçant de Robert le Diable dans l’ombre portée sur la feuille d’ortie.
Moustachu aux yeux verts
Et celui-ci, aux palpes poilus, c’est un habitué des ormes également ?
Cette pyrale endormie a seulement trouvé là une cachette. Sa chenille ne consomme que des graminées.
Un grand pied d’asperge esseulé dans les friches du parc du peuple de l’herbe attire mon attention. C’est là sans doute une relique d’une ancienne culture maraîchère ou d’un potager autrefois établi sur cette terrasse alluviale de la Seine à Carrières-sous-Poissy. Je m’approche doucement dans l’espoir de rencontrer le criocère de l’asperge, une de nos plus jolies Chrysomelidae, et aussi un ravageur redouté pour ceux qui cultivent cette plante.
Il se chauffe au soleil, à la base d’une grosse tige !
Le voici de profil. En haut à gauche de cette photo, on peut voir deux de ses œufs bruns fixés sous une feuille. Les larves de cette espèce consomment les parties aériennes de l’asperge, affaiblissant les pieds et compromettant le rendement en turions l’année suivante. Les adultes peuvent aussi grignoter les pointes des asperges.
Une autre espèce de criocère fréquente aussi les asperges : le criocère rouge à douze points noirs. Mais ses larves ne se nourrissent que des baies de l’asperge.
Quand j’étais gamin, au jardin du grand-père, j’étais réquisitionné pour la chasse aux doryphores. Le ramassage manuel était assez efficace mais il fallait y revenir souvent. De nos jours, on ne vois plus guère de doryphores, sauf dans certains jardins bio comme le Potager du roi à Versailles.
Cette chrysomèle d’origine mexicaine, inféodée aux plantes de la famille des Solanaceae, a été découverte en France en 1922 dans la région de Bordeaux pas très loin d’un important centre de transit de pommes de terre. Elle est probablement arrivée avec des livraisons pour l’armée américaine pendant la première guerre mondiale. A partir de là , l’insecte a envahi toute la France, puis l’Europe. En 1934, le front de sa progression passait par l’Ile-de-France.
Les adultes, mais surtout les larves, consomment les feuilles des pommes de terre et peuvent les défolier complètement, entraînant alors une perte importante de récolte.
Parfois les doryphores peuvent attaquer le feuillage des aubergines et même celui des tomates. Il faut en tenir compte dans la rotation des cultures au potager ! Il convient aussi de ne pas laisser de morelles noires dans le potager après les pommes de terre car les doryphores peuvent aussi vivre sur cette Solanaceae adventice très commune dans les jardins.
Au bord de l’Oise à Cergy, les ormes sont très présents. Ils sont tous jeunes car dès qu’ils atteignent une dizaine d’années, ils sont décimés par la graphiose. Cette maladie est due à un champignon parasite qui obstrue les vaisseaux conducteurs de sève des ormes et les fait mourir.
Cet ormeau a l’air un peu malade, mais ce symptôme n’est pas celui de la graphiose. Ses feuilles sont attaquées par les larves d’un coléoptère de la famille des Chrysomelidae, la galéruque de l’orme. On dit que les fortes attaques de cette galéruque affaiblissent les arbres, ce qui attire les scolytes qui à leur tour transmettent la maladie en mordant les rameaux.
Les larves de Xanthogaleruca luteola consomment le dessous des feuilles.
Le résultat est presque aussi beau qu’un vitrail !
Voici l’adulte qui se chauffe au soleil d’octobre.
Retrouvez un autre article, sur les dégâts des scolytes :
Merci à ceux qui ont essayé de résoudre l’énigme d’octobre 2018. Changeons d’angle de vision et le mystère s’éclaircit.
Cette petite bête très épineuse est la larve d’une casside, coléoptère de la famille des Chrysomelidae. Pour se camoufler et se protéger des prédateurs, elle entasse ses excréments sur son dos.
D’autres espèces adoptent des stratégies de camouflages assez proches :
Cette larve de chrysope du genre Dichochrysa entasse sur son dos les dépouilles de ses proies ! On voit en bas à droite sur cette photo ses terribles mandibules en forme de crochets.
Quand à cette larve, c’est la chenille d’un papillon de nuit, Thyatira batis. Sa ressemblance avec une crotte d’oiseau est le fait de ses motifs et de la posture qu’elle prend le jour lorsqu’elle elle est au repos.
Dans cet article, découvrez le portrait d’une casside adulte :
L’an dernier, j’avais observé au potager fruitier de La Roche-Guyon un papillon rare en Ile-de-France, l’azuré porte-queue. Qu’allions-nous découvrir cette fois-ci ?
Au bord de cette allée, trône un fenouil gigantesque. Si j’étais un machaon, il me tenterait.
Effectivement, un femelle machaon a pondu sur ce fenouil et sa chenille est déjà bien développée ! Les plantes hôtes de cette belle espèce sont des Apiacées, essentiellement la carotte et le fenouil (sauvages ou cultivés).
Sur un pied d’asperge, quelques criocères à douze points, timides, se cachent à mon approche. Leurs larves consomment les baies des pieds femelles de l’asperge.
Un peu plus loin, au bord de la Seine, une chenille de Robert-le-Diable, reconnaissable à la grande tache blanche sur son dos, consommait tranquillement une feuille d’ortie dioà¯que, sa plante hôte préférée.
L’ambroisie à feuille d’armoise, Ambrosia artemisiifolia, plante d’origine américaine au pollen très allergisant, pose un grave problème de santé publique dans les régions où elle prolifère, en France particulièrement en vallée du Rhône et plus généralement au sud de la Loire. Elle apprécie les stations chaudes au bord des rivières, les friches maigres, les ballastières.
Depuis quelques années déjà , elle est naturalisée ponctuellement en Ile-de-France et n’y pose pas encore de réel problème, mais il faut être vigilant !
Attention aux graines pour les oiseaux !
Sa présence accidentelle dans des sacs de graines pour oiseaux est l’une des causes de dissémination de l’espèce. La fiche ci-dessous (cliquez sur l’image pour télécharger le document), éditée par l’Observatoire des ambroisies, donne de judicieux conseils aux personnes qui nourrissent les oiseaux des jardins : comment reconnaître et éliminer la semence de cette plante dans les graines pour oiseaux, comment repérer avec certitude et éliminer les ambroisies qui auraient éventuellement germé près des postes de nourrissage.
Pas de panique, ne passez le jardin au lance-flammes à la première armoise vue ! Il faut apprendre à observer et bien distinguer les plantes, c’est l’objet de ce document de sensibilisation très bien fait.
Un agent de biocontrôle ?
Mais n’existe-t-il pas des moyens de lutte biologique pour juguler la prolifération de cette plante ? Justement, les chercheurs observent depuis quelques années le travail d’une galéruque (Ophraella communa, coléoptère de la famille des Chrysomelidae) arrivée accidentellement d’Amérique du Nord en Italie en 2013. Dans les sites étudiés, les larves gloutonnes défolient les ambroisies avec un taux de 90 à 100%, provoquant une chute très importante de production de pollen et de graines. Ce coléoptère est aussi signalé en Chine, au Japon et en Corée du Sud.
Ces galéruques très actives sur les ambroisies peuvent fréquenter les cultures de tournesol et de topinambour, mais en n’y provoquant que des dégâts négligeables. En revanche elles consomment les lampourdes, adventices des champs de tournesols, et puis d’autres plantes de friches comme l’armoise annuelle, l’inule fétide… Il reste encore quelques études à conduire et des précautions à prendre, mais la voie semble très prometteuse.
Quels bénéfices ?
Son efficacité sur le genre Ambrosia fait espérer un vrai soulagement pour les populations allergiques exposées, avec une baisse globale de 80% du coà»t des soins associés à cette allergie. La lutte biologique par ce ravageur permettra en outre une économie importante sur les travaux d’arrachage manuel dans les friches alluviales et sur les berges de rivières, seul moyen de lutte efficace actuellement contre cette plante dans ses secteurs de prédilection.
Ce coléoptère est-il déjà en France ?
Apparemment pas, mais cela paraît inéluctable à terme, compte tenu de la proximité de l’Italie du Nord et des capacités de dispersion de cette espèce.
Ce pied de tanaisie recouvert d’oà¯dium était le terrain de jeux de petits coléoptères gris. J’ai pu faire cette photo. En voulant m’approcher, ils se sont tous laisser tomber. Avec cet abdomen rouge qui dépasse largement des élytres, je ne vois qu’une espèce qui leur ressemble : Bruchidius siliquastri, la bruche de l’arbre de Judée. Cet insecte n’a été décrit qu’en 2007, mais il paraît largement répandu. La nourriture de sa larve est la graine de l’arbre de Judée.
Trous de sortie
Sur cette gousse d’arbre de Judée, on distingue deux trous bien ronds. Ils trahissent la sortie de deux bruches qui se sont développées chacune dans une graine. J’ai vu celle-ci à Marly-le-Roi, et on m’a signalé la présence de cet insecte au parc de l’Amitié à Rueil-Malmaison. J’ai inspecté les gousses de l’arbre de Judée qui décore mon jardin. Pas une n’est trouée… Encore un coup de mes poules, sans doute !
L’arbre de Judée
D’origine méditerranéenne, l’arbre de Judée est souvent utilisé dans les jardins pour sa spectaculaire floraison printanière qui apparaît avant les feuilles.
Immanquable, cette chrysomèle sur sa fleur de zinnia ! Les élytres brillants et fortement ponctués sont noirs avec des reflets cuivrés. La tête, les palpes, les antennes, les pattes et le dessous du corps sont d’un beau rouge Bordeaux.
Pas de doute, c’est la chrysomèle de Banks. On rencontre Chrysolina bankii sur les menthes et d’autres Lamiaceae comme le marrube. J’ai photographiée cette espèce méridionale en Aveyron. Elle est également présente dans tout l’ouest de la France, et aurait même été vue dans le Val d’Oise, selon l’INPN. Ouvrons l’œil !
Attention à ne pas la confondre avec Chrysolina polita, la chrysomèle polie, qui fréquente aussi les menthes !