La cymbalaire des murailles, Cymbalaria muralis, se trouve fréquemment sur les vieux murs de la région. Elle se plait en sols assez pauvres et bien drainants. Les fissures des murs et murets en pierre lui conviennent parfaitement pour s’installer. Elle leur doit d’ailleurs son surnom de Ruine de Rome.
En plus d’agrémenter les rocailles de jolies teintes violettes, jaunes et vertes, la cymbalaire déploie des trésors d’ingéniosité pour sa reproduction.
La fleur est munie d’un petit éperon à sa base dans lequel se stocke le nectar. Les insectes sont ainsi obligés se s’enfoncer profondément dans la corolle de la fleur pour le récupérer et se couvrent de pollen. Parfait pour assurer la pollinisation de la plante !
Mais la ruse de s’arrête pas là . Une fois la fleur fécondée, son pétiole (la tige portant la fleur) se courbe de manière à ce que la fleur soit alors tournée vers la paroi rocheuse. Au moment de la dispersion des graines, celles-ci seront relâchées directement contre le mur, augmentant ainsi leurs chances de tomber dans une fissure confortable pour se développer. Habile !
Le jeudi 13 juin au matin, nous avions rendez-vous à l’école des Chênes de Cergy pour une journée de découverte de la nature. La sortie fut un peu gâchée par la pluie qui nous a fait renoncer au pique-nique.
Les enfants nous ont envoyé un compte-rendu. Nous vous livrons ce texte dans son jus :
La biodiversité à Cergy
Nous sommes arrivés à l’heure normale à l’école. Nous sommes partis à 8h30 à pied au parc de la Croix-Petit et au parc François-Mitterrand. Nous ne sommes pas allés au bois de Cergy car il pleuvait.
Les pièges à chenilles
Nous étions au parc François-Mitterrand quand nous avons vu des sacs en plastique dans les pins. Il y avait de la terre avec des poils urticants toxiques de chenilles. Le moniteur nous a dit que les mésanges étaient les seuls oiseaux à pouvoir manger les chenilles urticantes et qu’il ne fallait surtout pas toucher sinon nous pouvons avoir plein de boutons.
Les toilettes sèches
Sur le chemin, nous avons vu des toilettes sèches. Le contenu était en bois. Il n’y avait pas de portes pour fermer les toilettes des garçons, elles étaient ouvertes. C »étaient des toilettes noires. Les toilettes marchent sans eau. Elles n’ont pas de chasse et on ne peut pas se laver les mains. On doit mettre une poudre.
Les étangs de la préfecture
Nous sommes allés aux étangs de la préfecture. Les animateurs nous ont dit que nous ne devons pas donner de pain aux canards et aux pigeons. L’eau est profonde. Nous avons trouvé des lotus.
Les animaux vus
Nous avons vu des hérons, des cigognes, des canards et des poules d’eau.
On n’est pas resté longtemps car il pleuvait. Mais quand même on s’est bien amusé. Le pique-nique, on l’a mangé dans la cour.
Les CM1/CM2 de l’école des Chênes
Petit rectificatif pour les naturalistes : il n’y avait pas de cigogne, c’était bien un héron. Et les lotus étaient en fait des nymphéas.
Voici quelques photos du parc ( j’y suis retourné par beau temps ! ) pour illustrer ce compte-rendu :
Et nous avons aussi donné des explications sur la gestion des eaux pluviales en ville et sur le rôle écologique de la prairie.
Après avoir passé deux à trois semaines à bâtir le nid, le couple de mésange à longue queue y a installé une demi-douzaine d’œufs. La femelle les y a couvés pendant deux nouvelles semaines jusqu’à leur éclosion. Puis, les deux parents ont nourri les petits pendant encore environ trois semaines avant que les jeunes ne prennent leur envol. Et nous voilà , deux mois plus tard, lors d’un de nos comptages annuels d’oiseaux, faces à ces adorables petites boules de plumes tout juste sorties du nid.
Les mésanges à longue queue sont des oiseaux plutôt sociaux. Plusieurs familles se regroupent en général en bandes pour défendre un territoire et protéger les petits. Ce jour là , plus d’une dizaine de mésanges s’activaient dans les arbres du verger du Centaure à Cergy.
Le caractère social se retrouve chez les jeunes. Ils restent en général proches de leurs parents. Il a également été observé que les premiers nés aident leurs parents à nourrir les couvées suivantes. Sans doute que dans quelques semaines, ce joli petit oisillon ira chasser des insectes pour nourrir ses frères et sœurs.
L’Ile de loisirs de Cergy-Pontoise est un bon terrain de chasse pour observer les insectes qui fréquentent les massifs d’ortie. J’y ai découvert cette belle punaise très allongée que je ne connaissais pas :
Mermitelocerus schmidtii est une punaise de la famille des Miridae. On la rencontre sur l’ortie dioà¯que, sur les frênes, les noisetiers, les érables, les aubépines… Son régime alimentaire est varié : elle suce la sève de ces plantes mais ne dédaigne pas les pucerons, les chenilles et les psylles qu’elle trouve sur son chemin.
On peut voir sur cette photo de profil son rostre piqueur rangé en position de repos. Observons au passage que cette espèce est assez fortement poilue, ce qui n’est pas très fréquent chez les punaises. J’aime beaucoup ses genoux couleur caramel.
En repérage sur la butte à Juju pour préparer une visite scolaire, je remarque ce couple de petites mouches sur une feuille de Picris hieracioides, la picride fausse épervière. Il s’agit de diptères Tephritidae, aux ailes joliment ornées. La femelle ira probablement pondre dans les boutons floraux de cette plante et ses larves consommeront les graines en formation.
En comparant les photos de la galerie de Diptera.info, l’espèce Tephritis separata me paraît la plus ressemblante. Sur d’autres sources, il est indiquée qu’elle fréquente les picrides. Elle me paraît donc très probable. Je l’ajoute à ma collection !
Un couple de Malachius bipustulatus se livre à un étrange tête-à -tête. Un autre mâle regarde la scène.
Contrairement aux apparences ce n’est pas une lutte, mais une parade nuptiale. Le mâle, plus petit, est en haut. Il applique les premiers articles de ses antennes sur le front de sa partenaire. Une substance sécrétée par la base de ses antennes est censée mettre la femelle en bonne disposition pour l’accouplement.
Chez cette espèce, le mâle se reconnaît aux excroissances jaunes qui ornent les premiers articles antennaires.
Le couple interrompt de temps en temps les frottements de têtes pour échanger des baisers.
Ah oui, ça fait de l’effet !
Source :
Thèse de doctorat de Dieter Matthes (1962) : Excitatoren und Paarungsverhalten mitteleuropäischer Malachiiden
Retrouvez une autre spécificité étonnante des Malachius :
Dimanche 2 juin 2019, nous animions une sortie nature dans le cadre du festival Eco Fest. Les participants ont été invités à une petite boucle dans le bois de Cergy ponctuée d’arrêts qui ont permis de présenter quelques aspects de la biodiversité locale. En voici un aperçu :
Deux orchidées du territoire
Cet orchis bouc est ainsi nommé en raison de l’étonnant parfum de ses fleurs au labelle spiralé.
C’est la forme de son inflorescence qui vaut son nom commun à l’orchis pyramidal.
La petite faune des orties
Sous les feuilles des orties dioà¯ques, nous avons rencontré des pucerons et aussi des larves de syrphes et de coccinelles asiatiques.
Attention toxique !
Les arums sont des plantes dangereuses. Les intoxications sont essentiellement dues à leurs baies rouges en grappes serrées qui peuvent être tentantes pour les enfants.
Une oreille de Judas
L’oreille de Judas est un drôle de champignon que l’on trouve souvent sur le bois mort des sureaux noirs.
Des chenilles défoliatrices
Non, ce ne sont pas des toiles d’araignées ni celles de chenilles processionnaires : c’est là l’œuvre des hyponomeutes du fusain. Les dégâts sont impressionnants mais les chenilles responsables sont totalement inoffensives.
Bien sà»r, impossible de terminer la balade sans faire l’escalade (par la face nord !) de la butte à Juju pour découvrir le fameux panorama sur la plaine maraîchère.
Retrouvez d’autres articles en rapport avec les sujets abordés pendant la visite :
Arrêt sur le pont d’accès à l’Ile de loisirs de Cergy-Pontoise pour compter les oiseaux : c’est l’un de nos 40 points d’écoute du protocole STOC. Comme d’habitude, les grands peupliers des berges de l’Oise sont toujours très habités : pigeons, mésanges, corneilles à tous les étages ! Nous remarquons un nid de pic creusé dans la blessure d’un arbre.
Un jeune pic épeiche pointe sa tête hors du trou et quémande à l’approche d’un parent. Sa grande calotte rouge de juvénile le fait un peu ressembler au pic mar. Mes collègues m’attendent pour la poursuite du protocole. La séance photo attendra.
Bien sà»r, j’y retourne quelques jours plus tard, un matin de bonne heure. Et là surprise, plus de pics ! Les jeunes ont dà» prendre leur envol. Un couple d’étourneaux semble avoir déjà pris possession de la cavité désertée.
Malva sylvestris, la mauve sylvestre, apprécie les décombres, les bords de chemins, les haies et se cultive en plein soleil ou à mi-ombre dans un sol léger, riche et bien frais. Cette espèce en expansion est très largement répandue en Ile-de-France avec une présence encore plus marquée dans l’agglomération parisienne.
La floraison de la mauve sylvestre a lieu de mai à septembre. Cette belle plante vivace peut mesurer jusqu’à 90 cm. Elle est souvent proposée dans les mélanges de prairies fleuries à semer, dans sa sous-espèce mauritiana (appelée aussi mauve de Mauritanie) aux grandes fleurs pourpres à cœur sombre.
La petite mauve (Malva neglecta) ressemble à Malva sylvestris mais ses fleurs sont plus pâles et plus petites et elle a un port moins érigé.
On rencontre aussi dans les prairies deux autres mauves dont les feuilles sont très découpées : Malva alcea (aux poils en étoiles) et Malva moschata (aux longs poils simples).
Les mauves sont la plante hôte préférée des gendarmes, ils se régalent de la sève de leurs fruits. On les trouve aussi sur les althéas, les roses trémières et les tilleuls qui font partie de la même famille que les mauves, les Malvaceae.