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La saga du sanglochon

Croisés dans un rue de Châteauneuf-en-Auxois (21) © CACP – Gilles Carcassès

Sanglochon ? Sanglochon ? à‡a n’existe pas !

Si, si, ça existe : c’est un mot-valise, créé par l’amalgame de deux mots. Japoniaiserie, alicament, progiciel, draculapin, franglais, celibattante sont des mots-valises passés dans la langage courant. Alors, notre sanglochon, un raccourci entre sanglot et ronchon pour traduire la mine ravagée du paysan devant son champ de maà¯s dévasté ?

Non, mais on n’est pas loin. Construit par l’apocope de sanglier et l’aphérèse de cochon, le sanglochon est le fruit des amours clandestines entre le sanglier et la femelle cochon. Le sanglier et le cochon domestique sont en effet de la même espèce et leur descendance est féconde. Depuis des millénaires, le sauvage et le domestique fricotent ainsi au hasard des rencontres à  la lisière des bois. Et ce n’est pas une spécialité française, le mot a même une traduction en japonais : le ravissant inobuta, de inoshishi le sanglier et buta, le cochon. Le sanglochon de première génération se différencie du sanglier à  ses oreilles plus grandes, sa robe parfois tachetée et ses soies moins drues. Mais au bout de quatre générations auprès des sangliers dans la forêt, impossible de différencier un descendant de sanglochon d’un autre sanglier.

Sangliers à  l’heure de la gamelle, au zoo de Mulhouse © CACP – Gilles Carcassès

J’oubliais un détail, le sanglochon est plus prolifique que le sanglier, comprenez profitable, pour des éleveurs de sangliers peu scrupuleux. Quelques départements du Sud-Est seraient ainsi plus touchés que le reste de la France par « l’invasion des sanglochons ». Le monde de la chasse serait-il là -bas moins respectueux des règlements ? Dans la presse locale, on ne cesse de vilipender les comportements des hordes de sanglochons !

Des champs retournés, des récoltes avalées, des paysans ruinés : les sanglochons ! Des stations de plantes rares saccagées dans les bois, les écolos qui pleurent : les sanglochons ! Le réchauffement climatique : les sanglochons !

Tant d’animosité me fait suspecter une histoire de cochon émissaire (eh non, commissaire n’est pas un mot-valise).

Pour finir, un petite devinette. Selon vous, des sanglochons, des sangliers ou des trafiquants-chasseurs, qui sont les vrais sauvages ?

Cet article est paru dans « Canard sauvage », le petit journal édité dans le cadre de l’exposition de dessins d’humour « TRAITS SAUVAGES » que vous pouvez admirer place des Arts à  Cergy jusqu’au 16 avril 2018.
Un grand merci à  Jopsé Keravis pour le prêt de son illustration !

Sources :

Le mot-valise à  l’ère nucléaire, par correcteurs.blog,lemonde.fr

Un porc? Un sanglier ? Un sanglochon ou un cochonglier ! par le site Nature Paul Keirn

En savoir plus sur le sanglier :

Le sanglier, un souilleur semeur par Zoom-Nature

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3 réflexions au sujet de “La saga du sanglochon”

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