L'actualité de la Nature

Bien fait pour la punaise

J’ai trouvé cette plaque de ponte sur une feuille de sceau-de-Salomon dans mon jardin. Ponte de papillon, de coléoptère, ou bien de punaise ? La forme en tonnelet et le type d’ornementation des œufs m’oriente vers une ponte de punaise. Et sans doute même la punaise verte, Nezara viridula. Plusieurs œufs sont percés ; je mets la feuille et sa ponte dans un bocal pour voir ce qui va sortir des œufs encore intacts.

Ponte de punaise sur une feuille de Polygonum © Gilles Carcassès
Ponte de punaise sur une feuille de Polygonatum © Gilles Carcassès

Je m’en doutais : les agités du bocal ne sont pas des bébés punaises, ce sont des micro-guêpes parasitoà¯des qui sautent et virevoltent en tous sens.

Parasitoà¯de des œufs de punaise © Gilles Carcassès
Parasitoà¯de sorti d’un œuf de punaise © Gilles Carcassès

Il paraît que ce sont les membres de la famille des Scelionidae qui sont les spécialistes du parasitage des œufs de punaise. En l’occurrence, ils font bien, car Nezara viridula est une espèce invasive d’origine africaine qui fait pas mal de dégâts sur les cultures en serre. Après une séance photo sportive dans le bocal, je libère tout le monde.

Nezara viridula © Gilles Carcassès
Nezara viridula adulte © Gilles Carcassès

La voici, Nezara viridula, trouvée cet été sur les fruits d’un sureau yèble.

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Le téléphore fauve

Rhagonycha fulva, le téléphore fauve - Neuville-sur-Oise © Gilles Carcassès
Un couple de téléphores fauves (Rhagonycha fulva) – Neuville-sur-Oise © Gilles Carcassès

Rhagonycha signifie « aux ongles fendus ». Il faudrait regarder de bien près ! Pour reconnaître cette espèce, les critères sont les suivants : longues antennes noires, thorax roux uni et brillant, élytres brun-roux aux extrémités noires, pattes rousses aux tarses noirs.

Le téléphore fauve est l’un des coléoptères les plus courants sur les ombelles en été. Ces coléoptères se nourrissent de pollen mais aussi de pucerons et d’autres petits insectes qui visitent les fleurs. Leurs larves carnivores vivent au sol et consomment des insectes et des escargots.

Jardiniers, si les téléphores fauves ont pris d’assaut les fleurs de carotte ou de berce commune dans votre jardin, réjouissez-vous : les auxiliaires sont là  !

L'actualité de la Nature

Coucou, le Praon est sorti !

Le puceron parasité a livré son hôte.

La nervation des ailes confirme le genre Praon et avec ces couleurs, ce pourrait être Praon volucre, l’un des plus connus. Evidemment, cet insecte est minuscule : pensez, pour tenir tout entier recroquevillé dans la momie d’un puceron ! Il mesure à  peine 2 mm.

Praon - Cergy © Gilles Carcassès
Praon – Cergy © Gilles Carcassès

Cette espèce est un auxiliaire naturel indigène, utilisé pour protéger les cultures en serre des attaques des pucerons. Il est d’ailleurs conseillé d’ajouter quelques rosiers, bien garnis de pucerons, comme plantes relais avec la culture à  protéger car les pucerons du rosier sont aussi parasités par Praon volucre, et cela aide à  multiplier la population de ce parasitoà¯de. Chaque femelle Praon pendant sa courte vie (11 jours) peut parasiter jusqu’à  500 pucerons. Et les générations se succèdent tous les 15 jours tant qu’il fait chaud !

Praon volucre par l’INRA

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Une chenille bien fatiguée

Chenille de Pterophoridae, sans doute la très commune Emmelina monodactyla © Gilles Carcassès
Chenille de Pterophoridae – Jouy-le-Moutier © Gilles Carcassès

Trouvée le 25 juillet 2016 dans le potager de la ferme d’Ecancourt, à  Jouy-le-Moutier, au revers d’une feuille de graminée, cette chenille orange, hérissée de bouquets de poils raides, ne semble pas très en forme. Il s’agit d’une chenille de Pterophoridae, probablement le très commun ptérophore du liseron, Emmelina monodactyla. Hop, en bocal : on verra bien s’il en sort quelque chose.

Pterophorus pentadactyla, le ptérophore blanc © Gilles Carcassès
Pterophorus pentadactyla, le ptérophore blanc. Sa chenille consomme aussi des liserons © Gilles Carcassès

Mercredi 3 aoà»t 2016, chic, une bestiole batifole dans le bocal !

Comme on pouvait s’en douter, ce n’est pas le papillon de la chenille qui est au rendez-vous.

C’est un hyménoptère parasitoà¯de qui est sorti, en faisant un trou dans le dos de la dépouille de la chenille.

Le trou de sortie du parasitoà¯de © Gilles Carcassès
Le trou de sortie du parasitoà¯de © Gilles Carcassès

A la sortie de son bocal, il a exploré mon index gauche avant de se sauver.

Braconidae © Gilles Carcassès
Braconidae. Serait-ce un Aleiodes ? © Gilles Carcassès

Heureusement qu’il est là  celui-là  pour réguler les populations de ptérophores : sans lui on aurait sans doute beaucoup moins de liserons aux si jolies fleurs blanches…

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Urophora stylata

Urophora stylata en ponte - Eragny © Gilles Carcassès
Urophora stylata femelle, en ponte sur un cirse commun – Eragny-sur-Oise © Gilles Carcassès

Réponse de la devinette publiée le 1er juillet 2016 : si ce diptère a un si long abdomen, c’est pour ne pas se piquer les fesses quand il pond dans les fleurs des cirses !

Entre  1973 et 2006, Urophora stylata a été utilisé comme moyen de biocontrôle en Amérique du Nord pour lutter contre le cirse commun qui est là -bas une plante invasive. Les boutons floraux infestés par les larves de cette mouche produisent en effet beaucoup moins de graines.

Un autre Urophora des chardons

L'actualité des jardins

Du nouveau sur le front de la pyrale du buis

Feuilles de buis dévorées par la pyrale du buis © Gilles Carcassès
Feuilles de buis dévorées par la pyrale du buis © Gilles Carcassès

La  chenille de la pyrale du buis, papillon de nuit invasif d’origine asiatique, continue de faire des dégâts dans nos buis. Heureusement on voit poindre des solutions biologiques. Le programme national SaveBuxus lancé en 2014 a permis de tester l’efficacité de la lutte biologique avec des insectes auxiliaires. Sur 54 souches de 17 espèces de trichogrammes essayées, 6 ont donné des résultats satisfaisants.

Ce sont donc des trichogrammes, minuscules hyménoptères de moins de 1 mm, qui viendront au secours des buis. Les femelles de ces parasitoà¯des pondent dans les œufs des chenilles de la pyrale. Les premiers élevages démarrent et la commercialisation commence en quantité limitée. Pour optimiser l’efficacité du traitement, on peut détecter l’émergence des papillons à  l’aide de pièges à  phéromones spécifiques, afin de disposer les trichogrammes au moment le plus opportun.

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Tanaisie

Tanaisie en fleurs - Neuville-sur-Oise © Gilles Carcassès
Tanaisie en fleurs – Neuville-sur-Oise © Gilles Carcassès

On trouve la tanaisie presque exclusivement aux bords des voies de communication : fleuves, routes et chemins. Cette voyageuse d’origine probablement asiatique a peut-être suivi les grandes invasions. On peut imaginer les hordes de Barbares apportant avec eux leur pharmacopée traditionnelle : des graines de toutes les plantes utiles pour soigner Hommes et chevaux, et les semant dans les endroits où ils établissaient des campements durables. En fermant les yeux devant ces touffes de tanaisie, on pourrait presque entendre le hennissement des chevaux des steppes et les comptines des enfants dans une langue disparue.

L’odeur aromatique et camphrée de cette plante laisse soupçonner ses vertus médicinales. On lui prête une certaine efficacité antiparasitaire. La plante était autrefois employée contre les puces et les tiques, on en mettait quelques brassées dans la niche du chien. A forte dose la plante est abortive. Appelée autrefois « l’herbe aux vers », sa culture dans les jardins était déjà  recommandée au 8ème siècle.

La tanaisie fleurit en été et en automne et ses fleurs sont très durables. On utilise parfois dans les jardins une variété ornementale crispée à  feuilles de fougère. Quelques pépiniéristes la commercialisent sous l’appellation Tanacetum vulgare crispum. Comme l’espèce sauvage, c’est une vivace rhizomateuse assez conquérante.

Tanacetum vulgare crispum © Gilles Carcassès
Tanacetum vulgare crispum est ici associée à  des asters © Gilles Carcassès

Des chercheurs ont testé ses effets en lutte biologique sur l’eudémis, un papillon ravageur de la vigne dont les chenilles perforent les grains de raisins. La tanaisie se comporte comme une plante piège : elle attire les femelles accouplées de ces papillons et elle inhibe leur comportement de ponte. Merci les Barbares !

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Un parasite sur la pyrale du buis ?

Ca y est, elle sont arrivées dans mon jardin. Les pyrales du buis ont tissé leurs cocons sur les branches, cachés dans des feuilles collées avec des fils de soie. J’ouvre quelques loges pour vérifier leur présence. Et je tombe sur une chenille bizarrement décorée de deux perles blanches près de la tête.

Å’ufs de tachnaire sur une chenille de pyrale du buis © Gilles Carcassès
Å’ufs sur une chenille de pyrale du buis © Gilles Carcassès
© Gilles Carcassès
© Gilles Carcassès

Cela ressemble bien à  des œufs de mouches tachinaires, connues pour parasiter les chenilles. Je referme doucement le couvercle de la loge en m’excusant du dérangement, et je place le tout dans un bocal fermé avec un morceau de voile, pour que tout ce petit monde puisse respirer. Il n’y a plus attendre et espérer des naissances.

Tachina grossa © Gilles Carcassès
Tachina grossa © Gilles Carcassès

Une tachinaire, ça ressemble à  ça : une grosse mouche avec des poils raides sur le dos. La famille des Tachinidae compte environ 600 espèces en Europe.

L'actualité des jardins

La vérité si jument !

En visite au jardin botanique de Bordeaux, j’ai fait une étrange découverte : des coquilles d’œufs, suspendues près des branches d’un pommier, dans un filet à  oignons.

Des coquilles d'œufs dans un pommier © Gilles Carcassès
Des coquilles d’œufs dans un pommier © Gilles Carcassès

Une fantaisie de jardinier sans doute… Je me renseigne sur internet et je découvre que ces fameuses coquilles auraient de mystérieux pouvoirs. Contre la piéride du chou, le ver du poireau, la cloque du pêcher, les maladies des tomates, les fourmis, elles sont mises à  toutes les sauces. Mais de référence scientifique sur le sujet, aucune !

Ou plutôt si, j’en ai trouvé une…

Jean-Henri Fabre, dans ses Souvenirs entomologiques, évoque en quelques pages savoureuses l’emploi des coquilles d’œufs pour protéger les cultures. Voici ce passage :

« Au temps de Pline, le grand naturaliste latin, on dressait un pal au milieu du carré de choux à  protéger, et sur ce pal on disposait un crâne de cheval blanchi au soleil ; un crâne de jument convenait mieux encore. Pareil épouvantail était censé tenir au large la dévorante engeance.

Ma confiance est très médiocre en ce préservatif ; si je le mentionne, c’est qu’il me rappelle une pratique usitée de notre temps, du moins dans mon voisinage. Rien n’est vivace comme l’absurde. La tradition a conservé, en le simplifiant, l’antique appareil protecteur dont parle Pline. Au crâne de cheval on a substitué la coquille d’un œuf dont on coiffe une baguette dressée parmi les choux. C’est d’installation plus facile ; c’est aussi d’efficacité équivalente, c’est-à -dire que cela n’aboutit absolument à  rien.

Avec un peu de crédulité tout s’explique, même l’insensé. Si j’interroge les paysans, nos voisins, ils me disent : l’effet de la coquille d’oeuf est des plus simples ; attirés par l’éclatante blancheur de l’objet, les papillons viennent y pondre. Grillés par le soleil et manquant de nourriture sur cet ingrat appui, les petites chenilles périssent, et c’est autant de moins.
J’insiste, je demande si jamais ils ont vu des plaques d’œufs ou des amas de jeunes chenilles sur ces blanches coques.
— Jamais, répondent-ils unanimement.
— Et alors ?
— Cela se faisait ainsi autrefois, et nous continuons de le faire sans autre information.

Je m’en tiens à  cette réponse, persuadé que le souvenir du crâne de cheval en usage autrefois est indéracinable comme le sont les absurdités rurales implantées par les siècles. »

Souvenirs entomologiques de Jean-Henri Fabre (voir page 140 )

L'actualité de la Nature

La mouche du chardon

Galle d'Urophora cardui en septembre © Gilles Carcassès
Galle d’Urophora cardui en septembre © Gilles Carcassès

Qu’elle est cette boursouflure sur la tige d’un chardon des champs observé au bord de l’eau à  l’Ile de loisirs de Cergy-Pontoise ? C’est la galle d’Urophora cardui, une petite mouche qui insère ses œufs dans la tige du chardon. Les larves consomment l’intérieur de la galle et attendront bien à  l’abri jusqu’au printemps suivant pour émerger.

Galle d'Urophora cardui au printemps © Gilles Carcassès
Galle d’Urophora cardui en hiver © Gilles Carcassès

A la sortie de l’hiver, les galles, très dures, sont bien visibles sur les tiges sèches des chardons. J’en ai récolté une pour la mettre en observation dans un bocal.

Urophora cardui, couple © Gilles Carcassès
Urophora cardui, couple © Gilles Carcassès

24 juin 2015 : naissance de deux Urophora cardui dans mon bocal ! La femelle est reconnaissable à  son abdomen plus allongé, équipé d’un oviposteur pour pondre à  l’intérieur de la tige. Le mâle, à  l’abdomen arrondi, fait sa cour en agitant les ailes.

Je les ai libérés dans un endroit riche en chardons.

Au Canada, cette espèce a été introduite en 1974 pour contribuer à  la lutte contre le chardon des champs, plante européenne invasive en Amérique depuis le XVIIème siècle. La plante est sans doute arrivée dans des sacs de semences. De nos jours, les semences sont contrôlées.

Les insectes des chardons

Sources :

http://www.issg.org/database/species/ecology.asp?si=413

https://books.google.fr/books?id=lZh0gFJwx0UC&pg=PA233&lpg=PA233&dq=canada+introduction+urophora+cardui&source=bl&ots=v2qPAC7uUz&sig=RBO4SkOKK5rwHUSREpqd8I47zyI&hl=fr&sa=X&ved=0CEYQ6AEwBmoVChMItrTltNrqxgIVi7QUCh3nWAwT#v=onepage&q=canada%20introduction%20urophora%20cardui&f=false